jeudi 30 novembre 2017

camps nazi et goulag


Zakhar Prilepine auteur de L’archipel des solovki, «entretien dans le monde 27 10 2017. Pour les camps : « je ne pense pas que l’Allemagne nazie se soit inspirée du modèle soviétique. Ce parallèle me paraît simpliste. Les camps nazis étaient des lieux d’extermination. L’idée des camps soviétiques étaient de redresser les délinquants et les adversaires politiques. Si les résultats coïncident partiellement, les objectifs s’opposent ».

« Les résultats coïncidents partiellement ». Des millions de morts, des horreurs, des tortures… Mais les objectifs s’opposent.

C’est la différence entre l’inceste et le viol. Le violeur veut détruire sa victime. Alors que le père viole sa fille parce qu’il l’aime. Les résultats coïncident  partiellement, mais les objectifs s’opposent.

Effectivement, Hitler détestait les Juifs, les tziganes, les homosexuels… alors que Staline aimait son peuple, aimait les paysans, les communistes, les Juifs, les ouvriers, qu’il envoyait au goulag. Les objectifs s’opposent.


venezuela et mélenchon


Jean Luc Mélenchon et le Vénezuela.

Si le Venezuela était en bon état, s’il ne s’enfonçait pas dans la misère et le chaos, si les pauvres partaient en vacances au lieu de s’exiler, si les hôpitaux étaient des modèles de centres de santé, JL Mélenchon demanderait à tous les journalistes de l’interroger sur ce pays. Il dirait, aux journalistes, hein, vous ne me parlez jamais du Venezuela. Et bien moi, je vais vous en parler…

Mais comme le pays sombre, il ne veut pas en parler. Il veut bien, de temps en temps, évoquer la redistribution de la manne pétrolière aux pauvres, comme il vantait les ruissellements sociaux de la dictature castriste. Quand on le cherche, il répond impérialisme américain, violence fasciste des opposants à Maduro. Mot pour mot, idée pour idée, ce que moi, alors communiste, je répondais sur les difficultés économiques (l’impérialisme fait tout pour rendre le développement des pays socialistes difficile) ou sur les révoltes, je montrais les révoltes hongrois comme des bandes fascistes qui massacraient les militants communistes. Et j’ajoutais que j’en avais plus qu’assez que chaque fois que je voulais présenter le programme communiste, on me lançait la Hongrie ou le goulag dans les dents. Ça me mettait en colère. Et je hurlais que je serai toujours du côté des peuples contre les impérialismes.

JL Mélenchon a ainsi siphonné sans effort la mauvaise foi des avant-gardes révolutionnaires. Il déteste la société où il vit, il veut la transformer et ce ne sont pas de vilains faits comme la famine, les prisons ou les camps qui vont troubler sa campagne christique.

mardi 28 novembre 2017

J'aime bien?


J’aime bien ?



      Tu aimes bien ton statut de seul contre tous ? J’aime bien ? Pendant la guerre, je n’ai pas souvenir d’avoir aimé me distinguer des autres voyageurs dans le métro parisien. Ensuite, militant communiste, j’ai sans doute bien aimé être à l’avant-garde solitaire dans des milieux hostiles, un lycée de bourgeois de province. Ensuite, je fouille dans mes souvenirs, je me rappelle une certaine ivresse de la dissidence, au sein des communistes qui me regardaient avec haine. Je me rappelle avoir aimé inviter Conor Cruise O’Brien, un adversaire farouche de l’IRA, à l’université de Vincennes, au milieu d’un comité de solidarité avec les assassins républicains. Il y avait Conor Cruise O’Brien et moi qui présidait et des manifestants qui hurlaient agents de l’impérialisme anglais. Et puis ensuite au Pays Basque, où je ne me résignais pas à être touriste, mais où je voulais intervenir, alors, on m’a insulté salement. J’étais un agent stipendié par l’état français (ce qui était strictement vrai, puisque j’étais payé par l’état français comme prof de fac), puis pour le responsable Batera Jean Esterle, j’étais un gros facho,  agent du Parti populaire parce que j’osais dire que les prisonniers politiques étaient en fait des terroristes condamnés pour activités terroristes en bande organisée. Puis je me suis fait jeter d’un cours de basque d’AEK parce que je disais Euskadi Frances au lieu d’Iparralde. Puis Peyo Claverie, l’élu patriote qui ne voulait pas « serrer la main à un étranger ». C’était une plaisanterie, paraît-il. Tout ça dans une certaine indifférence, mes amis pensaient que je l’avais bien cherché, que je provoquais.

