jeudi 30 mars 2017

sélection des meilleurs


Seuleune explication globale peut transformer des colères, des émeutes, des révoltes, en mouvement social. En Europe, ces explications globales portaient deux noms : le nationalisme et le socialisme. Le nationalisme disait : tu es exploité et misérable parce que ton pays n’est pas libre. La libération donnera le pouvoir au peuple. Le socialisme disait : tu es exploité et misérable parce que le capitalisme t’enferme dans ton destin. La suppression du capitalisme te donnera dignité. Les intellectuels organiques mettaient en musique les colères et les frustrations. Chansons, poèmes, littérature, loisirs. Ces mouvements portaient l’espoir : ils agissaient comme de puissants levier de promotion, ils étaient les grandes écoles de ceux qui étaient éliminés par les Grandes Écoles.

Ces grandes écoles du peuple ont disparu. Ne restent plus comme ascenseurs que les voies classiques : la réussite scolaire, le sport, les activités artistiques, l’armée. Les mouvements sociaux étant asséchés, il reste des individus. Travaille bien à l’école si tu veux réussir. Sinon, tu auras des emplois sans perspective. Des voies individuelles. Le petit commerce, légal ou illégal, des voies où ceux qui les empruntent se heurtent précisément à la concurrence des sans état, des sans-papiers, des nouveaux immigrés. 

Des hommes politiques exploitent les rancœurs, dessinent les boucs émissaires de ces assignations, sonnent le tocsin des églises abandonnées, ressortent les blouses grises qui s’inclinaient devant le châtelain. Ces ressorts cassés peuvent encore agir parce qu’ils réveillent les blessures quotidiennes, les concurrences âpres que se livrent les plus modestes dans les queues des services sociaux, des agences pour l’emploi, dans les salles d’attente des hôpitaux ou des médecins dans les quartiers populaires, dans les cohues des transports en commun.

Les solutions offertes agissent généralement par le bas : réfection des logements sociaux, écoles maternelles et premières classes du primaire. Solutions pas inutiles pour éviter les assignations sociales ou géographiques. Mais il manque l’essentiel.

L’essentiel, à mon avis, est ce qui se passe en haut. En haut, les grands, ceux qui gagnent beaucoup d’argent, qui occupent les postes prestigieux sont généralement recrutés très jeunes en étant nés au bon endroit, dans la bonne famille. En exagérant à peine, on peut repérer les futurs dirigeants politiques et économiques dans les écoles maternelles des bons quartiers. Dans les familles où l’échec n’existe pas. Un chemin se ferme, un autre s’ouvrira. Il n’y a pas de relégation à vie. C’est un milieu où règnent les passerelles, les réseaux, les rattrapages, les formations permanentes réellement formations et réellement permanentes. Pour la masse des autres, le premier échec décide de  l’avenir, pas de rattrapage. D’où cette course éperdue vers les bonnes filières, les bons établissements, les cours privés, les voyages linguistiques. Tout cela a été décrit mille fois, avec rigueur et avec talent.

Tout le monde s’en rend compte. En regardant la liste des dirigeants, des élites diverses, on voit bien que malgré de brillantes exceptions, tout le monde sort du même moule. Députés, ministres, hauts fonctionnaires, les origines sont les mêmes. Classes préparatoires, Grandes écoles, ENA. Quand apparaît un facteur, un métallo, une employée de banque, c’est un événement.

Les responsables politiques et les dirigeants économiques se sont rendu compte que la discrimination à l’égard des femmes ne pouvait plus durer. D’abord sous les coups de boutoir du mouvement féministe. Désormais, la parité est un objectif, des lois se mettent en place, des sanctions sont prises contre les discriminations. La situation n’est pas encore bonne, mais des progrès réels ont été accomplis, des progrès qui se voient sur les estrades, dans les sièges des assemblées, dans les photos de conseil d’administration ou de conseil des ministres.

En revanche, les discriminations sociales sont largement acceptées. Un menuisier, une infirmière, un soudeur, n’ont pas leur place dans les sphères du pouvoir. Leur présence requiert une politique volontariste, un observatoire des promotions sociales, dans les partis, les assemblées, les conseils d’administration. Des instituts de formation permanente pour les militants salariés. Des bourses qui leur permettent d’accéder à des formations de haut niveau.

