lundi 30 janvier 2017

maladie infantile


Cette année, la maladie infantile de la gauche a frappé avec plusieurs semaines d’avance. Pour vous protégez de cette épidémie, quelques gestes simples sont recommandés. Faites le bilan des résultats obtenus par la gauche gouvernementale dans les pays où elle a gouverné. Ne confondez pas les enthousiasmes de militants rêveurs avec les réflexions des constructeurs d’une gauche nouvelle. Jetez dans une poubelle fermée les solutions archaïques  qui ont ruiné les peuples et démoralisé les bonnes volontés.

dimanche 29 janvier 2017

primaires


Dans la Mutualité, un public jeune et enthousiaste salue la victoire de Benoît Hamon. Ils dansent sur un air dont le téléspectateur n’entend pas les paroles. Je les devine :

On ne va plus gouverner, ohé ohé !

C’est trop difficile, c’est trop compliqué

C’est plus commode de manifester, ohé ohé,

Plus commode de protester, plus facile de dénoncer, ohé ohé.

         Le PS entre en hibernation. Le résultat aurait pu être prévu dès le retrait de François Hollande qui donnait raison à toutes les frondes. Il s’est retiré sans combattre après avoir gouverné sans convaincre.

         Le rassemblement de la gauche pour gouverner est impossible. Il n’est pas souhaitable. Placez tous les candidats de gauche sur le perron de l’Élysée, pour la photo du gouvernement, vous obtenez un mélange de sucre et de sel, qui ne peut ni saler ni sucrer. Ce serait tous les jours Notre-Dame des Landes et déchéance de nationalité. Pour qu’ils travaillent tous ensemble, il faudrait au moins une guerre mondiale qui ressoude les énergies, mais qui souhaite la guerre ?

         Et maintenant ? Faites la liste de tous les candidats aux présidentielles. Posez-vous la seule question qui vaille. Lequel d’entre eux peut empêcher le succès de notre Trump national ? Lequel d’entre eux peut éviter un second tour entre la fille de Jean-Marie et l’époux de Pénélope ?

          

désaveu


La représentante de Mélenchon le soir des primaires se réjouit : la politique du gouvernement Valls a été désavouée.

Mélenchon est battu partout où il se présente, mais ses défaites ne veulent pas dire que sa politique est désavouée.

La différence est simple : Mélenchon ne se présente pas pour gagner, pas pour gouverner, mais pour protester, pour être le tribun en chef des différentes colères.

S’il ne se présente pas pour gagner, évidemment, il ne peut jamais perdre.

diffamation


Mon intervention au colloque de Rabat, mercredi 25 janvier 2017

Diffamation

« La diffamation est une fausse accusation qui porte atteinte à l'honneur et à la considération d'une personne »

Je suggère une autre définition : La diffamation est l’assassinat d’une personne par tous les moyens, sauf l’élimination physique. Qu’elle soit vraie ou fausse importe peu. L’essentiel est l’objectif.

La politique dans une société démocratique est l’utilisation de tous les moyens pour résoudre les conflits, sauf la lutte armée. C’est un immense progrès par rapport aux guerres civiles. En ce sens, la diffamation est un progrès considérable des relations entre les humains.

Nous connaissons tous les sociétés anciennes ou modernes où les confits de pouvoir étaient résolus par l’élimination brutale des adversaires ou tout simplement des gêneurs. Quand Henri VIII voulait divorcer, il faisait guillotiner son épouse. Une lettre de cachet permettait à Louis XIV de supprimer un seigneur trop puissant.  Dans les temps plus proches, il n’y avait pas de campagne organisée de rumeurs, de mensonges, de calomnies, contre les adversaires, dans les régimes nazis ou les dictatures communistes. Il n’y avait pas de campagne de diffamation sous Pinochet, sous Pol Pot, sous Kim il Sung. Plus nous nous rapprochons des temps modernes, plus la diffamation prend la place de l’élimination physique.

Si on retient la définition de la diffamation comme l’assassinat d’une personne par tous les moyens, sauf l’élimination physique, alors la diffamation est la poursuite de la guerre par d’autres moyens. Un progrès par rapport à l’élimination physique, mais il faut la prendre au sérieux. Surtout si elle est diffamation d’état, elle est une grave atteinte à la vie démocratique. En démocratie, la politique consiste à régler les conflits par d’autres moyens que l’élimination de l’adversaire. La démocratie politique considère que l’adversaire fait partie de la solution des conflits. Une société démocratique est en paix quand règnent dialogue et compromis. Les moyens qui visent à l’élimination de l’adversaire sont des signes d’affaiblissement de la vie démocratique.

