mercredi 30 août 2017

Insoumission

Mercredi 30 août

Nous sommes rebelles et insoumis. Partout la lutte. Dans tous les musées que nous avons visités, quand il y avait une notice "do not touch" nous avons touché. à l'hôtel, pour nous venger de l'absence de marmelade au petit déjeuner, à la question "combien de petits déjeuners avez vous pris?", j'ai répondu trois alors que nous en avions pris quatre.

L'insoumission n'est pas une politique, c'est un état d'esprit. J'ai toujours été surpris par l'utopie créatrice des militants de Lutte ouvrière. Les mains nues, sans argent sans armée, ils allaient renverser le système capitaliste et instaurer un régime communiste sans exploitation de l'homme par l'homme. Et maintenant, Mélenchon et la France insoumise, sur la trace de Marchais, 17 députés, refus de principe de s'allier (nous n'entrons pas dans les magouilles), le peuple va lutter, il va lutter contre les vaccins avec Ruffin, contre le voile ou pour le voile, je ne sais plus bien. L'essentiel est de lutter.

Quand je vois une notice "do not touch" je touche. Ce n'est pas une politique, c'est un état d'esprit.

mercredi 23 août 2017

act up et bizi


À l’occasion de la sortie du film 120 battements sur Act Up, un ancien président, Didier Lestrade, compare les modes d’action d’Act Up et celle de Bizi, au Pays Basque. Bizi s’est fait connaître en volant des fauteuils dans des agences bancaires pour protester contre les fonds spéculatifs.

J’aimerais préciser certains points sur cette comparaison qui me semble infondée. Bizi apporte un soutien régulier aux revendications des prisonniers basques emprisonnés pour activités terroristes, refusant de demander pardon et de s’engager à ne plus recourir à la violence armée. Je n’ai pas souvenir d’Act Up menant des actions de soutien à Action Directe ou Fraction Armée Rouge. Bien plus, je n’ai aucun souvenir qu’Act Up, qui intervenait sur la prévention du Sida en prison, eût demandé des préventions spécifiques pour les prisonniers basques ou d’autres terroristes emprisonnés. Une telle discrimination eût été considérée comme la honte suprême.

guerre civile


Les sociétés dites totalitaires sont des sociétés en guerre. Dans le roman d’Orwell, 1984 se mène en permanence une guerre contre l’étranger et contre les ennemis de l’intérieur. Kim Jong-Un le dictateur de la Corée du Nord se maintient au pouvoir comme chef de guerre. Regardez-le, je ne le connais pas, mais qui imaginerait Kim Jong-Un dérouler des arguments dans une réunion électorale, affronter un adversaire dans un débat télévisé ? Si son pays n’était pas en guerre, réelle ou jouée, il ne tiendrait pas cinq minutes au pouvoir. Peut-être encore moins. À la guerre, des millions de gens sans avenir peuvent obtenir des galons, des récompenses, des voitures de fonction, des appartements confisqués. Remplacer des ingénieurs et des directeurs d’usine. Dans une société de guerre civile, un fusil remplace les diplômes, les compétences. Une lettre de dénonciation permet d’obtenir un logement, un poste. Une action d’éclat vous réserve une place au paradis.

         Le terrorisme vise à construire une société totalitaire sans passer par une révolution. Il transforme un territoire paisible en camp retranché. Les tribunaux de paix deviennent des cours martiales. Les grandes questions politiques sont guerrières : que fait-on des prisonniers arrêtés, libérés, amnistiés, glorifiés ou vilipendés ? Où voit-on se précipiter des milliers d’hommes et de femmes, derrière des élus, en un gigantesque jeu de pistes pour trouver des caches d’armes et ensuite les déterrer ? Dans des sociétés marquées par le terrorisme. Faut-il amnistier ou prolonger la détention ? Faut-il construire des monuments aux soldats tombés ou à leurs victimes ? Faut-il commémorer ou oublier ?

         Dans une société tétanisée par la peur, les gens se partagent en patriotes et en traîtres. Tout le monde a peur, d’être arrêté, d’être dénoncé, d’être abattu. Des combattants qui ont quitté le combat mercredi sont la cible de ceux qui le quitteront vendredi. Faut-il un procès ou faut-il oublier la terreur ? Longtemps après le silence des armes, les gens continuent d’avoir peur. Peur de dénoncer des héros qui se sont sacrifiés. Peur de n’avoir rien dit, d’avoir détourné les yeux. Surtout que le silence règne. Il faut déterrer les armes mais pas les charniers.

