vendredi 30 juin 2017

insoumission


Si je parle d’actualité, je répète ce qui se dit mille fois partout. Si je parle de l’inactualité, je risque de me répéter.  

La solution, s’il en existe une, est de parler de l’inactualité de l’actualité. Et là, on peut en parler tous les jours, de l’inactualité de l’actualité. Par exemple, tout le monde parle de cravate absente. Les adversaires des insoumis se moquent de ce geste d’insoumission. Ils ont tort. L’insoumission n’est telle que dans ses traces, dans son héritage. « Nous sommes ici par la volonté des gens, nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes » en est un exemple célèbre. En attendant le verdict des historiens, l’insoumission est d’abord un état d’esprit. Si les insoumis estiment que refuser de porter une cravate est l’équivalent moderne de « nous sommes ici par la volonté des gens », personne ne peut leur enlever ce droit. Ils sont insoumis parce qu’ils l’ont décidé. Ils pensent que le port d’une non-cravate est un acte d’insoumission, alors que le port d’une cravate est un acte de soumission. Il ne faut pas se moquer. C’est leur droit absolu. Ils sont insoumis parce qu’ils ont décidé d’être insoumis.

Je les comprends parce que moi aussi, je suis un insoumis, un rebelle. Ainsi, à l’époque lointaine où la cravate était obligatoire à l’université, j’arrivais au cours, dans les jurys, dans les séminaires, sans cravate et les chaussures non cirées. On disait de moi « ça ne m’étonne pas, c’est un insoumis ». Je portais aussi des cheveux longs. Après 1968, où le port de la non-cravate était obligatoire, où les cheveux devaient s’allonger parfois jusqu’aux épaules, j’ai coupé mes cheveux court, une coupe quasi militaire, et j’ai sorti mes cravates du placard et je vernissais mes chaussures. Tous les jours, je mettais une cravate. J’arrivais aux cours, dans les amphis, aux séminaires, avec une cravate, les cheveux courts et les chaussures cirées et on disait de moi, « ça ne m’étonne pas, c’est un insoumis ».

Personne ne se moquait. Personne ne persiflait. Personne ne raillait « tu parles d’une insoumission ». J’étais insoumis parce que je l’avais décidé. J’étais insoumis dans ma tête.

Sur un point je me permettrai une remarque, une nuance, une critique peut-être : c’est le caractère sexiste de l’insoumission cravatière. Si être insoumis, c’est porter une non-cravate, comme les femmes peuvent-elle manifester leur insoumission ?


vendredi 23 juin 2017

mélenchon gremetz


Jean-Luc Mélenchon est célèbre pour ses coups de sang. Maxime Gremetz aussi. Dirigeant communiste, candidat dissident contre son parti. Il bouscule un gendarme avec sa voiture, interrompt les débats à l’assemblée nationale, bref, un personnage haut en couleurs. Comme on dit.

Je l’ai connu quand je contribuais à l’hebdo communiste France nouvelle. Il était chargé de mettre dans l’ordre dans une rédaction rebelle.  Un lundi matin, il arrive et ouvre ainsi  la réunion du comité de rédaction: « Aujourd’hui, nous allons frapper un grand coup. Nous allons publier une interview de moi ».

Ne disons pas que les insoumis n’ont pas d’ancêtres. Les communistes leur ont légué l’arrogance et la suffisance des légataires d’un monde en ruine. Ne disons pas que les communistes n’ont pas d’héritiers. Ils ont légué le pire : la fièvre de l’impuissance politique.

 

sinistre Badiou


Différences



Alain Badiou (le monde, 23 juin 17) : les mots « totalitaire » ou « crimes » à propos du communisme « n’ont pas d’autre visée ni d’autre usage que de liquider l’hypothèse communiste et d’installer un sinistre consensus autour du capitalisme mondialisé ».

Pour Alain Badiou, les crimes du communisme n’étaient le résultat que d’une « lutte entre deux voies stratégiques dans les états socialistes ». L’une des voies, c’était la police et l’armée, l’autre voie la mobilisation de la jeunesse et des ouvriers sans précédent dans l’histoire.

