samedi 22 juillet 2017

colère


Sur les sujets sensibles, les pressions de toutes sortes sont si fortes que la meilleure solution est de garder le silence. Ainsi de la confusion entre sionisme, antisionisme et antisémitisme. Je combats l’antisémitisme avec résolution car jamais je n’ai oublié les traumatismes de mon enfance étoilée. Je ne suis pas sioniste et je ne considère pas Israël comme ma patrie. Je partage les critiques de citoyens israéliens à l’égard de la politique du gouvernement Netanyahou et quand je les exprime, certains me disent que je suis antisémite. Je partage les critiques de citoyens arabes contre les gouvernements palestiniens ou arabes et quand je les exprime, certains me disent que je suis islamophobe.

Le mieux est de remonter aux sources et aux définitions. Le sionisme est la doctrine de Juifs qui considéraient qu’ils devaient obtenir un État à leur nom. Ils ont réussi à l’obtenir et cet État s’appelle Israël. Dans les conflits qui opposent ce nouvel État à des pays arabes ou aux Palestiniens, les adversaires d’Israël demandent, et certains demandent encore, la destruction de cet État. Des partisans de Palestiniens demandent qu’ils aient eux aussi le droit d’avoir un État. Dans les manifestations pro-palestiniennes, on mélange cette revendication avec des slogans qui confondent l’État israélien et l’ensemble des Juifs. Bref, la confusion est extrême. Il est exact que des positions contre l’État d’Israël qu’on appelle parfois antisionisme, glissent vers des positions antisémites.

Dans cette confusion, j’essaie de m’accrocher à des branches assez solides pour que je ne sombre pas. Je suis contre tous les racismes, c'est à dire les conceptions qui réduisent les hommes à une seule de leur dimension. Je suis contre la destruction de de l’État d’Israël et pour la création d’un État palestinien.

Voilà. Et si certains trouvent que je suis trop ci et pas assez ça, je les emmerde.


vendredi 21 juillet 2017

la tête contre les murs


il n’y a pas de sociétés sans drogues et sans croyances. Ceux qui luttent pour une société sans drogues et sans croyances sont forcément malheureux. Ils se cognent la tête contre les murs. Les révolutionnaires accusent les murs, les réformistes les matelassent.

mardi 18 juillet 2017

UE et migrants


Mogherini, chef de la diplomatie de l’Union européenne. L’UE et les migrants.        L’Europe est le seul acteur à agir dans cette partie du monde. Elle porte secours : (opération Sophia) elle a permis de sauver 39 000 vies. Elle lutte contre les trafiquants.  Une centaines de passeurs ont été remis aux mains de la justice italienne, plus de 400 bateaux cercueils ont été neutralisés. Sans compter les subventions aux ONG. (Le Monde, 18 juillet 17)

Dans le monde d’aujourd’hui, les actions passent par les gouvernements, les institutions, l’UE et l’ONU, les grandes agences. Il y a ceux qui agissent et obtiennent des résultats et ceux qui participent aux grands mouvements de menton, les sans euros et les sans cravates.

samedi 15 juillet 2017

je ne l'ai pas inventé

Entendu sur Arte (émission 28 minutes, de qualité par ailleurs), une prof d’histoire déclarer qu’elle s’était abstenue au second tour des élections présidentielles. Spécialiste du 19ème, elle a aussi déclaré (je l’ai entendue, vous pensez bien que je n’aurais pu l’inventer), que les ouvriers qui ont fait la révolution de 1848 se seraient eux aussi abstenus.
Comment peut-on raisonner ainsi quand on est prof d’histoire. Ou alors on est prof d’histoires au pluriel. À ce moment, tout est bon. Jeanne d’Arc aurait voté Marine Le Pen dès le premier tour, les communards auraient voté pour Philippe Poutou, Vercingétorix aurait voté Jean Lassalle, les marins de Cronstadt auraient voté Arlette Laguiller. Et tous, sauf Jeanne d’Arc, se seraient abstenus au second tour.


jeudi 13 juillet 2017

brasseurs de miasmes


Une délégation d’élus et d’habitants concernés du Pays Basque est montée à Paris lundi 10 juillet pour demander des mesures spéciales pour les prisonniers basques jugés et emprisonnés pour crimes terroristes. Non, excusez-moi, la délégation n’utilisait pas les trois derniers mots de la phrase précédente.