Ce n’est pas la révolution, ce n’est pas le grand soir. Mais il n’est pas interdit de penser que l’accession de salariés au personnel politique pourrait diminuer la rupture entre les élites et « le peuple ».

Deuxièmement : Que les formateurs, les enseignants, les cadres, tous ceux qui sont chargés de la sélection des meilleurs par la promotion de tous (Paul Langevin) soient du personnel de qualité, reconnus et payés. Actuellement, les profs les mieux payés enseignent dans les préparatoires aux GE. Les filières les plus discriminatoires. Quand Benoît Hamon critique les propositions d’autonomie de EM (les meilleurs iront pour les meilleurs), il n’oublie qu’un détail : c’est déjà le cas.

mardi 28 mars 2017

qui aime le pays basque?


Qui aime le Pays Basque ?



Hier, il y avait ceux qui aimaient le Pays Basque tellement fort qu’ils allaient planter des rats crevés à la porte d’un universitaire historien de la littérature basque. Ceux qui aimaient le Pays Basque tellement fort qu’ils assassinaient une mère de famille qui demandait que cesse la terreur, après avoir couvert les murs de messages de haine dénonçant cette héroïne des temps modernes comme traître à la cause, vendue, repentie, renégate, apostat. Ils aimaient le Pays Basque tellement fort qu’ils en chassaient les chanteurs les plus connus, qu’ils saccageaient les ateliers de sculpteurs, qu’ils obligeaient les journalistes et les hommes politiques à se promener dans les belles rues de leur beau pays avec des gardes du corps.

Ils aimaient le Pays Basque tellement fort qu’ils l’ont saccagé pendant plus d’une génération, qu’ils en ont sali les paysages, militarisé sa jeunesse, enseigné la haine et folklorisé la culture.

Aujourd’hui, il y a ceux qui aiment le Pays Basque tellement fort qu’ils considèrent les assassins comme des héros, qu’ils veulent blanchir la terreur, amnistier les criminels et danser l’ezpatadantza sur les dépôts d’armes.

Il y a ceux qui aiment le Pays Basque tellement fort qu’ils veulent l’enfermer dans un bunker administratif, dans une bureaucratie linguistique, dans un bouillon de communes où viendront s’ébrouer des bascophones certifiés pour traduire les notes de service.

Il y a ceux qui aiment le Pays Basque tellement fort qu’ils veulent transformer la majorité de ceux qui l’habitent en étrangers. Ils crient « on est chez nous », « si vous n’êtes pas d’accord, vous n’avez qu’à partir », « nos ancêtres les Basques », ils crient « préférence nationale ».  



Et puis il y a vous et moi, qui sommes assez forts, assez nombreux, assez déterminés, pour protéger le Pays Basque des marchands d’identité.

Mais justement, nous sommes assez nombreux, nous sommes assez forts, mais sommes-nous assez déterminés ?

le silence est brisé


Le silence est brisé.



Lundi 27 mars maison des associations, une réunion autour de Rafaela Romero qui présente le point de vue du Parti socialiste d’Euskadi sur le processus de paix et le désarmement de l’ETA.

     Vingt-cinq personnes dont six membres de la section socialiste de Biarritz. Vingt-cinq personnes dont quatre conseillers municipaux de la ville de Biarritz, Alain Robert, Jeanine Blanco, Guy Lafite et Brigitte Pradier. Le journaliste de France Bleu Pays Basque était présent tout au long de la réunion, il a interviewé Rafaelo Romero et l’organisateur de la réunion, votre serviteur.

     Enfin le silence est brisé. Cette réunion n’est pas une réunion « contre » les faiseurs de paix. C’est une réunion pour entendre d’autres voix. Pour entendre des inquiétudes devant des initiatives qui font preuve littéralement d’une désarmante naïveté.

     Pour Rafaelo Romero, il fallait bien entendu qu’à un moment ou un autre du processus, les armes soient remises aux autorités françaises et espagnoles. Et surtout, le plus important, que le point de vue des victimes, de toutes les victimes, de l’ETA comme celles du GAL soit entendu et fasse partie intégrante du processus de paix.