     Est-ce que j’aime ces insultes, ces agressions, ce harcèlement répétitif ? Je vais vous confier un secret. Non, je n’aime pas. Quand on me demande si j’aime ça, je pense aux femmes à qui on dit les mêmes mots : finalement, les comportements agressifs, les agressions, vous aimez un peu ça, non ? Ceux qui ne savaient pas ont découvert récemment qu’elles n’aiment pas.

Moi non plus.

     Les femmes qui sont insultées ont conscience de se battre pour l’ensemble de la société ? Elles sont le terrain d’expérience d’une société brutale envers toutes les minorités. De la même manière, la façon dont sont insultés et agressés ceux qui ne se taisent pas devant la vague nationaliste est un indicateur précieux sur le type de société que pourrait devenir la société basque si nous ne réagissons pas. Combien de gens connaissez-vous qui n’osent pas parler dans les dîners en ville parce qu’ils ont peur des réactions des abertzale ?

   Combien d’élus craignent d’exprimer une opinion différente sur la question basque parce que c’est trop difficile, trop conflictuel ?

        Quand je subis des insultes, je n’ai pas trop de mal à résister parce que les haineux ne me visent pas personnellement. C’est toute la société basque qu’ils veulent enchaîner dans leurs certitudes identitaires.

lundi 27 novembre 2017

un clou ne chasse pas l'autre


Un élu hésite à intervenir publiquement sur les « artisans de la paix ». Parce qu’il veut « respecter son devoir de réserve ». Voici ma réaction :



Pour moi, le fond de ta position se situe dans la formule « je veux respecter mon devoir de réserve en tant qu’élu ». Si je comprends bien, les élus qui soutiennent les artisans de la paix, maires, le CAPB et son président, les députés et les sénateurs, ont tous le droit d’agir et d’exprimer leur opinion, mais ceux qui ne sont pas d’accord « respectent leur devoir de réserve » en restant silencieux. C'est à dire que le devoir de réserve s’impose (s’auto-impose) à ceux qui ne sont pas d’accord avec la vague de soutien aux prisonniers. Ceux qui sont d’accord n’ont pas de « devoir de réserve ».

  Le résultat est connu : le Pays Basque français est un immense désert politique et culturel sur la question identitaire. Franchissons la frontière et nous arrivons dans un territoire pas moins basque que nous où se confrontent en permanence les partis, les intellectuels, les associations de prisonniers et les associations de victimes. Là-bas, on discute. Personne n’aurait l’idée de s’imposer un quelconque devoir de réserve. Ici, en France, on a une campagne puissante pour oublier les victimes de l’ETA et ne retenir du conflit que les prisonniers condamnés. Dans le silence le plus total : on ne discute pas dans les conseils municipaux, les maires vont manifester la main dans la main avec les abertzale les plus réactionnaires, la presse ne reproduit que les opinions admises. Et quand je parle, évidemment j’ai l’impression que je suis un peu seul. Mais ce n’est parce que je provoque ou que je fais la leçon. C’est parce que je suis effectivement un peu seul. Et que la seule provocation qu’on me reproche est tout simplement de parler. De dire qu’il y a danger identitaire au Pays Basque. Quand Peio Etcheverry-Ainchart déclare qu’il ne condamne pas l’incendie d’Helette, personne ne réagit. Elu EHBai, il ne brise pas son devoir de réserve en versant un peu d’essence sur la maison en flammes. Il dit clairement « je refuse de condamner ». Si n’importe quel élu de la République disait qu’il refusait de condamner un attentat islamiste, le ciel lui tomberait sur la tête. Mais Peio Etcheverry-Ainchart ne brise pas son devoir de réserve en ne condamnant pas l’incendie. Et en demandant l’amnistie pour les incendiaires. Ça fait partie du folklore de la famille basque et on ne touche pas à la famille.