         Sous nos yeux, la vie politique se partage en deux immenses options. Entre ceux qui considèrent que les adversaires doivent être éliminés pour qu’émerge une solution, et ceux qui considèrent que les adversaires font partie de la solution. Pour les etarras et les nationalistes corses, la réponse était au bout du fusil. Au Venezuela, Chavez et son successeur Maduro ont plongé leur société dans une guerre civile larvée. Une guerre civile froide. Qui n’est pas avec nous est contre nous. Le contraire d’une société apaisée où qui n’est pas contre nous est avec nous. Voyez Mélenchon et ses mots d’ordre militaires « dégagez ! Place ! Nous ne voulons plus de vous ! ». Il entasse des dictionnaires pour construire des barricades. Tout en haut des millions de mots accumulés, il est à l’aise parce que sur une barricade, il n’y a que deux côtés. Dans une chambre qui s’étale en arc de cercle, il semble embarrassé car il devient compliqué de tracer des frontières.

La droite extrême partage la France entre des Français dignes de l’être et des Français indignes à qui il faut ôter le droit de voter. Et les nationalistes corses et basques aspirent à créer un statut de « résident », avatar des Français de souche, ceux qui s’inclinent devant les monuments aux morts des terroristes dont le sang a fertilisé des vignes amères.

Je n’arrêterai jamais de lutter pour une société démocratique. Contre Mugabe, je choisis Mandela. Contre Maduro, je choisis Luisa Ortega. Gorbatchev a cru pouvoir réformer la société russe comme si c’était une société civile.  Hélas, elle était encore en guerre et c’est un ancien du KGB qui est au pouvoir. Jamais les criminels n’ont été jugés. Contre les terroristes ou contre les demi-soldes du terrorisme, tous les jours, partout, il faut choisir.

vendredi 18 août 2017

la révolution en chantant


Je suggère de confiner la révolution aux activités artistiques, scientifiques, intellectuelles et de conserver la réforme pour le monde réel. Ken Loach est bien connu pour son cinéma révolutionnaire. Il n’est même connu comme révolutionnaire que dans le cinéma. Il mène une activité artistique bien remplie et peut obtenir d’une industrie dominée par la finance internationale des récompenses prestigieuses. François Ruffin réalise d’excellents films avec du personnel précaire, Comme Michael Moore, autre révolutionnaire des images, on le distingue dans cette citadelle de la révolution qu’est le Palais du Festival de Cannes. Continuons dans cette voie. Pendons au théâtre et au cinéma et dans la chanson le dernier capitaliste avec les tripes des socio-traîtres. Tirons sur la police en chansons, nationalisons l’énergie en bandes dessinées, supprimons dans les romans l’exploitation dans les usines. Mais s’il vous plaît, ne confondez pas les genres. François Ruffin à l’assemblée nationale, quel gaspillage de talent ! Devenu sur les bancs de velours un pitre inaudible alors qu’il est si efficace derrière une caméra.

échos


Rappel



Les attentats de Barcelone en Espagne ont remis en mémoire les attentats djihadistes à Madrid  du 11 mars 2004. 190 morts dans les transports publics. Le gouvernement PP de l’époque se précipita d’abord pour attribuer les attentats à l’ETA et cette « erreur » lui coûta la défaite aux élections qui suivirent.

Mais cet attentat marqua le début d’une réflexion au sein de l’ETA qui se termina en 2011, sept ans plus tard, par le cessez-le-feu définitif. L’organisation fut assommée par le fait que la majorité des Espagnols furent un temps convaincue qu’il s’agissait bien de l’ETA. Même des soutiens de l’organisation s’y laissèrent prendre et commencèrent à condamner. Si des sommets de monstruosité pouvaient être pris pour des actions de l’ETA, il fallait vraiment commencer réfléchir à  d’autres moyens. Il fallut sept ans pour y parvenir.

Quand j’utilise les mots « djihadistes basques » pour « etarras », on me reproche la provocation. Il n’est pas inutile de rappeler qu’en mars 2004, la confusion entre les deux terrorismes était bien réelle et qu’elle affectait aussi bien les adversaires de l’ETA que ses amis les plus proches.

Sept ans pour cessez-le-feu. Encore sept ans pour désarmer. Faudra-t-il attendre encore sept ans pour la dissolution ? L’ETA attribue la lenteur de ces décisions au gouvernement espagnol et français. Ce reproche est difficile à comprendre. Le cessez-le-feu de 2011 fut décidé sans aucune contrepartie de la part des gouvernements espagnol et français. Le désarmement de 2017 fut décidé de manière autonome par l’organisation terroriste. On attend maintenant la dissolution. Faudra-t-il attendre encore sept années ?

jeudi 17 août 2017

des victimes dans les deux camps




Dans le Pays Basque espagnol, des procès ont lieu contre des humoristes qui se moquent des victimes de l’ETA (Le monde : 4 février 2017). Tout le monde s’accorde à fustiger leur mauvais goût, mais certains disent que le mauvais goût ne devrait pas être puni de prison. Pour Marimar Blanco, présidente de la fondation des victimes du terrorisme, sœur d’un élu du PP assassiné par l’ETA en 1997, « aucun message dénigrant les victimes ne doit rester impuni » de la même façon que les insultes aux victimes de la Shoah sont punies par la loi.