     Enfin, dans le Pays Basque français, dans la ville de Biarritz, le mot « processus de paix » n’est plus univoque, les faiseurs de paix ne sont plus monochromes.

     Cette réunion est un début. Désormais, le lien est tissé. Dans les prochaines semaines, le même groupe de ‘Biarritz Citoyens’  a prévu d’inviter des associations de victimes et d’organiser un « bus pour la paix » dont les passagers iront discuter à Vittoria avec des interlocuteurs dont la voix n’a jamais franchi les Pyrénées.


dimanche 26 mars 2017

pavane pour une organisation défunte






Le soutien aux « faiseurs de paix » s’effrite. À la réunion du forum qui organise le 8 avril une pavane pour une organisation défunte, pour s’emparer d’armes qui rouillent dans un grenier, à part le maire de Bayonne et le maire de Biarritz, très peu d’élus. Max Brisson, absent, Frédérique Espagnac, absente. Colette Capdevielle était au stade de France à un match de rugby. Sylviane Alaux était présente, mais n’a rien dit avec éloquence.

Le Parti socialiste d’Euskadi et le Parti populaire demandent à l’ETA de rendre les armes à la police et de se dissoudre.

Nos élus de la République commencent à se rendre compte que l’opération du 8 avril est une manière de blanchir les etarras de leurs crimes et ils se détournent de l’opération. Tant mieux.




vendredi 24 mars 2017

hystérie des frontières


Pierre Grosser, sur les frontières européennes (le monde 24 mars 17)

S’agit-il de donner la parole aux peuples ? Faut-il faire voter les diasporas ? Les voix des frontaliers qui ont souvent de la famille ou du travail de l’autre côté de la frontière compteront-elles autant de celles des militants nationalistes ? … Faut-il se préoccuper des envahisseurs venus du Nord ? Ou du Sud ? Que faire de la minorité ? …Si ce sont des sécessionnistes en puissance ou de mauvais patriotes, ne faudrait-il pas les déchoir de leur nationalité et les expulser ? …

Ce n’est pas parce que l’idéologie sans-frontière se porte mal aujourd’hui qu’il faut faire revenir le curseur vers le mythe des identités monolithiques et uniques, et surtout vers l’hystérie des frontières qui a prétendu faire la grandeur des États mais a souvent fait le malheur des hommes.



Pierre Grosser parle notamment de l’Ukraine et de la Crimée. Mais il n’est pas interdit de lire le texte en relation avec l’hystérie des frontières qui s’est emparé du Pays Basque.


jeudi 23 mars 2017

dictionnaire des idées reçues du nationalisme basque


Dictionnaire des idées reçues du nationalisme basque



prisonnier politique : une personne qui a tué pour des raisons politiques et pas pour son enrichissement personnel. Exemples : le tueur de Londres ou l’etarra d’Hipercor.



Un prisonnier politique est toujours innocent, puisqu’il a tué pour une cause.

Prisonnier : dénoncer son arrestation, demander le rapprochement de sa famille, demander l’amnistie pour raisons de santé, demander sa libération.

Victimes : témoins gênants à qui on demande se taire ou de s’éloigner.

deux numéros


Voici deux numéros de téléphone que les « faiseurs de paix » pourraient utilement communiquer à leur interlocuteurs de l’ETA :

1. Le 17 (police) pour communiquer les lieux où subsistent  des caches d’armes.


2. Le 01 40 41 46 46 l‘AFP) pour déclarer que l’ETA se dissout, qu’elle n’existe plus et que quiconque parle désormais en son nom est un mythomane.

boulevard


Rémi Lefebvre, libé 22 mars 2017. Les primaires ont révélé des orientations politiques. À gauche, on a intériorisé la défaite et choisi la tribune plutôt que le gouvernement. À droite, l’alternance n’était pas un projet, mais une revanche. D’où ce Boulevard pour Macron.

mardi 21 mars 2017

HM


Benoît Hamon a les larmes aux yeux en faisant l’éloge funèbre d’un ancien de la banque Rothschild condamné pour malversations financières.