Ces diffamations existent, elles sont parfois punies par la loi, généralement réprouvées et condamnées. Dans d’autres sociétés, elles sont un mode de gouvernement. Ce sont des sociétés où le pouvoir politique revendique un adjectif, ethnique ou religieux ou partisan. Car cet adjectif, protestant, catholique, socialiste ou musulman, exclut de la société ceux qui ne s’y conforment pas. L’Irlande était un état catholique, et cette qualification chassait de la citoyenneté ceux qui n’étaient pas catholiques. La Grande-Bretagne était un état protestant et jusqu’à la mi-19ème siècle, les catholiques n’avaient pas le droit de vote et de représentation. Cuba ou l’Union soviétique se définissaient comme socialistes ou soviétiques et qui ne se conforme pas pouvait être déchu de sa nationalité. La disqualification de l’adversaire passe par l’accusation de traîtrise, de passage à l’ennemi, d’être un étranger ou un agent de l’étranger.

Permettez-moi deux exemples tirés de l’’histoire irlandaise :

L’affaire Parnell est exemplaire. Parnell était un propriétaire protestant qui prit la tête du parti Irlandais et du mouvement pour l’autonomie. À ce titre, considéré comme un traître par les Anglo-protestants, par les Tories. Une haine féroce à l’égard d’un protestant « ami des catholiques ». Comme on appelait aux États-Unis les militants des droits civiques des « nigger lovers ».

On tenta une première fois de détruire Parnell par une accusation montée de toutes pièces. Il fut une première fois emprisonné pour une prétendue complicité avec les violences agraires  par son soutien aux campagnes de boycott. Grâce à  un faux témoignage, on l’accusa d’être impliqué dans un attentat terroriste. Chaque fois, il se releva plus puissant. Il fut finalement terrassé par un scandale privé : la mise en évidence d’une liaison avec Kitty O’Shea, l’épouse de l’un de ses seconds. Cette liaison était notoire et ne provoquait pas de scandale particulier. Mais lorsque l’époux de Kitty engagea une procédure de divorce, la liaison ne devint pas seulement notoire, elle devint officielle. L’Angleterre victorienne intervint aussi : comment le gouvernement britannique pouvait-il négocier avec un divorcé ? L’église catholique intervint alors de tout son poids : comment un parti irlandais pouvait-il être dirigé par un tel homme ? Le Parti parlementaire irlandais se divisa, Parnell fut mis en minorité, battu aux élections suivantes et pratiquement exclu de la vie publique.

La grande grève et lock out de Dublin 1913 est un autre exemple éloquent. Le sujet de la grève : le droit de se syndiquer. D’un côté James Connolly, leader charismatique, de l’autre William Murphy, propriétaire de la compagnie des tramways. Pendant des semaines, Dublin fut pratiquement paralysé. À l’époque, l’Irlande faisait partie du Royaume-Uni et le conflit considéré par le mouvement ouvrier britannique comme un conflit national. Grande campagne de solidarité en Grande-Bretagne. On accusait Connolly d’être porteur d’idées étrangères à la tradition irlandaise, des idées socialistes. On accusait le mouvement syndical d’être soutenu par des étrangers, des West Britons, des intellectuels cosmopolites. Ces campagnes eurent une portée limitée. Le coup de grâce vint d’un événement apparemment mineur. Des familles anglaises proposèrent, à titre de solidarité, d’héberger des enfants dublinois. L’église catholique qui jusque-là s’était peu engagée, se déchaîna. Ces enfants qu’on allait emmener en Angleterre étaient des enfants kidnappés par les protestants britanniques, ils allaient être endoctrinés dans une nouvelle église, c’était l’équivalent des massacres de catholiques par les armées de Cromwell. On imagine mal la violence de la campagne. Des manifestants se pressaient sur les quais du port de Dublin pour empêcher physiquement les enfants d’embarquer vers la perfide Albion protestante. Le mouvement fut frappé à mort par cette campagne et la grève cessa sans avoir obtenu ses objectifs.