Qui oserait écrire que « les mots « totalitaire »  ou « crimes » à propos du nazisme n’ont pas d’autre visée ni d’autre usage que de liquider l’hypothèse fasciste et d’installer un sinistre consensus autour de la démocratie ?

Personne.

Qui oserait écrire que les crimes du communisme étaient le résultat d’une mobilisation de la jeunesse et des ouvriers sans précédent dans l’histoire ?

Alain Badiou.

mercredi 21 juin 2017

n'oublions pas


Je crois avoir compris que François Bayrou, président d’un Modem en difficulté financière, a utilisé des assistants du parlement européen pour faire tourner la machine. Je crois avoir compris que Richard Ferrand a parfois confondu, en tant que président d’une mutuelle, l’intérêt général et l’intérêt personnel. Qui parfois d’ailleurs se confondent vraiment, c’est ça la difficulté. En tout cas, ça n’a pas traîné. Les ministres Modem ne sont plus ministres et Richard Ferrand non plus. Ils sont toujours maire, député,  président de groupe parlementaire. Donc, on peut caboter le long de rives incertaines et conserver d’éminentes fonctions politiques sauf celles de ministres.

On peut dire que l’alliance d’En Marche avec le Modem a permis l’élection d’Emmanuel Macron. On peut dire qu’heureusement, les affaires ont éclaté après l’élection, sinon, on était parti pour une séquence fillonesque. On aurait pu avoir François Fillon à l’Élysée et Laurent Wauquier à l’intérieur, Eric Ciotti à la justice et Nadine Morano à la culture.

N’oublions pas tout ça, sinon, on va se perdre dans les détails qui nous rendront moroses.

lundi 19 juin 2017

le feu dans la plaine


Entendu François Ruffin annoncer ses projets d’élus. Dès qu’une étincelle s’allumera quelque part, il ira souffler pour que tout la plaine prenne feu. Il l’a dit.

Aux dernières nouvelles, il est quelque part au Portugal.

dimanche 18 juin 2017

tranquilles


En Marche a été élu à l’Élysée et obtient la majorité à l’assemblée nationale. PS 44 sièges. FN 8 sièges. FI 28 élus dont 10 communistes. 57% d’abstentions. François Baroin a envoyé ses salutations républicaines aux vainqueurs. Les patriotes et les insoumis trépignent.

Quand un parti se prépare à gouverner alors qu’il n’a pas la majorité absolue, les alliances donnent un pouvoir exorbitant à des minorités, parfois même à des individus. Ainsi, à Dublin, un député indépendant a pu négocier des investissements en logements et en établissements culturels en échange de son vote. Aux dépens des autres quartiers de la ville. Il était tout seul mais on avait besoin de sa voix pour la majorité. En Israël, les intégristes sont minoritaires mais Netanyahou a besoin de leurs voix  et ils peuvent imposer leurs conceptions intégristes à l’ensemble de la société. May West a besoin des unionistes nord-irlandais pour gouverner et ce petit groupe d’une dizaine de députés négocie des investissements et des fonds publics en échange de leur soutien. Les élus ne représentent plus alors l’intérêt général, le bien commun, mais des intérêts locaux et particuliers.

Au Royaume-Uni, en Italie avec le mouvement cinq étoiles, en Espagne avec Podemos, la constitution d’un gouvernement est un casse-tête. Imaginez qu’un gouvernement en France dépende de l’appui des trois élus nationalistes corses pour gouverner et vous comprendrez la catastrophe qui nous est évitée.