  Je vais donc poursuivre mon combat, avec ton aide. Tous ceux qui partagent mon point de vue peuvent intervenir. En partageant mes chroniques auprès de leurs amis internautes. En m’envoyant des messages d’encouragement. Pour que je sois moins seul.

S’asseoir sur un seul clou est une expérience douloureuse.  Mais s’il y des centaines de clous, ça devient un confortable tapis de fakir.   

dimanche 26 novembre 2017

nouvelles du FRAI


Nouvelles du FRAI (Front régional des abertzale insoumis)

Le texte pour la manifestation patriotique du 9 décembre s’appelle « au risque de la paix ». « Pendant des décennies le Pays Basque a connu la violence ».  Qui était à l’origine de cette violence ? Pas un mot. Le Pays Basque a connu la violence. Les actrices d’Hollywood ont connu le viol.

Je reviens au texte : « Depuis 2011, une autre voie a été choisie ».  : Qui a choisi une autre voie ? On ne sait pas. Il me semblait que l’ETA, en 2011,  a renoncé à la violence armée. Mais il ne faut pas l’écrire, parce que si on écrit que l’ETA a cessé le feu, ça pourrait vouloir dire que l’ETA était à l’origine de la terreur et si on dit ça dans un texte qui veut la paix, on gêne le chemin de la paix.

En revanche, le désarmement de l’ETA est dû à la société civile du Pays Basque français (français, c’est moi qui ajoute) mais les gouvernements n’ont rien fait. Je vais vous dire quelque chose que vous pouvez vous mettre dans la tête, bande de petits loulous sans cervelle, les gouvernements français et espagnol ont beaucoup fait : ils ont poursuivi, arrêté et jugé la majorité des terroristes de l’ETA, de manière si efficace qu’environ trois cents sont jugés et emprisonnés et il n’en reste plus qu’une trentaine en cavale. Ce rien a beaucoup fait pour que l’ETA cesse la terreur. Sans compter les manifestations monstres de la société espagnole contre les crimes les plus horribles de l’ETA, manifestations qui ont montré le rejet de la terreur par un peuple debout pendant que les artisans de la paix s’agenouillaient pour astiquer leur planche de surf sans entendre l’appel au secours des Basques espagnols.

Le texte poursuit : « nous savons les souffrances endurées de tous côtés ». C’est exactement la déclaration de Donald Trump après l’assassinat à Charlottesville d’une militante noir par des racistes blancs. Il a dit « il y a eu des violences de tous côtés », du côté des assassins et du côté des victimes. Donald Trump aurait pu signer votre texte : vous lui avez envoyé ?

Voici parmi les signataires de ce texte :

Les députés nationalistes de Corse, Jean-Luc Mélenchon, Clémentine Autain, Eric Coquerel, Alexis Corbière, Attac, EELV, Vincent Bru, Florence Lasserre, députés modem, Frédérique Espagnac, PS, Etchegarray, (Lehendakari), Max Brisson, (LR) Fédération Copernic, Mouvement de la Paix, Benoît Hamon, JC Lagarde, UDI, Parti de gauche, Toni Negri, ancien des Brigades rouges,  Daniel Simonnet Front de gauche.

Plus des organisations : Attac, CGT intérimaire, CNT, droits devant, fondation Frantz Fanon, Mrap, NPA, Parti Pirate, Région et peuple solidaires, Sortir du colonialisme, Union démocratique bretonne.