Après avoir dialogué avec l’organisation terroriste (le mot est de moi, pas de la délégation) ETA pour déterrer des armes rouillées, ces brasseurs de nuage demandent désormais, pour que la paix soit complète et définitive des mesures spéciales pour les prisonniers qu’ils nomment politiques alors que la mort du dissident chinois Liu Xiaobo montre avec éclat à quel point il est insultant de comparer ces gens qui tuaient pour leurs opinions des élus, des journalistes, des entrepreneurs, des intellectuels, à des gens qui meurent pour leurs opinions. Au Pays Basque, on n’a pas terminé de comprendre la différence entre tuer et mourir.

Cette délégation a été reçue par des sous-secrétaires de vice-président de chef adjoint de quelques cabinets ministériels. On les a poliment écoutés, ils n’ont rien obtenu. Ni mesures spéciales, ni rapprochement des prisonniers, ni amnistie. Rien. Mais il faut six pages à Mediabask pour décrire ce rien. Rien mais il fallait être du voyage, élus républicains, en marche, modem, socialistes.  Avec Gaby Mouesca, condamné à vingt années de prison parce qu’il distribuait des tracts sur le marché d’Anglet. Avec Vincent Bru, qui a demandé la permission à François Bayrou pour y participer, mais n’a pas consulté les marcheurs du Pays Basque. Tous là, les blanchisseurs de terreur, les lessiveurs de crimes, tous ceux qui éprouvent un petit pincement de sympathie pour le terrorisme quand on lui ajoute l’adjectif basque.

Pendant ce temps, dans le Pays Basque espagnol, où la terreur n’était pas un brouillard à dissiper, mais un terrible massacre, on commémore le vingtième anniversaire de la mort du conseiller Miguel Angel Blanco en l’absence des lessiveurs du Nord. On organise des colloques sur l’histoire de l’ETA. On invite les associations de victimes du terrorisme, on invite la juge Laurence Le Vert qui déclare que l’adieu aux armes de Bayonne n’était qu’une mise en scène. Que la page d’ETA est tournée et que s’engage désormais la période de réparation des victimes.

Pendant ce même temps, les blanchisseurs qui n’aiment pas le Pays Basque militant contre la terreur, parcouraient les couloirs des ministères. Pour soutenir la minorité des prisonniers basques qui refusent de demander pardon et de s’engager à renoncer à la violence politique.


mercredi 12 juillet 2017

par amour du pays basque


Il ne s’agit pas de principes abstraits, de lubies personnelles, il s’agit d’apprendre à vivre ensemble. Nous ne sommes pas dans l’anecdote, nous sommes dans la dérive des territoires comme il y a des dérives tectoniques.

Amusant, n’est-ce pas, mon exclusion d’un cours de langue basque parce que je considérais que le Pays Basque nord faisait partie de la nation française. Amusant, puisque aucun élu sauf une, Ghis Haye (qui a justifié mon exclusion) n’a répondu à ma lettre. Négligeable. Futile. Alors, écoutez d’autres exemples. La Ligue gaélique, en Irlande, association pour le renouveau de la langue irlandaise, a été fondée au dix-neuvième siècle par des protestants. Pour eux la langue irlandaise appartenait à l’ensemble du peuple irlandais et non pas à une section, religieuse ou politique. Vœu pieu. La Ligue gaélique fut conquise par les nationalistes et leur premier objectif fut de saisir le pouvoir dans la Ligue et d’en chasser les protestants qui n’étaient pas tous nationalistes. La langue devint un enjeu politique. De même que le basque, financé par de l’argent républicain, est un instrument d’exclusion identitaire. Les portraits des prisonniers sont portés dans les korrikas et chassent de l’apprentissage de la langue ceux qui n’aiment pas la terreur politique.