En France, les nationalistes, les populistes de gauche ou de droite, sont à l’écart. Ils se partagent les ministères de la parole et masquent leur impuissance par le bruit et la fureur.  Ils n’ont aucun pouvoir de nuisance. Le gouvernement d’Emmanuel Macron peut mettre en œuvre le programme annoncé.

jeudi 15 juin 2017

bataille des idées


Une avant-garde s’arroge le droit de nommer. Jean-Luc Mélenchon nomme ceux qui font partie du peuple et ceux qui n’en font pas partie : les électeurs d’Emmanuel Macron. Les marcheurs sont les laquais du Medef et des banques, les insoumis forment le peuple. Parmi ceux qui s’arrogent le pouvoir de nommer, les avant-gardes nationalistes sont les plus expérimentées. Il faut d’abord frapper un grand coup, tuer un gendarme, incendier un château, occuper un bureau de poste. La suite est familière : font partie du peuple ceux qui approuvent l’action, ceux qui participent aux enterrements des victimes, ceux qui manifestent pour la libération des agresseurs emprisonnés. Ceux qui condamnent ces actions, les appellent crimes, demandent des sanctions, ne font pas partie du peuple. Quand viendra le moment d’établir les listes d’électeurs, il faudra bien se rappeler qui aura le droit de vote et qui ne l’aura pas. Le peuple aura le droit de voter, les autres sont des touristes qui n’auront pas le droit de voter.

Dénoncer le pouvoir exorbitant de ceux qui saisissent le pouvoir de nommer, le dénoncer en permanence, ça s’appelle la bataille des idées. « L’engagement et la persévérance des militants abertzale a permis de remporter la bataille des idées », écrit un responsable d’EH Baï (Mediabask, 15 juin 2017). IL poursuit : « il suffit de jeter un coup d’œil sur les programmes de la plupart des candidats pour s’en rendre compte ».

Jean-Luc Mélenchon, les frondeurs du PS, le FN, ont été battus sur le terrain des idées. Au Pays Basque les abertzale ont « remporté la bataille des idées » parce que les principales forces politiques et sociales ne les combattent pas. Après un long sommeil de la pensée, on se réveille comme en Corse avec un conseil territorial nationaliste.  


mardi 13 juin 2017

les avant-gardes


La participation des étudiants aux élections universitaires est souvent inférieure à dix pour cent.  Pourtant, les organisations étudiantes, l’UNEF en tête, proclame que le peuple est avec elles quand elles manifestent contre la réforme du contrat de travail. Des élections ont eu lieu sur l’aéroport de Notre Dame des Landes, mais le peuple est celui qui a voté contre. Des groupes qui ont pris l’habitude de déclencher des grèves en se constituant en piquets de grève qui ferment les portes sont fort mécontents quand la loi les oblige à consulter l’ensemble des salariés de l’entreprise, et pas seulement les piquets de grève. Quand des petits groupes de lycéens et d’étudiants suivent ces pratiques et ferment les lycées ou les universités, ils sont soutenus par ceux qui nomment le peuple qu’il faut écouter et le peuple qu’il ne faut pas écouter.

Il ne faut donc pas s’étonner que ceux qui s’arrogent le droit de nommer qui est du peuple et qui ne l’est protestent vivement contre le succès électoral du mouvement En Marche. Ils disent les abstentions, les pourcentages du premier tour. À droite comme à gauche. Fait partie du peuple ceux qui les suivent.

S’ils appliquaient à leurs mouvements, à leurs manifestations, les critères qu’ils voudraient imposer aux résultats électoraux, la plupart des mouvements qu’ils encensent s’écrouleraient comme châteaux de cartes.

lundi 12 juin 2017

élections juin 2017


Le plaisir, le bonheur, la satisfaction, la joie, ne sont jamais le résultat d’un bilan comptable.  Une colonne de plus, une colonne de moins. On additionne et selon le résultat, on rit ou on pleure. Ce n’est pas comme ça que ça marche.

Dans le hall de la mairie de Biarritz, personne n’avait l’air content. Dans l’assemblée de deux personnes qui regardait les résultats il n’y eut pas non plus d’explosion d’enthousiasme. Comme Place de la Bastille en mai 1981, le soir du second tour des présidentielles. Essayons d’expliquer cette réserve bizarre.