Sur la question des victimes se mène une bataille politique qui nous concerne aussi. La gauche abertzale a renoncé à la terreur, mais elle défend l’amnistie pour les etarras  afin de clore un conflit qu’elle présente comme ayant fait des victimes « dans les deux camps ». Pour le philosophe Fernando Savater : confondre bourreaux et victimes « c’est prolonger par les mots le travail des terroristes ».  

C’est exactement ce qu’il se passe au Pays Basque français. Les blanchisseurs de la terreur se congratulent parce qu’ils ont eu  l’audace de parler « de toutes les victimes ». Quand les élus de tous bords, au garde-à-vous à l’appel de la gauche abertzale, reprennent l’expression pour répondre aux accusations d’oubli des victimes de l’ETA, ils n’en reviennent pas de leur intrépidité. Se rendent-ils compte qu’ils confondent ainsi bourreaux et victimes, qu’ils acceptent la thèse la gauche abertzale qui parle des « victimes dans les deux camps ».

Comme disait Trump à propos des manifestants de Charlottesville, « il y a des victimes et des  gens biens dans les deux camps ». Ça  vous met en colère ? Au Pays Basque français, « il y a des victimes dans les deux camps », c’est tous les jours. Ça met moins de gens en colère.




c'était mieux avant


Non, ce n’était pas mieux avant, de Johan Norberg, Plon. Recension par Roger Pol Droit, le monde, 2 juin 2017.



Thèse du livre : le monde va mieux, notre présent est mieux que le passé. Les famines ont pratiquement disparu, la durée de vie a augmenté, la grande pauvreté a reculé de 42% en 1981 à 10% (2013) de la population mondiale. L’illettrisme est passé de 80% de la population mondiale à 15 % en 2017. Les humains sont plus riches, en meilleure santé, dans des logements plus confortables, sont plus instruits et travaillent moins. Le monde actuel est moins violent, plus égalitaire, et moins pollué.

 Pour autant, le monde n’est pas le meilleur possible, mais l’auteur prend le contre-pied du catastrophisme ambiant, qui est fait d’ignorance et de complaisance envers l’apocalypse. « Une révolution a rendu notre monde plus protecteur et plus sûr…cette révolution est invisible alors que les malheurs du monde s’affichent bruyamment ».

La propension à se lamenter est une vieille affaire : « nous sommes arrivés en des temps mauvais, et le monde est devenu très vieux et malfaisant. Les hommes politiques sont corrompus, les enfants ne respectent plus leurs parents ». C’est le texte d’une stèle chaldéenne trois mille huit cents ans avant JC.

La discussion ne prend pas une ride. Elle est d’abord politique. Si tout va mal, il faut tout changer, radicalement. Rappelez-vous les discours électoraux, les candidats décrivent une société à la dérive. Comment ceux qui les écoutent ne vont pas directement se jeter dans la rivière la plus proche est un mystère. Extrême droite, extrême gauche, le discours était proche.

Mais -j’allais dire en même temps- il est vrai que mieux ça et plus scandaleux ce qui ne va pas. Si les soins sont gratuits, ne pas y accéder est l’horreur. Il en va ainsi pour tous ce qui est décrit par Norberg : logements, éducation. Le monde supporte mieux un manque généralisé qu’une défaillance marginale.






mardi 15 août 2017

libération anticipée


France 2 15 août 17. Reportage sur la commission de libération anticipée, qui conseille le Juge d’application des peines. La question qui est posée est évidemment celle des risques de récidive, de l’insertion éventuelle. Ce qui domine est l’attitude des prisonniers vis-à-vis de leur victime. Si l’on constate un manque total d’empathie à l’égard des dégâts humains provoqués, la commission émet généralement un avis négatif.

Dans le cas des prisonniers basques emprisonnés pour activités terroristes, la question du pardon demandé est tout aussi centrale. Demander pardon aux victimes ou à leur famille est un élément important de leur libération anticipée.

Au Pays Basque français, les blanchisseurs de la terreur qui souhaitent rapprochement, libération anticipée, voire amnistie, la question du pardon, de l’empathie à l’égard des victimes n’est jamais posée.

