lundi 12 février 2018

une longue minute de silence


Max Brisson, Vincent Bru et Jean-René Etchegaray ont silencieusement annoncé qu’ils iraient prendre contact avec les associations de victimes du Pays Basque espagnol. Il n’y a pas d’association de victimes au Pays Basque français. Il y a juste des démineurs et des visiteurs de prison. Les morts sont outre-Pyrénées.

Vous ne les avez pas entendus ? Tendez l’oreille. Ils ne le disent pas très fort. Mais Vincent Bru l’a dit dans sa permanence à trois personnes. Et Max Brisson l’a dit dans le jardin public, devant cinq ou six témoins. Quand même, vous ne pouvez pas dire qu’ils ne communiquent pas, ces deux-là. Ils communiquent.

Ils pourraient annoncer leur action, ces trois-là, qui ont tellement communiqué sur les visites aux assassins de l’ETA, qui ont réclamé le retour à la maison des prisonniers basques condamnés pour activités terroristes en bande armée, sur le parvis de la Gare Montparnasse.

Ils restent discrets et personne ne peut parler à leur place. Ce qui suit est du domaine des hypothèses. L’hypothèse la plus probable est que les associations ne sont pas trop pressées de les recevoir. Les victimes de l’ETA (les morts sont de notre côté, dit le Lehendakari) veulent bien dialoguer avec des etarras repentis, qui demandent pardon, qui regrettent les crimes de l’ETA.

Mais recevoir des élus qui n’ont jamais été manifesté pour la paix au Pays Basque espagnol, et qui ne demandent pas aujourd’hui la dissolution de l’ETA, qui négocient le désarmement avec les terroristes, qui ne demandent pas que les criminels demandent pardon, c’est un peu compliqué.

Vous imaginez les trois élus de la République aller voir les associations de victimes et leur annoncer qu’ils œuvrent pour que les assassins de l’ETA disposent de privilèges refusés aux prisonniers de droit commun ? Comme si tuer un gardien de prison, un journaliste ou un conseiller municipal donnait des droits particuliers.

Si ces trois élus annonçaient publiquement, fièrement, à haute voix, qu’ils demandent à l’ETA de se dissoudre. Qu’ils demandent aux etarras de demander pardon, ils seraient peut-être accueillis avec plus de chaleur. Mais qu’ont-ils à dire aux associations de victimes ? Ils vont leur parler des douleurs des familles qui passent la nuit dans le train ? Ils risquent d’être froidement reçus.

Ils auraient pu emmener avec eux des citoyens qui demandent la dissolution, qui exigent le pardon, ça aurait pu aider. Mais ils se sont débarrassés d’eux. Non, pas avec vous, ça risquerait de nous fâcher avec les abertzale et nous avons besoin de leurs voix aux prochaines élections.

Ils se réunissent, tous les trois. Comment faire ? Il y a un mémorial de la terreur qui va être inauguré à Vitoria au mois de mars. Ils pourraient tous les trois aller devant ce musée. À trois ou quatre heures du matin. Dans une voiture aux fenêtres teintées. Ils seront devant le mémorial. Ils chuchotent. Ils lisent la plaque. Puis le silence.  Nous, on ne mégote pas, certains observent une minute de silence pour les victimes, nous ce sont des années.


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