         Nous avons milité contre les frondeurs, contre les dérives identitaires et pour le succès du mouvement LRM. Les frondeurs sont au tapis, Benoît Hamon et localement, Sylviane Alaux qui tous « représentaient le peuple » contre un gouvernement socialiste qui avait trahi. Le peuple leur a filé entre les doigts. Les socialistes qui ont soutenu le gouvernement Hollande et sa politique s’en sortent : Stéphane Le Foll, Manuel Valls, Myriam El Khomri, Marisol Touraine, ont toutes les chances d’être élus dimanche prochain. Et celui qui a inspiré la politique économique du gouvernement sortant est aujourd’hui président de la République.

         Toujours dans la colonne plus : Sylviane Alaux a eu beau flatter la fibre territoriale, elle se trouve distancée par EH Baï. (12% contre 7% pour le PS).

         Dans la colonne moins : les frontistes (FN plus EH Baï) font 18 % dans la sixième circonscription. Plus que la moyenne nationale. Dans la colonne moins, les candidats Modem nés localement du mariage entre LRM et Modem ne semblent pas du tout taillés pour impulser un nouveau mouvement politique de réflexion et d’action.

         Ces premières conclusions démentent l’idée qu’une majorité parlementaire sans faille va nous déposséder de notre activité et de notre réflexion de militants.

samedi 10 juin 2017

complices


Complices



         Le 29 mai 2017, dans un village du Pays Basque, des incendiaires détruisent une maison après avoir tagué « le Pays Basque n’est pas à vendre ». Ils publient un communiqué où ils justifient leur action. Connaissant le problème du logement au Pays Basque, il faut brûler les résidences secondaires et ils continueront de les incendier ainsi que les agences immobilières. Le communiqué est signé « le peuple doit vivre » et « le Pays Basque n’est pas à vendre » en langue basque.

         Ce communiqué est publié dans la presse du Pays Basque, sud-Ouest,mediabask, etc…

         Un groupe d’une trentaine de citoyens dont six conseillers municipaux publie une lettre ouverte où ils dénoncent à la fois l’incendie et « le silence pesant qui suit une agression criminelle ». À la date du 11 juin, dix jours plus tard, ce communiqué n’a été publié nulle part.

         Aucun des candidats aux législatives, sollicité, n’a signé cette lettre. Ni protesté contre l’incendie.

         Un groupe de citoyens prend contact avec la trentaine de terroristes de l’ETA pour déterrer des armes rouillées et les journaux s’enflamment. Un groupe incendie une maison et son communiqué court les rédactions. Des citoyens protestent contre les incendiaires et leur lettre ouverte n’est publiée nulle part. Pour être présent dans l’actualité, il faut brûler, négocier avec les terroristes, déterrer des armes. Pendant les années de plomb aux Pays Basque espagnol, les rares élus qui sont allés manifester leur solidarité aux victimes n’ont jamais, vous m’entendez, jamais eu le droit à une simple brève dans les journaux locaux.

         Quand les criminels djihadistes tuent, on somme les musulmans de France de parler. S’ils se taisent, ils sont complices. Quand les patriotes basques incendient, on bâillonne ceux qui se désolidarisent.

         J’accuse la presse écrite et audio-visuelle du Pays Basque d’être complice des incendiaires. J’accuse les élus qui refusent de protester contre l’incendie parce qu’ils craignent de perdre quelques voix aux élections d’être complices.

        

        




jeudi 8 juin 2017

la honte


Le 30 mai dernier, une maison a été incendiée à Hélette, un petit village au cœur du Pays Basque ; Les incendiaires ont tagué « Euskal Herria ez da salgai » (le Pays Basque n’est pas à vendre). Deux jours plus tard, le même slogan a été tagué sur la devanture d’une agence immobilière à Ascain.