Quand l’Irlande devint indépendante, une des premières mesures fut de supprimer un « privilège » réservé aux protestants : le droit de divorcer. Les protestants vivant dans le nouvel État libre perdirent ce droit. Par cette toute première loi, le nouvel État faisait des protestants des étrangers dans leur pays. Tous les nationalismes créent des étrangers, statut de résident, carte d’identité, monnaie territoriale. Et amusant, n’est-ce pas, Peio Claverie, conseiller abertzale qui refuse ma main tendue : « je ne serre pas la main d’un étranger ». M’a-t-il dit. C’était une blague, évidemment. Et désopilant, n’est-ce pas, les réflexions contre les adversaires de l’EPCI : « si vous êtes contre, qu’est-ce que vous faites au Pays Basque ? ». Cocasse, n’est-ce pas ? Et Xabi Larralde qui écrit dans enbata que si l’EPCI ne se fait pas, les etarras regretteraient d’avoir déposé les armes. Une vraie blague, celle-là.

Si j’acceptais d’être touriste, on me ficherait une paix royale. Les touristes vivent très bien parmi les Basques authentiques. Mais je prétends être basque et citoyen français. Je considère qu’il est urgent de mener le combat pour un Pays Basque pluraliste, qui considère que sont basques les abertzale et les partisans d’une communauté basque et que ne sont pas moins basques ceux qui combattent une conception identitaire de la politique sur ce territoire.

Par amour du Pays Basque, je continue mon combat. Parce que le repli identitaire, c’est une catastrophe pour tous.














mardi 11 juillet 2017

la honte


La honte

Le 10 juillet, une délégation d’élus du Pays Basque est allée à Paris avec les « faiseurs de paix » pour réclamer des mesures spéciales pour les prisonniers basques. Le 11 juillet, la même délégation va apporter son appui à des grévistes de la faim de Saint-Pierre d’Irube.

Le 13 juillet, l’Espagne va commémorer le vingtième anniversaire de l’assassinat de Miguel Angel Blanco, un conseiller municipal enlevé par l’ETA.   Après 48 heures de séquestration, le jeune conseiller de 29 ans fut assassiné d’une balle dans la tête et abandonné agonisant dans un terrain vague.

Les faiseurs de paix d’aujourd’hui auraient été de vrais faiseurs de paix s’ils avaient participé à l’énorme manifestation de juillet 1997. Par millions les Espagnols et les Basques sont descendus dans la rue. Cette date sonna le glas de l’ETA.  Mais nos faiseurs de paix n’étaient pas dans les rues de Madrid et de Vittoria. Ils regardaient leurs sandales.

Comprenez  ma grande colère. Le conflit est terminé. L’ETA ne compte plus qu’une poignée de clandestins. Les prisonniers basques ont adopté à 80 pour cent une résolution qui permet les démarches individuelles : demander pardon, s’engager à ne plus recourir à la lutte armée. Il reste à l’ETA de se dissoudre. Mais nos élus et nos faiseurs de paix ne demandent pas à l’ETA de se dissoudre, ils ne se félicitent pas du vote des prisonniers basques, ils sont à Paris pour se placer sur les positions des irréductibles. Ils seront absents des manifestations pour commémorer l’assassinat de Miguel Angel Blanco.
Je demande à tous ceux qui subissent cette honte et partagent ma colère de se manifester, en partageant ce texte, en faisant connaître leur opinion aux élus et aux personnes qu’ils connaissent.

dedans dehors


J’entends des voix insoumises regretter l’homogénéité des élus LRM. Effectivement,  ça nous change. Sous François Hollande, les insoumis faisaient partie de la majorité et n’ont pas cessé pendant cinq ans de saper et de dévaloriser l’action gouvernementale. Ils se nommaient frondeurs.

Aujourd’hui, les frondeurs sont dans l’opposition et font leur travail d’opposants. Ainsi, les choses sont claires. Le gouvernement gouverne et l’opposition s’oppose.

les blanchisseurs bredouilles


La délégation des blanchisseurs de terreur a été reçue à Paris par des sous-directeurs de sous-cabinets et revient à Paris sans avoir rien obtenu. Il est vrai que dans les ministères, on se demande encore ce qu’ils demandaient. La fin du conflit ? Quel conflit ? Des privilèges particuliers pour les terroristes ? Curieuses demandes dans le monde d’aujourd’hui.