Il invective un ancien de la banque Rothschild qui n’a jamais été condamné.  

Les sentiments ça ne se commande pas.

lundi 20 mars 2017

après le débat




Tout le monde pense que c’est un débat pour rien. Je ne suis pas d’accord. Il a révélé les choix qui s’ouvrent à nous.

Si vous pensez que la situation est révolutionnaire, qu’il faut renverser la table, qu’il vaut mieux une insoumission rebelle qu’une réforme durable, si vous avez frondé pendant les cinq ans du gouvernement Hollande, si vous avez manifesté contre la loi El Khomri,  alors le débat d’hier soir a tranché : il vaut mieux voter Mélenchon que Hamon. Comme héritier de l’impuissance du PCF de Marchais, Mélenchon s’impose sans conteste.

Si vous pensez que la solution à tous vos problèmes est la fermeture des frontières, si vous avez la nostalgie du clocher de votre village, des blouses grises qui s’inclinaient devant le châtelain, si vous êtes orphelin du récit national et de viens poupoule viens, alors le débat d’hier soi a tranché, il vaut mieux voter Marine Le Pen que François Fillon. Comme héritière des heures les plus sombres de notre histoire, de la France de la peur et de la haine, elle s’impose évidemment.

Un seul candidat a été capable de dire qu’il était parfois d’accord avec Fillon sur tel aspect, avec Hamon sur tel autre, avec Mélenchon sur un autre point. Cette manière de combler les tranchées, de rassembler ce qui peut l’être, c’est sa marque de fabrique. C’est évidemment plus compliqué à entendre, puisqu’il écarte les solutions simples et les slogans vides. Mais c’est bien une autre manière de faire de la politique. J’ai apprécié les hésitations d’Emmanuel Macron, son absence de ton péremptoire, ses colères contre les simplifications frontistes.

À dire vrai, j’avais décidé de voter pour Macron avant le débat, donc ceux qui pensent que le débat n’a rien changé n’ont peut-être pas tout à fait tort.




droit de sacristie

À quoi reconnaît-on le militant FN ? Très simple. Un militant FN demandera la déchéance de la nationalité pour un imam pédophile  alors qu’il ira manifester contre le mariage homosexuel avec des évêques qui ont protégé des violeurs d’enfants de chœur.

nous sommes chez nous


Mediabask : les « partis basques » sont favorables à l’opération prévue le 8 avril par les auxiliaires des bourreaux de l’ETA. Les partis basques sont Bildu, Sortu, Otegi, EH baï… Le Parti populaire, le PSOE, qui ont pris position contre l’opération, qui demandent que les armes soient remises à la police, ne sont pas des partis basques, ce sont donc des partis étrangers.

LR et le PS qui ne se sont pas encore exprimés sur le 8 avril sont en attente de leur naturalisation.

samedi 18 mars 2017

combien sont-ils


Quand j’étais militant communiste, le nombre de manifestants était décidé la veille de la manifestation et quand la presse bourgeoise et la police au service du grand capital donnaient un autre chiffre, ils confirmaient ainsi leur rôle de presse bourgeoise et de police au service du grand capital.

Depuis, nous nous sommes habitués. Cent mille selon les organisateurs, vingt mille selon la police. Si nous sommes pour la manif, nous acceptons cent mille, si nous sommes contre, nous disons vingt mille. Les journalistes donnent les deux chiffres. C’est une situation curieuse. Nous savons, et les journalistes aussi, que le chiffre de la police est fiable. Et pourtant, le présentateur se réfugie dans une impossible neutralité. Comme si après une tempête, le vent avait soufflé à cent vingt km heure selon les organisateurs de la tempête, et à quatre-vingt km heures selon les météorologistes.

Avez-vous remarqué que pendant la campagne électorale, les journalistes donnent uniquement le chiffre des organisateurs ? Au Trocadéro, pour Fillon, deux cent mille, la police a disparu. À la République, pour Mélenchon, cent vingt mille, la police a disparu.