     Les propriétaires de la maison ont publié un communiqué publié dans Mediabask où ils répondent « aux revendications des incendiaires ». Cette maison appartient à la famille Berasategui-Erdocio. L’ancêtre Rexu est né au Pays Basque, l’autre Maïte, à Paris, mais ils s’étaient rencontrés à la maison basque de  Paris où ils donnaient des cours de basque et de français. Ils souhaitaient prendre leur retraite à Hélette, pour y accueillir leurs enfants et petits-enfants. Des maladies ont retardé le projet. Rexu est enterré au village d’Hélette. Les travaux ont été réalisés par leur gendre. Ce n’est pas une résidence secondaire, mais une maison de famille. Les enfants vont à l’ikastola et ils devront « expliquer à leurs amis de l’ikastola qu’on a brûlé leur maison parce qu’on ne les trouvait pas assez basques et une arrière-grand-mère …ne pourra pas y fêter ses quatre-vingt-dix ans.. « Nous sommes extrêmement attachés à la cause basque ». Mais incendier  une maison ne leur semble une manière efficace d’encourage le vote abertzale.

     Ce communiqué est extrêmement perturbant. Il ne manque plus que le fameux rhésus B négatif pour prouver l’appartenance à la nation basque qui aurait dû retenir le bras des incendiaires. Il rappelle les lettres d’un autre temps où les juifs français, chassés de la fonction publique par le gouvernement de Vichy envoyaient de longues lettres au maréchal  Pétain. Ils soulignaient leur naissance lointaine sur terre française. Le grand-père avait été gazé en 1914, le père avait été officier en 1939, ils avaient fréquenté les grandes écoles, enseigné le français dans les provinces. Ils joignaient à la lettre les distinctions, médaille du travail, croix de guerre, médailles militaires, palmes académiques, légion d’honneur.

     Le feu brûle encore, au Pays Basque, en 2017.

mercredi 7 juin 2017

libéral, moi?


Daniel Junquas m’interpelle :

Tu souffriras par ailleurs que nous nous montrions quelque peu sceptiques quant à ton engagement social libéral aveugle, tout comme ont eu raison de l'être ceux qui ne t'ont pas suivi du temps où tu étais un stalinien tout aussi fanatique. Tu n'es pas devenu du stalino-macroniste j'espère?

Cher Daniel, afin de poursuivre une précieuse discussion sur des bases plus solides, je souhaiterais répondre sur « mon engagement libéral aveugle ». Je vais prendre deux exemples, pour moi emblématiques de ma position politique. Je sais qu’Alain n’aime pas trop des exemples précis, mais je crois que ça aide.



J’ai été prof à la fac de Vincennes. La propreté de la fac était assurée par une société de nettoyage. Au bout de quelques années, les salariés de cette société, encouragés par ceux qu’on appelait alors des gauchistes, se sont mis en grève pour être intégrés dans le personnel de la fac. Très vite, les cours ont dû s’arrêter. Les organisations révolutionnaires, pour aider les « travailleurs en lutte » déversaient des tombereaux d’ordure dans les couloirs et dans les classes. J’ai mené campagne contre cette grève. Elle a duré de semaines. L’université était ouverte aux salariés, n’exigeait pas le bac pour s’inscrire. Tous ceux qui travaillaient, au bout de quelques semaines, se sont découragés et ont renoncé à ce qui aurait pu être des changements d’orientation et de vie. Des centaines de vies sacrifiées pour des revendications « prolétariennes ». Les travailleurs du nettoyage ont été intégrés dans le personnel, la fac est restée aussi sale parce qu’ils allaient travailler ailleurs. Pour eux, être intégrés à la fac, ça voulait dire que plus personne en les contrôlait. Mon engagement libéral aveugle, alors, c’était de défendre le droit aux études de centaines de salariés sacrifiés pour de revendications insensées, purement idéologiques.

Un deuxième exemple. J’ai habité la Goutte d'Or et en permanence, je menais campagne contre les mouvements très à gauche qui considéraient qu’une bibliothèque, un centre de musique, une salle d’exposition, des boutiques de luxe, étaient des dépenses inconsidérées et qu’il fallait d’abord reloger les mal-logés. Ils considéraient que les pauvres n’avaient pas droit à la culture, à la musique, à la bibliothèque. Leur slogan était « la mixité sociale, c’est la guerre faite aux pauvres ». Des batailles dures, auxquelles j’ai contribué par une participation active aux associations (notamment espoir Goutte d'Or une association d’accueil des consommateurs de drogues). Et par l’écriture d’un bouquin que tu peux te procurer, qui s’appelle la Goutte d'Or, quartier de France.