Nouvelles du FRAI


Nouvelles du FRAI (Front régional des abertzale insoumis).

Dans le Pays Basque français, la moitié du département 64, une population d’environ trois cents mille personnes est menacée par une vague nationaliste qui emporte tout sur son passage. Cette vague charrie des patriotes (abertzale), des insoumis, des républicains et des Modem compatibles.

Nous avons été une petite poignée au sein du PS à s’opposer à ce lent glissement vers le sparadrap identitaire. Les élues cherchaient à grappiller des voix patriotes, elles se sont adressées au Président Hollande et ont obtenu le permis de construire un mur administratif autour du territoire basque français. Le président de la nouvelle agglo s’appelle le Lehendakari et il manifeste pour les prisonniers basques en en compagnie d’Otegi, (EH bai), Mélenchon et Clémentine Autain…La victoire d’Emmanuel Macron compliqua les choses. D’abord, les constructrices du mur ont été battues aux élections malgré leur tendresse pour le Front Régional. Ensuite, les marcheurs n’ont aucun goût pour les organisations terroristes modernes ou anciennes. Mais localement, l’accord électoral avec le Modem a permis le succès de deux députés fortement engagés dans la sinistre campagne pour le blanchissage de la terreur. D’où une situation bloquée. Il faut continuer à participer au lessivage camouflé sous l’étiquette « artisans de la paix » et en même temps ne pas heurter la cohésion nécessaire de la majorité en place. Comment ça se passe ? Ça se passe par le silence. On ne dit rien, on ne fait rien. Je suis abertzale, voyez mes plumes, je suis marcheur, voyez mes poils. Vous voulez qu’on parle des victimes, aucun problème, on va en parler. Quand comment, nous verrons. Mais là, excusez-moi  je n’ai pas le temps, je dois aller visiter une prison pour soutenir la cause des condamnés pour activités terroristes en bande organisée que mes alliés appellent prisonniers politiques. Dès que j’ai terminé avec cette cause, je reviens vers vous pour parler des victimes.

jeudi 23 novembre 2017

merci à mes amis du conseil de Paris


Merci à mes amis du conseil de Paris



Ils ont voté à l’unanimité un texte de soutien « aux artisans de la paix » du Pays Basque qui vont manifester le 9 décembre prochain pour les prisonniers condamnés pour activités terroristes en bande armée.

Il me semble aller de soi qu’un parti républicain demande à une organisation terroriste de se dissoudre. Et aux auteurs des crimes de demander pardon aux victimes. Puis de se taire.

Pas question de tout ça pour les « artisans de la paix ». Ils demandent le rapprochement des prisonniers, l’amnistie, voire la libération, et n’ont pas un mot pour leurs victimes.

Cette opération est entièrement téléguidée par les abertzale radicaux.

Merci à mes amis du conseil de Paris. Un simple coup de fil à des élus socialistes du Pays Basque espagnol les aurait renseignés, mais il est tellement plus simple de faire confiance aux front de gauche et autres communistes.

Un simple coup de fil aux associations de victimes au Pays Basque espagnol les aurait fait réfléchir, mais les 830 victimes de l’ETA ne comptent guère au conseil municipal de Paris.

Un jour pas si lointain, un conseil municipal de Vittoria ou San Sebastian votera une résolution pour soutenir des manifestations de soutien aux assassins du Bataclan et mes amis du conseil de Paris seront indignés.

mercredi 22 novembre 2017

la grenouille sourde et le conflit basque


Lisez, vous saurez tout



Red Adair était spécialisé dans l’extinction des puits de pétrole. Je suis le Red Adair des flambées nationalistes et extrémistes. Quand le feu brûlait à Belfast, j’ai passé des années à contribuer à éteindre le feu. Quand les engagements sociaux-démocrates se consumaient dans les brasiers des postures radicales, j’étais là et je passais les seaux d’eau dans la chaîne des reconstructeurs. Puis le feu s’est allumé au Pays Basque et je suis arrivé casqué, avec ma lance à incendie et j’ai arrosé.