On reconnaît l’ouverture d’une campagne électorale à l’absence du comptage policier.




courageux élus


Le monde 18 mars 2017. Michel Veunac, maire Modem de Biarritz regrette que depuis l’abandon de la lutte armée par l’ETA, les états français et espagnol aient « refusé de s’engager dans la voie du désarmement ». « Ils doivent sortir de leur inertie ». « Nous leur avons écrit, ils n’ont pas répondu, c’est méprisant ». Pour Jean-René Etchegaray, président UDI de la communauté d’agglo du Pays Basque, (CAPB, nouveau nom de l’EPCI), si les États ne font rien, ce sera à la société civile de « reprendre la main ». Nous vivons dans ce conflit depuis des décennies, c’est insupportable. Frédérique Espagnac, sénatrice socialiste salue l’engagement des gens de la société civile dans le processus de restitution des armes car cela « oblige Paris à regarder les choses sous un autre angle ». Sylviane Alaux députée socialiste, « déplore l’attitude du gouvernement ».

Une organisation terroriste en fin de course cherche à qui léguer son arsenal et c’est aux gouvernements français et espagnols « de s’engager dans la voie du désarmement ». Comprenne qui pourra.

Aucun de ces courageux élus n’a été contraint de se déplacer sous la protection de gardes du corps, aucun de ces courageux élus n’a jamais envoyé de lettre pour demander à l’ETA de cesser ses assassinats, aucun de ces courageux élus n’a participé aux manifestations dans le Pays Basque espagnol sous la banderole « Basta ! » après les meurtres de conseillers municipaux espagnols. Tous ces courageux élus ont regardé les manifestations sur leur écran de télévision et n’ont pas eu un geste, ne parole, de solidarité à l’égard des victimes de l’ETA. D’ailleurs, pour eux les victimes des terroristes n’existent pas. Ils font référence aux FARC, à l’IRA irlandaise, mais oublient que dans tous ces pays, le processus de paix a toujours associé les victimes. Nos courageux élus participent à des Forums pour la paix sans jamais inviter les victimes de l’ETA. On les comprend, il aurait fallu les regarder en face.

Aujourd’hui, ils trouvent « insupportable » un conflit qu’ils ont observé tranquillement, à quelques kilomètres de distance, sans avoir levé le petit doigt contre les tortures, les séquestrations, les rackets, les enlèvements, les crimes.

Et aujourd’hui que la terreur s’arrête, ils déplorent, ils trouvent insupportable, ils regrettent, l’attitude de deux États qui ont avec succès agi contre la terreur, arrêté les terroristes et démantelé de multiples dépôts d’armes et obligé l’ETA à cesser le feu.

Munich basque


Le samedi 8 avril 2017, un accord négocié entre les terroristes basques et plusieurs centaines de suivants dociles de la société civile va répéter l’opération de Louhossoa. Les bourreaux vont indiquer à leurs valets les endroits où ils devront ramasser les armes qui ont servi à tuer 830 personnes et les soumis vont courageusement leur obéir. Le président de la CAPB (communauté d’agglo du Pays Basque) annonce « qu’il prendra ses responsabilités » parce que les élus « doivent être solidaires de la société civile ». Mardi 22 mars il demandera à la CAPB de s’incliner à son tour devant les exigences des terroristes non repentis.

Si quelques blanchisseurs se font arrêter par la police française et espagnole, qui travaillent ensemble efficacement pour éradiquer le terrorisme au Pays Basque, il y aura une grande manifestation moutonnière pour réaffirmer la Grande Soumission du Pays Basque à la terreur. Tout est écrit d’avance.

Ceux qui ont détourné les yeux des assassinats du Pays Basque espagnol pour préserver la tranquillité du Pays Basque français vont manifester courageusement pour un désarmement qui se fait sans eux.

Pendant ce temps, au Pays Basque espagnol, qui a été aux premières lignes du terrorisme de l’ETA, le Parti populaire et le Parti socialiste gardent la même position de principe : pour le rapprochement des prisonniers ou l’amnistie, l’ETA doit respecter cinq conditions : se dissoudre, rendre les armes, manifester son repentir, demander pardon aux victimes et dédommager le mal causé ». Leurs collègues socialistes et LR du Pays Basque français dénoncent cette position comme le « silence assourdissant » des  gouvernements français et espagnols.