Je continue ce combat au Pays Basque par une lutte continue et obstinée contre la préférence régionale, contre ce front national en petit qui se nomme ici abertzale et qui veut maintenir le pays dans la misère et le sous-développement.

Voilà ce qui est pour toi un « engagement libéral aveugle ». Désolé, mais je n’échangerai pas mon engagement contre quelques fauteuils dérobés dans une banque.

lundi 5 juin 2017

le monde tel qu'il est


Benoît Hamon soutient le candidat communiste contre Manuel Valls. La révolution est en marche. L’aile gauche, frondeuse et démissionnaire du PS, alliée au PCF en soins palliatifs, plus des écologistes qui sont sidérés depuis que Nicolas Hulot est au gouvernement d’Emmanuel Macron, plus des insoumis qui ne veulent pas répondre aux offres d’union, plus les Bonnets Rouges et les Patriotes basques, ça fait un ensemble baroque, une soupe en ébullition.

De l’autre côté, les regroupements ne sont pas moins surprenants. Des Républicains et des socialistes, des Ecolos et des centristes, des sociétés civiles et des militaires. Quelle différence ?

La différence, c’est que les uns accèdent au pouvoir et les autres pédalent dans la choucroute. C’est une grande, fondamentale, substantielle, différence. Parce que la politique, c’est accéder au pouvoir pour mettre en place des objectifs généraux.

En France, la droite a été au pouvoir, et on peut mesurer les conséquences en termes de pouvoir d’achat, de protection sociale, de déficit, de chômage. Sans compter les dommages provoqués dans tous les domaines. La gauche a été au pouvoir, et on peut mesurer les conséquences de la même manière. Par rapport à d’autres pays de même nature, la protection sociale a été maintenue, les déficits réduits, le chômage maintenu, et des mesures sociétales qui nous ont fait progresser. Dans les deux cas, il a été possible de vivre ensemble sur un socle républicain commun.

Les autres, droite radicale et gauche frondeuse et insoumise, n’ont jamais été au pouvoir. On peut mesurer les conséquences de ce pouvoir dans d’autres pays. Trump aux États-Unis, Orban en Hongrie, les intégristes en Pologne d’une part, et d’autre part Le Venezuela et Cuba qui restent des références pour la fronde insoumise.

Si l’on prend une question centrale, celle de l’écologie. Le retrait des EU des accords de Paris décidé par Trump a été vivement combattu par une partie de la société américaine, par les chercheurs, les associations, les universités et aussi par des grandes sociétés multinationales. Et la réaction de Macron et de Merkel ont été des modèles de raison et de combativité écologique. Ça ne fait pas les affaires des extrêmes. Du coup, les insoumis se taisent, les termites nationalistes  se taisent, on ne va quand même  pas soutenir Macron.

Je lis de nombreux articles sur la reconstruction de la gauche. Il faut reconstruire par le bas, dans les luttes, horizontalement, il y a de bonnes idées. Mais sur le monde tel qu’il est : rien.

samedi 3 juin 2017

la justice est saisie, je me tais


J’ai écrit à Colette Capdevielle et à d’autres élus pour leur demander de prendre position après l’incendie d’une maison à Helette, une maison taguée « le Pays Basque n’est pas à vendre ». Max Brisson n’était pas au courant. D’autres n’ont pas répondu. Voici la réponse de Colette Capdevielle :





« La justice étant saisie après cet incendie de nature criminelle,  j'attends , comme toujours, les conclusions de l'enquête . Le principe constitutionnel de séparation des pouvoirs s'applique lorsque la justice est saisie » .