Lorsqu’il y a fusion entre nationalisme et religion, l’abandon de la religion n’est pas seulement apostasie, mais aussi trahison de la patrie. Qu’est-ce qui témoigne le plus de l’abandon de la religion nationale ? Les mœurs, la sexualité. Dans les deux affaires  célèbres que j’ai rappelées, ce qui était en jeu était la famille (les enfants de grévistes », et encore la famille, avec l’adultère. C’est un domaine où la famille est en jeu. La famille qui est la base de la société, le modèle suprême : le chef de famille, c’est le souverain, l’épouse, assure l’intendance et les enfants sont le peuple qui obéit. L’atteinte au modèle familial est considérée comme un coup mortel à la société toute entière. Le droit de vote accordé aux femmes, le divorce, la contraception, l’homosexualité ont de tout temps été combattus pour défendre le modèle familial qui est la cellule de base.

Ces accusations passent par les mœurs, la sexualité. Le féminisme était protestant en Irlande. Le divorce est anglais. Les grandes affaires d’état de l’Irlande contemporaine : le divorce, la contraception,  l’IVG. Chaque fois des referendums, des débats houleux, des accusations : ces réformes allaient atteindre l’âme du pays, les réformes qui donnaient des droits supplémentaires aux femmes faisaient partie de l’antique complot impérialiste britannique pour asservir l’Irlande. Pour l’angliciser.

Le dernier débat en date : les affaires de pédophilie du clergé irlandais. Pendant longtemps, ces « affaires » étaient réglées en interne. Le passage d’une Irlande cléricale à une Irlande laïque est tout récent : 2011 : le Premier ministre Enda Kenny : l’église catholique doit accepter que les lois qui la gouvernent ne sont pas les mêmes que les lois qui régissent la société.

Les campagnes de diffamation sont des indicateurs précieux de l’identité souhaitée de la société où ces campagnes se mènent. Dans les exemples irlandais : les campagnes de diffamation indiquaient la forte revendication de fusion entre église et état. Catholique, et protestant. Dire de Poutine qu’il a été officier du KGB n’est pas une diffamation en Russie. Dire d’une personne qu’elle a collaboré avec la Stasi, police secrète de la RDA est considérée comme une grave diffamation en RFA et empêcher de faire carrière politique.

Quand Barak Obama était accusé de ne pas être un véritable américain parce qu’il avait des ancêtres et de la famille en Afrique noire, quand on lui demandait avec insistance de montrer son certificat de naissance, cette campagne de diffamation se rattachait directement au racisme historique à l’égard des noirs nord-américains qui ont peiné à se faire reconnaître comme des citoyens des États-Unis. De même, l’odieuse campagne contre Christiane Taubira déguisée en guenon dans les réseaux sociaux se rattache directement aux systèmes d’exclusion raciale dans les colonies françaises. 



Dis-moi comment tu diffames, je te dirai qui tu es.




rabat


Rabat



Dans le train Biarritz Montparnasse personne ne prie. Dans l'avion Paris Rabat, ma voisine de gauche passe les deux heures et demi voyage à prier, les mains grande ouvertes sur la tablette. Avant de s'embarquer, il faut faire la queue devant l'enregistrement des bagages, puis les différents sas de sécurité devant des agents à qui j'ai appris à dire désormais que ma prothèse de la hanche déclenché les stridulences des portiques. Grâce à ma canne, je survole les files de voyageur. 



Dans l'avion, le journal le Matin donne des nouvelles du Royaume. Journal officiel illisible Comment remplir trente pages pleines de rien.



Par France 24, nous apprenons ce que nous savions déjà, Benoît Hamon en tête au premier tour et le ralliement de Martine Aubry au chef des jeunes socialistes. Je vais voter Manuel Valls au second tour.

Maroc Une situation complexe. Ce ne sont plus les années de plomb, mais une surveillance permanente ouverte, sans vergogne. Des téléphones, sans doute, mais aussi de la vie privée, un contrôle de la presse et des grands moyens d'information. Le colloque sur la diffamation a eu lieu sans interdit, personne ne va en rendre compte. Le jour du colloque, à Rabat, mercredi 25 janvier, un autre colloque a été organisé à Casablanca, sur le même sujet. Un ‘contre-colloque » sans doute. Une conférence d'un responsable des droits de la presse, un officiel, devant des journalistes de la presse francophone, sur le même thème, la déontologie des journalistes, la censure, etc. Deux pages dans la presse quotidienne du jeudi et vendredi suivant, rien sur le colloque de Rabat.