J’espère que certains d’entre eux ont regardé l’émission. Sinon, ils peuvent la regarder en replay pendant toute la semaine.


lundi 14 août 2017

un homme pressé


Un homme pressé



Le lehendakari du Pays Basque Nord, d’après Sud-Ouest du 14 août, demande le rapprochement des prisonniers basques de leur famille. Il les nomme « anciens militants ».

On est un peu gêné de la confusion qui règne chez Jean-René Etchegaray. Sa traduction, de l’adage « militia est vita hominis super terrum » par « militer est le sort de l’homme sur terre » est un contre-sens. La bonne traduction est « être soldat est le sort de l’homme sur terre ».

Plus grave est la confusion sur le terme de « militants ». Car les prisonniers dont il plaide la cause ne sont pas des « militants », mais des personnes condamnées pour activités terroristes en bande armée. En outre, ces terroristes condamnés pour activités terroristes en bande armée peuvent obtenir, pour la plupart, leur libération anticipée s’ils demandent pardon aux familles de leurs victimes et s’engagent à renoncer à toute action terroriste à l’avenir.

En d’autres termes, Jean-René Etchegaray demande le rapprochement de leurs familles de « personnes condamnées pour activités terroristes en bande armée qui refusent de demander pardon et de renoncer à toute activité terroriste ».

C’est vrai que c’est plus long à dire qu’ « anciens militants ».

samedi 12 août 2017

noir sur noir


Noir sur noir, blanc sur blanc



Sur l’identité, je suis intarissable. Ma situation de déraciné compulsif, d’exilé permanent, d’étranger intransigeant, me permet d’intervenir sur cette question et à chaque fois, de recevoir en retour un soufflet en incompatibilité. Je ne peux parler de rien puisque je ne suis de nulle part.

Le film de Kathryn Bigelow, Detroit, sur les émeutes de 1967, est condamné par des organisations noires parce que la réalisatrice  est blanche. Ma compétence s’allume, clignote, mobilise mes expériences multiples. Consacrant une partie de mon temps à l’histoire irlandaise, des gardiens du temple national m’ont demandé de quel droit j’intervenais sur des sujets sensibles, puisque j’étais complétement étranger. Il m’est arrivé d’intervenir aussi sur des sujets concernant les Juifs, et en boomerang, j’ai reçu des baffes qui me punissaient d’intervenir dans un champ qui devrait m’être interdit étant donné une judéité chancelante, ni religieuse, ni politique, tout juste imposée par une vacance prépucière et effleuré par une étoile fugace. Ensuite, j’ai cru pouvoir intervenir sur le nationalisme basque et on m’a fait comprendre que de passer quelques années dans les Pyrénées atlantiques même en résidence principale, n’efface nullement ma qualité d’étranger disqualifié par son étrangéité.

Quand je partage cette expérience avec des auditeurs situés à gauche de l’échiquier politique, je suscite une certaine sympathie. Ils me donnent raison d’envahir des territoires sensibles. L’humanité est une et indivisible et rien de ce qui est humain ne devrait m’être étranger.

Je vaquais donc tranquillement, le cuir tanné par les coups, mais allégés par une doxa protectrice. Et voilà que depuis un certain temps, la protection se fissure. Des associations noires prétendent interdire aux non-noirs de s’occuper de leur histoire. Et je sens parfois une certaine acceptation, sinon tendresse, pour cette interdiction, dans les rangs d’une partie de la gauche.

Je persiste à refuser la dérive identitaire.  La couleur ne change pas la donne. La réaction des nationalismes quelle que soit la couleur de l’arc-en-ciel ne vise pas à protéger une communauté contre les intrusions étrangères, mais d’abord à assurer le contrôle d’une partie de la communauté sur l’ensemble. La partie la plus « radicale » veut s’arroger le droit de nommer qui en fait partie ou pas. Quand on me refusait le droit d’intervenir dans la situation irlandaise, cet interdit faisait partie d’un interdit plus général  sur les Irlandais eux-mêmes. Parmi les Irlandais, il y avait les vrais et les faux, les authentiques et les frelatés, ceux qu’on appelait les « West Britons », les Britanniques de l’Ouest, attirés par l’ennemi héréditaire, par sa culture. Qui avaient abandonné la religion nationale. Et les purs et durs qui parlaient gaélique ou faisaient semblant, qui s’affirmaient prêts à mourir pour la patrie. De même, on m’accusait depuis longtemps d’être un Juif défraîchi, qui avait abandonné depuis longtemps l’authentique tradition, sans religion, sans langue. Il n’est pas inconditionnel de l’État d’Israël, et même pour Kippour il ne jeune pas. Quand à ma basquitude, je n’en ai ni les gênes, ni la langue et je n’en ai pas partagé l’histoire. Je constate que ce rejet de ma personne est utile pour distinguer les patriotes des faux Basques, ceux qui acceptaient de me parler et de discuter avec moi, ou encore pire, ceux qui trouvent quelques grains de vérité dans mes descriptions du paysage.