On les appelle des faiseurs de paix. C’est ainsi qu’on nomma Chamberlain et Daladier après Munich. Des faiseurs de paix.






vendredi 17 mars 2017

forum pour la paix?


Aujourd’hui s’ouvre à Biarritz un « Forum pour la paix ». Le Pays Basque serait-il en guerre ?

Il ne semble pas. L’ETA a cessé le feu depuis cinq ans. Il reste de ce temps quelques prisonniers, leurs victimes qui se soignent, les familles des victimes qui pleurent, des dépôts d’armes et quelques dizaines d’etarras qui hibernent dans les Pyrénées. Pas d’attentat terroriste de l’ETA, pas d’explosion, les soldats et les policiers qui déambulent dans les rues nous protègent des attentats islamistes, Alors que veut dire ce curieux « Forum pour la paix » ?

On aurait compris un « Forum pour la paix » quand le Pays Basque était vraiment en guerre, que l’ETA tuait des policiers, des gendarmes, des élus, des intellectuels, des chanteurs, que les élus devaient se promener avec des gardes du corps. Alors, oui, à ce moment-là, on aurait compris un Forum pour la paix. Mais à ce moment-là, il n’y a pas eu de Forum pour la paix. Pourtant, la société basque espagnole aurait apprécié une certaine solidarité du Pays Basque nord. Elle n’est pas venue.

Ce Forum pour la paix exprime peut-être une certaine honte de s’être tu quand c’était nécessaire ? Pas du tout. Ce Forum pour la paix est organisé pour que les etarras qui graissent encore quelques pétoires rouillées dans les vallées d’Aspe puissent rendre les armes  qui ont servi à assassiner Yoyès, Blanco et huit cent trente autres victimes. Toux ceux qui se sont tus hier quand on assassinait vont se réunir au Casino de Biarritz pour faire croire qu’ils vont contribuer à la paix, pour effacer leur impardonnable silence d’antan.

Ce Forum pour la paix a une fonction, et une seule : accorder une certaine légitimité aux crimes de l’ETA, affirmer qu’il faut traiter avec respect ceux qui tué, kidnappé, torturé, éliminé, leurs adversaires et les transformer en « prisonniers politiques ». Il faut dialoguer avec eux par l’intermédiaire d’un « Forum pour la paix » où aucune victime de leur guerre ne sera présente.

En ce sens, ce « Forum pour la paix » est l’écho du silence d’hier. Quand il fallait parler, le Pays Basque français s’est tu. Il se met à parler quand il devrait se taire.

jeudi 16 mars 2017

populisme basque


Populismes



Bonne nouvelle qui nous vient des Pays-Bas. Les électeurs hollandais ont massivement rejeté les délires mortifères de  Geert Wilders. Vu d’ici, sans bien connaître, il me semble que la vague populiste n’a pas atteint le niveau redouté parce que la bataille a fait rage, sans concession, frontalement, avec les idées exprimées par GW. En France, le principal parti de la droite donne tous les jours des brevets de respectabilité au Front national. Dans des flacons différents, la même piquette enivre le FN et les LR.

Au Pays Basque, le retrait populiste se nomme abertzale. Radicaux ou modérés, ils portent la distinction familière entre patriotes et cosmopolites, dénoncent la mondialisation, le poids excessif des « non-basques», demandent la préférence nationale dans l’emploi et le logement. Ils sont aussi marqués par le négationnisme, le refus d’examiner le bilan de la terreur de l’ETA, dont le rappel est considéré comme une entrave au désarmement de l’organisation terroriste.

De même que la droite légitime son aile extrême, les partis traditionnels (socialiste et LR) pensent entraver la vague nationaliste en soutenant ses revendications : statut de la langue basque, une communauté identitaire, une université basque de plein exercice, solidarité avec les prisonniers condamnés pour activités terroristes qu’on qualifie de « prisonniers politiques ».