Rien sur le procès en cours. Sept intellectuels, militants, journalistes, poursuivis pour des motifs divers surtout pour avoir reçu de l'argent de l'étranger, une accusation familière dans les systèmes non démocratiques, comme dans la Russie de Poutine. Le procès a déjà été reporté six fois. Ce sera une septième fois. Semble-t-il pour non envoi de convocations. Il ne s'agit pas de condamner encore que les séjours en prison et les tabassages ne soient pas absents des témoignages, mais surtout de faire planer la peur. Une crainte permanente, pas les années de plomb, mais les années crainte. Le lendemain du colloque, nous sommes allés visiter des ruines romaines. Deux hommes en imperméable nous observaient. Nous avons quitté les ruines pour visiter le mausolée, un monument aussi luxueux que l'appartement de Trump, ça donnerait envie de mourir sur place, et nous retrouvons nos deux pieds nickelés qui nous observent. Je m'approche et je leur dis, mais vous étiez déjà aux ruines romaines? Et maintenant vous ici? L'un d’eux me répond: nous sommes partout. Ils ne se cachent pas, ce ne sont pas de mauvais policiers, au contraire, ils affirment leur présence et leur rôle est précisément de se montrer. Que les gens sachent qu'ils sont surveillés. Pour qui passe trois jours à Rabat, ça n'a pas beaucoup  d'importance, pour qui vit là-bas, c'est insupportable. 

En même temps, pour une majorité de Marocains, pour les puissances occidentales, la famille royale au Maroc est une protection contre l'islamisme meurtrier et intégriste. 

Voir en pièce jointe ou sur mon blog mon intervention à ce colloque.


dimanche 22 janvier 2017

premier tour


La majorité de ceux qui se sont déplacés aux primaires de la gauche ont condamné le bilan du quinquennat. Si cette majorité de frondeurs avaient formé la majorité des députés socialistes, le gouvernement n’aurait pas terminé la première année de son mandat.

La majorité des électeurs de ces primaires ont donc choisi celui qui sera au premier rang des cortèges de protestation contre l’abolition des mesures qu’il condamnait. Les frondeurs de ma section de Biarritz qui supportaient de plus en plus mal la présence d’élus socialistes à la mairie de la ville et de ministres socialistes au gouvernement, tous ceux qui soutenaient le repli identitaire au Pays Basque  et le repli politique dans le pays ont finalement diffusé pour ce premier tour leur honte de gouverner.

À l’origine de cette défaite se trouve le renoncement de François Hollande. J’ai fait partie des militants socialistes qui ont soutenu son action, qui ont défendu ses réformes, contre la droite pour qui rien ne va, contre la gauche de protestation, contre l’indifférence. Nous y avons passé du temps, de l’énergie, pendant cinq ans. Cette défense devait être représentée aux primaires. Le premier de cordée nous a lâchés donnant ainsi des arguments à ceux qui condamnaient sa politique.

Et maintenant ? Un second tour qui permettra un sursaut social-démocrate ? Je le vois mal. Un encouragement à l’émergence d’un grand parti progressiste avec Macron ? La seule façon pour le moment d’éviter un second tour des présidentielles classé zone cauchemar…

Un seul avantage dans cette situation compliquée : nous avons largué les confortables certitudes et passons du temps à discuter des meilleurs choix. Qui fait du sport muscle son corps. Qui fait de la politique entretient ses méninges.

vendredi 20 janvier 2017

droit de vote aux étrangers


Mehdi Ouraoui est membre du conseil national du PS, soutient l’EPCI, et souhaite dans la semaine du Pays Basque du 20 janvier une alliance entre les abertzale et le parti socialiste pour gouverner la nouvelle institution. Une alliance entre le parti de Jaurès (le nationalisme c’est la guerre) et les tenants de la préférence identitaire.

Pour lui, est  basque qui parle le basque. En comptant large, une personne sur cinq est bascophone, soit trente mille personnes sur cent cinquante mille. Dans le Pays Basque français, cent vingt mille personnes ne sont pas basques, selon Mehdi Ouraoui.