Pour les indigènes de la République ou les héritiers des Black Panthers, la mécanique est identique. Ils sont juges de la couleur de la peau. Ceux qui ne partagent pas leurs exclusions ont perdu un peu de leur ébène. Des oncles Tom, des esclaves mal affranchis, des traîtres à la cause, des passés à l’ennemi. Des blanchis.

Cette mécanique ne s’arrête jamais, elle a pour moteur son existence même. Les plus purs des plus purs trouvent toujours des moins purs parmi les purs. Un homosexuel ne peut pas être un vrai Irlandais, un bourgeois intégré ne peut pas être un vrai Noir. Il se prétend basque et a critiqué l’ETA.

Malheur aux peuples qui délèguent à une fraction du peuple le droit de décider qui appartient au peuple et qui ne lui appartient pas.


leur dos est souple




Comparez les contorsions de la France insoumise de Mélenchon et celles des communistes français sur le Goulag, Pol Pot, l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Union soviétique. Les mots sont les mêmes. Tout était là, prêt à être resservi, l’affleurement d’une certaine gêne mais l’acceptation du dogme.

La soumission à l’insupportable est un plat qui se mange froid.


qui se radicalise?


Le succès de Jim Corbyn au Royaume-Uni serait dû à une certaine radicalisation qu’on retrouve dans la gauche européenne. Je lis dans libération ce qui fait son succès. Louis Emmins a un double espoir : qu’avec Corbyn, on maintienne les allocations sociales pour son mari handicapé. Et elle espère la gratuité  des études supérieures pour son fils. Un autre électeur de Corbyn espère la renationalisation des chemins de fer et l’interdiction des contrats de travail à zéro heure.
En somme, les électeurs demandent pour la Grande-Bretagne l’alignement sur les protections sociales qui existent en France. Est-ce la social-démocratie qui se radicalise ou la gauche radicale qui se social-démocratise, comme en Grèce ou au Portugal, où elle a renoncé à demander la sortie de l’euro ?

vendredi 11 août 2017

cérémonie de l'oubli


Dans de nombreux pays du monde, après des grandes catastrophes, les sociétés organisent des cérémonies du souvenir. 11 novembre, 8 mai, journée de la déportation, Nagasaki, etc. Ces cérémonies sont importantes et l’on se rend compte de leur importance en étudiant les sociétés où les catastrophes ne sont pas commémorées. Pas de journée du Goulag en Russie, pas de journée de la Grande Famine en Chine.

Comment caractériser le Pays Basque français qui met en scène régulièrement des cérémonies de l’oubli ? À intervalles réguliers, des blanchisseurs de la terreur mettent en scène en accord avec les anciens bourreaux une grande lessive qu’il faut bien appeler la cérémonie de l’oubli. À Louhossoa, à Bayonne, en décembre prochain à Paris, seront à nouveau mises en scènes les nouvelles cérémonies de l’oubli. Il en faudra beaucoup d’autres pour oublier les 829 victimes de l’ETA.

jeudi 10 août 2017

libération


Mikel Irastora, en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », considéré comme l’un des derniers chefs de l’ETA, a été libéré mardi 8 août sous contrôle judiciaire.

Ainsi se confirme l’adage qui ne cesse de hanter les jours et les nuits des familles des 829 victimes de l’ETA : « on sort plus facilement de prison que du cimetière ».

mercredi 9 août 2017

mélenchon et le front




Je voudrais répondre à plusieurs correspondants qui s’indignent que je mette sur le même plan les insoumis et les frontistes. Premier élément de réponse : les « insoumis » ont pris la place du PCF et dans la forme comme sur le fond, Mélenchon est le moderne Marchais. Pour moi, ce n’est pas un compliment. Même assurance dogmatique, même mépris des adversaires (en vrac, les journalistes, les communistes historiques, les socialistes). Sur des points non négligeables, l’héritage stalinien du PCF se retrouve : sympathie pour des régimes indéfendables, refus de condamner les crimes staliniens au parlement européen, considérer la social-démocratie comme l’ennemi principal. Ce qui s’est exprimé à l’époque Marchais pour le « vote révolutionnaire » pour Giscard contre Mitterrand, et à l’époque Mélenchon, par l’abstention révolutionnaire au deuxième tour des élections présidentielles.