Au début, ce fut assez simple. Les activités terroristes des fous de la nation basque détournaient la grande majorité des habitants de leurs objectifs. Puis, sous les coups de boutoir d’une société qui n’en pouvait plus de la terreur, les terroristes ont déclaré qu’ils déposaient les armes et ils demandèrent à la société basque de se prosterner devant une décision aussi généreuse. La société basque espagnole qui avait subi l’essentiel de leurs activités assassines ne demandaient qu’une chose : qu’ils dissolvent leur organisation, demandent pardon pour leurs victimes, s’engagent à ne plus recourir à leur mafieux forfaits. Et qu’ils se taisent.

La société française qui vivait en paix bien avant le dépôt des armes, qui avait tout fait pour se protéger de la terreur outre-pyrénéenne,  n’avait pas de telles rancœurs. Ce fut chic de proposer ses services aux demi-soldes de la campagne abertzale et comme les dames de la bourgeoisie rendaient visite aux asiles de l’East End de Londres,  d’aimables citoyens mirent des bottes et des gants et allèrent déterrer des armes dont ils n’avaient jamais eu rien à craindre après avoir demandé la permission à leurs propriétaires qui ne les avaient jamais visés. Dans les rues de Bayonne, on célébra l’opérette avec du cidre et de l’Iroulégy.

J’étais là avec ma lance et mon casque, bien seul. Je lançais des alertes. Vous ne voyez pas que vous contribuez à remettre en selle un nationalisme en difficulté ? Personne ne m’écoutait. Les élus républicains négociaient avec des terroristes sans une parole de reproche et tout le monde trouvait ça délicieux. On oubliait leurs victimes car évoquer les 830 morts de l’ETA risquait de gâcher la fête.  Les socialistes qui participaient à la grande cérémonie du blanchiment de la terreur m’exclurent de leur rang.

Je continuais à arroser sans réaction jusqu’au jour où un nouveau parti, la République en marche accepta de m’entendre et de discuter. Nous en sommes là. Le dialogue s’est engagé.

Vous connaissez l’histoire de la grenouille qui grimpe une muraille ? Des grenouilles au pied du mur essaient d’escalader un mur. Les grenouilles à terre les regardent et les découragent : vous n’y arrivez jamais, c’est trop dur, arrêtez, revenez sur terre. Les grenouilles essayaient, mais étaient accablées par ces avertissements. Puis une grenouille, toute seule, arrive au sommet et crie victoire. La stupéfaction était totale. Comment était-ce possible ? On l’examina sous toutes les coutures. S’était-elle dopée ? Non. On s’aperçut très vite qu’elle souffrait d’un handicap sérieux. Elle était sourde.

mardi 21 novembre 2017

pas au nom des marcheurs


 Vincent Bru, député de la majorité présidentielle, qui a récemment rejoint la République en Marche publie ce jour 21 novembre un communiqué sur « le chemin de la paix ». Il reprend dans ce communiqué l’argumentaire abertzale classique : depuis le cessez-le-feu, les gouvernements espagnols et français n’ont pas saisi l’occasion qui leur était offerte de régler le conflit basque. C’est la raison pour laquelle des « membres de la société civile » ont décidé de « négocier avec l’ETA » la remise des armes. Maintenant s’ouvre une nouvelle étape  incontournable sur le chemin de la paix » la question des prisonniers. Lorsque le gouvernement aura répondu favorablement aux revendications de Bagoaz (collectif de défense des prisonniers basques) viendra alors le temps de la reconnaissance des victimes et du pardon aux familles de ces victimes. Ensuite viendra la dissolution d’ETA.

Les mots sont les mêmes, les idées sont les mêmes. D’abord les prisonniers. La question des victimes n’est pas une étape incontournable sur le chemin de la paix.