Pour l’EPCI, une intercommunalité basque, le jour où l’on donnera le droit de vote aux étrangers, ces cent vingt mille personnes qui ne sont pas basques auront le droit de voter.

bretagne et pays basque même combat


Je viens de terminer la lecture d’un livre de Françoise Morvan, le monde comme si, nationalisme et dérive identitaire en Bretagne, Actes Sud, 2002. J’en conseille vivement la lecture à tous ceux qui réfléchissent sur le sujet et parfois s’inquiètent aux dérives identitaires au Pays Basque. Comment des mouvements et des aspirations minoritaires recueillent l’appui politique et financier de partis républicains, de droite et de gauche. Comment des écoles Diwan portent parfois le nom de militants nationalistes qui ont été condamnés pour collaboration avec l’occupant nazi sont financées par des élus issus de la résistance.

Ils trouveront dans ce livre des échos des mêmes dérives au Pays Basque. Comment des élus républicains financent des établissements linguistiques où les cartes de France sont amputées du Pays Basque.  Ou des élèves sont mis à la porte s’ils persistent à dire « Pays Basque français » au lieu d’Iparralde. Où des courses linguistiques sont des occasions de brandir les portraits de terroristes condamnés. Où des élus républicains ne supportent pas qu’on rappelle les exactions de terroristes emprisonnés.

Contre les dérives identitaires, il n’y a pas de ruse ou d’accommodement possible. Contre ceux dont l’objectif est de scinder la population entre « vrais » et « faux » citoyens, il faut mener inlassablement le combat des droits universels, du pluralisme, du refus des replis sectaires, sans rien laisser passer.


voie royale


Les inégalités scolaires, les échecs scolaires reviennent régulièrement en discussion. La plupart des commentateurs esquivent ce qui me paraît la question centrale. Le système d’éducation à vitesses : la voie royale, classes de préparation  aux concours des Grandes Écoles, et la voie majoritaire : le bac et les études universitaires.

L’excellence, recherchée par tous, les parents, les enseignants et les étudiants, est en France représentée par la voie royale. Les autres voies sont généralement choisies par défaut.

C’est évidemment la voie royale qui sélectionne le plus radicalement les élèves par l’origine sociale, et de plus en plus.   

La particularité la plus révélatrice de notre système éducatif se trouve dans la grille des salaires. Qui sont en France les profs les mieux payés, primes, heures supplémentaires comprises ? Les profs des classes préparatoires. Quand j’ai quitté les classes de prépa ou j’enseignais pour l’université, j’ai perdu un tiers de mes revenus.

Les changements dans ce domaine se feront très lentement. Avez-vous remarqué que personne, aucun candidat d’aucun parti n’en parle jamais ? Tous sont issus de la voie royale. Tous ne rêvent pour leurs enfants que de la voie royale.

Je ne demande pas la révolution, ni dans ce domaine ni dans les autres. Mais on pourrait quand même en parler, non ?


jeudi 19 janvier 2017

le social et le marché


Sud-Ouest publie deux photos, l’une, une élue socialiste Ghys Haye, qui prend un café avec des SDF. L’autre, un élu radical de gauche, Guy Lafite et Anne, avec Macron, sont photographiés à l’hôtel du Palais.

Certains à gauche s’indignent. Comme l’une et l’autre peuvent-ils gouverner ensemble ? Comment peuvent-ils faire partie du groupe de gauche dans la majorité municipale ?

Si la ville de Biarritz peut disposer de centres d’accueil, d’hôtels d’urgence et de moyens de solidarité avec les plus démunis, c’est parce que le tourisme lui permet de disposer d’un budget social important.  

Sans le tourisme de qualité à Biarritz, les SDF iraient chercher ailleurs des accueils d’urgence.

À l’inverse, une ville gouvernée par une droite conservatrice, qui ne construirait pas de logements sociaux, dont la population se réduirait en peau de chagrin, deviendrait un ghetto pour riches, une ville endormie.

Heureusement, la ville est gouvernée par une majorité plurielle, comprenant Ghys Haye et Guy Lafite.

la gifle


La gifle

 

Au Pays Basque, le gifleur de Valls, un identitaire breton, aura l’appui d’abord des patriotes radicaux, puis des patriotes modérés, puis des élues socialistes et LR. Parce qu’il a giflé au nom de la Bretagne et que ça mérite tous les égards. L’identité c’est sacré.