Ce que nous enseignent les Pays-Bas est que le populisme se combat frontalement, sans concession. Même s’il se nomme abertzale.

jeudi 9 mars 2017

Le front national basque


Dans un certain nombre de pays ou de régions, la poussée populiste prend la forme de mouvements identitaires. La Ligue du Nord en Italie, les nationalistes corses, les « Vrais Finlandais », le Sinn Féin en Irlande etc. Et au Pays Basque, les abertzales.

Au Pays Basque, le Front national, c’est le mouvement identitaire. Ce mouvement prône le repli sur les frontières historiques sacrées, soutient une monnaie locale, clame la préférence nationale dans les domaines de l’emploi ou du logement. Il célèbre l’héroïsme des anciens combattants comme les patriotes factieux adoraient naguère les poilus et les anciens d’Algérie.

Pour combattre le Front national, la droite républicaine a pensé ruser en reprenant ses thèmes de campagne. Elle a ainsi légitimé les haines et les crispations et a placé le FN en tête.

Pour combattre les abertzale au Pays Basque, les partis de droite républicains et les partis de gauche croient efficaces de reprendre les thèmes identitaires, défendre des frontières ethniques, célébrer les anciens combattants… Ils donnent ainsi légitimité aux haines et aux crispations qui ont tellement abîmé le Pays Basque. Ils risquent à leur tour de donner aux identitaires la première place sur l’éventail politique.

immature


Benoît Hamon hier soir sur France 2 : fait appel au peuple de gauche contre ceux qui déguerpissent à la première salve. Il demande qu’ils fassent leur examen de conscience. Oups, excusez-moi, j’ai confondu.

Benoît Hamon hier soir sur France 2 a revu sa copie sur la privatisation de l’assurance santé, non, je confonds encore, il s’agissait du revenu universel.

Benoît Hamon hier soir sur France 2, je suis un combattant, j’irai jusqu’au bout, je ne renoncerai pas.

Fillon et Hamon trouvent Macron immature et pas prêt à gouverner.

cache d'armes à Irun


Une cache d’armes a été découverte à Irun, en pleine nature, des explosifs, des liquides dangereux. Cette cache était en train de pourrir lentement, mais elle pouvait provoquer de graves dommages. L’ETA se serait alors excusée, oups, excusez-nous, on avait oublié cette cache, ça fait tellement longtemps.

Les « faiseurs de paix » ont été prévenus trop tard, sinon, ils se seraient portés volontaires pour déterrer les armes. Le fait que le gouvernement espagnol ait directement, sans intermédiaire, découvert la cache est une grave atteinte au processus de paix. Ils auraient dû téléphoner aux « faiseurs de paix » avant d’agir.

lundi 6 mars 2017

trois France


Il est des moments où nous sommes emportés par les remous de l’actualité avec l’impuissance d’un nageur dérivant dans le ressac. Dans ce cas, le conseil du sauveteur est formel : il ne faut pas lutter, il faut se laisser aller, sinon, vous serez très vite épuisé par l’effort. Donc, ne luttez pas, dérivez, soyez patient, arrivera bientôt la vague salvatrice qui vous déposera sur la plage.

Nous y sommes. Allongés sur le sable, reprenant peu à peu notre souffle le sang remonte au cerveau, irrigue les neurones, la réflexion redevient possible.

Que voyons-nous ? Il y a trois France, peut-être plus, mais trois qui font sens. Une première France qui manifeste près du Bois de Boulogne contre la construction d’abris d’urgence pour les réfugiés et qui manifeste à nouveau Place du Trocadéro pour soutenir un candidat dépité de ne pas pouvoir mettre les juges au cachot. Une France bleu marine qui se rappelle le bon vieux temps où les temples, les mosquées, les synagogues étaient interdits et les seuls bâtiments permis étaient les châteaux et les cathédrales. Une France moisie, gouvernée par une alliance nauséabonde, je te donne un juge, tu me donnes un douanier. Je t’échange le Sens commun contre Riposte laïque.

Une deuxième France qui continue de presser la Révolution de 1789 comme une orange desséchée. Une France qui s’indigne, qui se rebelle, qui s’insoumise, qui fait battre le cœur, qui s’épuise en combats de théâtre, en furieux assauts contre des moulins à vent.