Selon Loïc Correge, référent LREM 64,  qui a évoqué cette question auprès de la direction nationale de la République en Marche  ce sujet très sensible, notamment après l’embrasement catalan est en cours de discussion au plus haut niveau. À l’heure qu’il est, aucune position de la République en Marche n’a été  adoptée.

Il doit donc être affirmé nettement que la prise de position de Vincent Bru ne correspond aucunement, à cette date, à la position de la République en Marche.



Maurice Goldring, membre de la République en Marche (Comité de Biarritz).

dimanche 19 novembre 2017

faut-il avoir peur?.


Faut-il  avoir peur ?

La peur est un sentiment irrésistible. On ne peut pas combattre la peur du noir et affirmant que la chambre obscure ne dissimule aucun monstre. On la combat en rallumant la lumière ou en laissant une veilleuse allumée.

La question est donc mal posée. La bonne question est la suivante : certaines peurs sont légitimées par des cultures, des institutions, des églises, des partis, des intellectuels. D’autres sont considérées comme illégitimes. Par exemple, la peur du noir, aucun parti politique ne la reprend à son compte. Mais la peur des Musulmans n’est pas seulement une peur spontanée. Elle est considérée comme une peur raisonnable, sensée, légitime.

Si je dessinais ou j’écrivais pour Charlie Hebdo, j’aurais peur d’être tué et j’accepterais sans plaisir mais avec reconnaissance l’attribution de gardes du corps.

L’affrontement baroque entre entre Mediapart et Charlie Hebdo porte sur la peur. Ceux-ci accusent ceux-là de ne pas avoir assez peur ou d’avoir trop peur. Edwy Plenel accuse Charlie d’avoir trop peur des Musulmans, Charlie accuse Edwy Plenel de ne pas en avoir assez peur.

Tous ont remarqué la fièvre de la polémique. Complices des islamo-fachos contre complices du front national. Les intégristes de l’Islam se frottent leurs mains ensanglantées.

Daech est en pleine déroute militaire et les monstrueuses tueries qui se réclament de son patronage sont de moins en moins le résultat de stratégie sophistiquée. L’ennemi affirmé est l’Occident mais les victimes sont de plus en plus civiles et musulmanes. Donc, raisonnablement, je devrais avoir de moins en moins peur des djihadistes. En politique, j’ai surtout peur des extrêmes, de gauche ou de droite. De Mélenchon qui se réfère au Venezuela, ou Le Pen qui admire Orban. De ceux-là, oui, j’ai peur car ils frappent à ma porte. Des islamistes tueurs, je n’ai pas peur. Je devrais ?

Contre eux, je dispose de deux armes principales. La première est la police, l’armée, les gendarmes, la justice, la vigilance ensemble. Elle me semble efficace.

La seconde est l’intégration des Musulmans dans la société française, une intégration suffisante pour qu’ils participent de cette vigilance à l’égard des tueurs, pour qu’ils les détestent autant que nous. L’arme principale de Daech est de transformer les Musulmans en étrangers hostiles dans la société où ils vivent.

Alors Charlie ? Charlie nous aide à intégrer les musulmans dans la société française. Ils aident à comprendre que dans une société laïque, on peut se moquer de la religion. Ils aident à comprendre que dans une société démocratique, la caricature n’a pas d’autre limite que la loi. Ils aident à comprendre qu’une crèche de Noel dans l’entrée d’une mairie est interdite, de même que le voile dans un établissement public. Parce qu’on peut expliquer encore et encore, mais rien ne vaut une leçon de choses : voyez-vous, chers intégristes, dans notre pays, on peut dessiner Jésus avec des couilles et Mahomet avec ses maîtresses. Et un prêtre pédophile est dénoncé autant qu’un imam et un rabbin.

Que ces libertés et ces droits vous protègent comme elles protègent les laïques, les femmes revendicatrices et les imams républicains.

Les partis et les intellectuels qui dénoncent cette intégration, ou qui estiment qu’elle est impossible, confirment la thèse centrale de Daech : la coexistence est impossible entre l’Islam et la République.






samedi 18 novembre 2017

blanchisseurs de terreur


Menteurs !