J’extrapole ? Revoyez les commentaires lors de la bousculade de Nicolas Sarkozy à Bayonne.

lundi 16 janvier 2017

basculement nationaliste


En gardant les yeux bien ouverts, je vous recommande de prendre le temps de lire l’entretien avec Eguzki Urteaga, sociologue à l’université du Pays Basque.  Auteur de « la question basque en France », la langue basque dans tous ses états. (Sud-ouest, 1- janvier 2017.

Il faut bien comprendre Louhossoa. C’est une opération de désarment négociée entre personnes sans aucun mandat et l’ETA. Un désarmement partiel aux conditions de l’ETA. Qui a bien insisté : nous sommes d’accord, mais qu’il n’y ait pas perdants dans l’opération, ce n’est pas une reddition.  Aucun gouvernement ne pourrait accepter une telle démission de ses responsabilités. D’ailleurs, là où ils ont beaucoup souffert de la terreur, l’opinion publique n’est pas favorable. Comme dit Eguzki Urteaga, le soutien unanime à cette opération « est difficilement compréhensible » au Pays Basque espagnol. Mais au Pays Basque français, les partis politiques ont une position consensuelle. Les « personnes ayant une opinion discordante ne sont pas exprimées… et leur voix était de toute manière difficilement audible ».

Comment expliquer cette unanimité ? Par l’évolution de la société basque : Les « revendications qui étaient l’émanation du mouvement nationaliste basque se sont étendues aux autres partis, de droite comme de gauche ». La classe politique a évolué. Grenier, Alliot-Marie, Espilondo, Borotra, étaient très réticents à l’égard des revendications nationalistes.

Aujourd’hui, on a vu des sénatrices et des députés socialistes manifester en faveur des détenus alors que le gouvernement est socialiste. Un véritable basculement. Bon nombre d’élus qui ne sont pas nationalistes « adoptent progressivement leur thématique ».

Personne ne s’est exprimé contre cette évolution ? Si, votre serviteur. Et c’est pourquoi une procédure d’expulsion a été prise à son égard par la section socialiste de Biarritz.

 

jeudi 12 janvier 2017

primaires


Pour retourner au pouvoir, il faut du courage. Pour des hommes et des femmes de qualité et de compétence, il y a de nombreux moyens de faire carrière dans des activités plus réjouissantes et moins ingrates. Il ne faut pas s’étonner que la politique attire une portion non négligeable d’ambitions médiocres. Il faut donc saluer les personnes de qualité qui malgré les tempêtes, aspirent aux responsabilités politiques.

Le bilan des cinq années de gouvernement socialiste est double. De nombreuses avancées sociales, sociétales, politiques d’une part, qui permettent à la droite de faire le contraire pour exister. Et d’autre part, un goût amer, des militants qui sont honteux plus que fiers de l’œuvre accomplie. D’où ce symbole : le président qui a beaucoup fait se retire et donne ainsi des arguments à ceux qui préfèrent une opposition vertueuse à une responsabilité sans reconnaissance.

Qu’on ne me parle pas des défauts de la personne. Barak Obama, qui savait parler aux intelligences et aux cœurs, dont le bilan est incontestable, est remplacé par un aventurier dont le programme est la destruction de toute son œuvre.

Le résultat en France est qu’il faut tout reconstruire. Le socle solide s’est effrité et à nouveau la gauche est tentée par la protestation. Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg, condamnent et regrettent les cinq années écoulées. On aurait dû, il n’y avait qu’à. Ils n’avaient qu’à rester au gouvernement et obtenir des résultats. S’ils l’emportent à gauche, ils la condamnent à une longue cure d’opposition.

Deux candidats aspirent réellement à gouverner et à poursuivre une œuvre réformiste de gauche. Manuel Valls et Emmanuel Macron. Je voterai donc pour Valls aux primaires de la gauche, afin de permettre pour la suite un accord seul capable de battre la droite et de poursuivre l’œuvre engagée.

réformes et révolution


Les révolutions sociales ou nationales sont le produit de divisions et d’inégalités insupportables dont profitent une minorité de privilégiés. L’aristocratie terrienne et des millions de paysans pauvres,  les deux cents familles et des millions de prolétaires, les peuples colonisés, tous ceux qui n’ont rien à perdre que leurs chaînes.