En admettant ces points, la question reste : pouvait-on hier mettre sur le même plan les communistes et les fascistes, aujourd’hui les insoumis et les frontistes ? Pendant longtemps, qui osait simplement un début de comparaison était mis au ban de la gauche. Puis on a osé, de plus en plus. J’ai écrit un livre sur le sujet : « Éloge de l’infidélité » où j’osais la comparaison.

Ce qui est commun à tous est le refus de considérer les libertés communes comme fondamentales. Cette communauté de vue permet de danser la valse avec des nazis autrichiens et la salsa au-dessus des prisons cubaines.

Sujet ancien et dépassé ? Non. Quand les chavistes mettent les opposants en prison ou massacrent les manifestants, un certain gauche hésite à condamner. Quand Erdogan et Poutine emprisonnent les journalistes et massacrent des manifestants, une certaine droite hésite à les condamner.

Plus important : entre la gauche radicale et la droite extrême se retrouve la même haine de l’Europe qui se manifeste par un repli sur l’hexagone.

Enfin, un élément qui n’a rien à voir avec la présente discussion : quand Mélenchon a affronté Marine Le Pen, il a été battu. Quand Macron a affronté Marine Le Pen, il a gagné.


lundi 7 août 2017

désenchantement




Désenchantement



Trois mois c’est peu.

J’ai soutenu Macron, j’ai voté pour lui, j’ai aimé la manière dont il a formé son premier gouvernement, dont il s’est débarrassé sans barguigner des ministres étonnés, dont il a su rassembler des compétences de gauche et de droite. Le gouvernement a été renouvelé, l’Assemblée nationale est fraîche. Dans le domaine des relations internationales, le président fait bouger les lignes. J’espérais dans le domaine politique la même invention. Je l’attends toujours. Après trois mois, je ne suis pas mécontent, je suis inquiet pour l’avenir.

Encore une fois, la pesanteur sociologique fait émerger des élites dont la première caractéristique est l’entre soi. Tous ces gens portent un uniforme. Pas dans leur vêtement, mais dans leur tête. Comment n’ont-ils pas vu collectivement qu’une ponction de cinq euros sur l’aide au logement aurait des effets désastreux ? Personne pour sonner l’alerte ? Par quels moules sont-ils passés pour être à ce point insensibles ?

Quand le ministre de l’intérieur parle des migrants, il évoque les organisations humanitaires d’un strict point de vue politique, froid, sans émotion, sans un mot pour saluer leur travail patient, sans un mot de sympathie. Répondre aux urgences ne ferait que rendre notre pays attractif aux gens en galère.  Ne méritent-ils pas un mot chaleureux pour leur travail ?

Sur la loi de la moralisation, ça marche. Pour la réforme du droit du travail, les choses avancent. Et pourtant je suis inquiet. Une machine sans âme qui ne fait pas vibrer.

Je voudrais leur dire à tous qu’ils s’inquiètent davantage des années qui viennent. Leur responsabilité est énorme et c’est l’aune de cette responsabilité qu’ils doivent travailler. Ne pensez pas petit. S’ils n’arrivent pas à l’emporter dans les têtes et dans les cœurs, c'est à dire à faire en permanence de la politique, il ne restera plus face dans notre pays que les impasses radicales et les haines extrêmes, les insoumis contre les frontistes. La politique, aujourd’hui, c’est d’abord éviter cet avenir-là.






samedi 5 août 2017

punir ou chanter?


En Irlande, dans les campagnes éloignées, la double signalisation s’interrompait parfois et ne restaient que les panneaux en gaélique que les touristes perdus recherchaient en vain sur leur carte routière.

Au Pays Basque dans les campagnes de l’intérieur, parfois de fougueux patriotes effacent les panneaux en français pour ne laisser que les noms basques indéchiffrables aux regards voyageurs.

Si on barbouillait de peinture noire les panneaux en gaélique ou en basque, personne ne se perdrait. Si on barbouille de peinture noire les panneaux en français ou en anglais, l’ombre de l’incompréhension s’abat sur une majorité d’excursionnistes. Telle est la réalité.

Comment faire ? La langue minorée n’est connue que par des bilingues. Elle ne se parle plus dans les cours de récréation ni devant les machines à café. Elle n’est plus indispensable. Les journaux en langue minorée feraient tous faillite s’ils n’étaient pas lourdement subventionnés. La plupart publient un mixte d’articles, basques, gaélique, français anglais.