Pour compenser ce triste retour et masquer les mains vides, le Lehendakari Jean-René Etchegaray est allé, le lendemain, mardi 11 juillet, porter son salut à quatre grévistes de la faim à Saint-Pierre d’Irube. Qui demandent le rapprochement des prisonniers basques, l’amnistie, la libération…

Puis-je demander respectueusement au Lehendakari du Pays Basque français et à ses amis blanchisseurs de rendre visite aux tombes des victimes de l’ETA ? Ils n’ont pas eu le temps d’aller manifester contre leurs assassins, mais il n’est pas trop tard pour rendre hommage à leurs victimes.

en même temps


Sur la révolution, je suis capable de radoter jusqu’au petit matin. L’homme est un loup pour l’homme. Sans loi, sans état, sans règles,  nous vivrions dans une situation de guerre civile permanente. D’une part. D’autre part, les états et les règles qui évitent le chaos servent l’intérêt des puissants. Les puissants sont ceux qui possèdent. La révolution dépossède les puissants, donne le pouvoir à ceux qui ne possèdent rien que leurs capacités individuelles et le nouvel état dépérira pour laisser à la place à une collectivité d’individus qui n’auront que le bonheur des autres en tête, comme condition du bonheur individuel. Racontée ainsi, comment voulez-vous que les têtes ne tournent pas quand la révolution vous prend dans ses bras ?

      Mettre le feu ou crever les pneus des 4x4 est nettement plus excitant que de demander aux pouvoir publics une dérivation qui va diminuer le nombre de tués dans la ville, car il faut monter des dossiers, discuter à la préfecture et à la mairie, faire signer des pétitions, vaincre les craintes des commerçants qui vont perdre leur clientèle automobile, ça prend du temps, c’est fastidieux, épuisant. Pendant tout ce temps passé en réunions, les copains et les copines organisent des soirées dansantes où ils se bourrent la gueule, puis s’envoient en l’air dans les meules de foin qui sentent l’herbe tendre.
                   Mais pourquoi ne pas tout concilier ? Incendier une maison, taguer la vitrine d’une banque, crever les pneus des 4x4 en sortant d’une soirée entre copains, après s’être bourré la gueule et envoyé en l’air dans les meules de foin fraîchement coupé. Dans la journée qui précède cette soirée avec les potes, négocier la déviation avec le représentant de la préfecture,  avec la mairie, avec un club automobile qui défend le droit sacré de tuer, aussi sacré qu’aux états-Unis le droit de disposer d’une arme à feu. Pourquoi le même bonhomme, costume trois pièces quand il soudoie, dockers et souliers vernis quand il festoie, shorts et tennis quand il baisoit, ne passerait pas ainsi de l’efficacité administrative paisible à la frénésie de l’éclatement alcoolisé et musical, culminant dans le souffle d’un pneu qui rend l’âme. Selon l’heure du jour, selon l’humeur, selon le goût, le même individu serait réformiste, festayre ou révolutionnaire.

dimanche 9 juillet 2017

sans carte


Voici la situation. Vous avez toute votre vie été militant encarté. Une cotisation, une carte. Vous avez pris une carte PC, puis PS, puis rien. Vous avez perdu la carte PC, puis la carte PS et le nouveau mouvement qui vous accueille (la République en marche, LRM) ne demande pas de cotisation et ne donne pas de carte. Juste une inscription sur la toile, qu’un hacker russe peut effacer d’un clic et là je ne suis plus rien.

J’ai inutilement versé une cotisation au LRM puisqu’ils ne donnent pas de carte. Non seulement ils ne donnent pas de carte, mais ils vous donnent le droit d’avoir une carte dans un autre parti. Au PS, la double appartenance est impossible. La polygamie politique est interdite. Je leur disais pourtant que je voulais soutenir un autre mouvement qui n’était pas un parti, puisqu’il n’y avait ni carte ni cotisation. Ils m’ont dit que non. Que c’était comme avoir une maîtresse, une liaison clandestine, une relation adultère qui ne réclame pas de cotisation, ne donne pas de carte, mais dans certains pays, on risque la peine de mort tellement c’est interdit. Donc, en adhérant à LRM, je perds la carte PS et je n’ai pas d’autre carte. Je suis sans carte.