Les révolutionnaires d’extrême-gauche vivent dans ce passé et décrivent une société partagée entre le CAC 40 et le peuple misérable et exploité. La référence de Mélenchon à Zola est éloquente. Les salariés seraient dans la même situation que les ouvriers de l’Assommoir, vivant dans des taudis, sans protection sociale, et sans éducation.

Cette vision est pessimiste et misérabiliste. Elle est pessimiste parce qu’elle veut nous persuader que le mouvement ouvrier n’a rien obtenu, n’a rien changé, a laissé les prolétaires en l’état où ils étaient fin 19ème siècle. Misérabiliste dans la mesure où elle ne veut pas comprendre que la majorité des hommes et des femmes qui vivent dans les pays développés ont désormais beaucoup plus à perdre que leurs chaînes.  Qu’ils ont obtenu des droits à la santé, à l’éducation, au logement, à la formation, qu’ils sont souvent propriétaires, qu’ils ont des aspirations élevées pour leurs enfants.

Les rêves de barricades enflamment l’imagination et enfument la réflexion.   Si les réformes sont si compliquées à mettre en œuvre, c’est qu’elles touchent toujours des privilèges largement répandus. Les résistances aux réformes ne viennent pas seulement d’une infime minorité, chaque strate de la société trouve des avantages et des inconvénients aux politiques du logement, aux taxations des logements vides, aux réformes des rythmes scolaires. Dans le domaine de l’éducation, la mixité sociale est difficile à mettre en place parce que les stratégies d’évitement des écoles ne sont pas seulement le fait de familles riches, mais sont adoptées massivement par des salariés modestes. À la Goutte d'Or, les familles descendant de la migration modestement enrichis par le commerce placent leurs enfants dans des écoles privées. Dans la santé, les centres de soin ne se partagent plus entre cliniques de luxe et mouroirs. L’exemple le plus achevé étant le mouvement des femmes, car les résistances à l’égalité sont aussi fortes au niveau individuel, dans les familles et les couples, qu’au niveau public.

Les réformes sociales, les réductions des inégalités, se font nécessairement aux dépens de ces privilèges en cascade. Les chèques vacances allongent la queue devant les télésièges. L’accès de tous aux soins les plus avancés augmentent les délais d’attente. Les progrès dans l’égalité des sexes provoque des rancœurs car sur ce point Marx avait raison : le plus démuni des prolétaires trouve chez lui une prolétaire encore plus démunie qu’il peut exploiter.

Dans ces conditions, une réforme qui ne  s’accompagne pas de de pédagogie est vouée à l’échec. Il faut en permanence convaincre qu’il est de l’intérêt de tous de réparer les dégâts de la vie, d’accueillir les accidentés, de loger les SDF, de réduire les inégalités. Là où cette politique défaille, la société se divise en ghettos, construit des murailles qui enferment autant qu’elles excluent. À Paris ou à Biarritz se mène une bataille pour la mixité sociale de chaque instant, batailles où la gauche réformiste parvient à entraîner une partie des électeurs de droite sans lesquels elle serait minoritaire. Et partout, elle combat les mêmes slogans clivants : la mixité sociale, c’est la guerre fait aux pauvres à la Goutte d'Or, c’est la guerre faite aux riches à Biarritz.

Il nous revient de chercher parmi les hommes politiques qui se présentent aux élections les héritiers de ceux qui ont évité le pire à leur pays, qui ont su construire des réformes en prenant le temps du compromis, du dialogue, des négociations. Des noms surgissent : Mario Soarès au Portugal qui a su éviter que son pays ne devienne un autre Cuba, Mendès France, Jospin, Obama, Mandela. Ils ont su réformer pour mieux vivre ensemble et non pour aggraver les tensions.

Nous connaissons les noms des Chavez nationaux et Mélenchon en est un, dont le modèle est le tribun Fidel qui haranguait les foules rassemblées pendant cinq ou six heures sous le soleil cubain dans une société en ruines. Nous connaissons les noms des Trump, Erdogan et Poutine nationaux qui veulent cliver la société entre patriotes et étrangers.