Si les patriotes bascophones veulent se faire comprendre, ils doivent s’exprimer dans la langue majoritaire, Vous les défenseurs de la langue, regardez cette réalité. Posez-vous la question : pourquoi est-ce que je vais apprendre le basque ? Faites que ce soit un plaisir et pas un engagement politique, Faites que ce soit une ouverture et pas un sacerdoce. Une récompense et pas une punition. Une culture et pas une exclusion. Ne faites pas de la langue un carcan identitaire. Ne commencez pas par cette dérisoire maculation qui punit et exclut.


le pays basque est trop précieux pour l'abandonner aux abertzale


Le Pays Basque est trop précieux pour l’abandonner aux abertzale



         Les nationalistes étaient minoritaires en Pologne et le changement conduit par Solidarnosc fut salué joyeusement par tous les progressistes d’Europe. Ils sont maintenant majoritaires et piétinent les valeurs fondatrices de l’Union européenne. Quel rapport avec le Pays Basque ?

         Les nationalistes étaient minoritaires en Turquie et ils sont désormais au pouvoir. Ils célèbrent l’inscription des valeurs religieuses dans les lois civiles et clivent les Turcs en « vrais » ou « faux » citoyens. Erdogan veut analyser l’ADN des députés germano-turcs qui ont voté pour la reconnaissance du génocide arménien. Quel rapport avec le Pays Basque ?

         Les nationalistes flamands creusent toujours plus profond la division de la Belgique, en s’appuyant surtout sur des revendications linguistiques qui dessèchent la langue et la transforment en outil politique. Quel rapport avec le Pays Basque ?

         Les nationalistes irlandais, catholiques et protestants, ont réussi à force de crimes et de sectarisme, à diviser profondément la société nord-irlandaise.Le président du Sinn Féin, Gerry Adams, est accueilli avec enthousiasme par les patriotes basques.

         Les nationalistes corses étaient minoritaires et ils dirigent désormais l’île. Leurs priorités : amnistie pour les prisonniers corses, officialisation de la langue corse, statut de résident. Ils partagent les Corses en « vrais » citoyens et les « faux ». Les abertzale célèbrent dans leurs publications et dans leurs discours les progrès des nationalistes corses qu’ils donnent en exemple.

         Les nationalistes basques sont minoritaires au Pays Basque français mais ils ont réussi à faire voter une intercommunalité basque dont la seule légitimé est d’ordre identitaire. Le président de la nouvelle communauté se nomme Lehendakari. La nouvelle communauté officialise la langue basque, négocie avec l’ETA pour un désarmement de théâtre, demande l’amnistie des prisonniers en ignorant leurs victimes. Une carte de résident n’est pas encore envisagée.

         Actuellement, le Pays Basque est ouvert au monde, par son économie, par sa culture. Il brille par ses festivals du film latin, par les ballets Malendain, par son tourisme éclectique, par ses écrivains et ses artistes. Si les nationalistes viennent au pouvoir, ils transformeront le basque en langue administrative, demanderont que les crédits soient réservés aux artistes basques. Ils voudront une université de plein exercice, comme celle de Corte où le seul syndicat étudiant est le syndicat nationaliste qui obtient 90 pour cent des voix aux élections.

         Le danger est là. Le Pays Basque est menacé de repli sectaire, de renfermement culturel, d’isolement politique.

         Le danger pour le Pays Basque n’est pas un nationalisme militant : il a toujours été présent. Le danger est l’indifférence, la passivité ou le suivisme à son égard. Les élus, les partis non nationalistes, les associations se précipitent pour être au premier rang des soins palliatifs aux etarras épuisés. Ils soutiennent les aspirations patriotes. Demain, ils diront qu’ils n’ont pas voulu ça.


vendredi 4 août 2017

oublier




Xabi Larralde a témoigné en faveur des meurtriers de deux gardes civils à Capbreton, en avril 2013. « Si la Nation basque existe, elle doit avoir les mêmes droits que les autres États. Le constat qui s’impose aujourd’hui est que du 19ème siècle jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas une génération de jeunes basques qui n’aient pas pris les armes pour revendiquer des droits qu’ils jugeaient légitimes ».

Telle est la justification de la lutte armée de l’ETA. Les États français et espagnols sont des états impérialistes qui refusent au peuple basque le droit à l’auto-détermination. L’ETA a engagé sa lutte armée sous le régime de Franco et ses actions étaient alors largement légitimées par l’absence de démocratie en Espagne. Après la mort de Franco et il fallut justifier la poursuite de la lutte armée. La mort de Franco n’avait rien changé : France et Espagne restaient des nations impérialistes.