Dans une réunion des « faiseurs de paix » à Bayonne, le 24 octobre 2017, avec quelques autres, j’ai posé la question des victimes de l’ETA. À la tribune, tous m’ont assuré qu’ils étaient conscients du problème, la preuve est qu’ils allaient installer une commission dédiée sur le sujet et si je voulais me joindre à cette commission, j’étais le bienvenu.

À la fin de la réunion, j’ai donné mes coordonnées aux faiseurs de paix.



Nous sommes le 19 novembre, près d’un mois s’est écoulé et je n’ai reçu aucune nouvelle.

J’ai souvent dit que les faiseurs de paix étaient surtout des blanchisseurs de la terreur de l’ETA. On me l’a reproché. Et si j’avais raison ?

dimanche 12 novembre 2017

repentir


Une réconciliation ne peut pas passer par l’oubli qui ne pousse qu’à l’indifférence. Elle n’est possible qu’après une redescente aux enfers. Et qu’à condition d’un repentir. (Véronika Dorman, amnésie russe.

jeudi 9 novembre 2017

cata


« Nous vivons en Catalogne un phénomène que nous avons souvent vu dans l’histoire…soigneusement intoxiquées par de vénéneuses fantaisies, les meilleurs personnes sont capables de commettre les pires erreurs »



Javier Cercas, « la dangereuse fiction catalane », libération 8 novembre 17.

mardi 7 novembre 2017

le temps et l'espace


Bonjour Biarritz s’éveille. D’un bout de la chaîne, un rendez-vous avec l’ophtalmologiste et à l’autre bout, la tempête médiatique sur les paradis fiscaux. La cataracte grise le ciel et les sociétés écran évitent aux plus riches de payer des impôts. La vague qui nous engloutit fut précédée par l’explosion des harcèlements qui n’a pas fini de déferler. Tous les jours, sur la page imprimée, sur les écrans de télévision et de tablettes, dans les discussions de bistrots, les harcèlements climatiques engloutissent des îles où Picsou aime se baigner.  

Trois femmes sur dix et trois mille milliards de dollars. Les imams, les rabbins, rejoignent la cohorte des curés libidineux. Ils sont producteurs de films, profs à Oxford, banquiers ou champions automobiles. Même la Reine d’Angleterre, à la tête d’une entreprise qui ne peut pas être délocalisée, demande à son Grand Chambellan de lui trouver un coin de paradis et de cesser immédiatement de lutiner la femme de ménage.  

Le Martien qui débarque aura le sentiment que la planète Terre est composée de magnats qui franchissent les frontières avec des valises pleines de billets et violent les femmes et les jeunes garçons de leur entourage.

Imaginons que le Martien soit remplacé par un voyageur dans le temps qui nous arrive du 19ème siècle. Comment peut-on taxer les riches ?  Qui a eu l’idée de créer un impôt sur le revenu ? Comment peut-on punir un homme qui a forcé son épouse ou ses servantes ? Qui a interdit le droit de cuissage et de pillage ?

Imaginons encore que le Martien et le voyageur dans le temps soient remplacés par un voyageur dans l’espace. Il arrive d’un pays où les journalistes qui enquêtent sur les malversations des puissants meurent très jeunes. D’un pays où les hommes ont tous les droits et les femmes aucun. Il s’étonnera : comment des journalistes peuvent-ils passer des mois et des mois à enquêter sur les mœurs des Moguls  sans avoir besoin de mettre leur famille à l’abri ? Qu’est-ce ce pays où un gratte-papier peut écrire sur les agressions sexuelles des puissants ? Où ils sont parfois poursuivis et jugés ?

Pour s’y retrouver, n’oublions jamais le temps et l’espace.

samedi 4 novembre 2017

cuba no


Apprécions le moment. Mes amis (il y a quelques années, on disait mes lecteurs) savent que je mène un combat farouche contre la phrase révolutionnaire, contre les radicalismes qui ruinent les économies et la démocratie. Ce combat prend la forme, au Pays Basque, d’une incessante critique contre une alliance baroque entre le front régional dit abertzale et une insoumission bigarrée.