Une troisième France qui invente, qui compte, qui dialogue, qui discute, qui agit, qui sème. Qui s’aime.

Derrière ces France se nichent des noms, des portraits, des tribuns. Le jeu consiste à placer les noms sur la France qui leur correspond et ensuite de choisir.

vendredi 3 mars 2017

n'oublions pas


Rappel. Le 7 mai 2000, assassinat du journaliste Jose Luis Lopez de Lacaille. Dans les années soixante, Lacalle avait été arrêté et torturé par la police de Franco. Cinq ans d’emprisonnement. Rien ne le fit plier. L’ETA termina le travail de Franco par quatre balles dans le dos.

Miguel Angel Blanco, conseiller municipal à Ermua. Séquestré, l’ETA publia un communiqué : si tous les prisonniers basques n’étaient pas regroupés au Pays Basque, il serait exécuté. Il a été liquidé.

Un fonctionnaire de police Ortega Lara, séquestré et enfermé 532 jours sans voir la lumière du jour.

Une balle dans la tête de Jose Ramon Recalde, un dirigeant socialiste, ministre de l’éducation dans le premier gouvernement autonome basque. Il avait généralisé l’enseignement de la langue basque dans la communauté autonome. Il survécut.

Assassinat de Juan Maria Jauregi, gouverneur de Guipuzcoa, qui avait mené l’enquête sur le GAL qui aboutit à l’emprisonnement du général de la garde civile Galindo. Une balle dans la tête.

Imanol chanteur basque, exilé du Pays Basque parce qu’il rendu hommage à Yoyès, assassiné par l’ETA. Exil de l’historien Manuel Portillo.

Deux femmes, deux amies, ont perdu un proche assassiné par l’ETA. Elles fréquentent un bar familier. Un jour le patron leur dit : j’ai reçu une lettre qui menace de brûler mon bar si je continue de vous recevoir.

Fernando Savater : le problème posé par les prisonniers ce n’est pas qu’ils se trouvent en prison, c’est ce qu’ils firent avant d’y être. Pour ses prises de position, Fernando Savater, persécuté par le régime franquiste, philosophe au Pays Basque, ne pouvait se déplacer sans gardes du corps.



Otegi, sorti de prison ne souhaite pas qu’on remue les cendres du passé. Sylviane Alaux et Colette Capdevielle non plus. Les mots sont les mêmes.

La Pays Basque français a choisi de se taire quand il pouvait apporter sa solidarité aux combattants de la démocratie au Pays Basque sud. Et de parler quand il s’agit de soutenir leurs bourreaux. C’est une page sombre de l’histoire du Pays Basque français.

jeudi 2 mars 2017

capitaine


Reconnaissons que François Fillon s’est entraîné à être capitaine dans la tourmente. Depuis des années et des années, dans tous les navires qu’il pilotait, il a toujours clamé « les femmes et les enfants d’abord ! ».

mercredi 1 mars 2017

les mots et les actes


Trump, Poutine, Erdogan, Raul Castro, Berlusconi et Maduro, l’héritier de Chavez, trouvent que l’indépendance des juges et des journalistes est une atteinte à la démocratie, un assassinat du peuple. Ceux qui en avaient le pouvoir ont pris de fortes mesures pour défendre la démocratie et le peuple.

Fillon et Marine Le Pen utilisent les mêmes mots, complot, assassinat, guerre civile, en parlant des juges et des journalistes. Ils n’ont pas encore précisé quelles mesures ils prendront, s’ils arrivent au pouvoir,  pour défendre la démocratie et le peuple.

quelle élection?


Pour Hadrien Bureau, « plume » de Benoît Hamon, «l’essentiel n’est pas que Hamon l’emporte, l’essentiel est que cette gauche-là ait été créée et qu’elle continue à exister ». Au moins les choses sont claires, les électeurs de Benoît Hamon vont voter pour choisir le premier secrétaire du PS. Pas pour un président de la République. Ceux qui ne se trompent pas d’élection voteront Macron.

agreg


L’agrégation c’est comme la légion d’honneur. Il ne suffit pas de ne pas l’avoir. Encore faut-il ne pas l’avoir méritée.