Un camp de réfugiés près de Dunkerque est incendié. Les élus, la presse, les associations parlent, protestent, organisent la solidarité. Au Pays Basque, c’est différent. Sollicitée, l’élue aurait répondu :

« La justice étant saisie après cet incendie de nature criminelle,  j'attends , comme toujours, les conclusions de l'enquête . Le principe constitutionnel de séparation des pouvoirs s'applique lorsque la justice est saisie » .





Quand les protestants incendiaient des maisons catholiques à Belfast, après les avoir taguées « dehors les papistes », l’élue aurait répondu : « La justice étant saisie après cet incendie de nature criminelle,  j'attends , comme toujours, les conclusions de l'enquête .

Le principe constitutionnel de séparation des pouvoirs s'applique lorsque la justice est saisie » .



Quand les boutiques juives « étaient incendiées à Hambourg, fallait-il répondre : « La justice étant saisie après cet incendie de nature criminelle,  j'attends , comme toujours, les conclusions de l'enquête . Le principe constitutionnel de séparation des pouvoirs s'applique lorsque la justice est saisie .



Quand le Reischtag a brûlé, fallait réagir ainsi : La justice étant saisie après cet incendie de nature criminelle,  j'attends , comme toujours, les conclusions de l'enquête . Le principe constitutionnel de séparation des pouvoirs s'applique lorsque la justice est saisie .





Pour le désarmement de l’ETA, il n’y avait sans doute pas d’enquête en cours contre l’ETA pour activités terroristes puisque les élus n’ont pas respecté la séparation des pouvoirs et ont soutenu le dialogue avec les terroristes basques.



Au Pays Basque, si votre maison brûle avec un tag « le Pays Basque n’est pas à vendre », l’incendie sera suivi d’un lourd silence. Si les incendiaires sont arrêtés, les élus seront dans la rue pour leur apporter soutien et solidarité.

Au Pays Basque, les élus sont prudents dans la condamnation du terrorisme autochtone parce qu’il n’y a que des coups à prendre et des voix à perdre.


vendredi 2 juin 2017

le pays basque se tait


Le Pays Basque se tait



Une maison a été incendiée à Helette et les incendiaires ont tagué le slogan en basque, « le Pays Basque n’est pas à vendre ». Une tragédie pour la famille, tout a été détruit, meubles, photos,souvenirs personnels.

Cet événement montre à lui seul l’inanité de la grande lessive de Louhossoa. Apparemment, les blanchisseurs n’ont pas trouvé dans les dépôts d’armes de l’ETA l’essence et les allumettes qui ont incendié la ville d’Helette.

Quand le Pays Basque va-t-il apprendre que la lutte contre le terrorisme est une lutte autant politique que policière et qu’il ne faut laisser aucun espace, aucun lieu de respiration  pour les djihadistes basques?

Lisez les réactions : Les propriétaires de la ville d’Hélette étaient des « vrais basques », ils envoyaient leurs enfants à l’ikastola et que la famille est « attachée à la cause basque ».

Ce qui peut se comprendre : si la famille avait été non basque, hostile à la « cause basque » l’incendie de la ville eût été plus compréhensible.

Et surtout écoutez le silence. Le silence du Pays Basque tout entier, élus, partis, associations, tous ceux qui s’agenouillaient devant les bourreaux d’Hipercor, se taisent. Pas un mot. Ils s’autoproclament faiseurs de paix, les flammes d’Helette ne les dérangent pas plus que l’incendie d’une boutique juive à Hambourg ne dérangeait Daladier ou Chamberlain. Ils avaient l’occasion de prendre position, ces lessiveurs de l’horreur, ils se taisent.

Comment prendre position ? Demander la dissolution de l’ETA et de toutes les organisations qui soutiennent de telles abominations. Que les organisations nationalistes demandent à leurs militants de dénoncer à la police les auteurs de l’incendie s’ils les connaissent. Qu’elles organisent des manifestations de solidarité à l’égard de la famille frappée par la terreur. Dans l’attente, leur appellation de « faiseurs de paix » n’est qu’une monstrueuse usurpation.