Quand la médiathèque de Biarritz programme un film sur Cuba dont le titre est « l’espoir est un métier », je me précipite et je constate, en rentrant dans la salle de projection, que la salle est remplie de cette alliance : des abertzale et des insoumis unis dans la même admiration pour le seul pays au monde qui après avoir réalisé une révolution nationale et sociale continue d’attirer des touristes et des sympathies. Même le Venezuela prend l’eau. Mais Cuba, quand même, cette magnifique résistance à l’impérialisme yankee, les enfants scolarisés et bien soignés…

Je m’apprêtais donc à regarder un film œcuménique flattant les croyances mêlées. Erreur totale. Les réalisateurs ont interviewé une dizaine de personnes et toutes sans exception ont tissé les louanges à une économie de marché sans entraves. Le boulanger veut devenir une grande entreprise et souhaite la fin de l’intervention étatique dans l’approvisionnement en farine. La coiffeuse, la styliste, le chanteur, l’architecte (qui découvre ce qu’est un client, il ne savait pas), l’économiste, chantent tous la même chanson : les choses vont mieux depuis que l’état permet une économie de marché, permet aux entrepreneurs d’entreprendre, il faut aller encore plus loin, abolir plus de réglementation.

À mesure que les paroles et les images défilaient, je sentais physiquement les abertzale insoumis se décomposer. Un silence qui n’était pas de l’ordre de l’attention ou de l’intérêt, mais un silence de déroute. Le film s’arrête. Les questions tardent à venir. Je dis quelques mots sur la déception que ce film doit être pour les sympathisants d’un pays patriote et socialiste. Des intervenants tentent de corriger. Les Cubains entreprennent, disent-ils mais pour le progrès social. Une autre dit qu’il s’agit d’une économie sociale et solidaire. Les mots progrès social et économie solidaire n’ont pas une seule fois été prononcés, mais il faut bien se raccrocher à des branches imaginaires plutôt que de sombrer.

Je sors dans Biarritz pluvieux et pénètre dans le pays réel : un grand magasin achalandé, la foule des clients et à la porte, des sans-abri qui font la manche.

vendredi 3 novembre 2017

les immortel(le)s


Les immortel(le)s.

Je connais une jeune femme harcelée par un académicien quand elle était stagiaire dans une maison d’édition.
Le même académicien a crié à la mort de la langue française quand on a rajouté un e à professeur.

mercredi 1 novembre 2017

l'essentiel


Parmi mes récents textes, certaines formulations apparaissent comme un regret, comme l’expression d’illusions perdues. Je souhaite m’expliquer. J’ai voté Emmanuel Macron au premier tour des élections présidentielles et pas un instant je ne regrette mon vote. Quand je pense aux marécages dans lesquels ont sombré les bulletins Hamon ou Mélenchon, sans parler bien sûr des bulletins Fillon et Le Pen, je trouve que mon bulletin de vote a bien résisté.

Quand je vois l’évolution de la Pologne et de la Hongrie, quand je vois en Autriche l’extrême-droite à la porte du pouvoir, le Brexit britannique, l’entrée au Bundestag d’un parti populiste, je trouve que mon bulletin de vote a bien résisté.

Mon bulletin a été une protestation de principe contre tous ceux, à gauche comme à droite, n’arrivaient pas à se désempêtrer des tranchées boueuses. Politiquement autistes, ils ont refusé le vote déterminant du second tour et se sont montrés incapables de distinguer l’accessoire de l’essentiel.

Mon bulletin a arraché à la gauche réformiste le boulet des postures radicales. Mon bulletin a arraché à la droite républicaine les tentations d’alliance avec le FN.

Une fois que l’essentiel est ainsi assuré, nous pouvons débattre tranquillement de tout.