mardi 12 décembre 2017

@balancetonportdarme


@balancetonportd’armes


Pendant des années, de longues années, des hommes en armes, cagoulés, déterminés, labouraient les villes et les campagnes basques et versaient dans les sillons un sang impur. Leurs cibles étaient les policiers, les élus, les universitaires, les chanteurs, les entrepreneurs qui refusaient de payer l’impôt révolutionnaire.

Condamnés par l’opinion publique, décimés par les polices française et espagnole, emprisonnés, exilés, les porteurs d’armes finirent par se résoudre à abandonner le combat sans n’avoir rien obtenu que le titre d’ancien combattant de la cause basque.

Ils dirent d’accord pour déposer les armes, mais à condition… À condition rugirent les familles de leurs victimes, quelles conditions ? Vous vous rendez, vous subissez la punition méritée, vous demandez pardon et vous jurez jamais plus. Du côté basque espagnol, il y avait eu huit cent trente morts et les nerfs étaient à vif.

Du côté basque français où la terreur avait été moindre, ils trouvèrent des volontaires en nombre important pour monter un spectacle qui s’appelait abertzale…abertzale…Sur fond de montagne, des acteurs cagoulés remettaient des caisses d’armes aux premiers rangs des spectateurs (car le spectacle était interactif). Ils enlevaient ensuite leur cagoule, venaient saluer avec une grande banderole «tant qu’il restera un seul emprisonné, le Pays Basque ne sera pas en paix ». Les touristes bissaient, les élus sortants ou aspirants saluaient les acteurs qui se désarmaient en direct, devant les caméras.

Les victimes ou leur famille considéraient ces raouts comme des cérémonies de l’oubli. Elles manifestaient leur dégoût, mais les Pyrénées étaient imperméables à leurs clameurs. Il se murmurait même qu’il y avait des victimes des deux côtés, que les victimes s’habillaient trop court ou pensaient trop long.

Ceux qui persistaient à ne pas oublier subissaient des accès de haine. On les  traitait de collabos, on leur disait qu’ils allaient provoquer de nouvelles violences. Que ce n’était pas bon pour leur carrière. Tout le monde finit par se taire.



Ce silence dura des années. Jusqu’au jour où quelqu’un gazouilla «  @balancetonportd’armes ».  

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