C’est une situation étrange. Quand vous êtes membres d’un parti, vous savez que pouvez en être exclu, on peut vous retirer votre carte. C’est un grand confort. Tant que nous disposons de notre carte, vous savez que vous avez respecté les règles. Mais si vous appartenez  à un mouvement qui ne donne pas de carte, comment peut-il me priver de ce que je n’ai pas ?


samedi 8 juillet 2017

colère du soir


Colère du matin chagrin, colère du soir espoir.

Samedi 8 juillet 16 heures, je lis dans sud-ouest et mediabask qu’une délégation du Pays Basque qui comprend des élus (le président de la communauté Jean-René Etchegarray, le maire de Biarritz, Michel Veunac, Max Brisson, vice-président du département, Vincent Bru, député Modem, Florence Lasserre-David, députée Modem, Frédérique Espagnac, sénatrice socialiste, Gabi Mouesca, ancien prisonnier, Jean Lassalle, plus des représentants de Sortu, d’EH Bai, en tout 23 personnes vont à Paris. Ils demandent la fin de la dispersion, la libération des prisonniers malades, la fin d’un « régime carcéral politique ». Régler la question des détenus basques, c’est la suite logique des choses, dit Max Brisson. Parce que les choses traînent, « c’est trop long pour ceux qui souffrent ». Ceux qui souffrent, pour Max Brisson, ne sont pas les familles qui pleurent leurs disparus assassinés par l’ETA. Non ceux qui souffrent sont les assassins.

Toutes ces personnes déclarent agir pour la fin du conflit au Pays Basque, pour les prisonniers basques qui subissent un « régime carcéral politique ». On ne dit plus « prisonnier politique », parce que quand même, les prisonniers basques ne sont pas enfermés pour avoir distribué des tracts ou exprimé une opinion, mais « un régime carcéral politique ». L’entrepreneur qui a été kidnappé par l’ETA et torturé pendant trois jours dans un souterrain pour refus de payer « l’impôt révolutionnaire » aurait aimé un tel « régime carcéral politique ». Mais pour lui, nos amis basques ne vont pas manifester. Ils auraient pu le faire à l’époque, mais il est mort, c’est trop tard. On peut juste manifester pour le rapprochement de sa dépouille.

Nos blanchisseurs agissent pour la fin du conflit ? Je ne savais pas que le conflit durait. Les rues semblent tranquilles. Pour les prisonniers ? Alors, je le dis lentement, simplement, mais avec fermeté, ce sont des menteurs, des hypocrites, des manipulateurs, et au mieux, des manipulés, des idiots utiles pour EH bai qui peine à organiser ce genre de manifestation dans le Pays Basque espagnol.

Qu’est-ce qui me permet d’utiliser des termes aussi durs ? Tout simple : au début juillet de cette année, les quelques trois cents prisonniers ont eu à se prononcer sur un document politique. Par une majorité de 80%, ils ont accepté ce qui était fermement condamné jusqu’ici : l’acceptation des démarches individuelles pour obtenir la libération. Ce qu’a déjà fait Aurore Martin. Elle a demandé pardon aux victimes de l’ETA et s’est engagée à ne plus recourir à la lutte armée. Aurore Martin est libre mais aucun des blanchisseurs de terreur ne lui a envoyé de félicitations parce que sa démarche était condamnée par les  patriotes basques. Maintenant, les prisonniers la reprennent à leur compte. À 80%.  Si les blanchisseurs veulent solder les comptes, qu’ils encouragent les prisonniers qui demandent pardon, qui s’engagement à ne plus recourir à la lutte armée, qu’ils félicitent ceux qui s’engagent dans un tel processus de libération respectueux des victimes.

Aller à Paris sans dire un mot de ce changement majeur parmi les prisonniers, qui a fait les gros titres de toute la presse espagnole, c’est encourager le refus pathétique des 20% qui ne veulent pas demander pardon et ne veulent pas refuser le recours à la lutte armée.