La difficulté politique est la suivante. L’ETA a renoncé à la lutte armée en 2011. Le caractère impérialiste des états espagnol et français est toujours dénoncé dans les mêmes termes. Si l’impérialisme est le même, pourquoi arrêter la lutte armée aujourd’hui ? En renonçant à la lutte armée en 2011, l’ETA condamne à postériori ses activités terroristes. C’est pourquoi il est si difficile d’arrêter. Comment appartenir à la première génération de jeunes basques qui ne prend pas les armes pour revendiquer des droits qu’ils jugent toujours légitimes ?

C’est pourquoi il est si important de légitimer par des gestes symboliques les actions de ceux qui sont toujours considérés comme des héros ou des martyrs. C’est pourquoi les manifestations pour les prisonniers, les rassemblements pour un désarmement factice sont cruciaux. Il s’agit d’oublier que l’ETA déclare en cessant le feu, qu’elle a été pendant cinquante ans une organisation de forcenés ineptes pour qui le fusil et la bombe tenaient lieu de réflexion.


mercredi 2 août 2017

traductions


Traductions

SORTU, (les abertzale radicaux, EH Baï en France) a organisé une manifestation devant le consulat espagnol de Bayonne suite à la mort de Kepa del Hoyo, mort d’une crise cardiaque pendant un entraînement sportif dans la cour de sa prison.

Xabi Larralde dénonce l’éloignement des prisonnier du Pays Basque. Kepa était condamné, dit-il pour sa militance au sein de l’ETA ». Gabi Mouesca déplore « le stress permanent que génère la détention. Forcément, ça a un impact sur la santé ».



Kepa emprisonné pour militance ? L’ETA est une organisation terroriste militaire. Les etarras se considèrent comme des soldats. Donc Kepa a été condamné pour appartenance à une organisation terroriste, pas pour « militance ». Xabi Larralde insulte les patriotes en armes en les réduisant à de simples « militants ».

Miguel Angel Blanco, un élu du Pays Basque espagnol,  est mort après avoir été kidnappé et torturé par l’ETA. Gabi Mouesca n’a jamais condamné le « stress permanent » qu’a généré sa détention. Pourtant, un kidnapping par l’ETA « ça a un impact sur la santé ».

Xabi Larralde dénonce l’éloignement des prisonniers du Pays Basque. Yoyès a été  abattue en plein marché, devant ses enfants, parce qu’elle était revenue au Pays Basque. L’ETA lui demandait alors de s’éloigner. Comment s’y retrouver si certains meurent d’être éloignés et d’autres de se rapprocher ?



Ne chipotons pas. Retenons les bonnes nouvelles. D’abord, ils n’étaient que 70 à manifester, à peine le double des etarras qui se cachent encore. Ensuite, on ne signale la présence d’aucun élu, ceux qui manifestent sur recommandation de l’ETA pour l’aider à désarmer. Ces idiots utiles sont peut-être en vacances, peut-être qu’on les retrouvera derrière Xabi Larralde et Gabi Mouesca à la prochaine occasion. Mais à Bayonne, ils n’étaient pas là. Ni Michel Veunac, ni Vincent Bru, ni Max Brisson, ni Jean Etchegarray, ni Frédérique Espagnac. Saluons leur courage.

mardi 1 août 2017

on l'appelait l'emmerdeur




On l’appelait l’emmerdeur.







Une maison est incendiée à Hélette par de jeunes patriotes pour qui le Pays Basque n’est pas à vendre. Le maire d’Hélette proteste : les propriétaires étaient une bonne famille basque qui envoie ses enfants dans une ikastola. Une lettre ouverte protestant contre l’incendie recueille trente signatures, dont cinq conseillers municipaux de Biarritz. Pas une ligne de cette lettre dans les journaux locaux.


Un projet de bétonnage de la plage Marbella à Biarritz est contesté par huit mille signatures. Tous les jours ou presque, la presse locale rend compte de la fièvre. Le projet est retiré, on se congratule.


En 1960, au Lycée Saint-Louis, le proviseur marie sa fille. Cérémonie religieuse dans la chapelle du Lycée, sortie de la messe encadrée par les Cyrards en tenue. À l’époque, la classe de Saint-Cyr était connue pour ses sympathies à l’égard de l’OAS. J’envoie une lettre publique de protestation. Je suis convoqué par le proviseur, mes collègues me reprochent d’avoir troublé la tranquillité d’un établissement prestigieux.


Au mois de décembre prochain, une nouvelle cérémonie de soutien à l’égard des patriotes basques emprisonnés rassemblera tous les partis, tous les élus, anciens et nouveaux. Ils piétineront les tombes des cibles de l’ETA. Je porterai ma pancarte « je réclame pour les prisonniers basques les droits que l’ETA a refusés à ses victimes ».