Relisez la liste de cette délégation « du Pays Basque ». Cherchez leur nom parmi ceux du Pays Basque français qui sont allés manifester à Vittoria, à San Sebastian, à Bilbao, contre les assassinats de conseillers municipaux, de policiers, de journalistes, d’entrepreneurs.

J’ai cherché et je n’ai pas trouvé.












jeudi 6 juillet 2017

le vrai et le faux


 Le vrai et le faux.



L’eau de mer est imbuvable. Vous la filtrez pour en éliminer le sel, elle devient de l’eau qui est tout à fait consommable. Boit-on alors de l’eau douce ou de l’eau mer sans sel ? L’eau de mer sans sel est-elle encore de l’eau de mer ? L’eau douce est un immense mensonge.



La forêt que vous aimez est entretenue par des gardes forestiers, elle a de larges sentiers ombragés qui permettent des heures de promenade et des randonnées cyclistes, des pique-niques, de la mousse pour s’allonger, des clairières pour danser des rondes. C’est une fausse forêt. Que préférez-vous, une vraie forêt ou une fausse ? En quoi une forêt avec des chemins entretenus est-elle plus fausse qu’une forêt vierge ?



Le nationalisme doux est un nationalisme dont a filtré la poudre et les balles. Est-il moins vrai que le nationalisme guerrier ?

silence


Mgr Aillet, le jour de l’enterrement de Simone Veil : « Je prie pour Simone Veil, car "l'avortement n'est pas un moindre mal, c'est le mal absolu, le meurtre d'une vie innocente" (Pape François).



Quand les collègues de Mgr Aillet, évêques ou curés irlandais, abusaient d’une jeune femme et qu’elle était enfermée avec son bébé dans des prisons esclavagistes, les Magdalena sisters, parce que Mgr Aillet ou ses ancêtres ne voulaient pas qu’elle avorte, Mgr Aillet ou ses ancêtres ne trouvaient rien à redire.



Ses positions sont connues. L’avortement, c’est la shoah, c’est Daech, c’est le génocide. Ce qui me stupéfie, c'est le silence résigné des catholiques de son diocèse de Bayonne devant de telles monstruosités.



Vous ne pouvez rien faire ? Mais si vous pouvez. Vous pouvez envoyer une lettre collective à la famille Veil pour lui demander pardon pour Mgr Aillet. Vous pouvez manifester devant la cathédrale de Bayonne avec une banderole « Pas en notre nom ». Vous pouvez lancer une pétition. Vous pouvez lancer l’idée d’une grève de la messe dimanche prochain. Il y a tant de choses à faire.



La seule position insupportable, c’est le silence résigné.

mercredi 5 juillet 2017

en vérité je vous le dis


J’ai beau commencer mes discours par « en vérité, je vous le dis », je ne provoque pas la même adhésion que les apôtres, que les prophètes, que Jésus Christ, qui pouvait raconter de belles histoires et les faire accepter par des fidèles uniquement parce qu’il commençait par la même phrase : « en vérité, je vous le dis ». J’ai essayé. Je monte sur un fauteuil de square ou un banc public, je figure un haut-parleur en entourant ma bouche ouverte de mes deux mains écartées et je crie « en vérité, je vous le dis, n’écoutez pas les faux prophètes, ne suivez pas les avant-gardes incendiaires ». Deux ou trois personnes s’arrêtent, sourient, s’attardent, repartent, je vois dans leur regard sans méchanceté un rejet total de mon message. On me connaît, un peu. Les gens  à qui je m’adresse savent que j’ai appartenu à un monstrueux système d’asservissement et de massacre des peuples et que j’ai soutenu ce système. Si je me suis trompé à ce point, si souvent, si mal, si obstinément, si aveuglement, si longtemps, pourquoi pourrait-on aujourd’hui me faire confiance ? Ils ont entièrement raison de se méfier. Beaucoup me supplient, ou m’ordonnent, de me taire. De me faire oublier. Comme Lord Jim. Un officier de marine qui abandonne un bateau en détresse a beau expliquer devant les juges les circonstances de son crime. Personne ne l’écoute. Il s’enfuit, prend un pseudonyme, dès qu’on le reconnaît, il s’enfuit encore, s’enfonce dans la jungle. Disparaît. Voilà un exemple exemplaire. Tu t’es trompé, au moins pendant trente ans. Disparais. Cache-toi. Bon. Mais rappelez-vous la règle de la tabagie. Si vous avez fumé pendant trente ans, il faut trente ans pour retrouver des poumons propres. J’ai fumé du communisme de 1945 à 1975. J’ai arrêté en 1975, plus trente, ça nous mène à 2010. Depuis 2010, je peux dire que j’ai le cerveau décrassé. Je peux recommencer à penser, et les gens peuvent recommencer à m’écouter.


mardi 4 juillet 2017

tout arrive


juillet 2017. Par une forte majorité (80%), les prisonniers basques acceptent ce qu’ils avaient jusqu’ici refusé : des démarches individuelles pour obtenir la libération. La demande de pardon, les l’engagement à ne plus recourir à la lutte armée… ce qu’avait fait Aurore Martin et qui avait été fort critiqué par les prisonniers à l’époque. Une petite minorité affirme qu’il s’agit d’une reddition qu’elle ne saurait soutenir.

Les abertzale du Pays Basque nord, ainsi que leurs accompagnateurs de droite et de gauche ne jugent pas utile de soutenir cette démarche qui pourtant aide à la libération des prisonniers de manière beaucoup plus efficace que les rondes autour des caches d’armes.

         Après avoir adopté une position difficile qui interroge leur combat et leur engagement, le collectif des prisonniers a annoncé qu’il soutenait à la prochaine manifestation des « faiseurs de paix » du 9 décembre prochain. Après des décisions difficiles et parfois dramatiques, la manifestation des faiseurs de paix sera une récréation bienvenue.












samedi 1 juillet 2017

Sarabande

        Sarabande

      Suivez moi, suivez moi bien, tenez ma main, accrochez-vous à la corde sinon vous allez perdre le fil. C'est pourtant simple mais il faut s'accrocher. Je suis  actuellement  mis en examen (donc pas coupable) pour avoir refusé de suivre la dérive identitaire des élus socialistes du pays Basque.  J'ai à nouveau été exclu du PS pour avoir appelé  Macron plutôt que Hamon aux élections présidentielles. Hamon était dans l'opposition fondeuse quand les socialiste étaient au pouvoir et moi je fus exclu pour avoir soutenu le gouvernement qui était le mien. Ensuite, j'ai mené campagne pour En Marche et je me retrouve avec un député Modem dont le chef de file vient d'être exclu du gouvernement Macron. Comme j'ai protesté contre cette candidature, je suis classé, au sein du mouvement "en marche", comme dissident. La section socialiste dont je risque d'être exclu à voté une résolution demandant aux élus socialistes du radeau de la Méduse de refuser de voter la confiance au gouvernement que je soutiens. Je suis exclu à nouveau parce que je vote la confiance.  Puis samedi 1 juillet Benoît Hamon, qui a provoqué l'une de mes exclusions annonce qu'il quitte le PS. Donc j'ai été ou je risque d'être exclu pour ne pas avoir soutenu un exclu de lui même.

      Je défie quiconque de trouver dans l'histoire politique récente des périodes d"une telle intensité et d'une telle complexité. Quand j'étais membre du PCF, si un adhérent critiquait la direction ou l'Union soviétique il était exclu, je levais la main, exclu, c'était simple. Quand vint mon tour de critiquer la direction et l'URSS, je fus exclu. Simple, clair, compréhensible par un élève de CM1.  Tu es communiste,? Oui? Puis, non, j'ai été exclu. Aujourd'hui, quand on me demande mon identité politique, il me faut trois heures pour répondre: exclu du PS, dissident de La République en Marche, réintégré dans le PS depuis que mes exclueurs ont quitté le PS, et déclaré non dissident depuis que Bayrou a été exclu du gouvernement. Ce siècle à 17 ans. Je suis né trop tard dans un monde trop jeune.

     Je regarde le groupe des frondeurs qui sont sûrs, qui ont le regard droit de mes certitudes d'antan. Ils ont remplacé les cravates par des robes de bure. Ils marchent au pas. Je ne changerais pas de place avec eux. Le vieux baroudeur voit défiler la troupe des scouts en uniforme et ne les envie pas.