Nous connaissons plus mal les héritiers des Soarès, Palme, Mendès- France, Mandela, Jospin, Schröder, Obama.  Ils n’émergeront qu’au prix d’une dénonciation permanente des Prophètes de l’Apocalypse.  

lundi 9 janvier 2017

Georges Mélanchais


Mélenchon le Georges Marchais de l’an 2017, celui qui pleurait sur les accidents du travail et envoyait des félicitations à tous les dictateurs communistes qui massacraient leur peuple. Aujourd’hui, Mélenchon sympathise avec Poutine, pleure Fidel Castro, soutient Maduro sans se soucier une seconde des malheurs qu’ils provoquent. Il n’aime le peuple que saignant.

processus de paix


Processus de paix

         La section socialiste de Biarritz a engagé une procédure disciplinaire contre moi pour diffusion de textes critiquant les dérives identitaires de nos trois élus socialistes du Pays Basque. Cette procédure pourra prendre des mois, voire des années... Il faut s’en sortir.  

Voici ma proposition :

Je m’engage à cesser le feu et à détruire tous mes textes dénonçant la dérive identitaire des élues socialistes du Pays Basque. Une commission neutre, composée de personnes de bonne volonté, sera chargée de la collecte de mes textes et de leur destruction.

En échange, je demande l’abandon de toutes les poursuites à mon égard et l’amnistie pleine et entière.   

Au cas les personnes supervisant la destruction de mes textes seront accusées de complicité avec ma campagne destructrice de l’ivraie identitaire, je compte sur une manifestation de soutien à ces casques blancs qui n’auront évidemment rien à voir avec mes brûlots.

dimanche 8 janvier 2017

réformiste de gauche, rencontrez-vous


La première réunion de la « gauche réformiste » à Biarritz s’est tenue dans la librairie Victor Hugo dimanche 8 janvier. Nous étions huit. Nous avons d’abord discuté de manière informelle des primaires de la gauche. Certains étaient déjà déterminés à voter pour Manuel Valls, d’autres tentés par Vincent Peillon, d’autres encore par l’abstention ou le bulletin blanc. Personne n’était tenté par Benoît Hamon et Arnaud Montebourg. Macron n’était pas loin.

Le plus frappant et peut-être le plus important était le plaisir de discuter. Ces temps derniers, les réunions de la gauche, pas seulement de la gauche, pas seulement à Biarritz, étaient d’une tension extrême, sans doute liée à l’impossible rencontre entre identité et politique, entre frontières et programmes. Ce matin-là, aucune tension, des points de vue différents pourtant, des plaisanteries, des arguments sérieux. Nous avons pris plaisir à confronter les idées. Une réunion qui a sans doute encouragé les présents à participer aux primaires.

Pour continuer, le groupe de la gauche réformiste invitera, le mois prochain, un responsable socialiste du Pays Basque espagnol qui nous donnera le point de vue  de nos camarades espagnols sur le désarmement et la dissolution de l’ETA.


samedi 7 janvier 2017

souvenirs


Dans la salle de réunion de la section communiste de Saint-Denis, la majorité a voté mon exclusion. Avec un certain nombre de communistes attachés à la voie démocratique et à l’union de la gauche, je m’étais exprimé contre une orientation sectaire de la direction du PCF. Exclusion pour activités fractionnelles. C’était en 1981. Des collègues qui pensaient comme moi ont voté mon exclusion. Dans les années qui suivirent, ils sont venus me voir, ils se sont excusés, « j’aurais dû, mais à l’époque, je pensais à l’intérêt du Parti ».

Comment voulez-vous que je ne me rappelle pas ma première exclusion quand à nouveau, une majorité de la section socialiste de Biarritz engage une procédure disciplinaire parce que je proteste publiquement contre les dérives identitaires des élues socialistes du Pays Basque ? Des frondeurs qui sont rebelles à la politique socialiste nationale mais qui suivent les élues territorialisées ?  Des sectaires qui s’enrhument dès qu’on ouvre les fenêtres ? Dans un parti internationaliste, ils préfèrent soutenir les terroristes emprisonnés plutôt que les camarades socialistes espagnols qui sont tombés sous les balles.

Dans quelques années, quand le parti socialiste aura été éliminé par les partis abertzale au Pays Basque, certains d’entre eux viendront me voir, bredouiller des excuses. Qu’ils n’attendent pas trop, je suis moins jeune qu’en 1981.  

vendredi 6 janvier 2017

malédiction


Malédiction

 

J’ai été exclu du Parti communiste en 1981 par Georges Marchais. J’ai ensuite adhéré au Parti socialiste, d’abord à Paris, sans difficulté particulière, dans l’arrondissement du 18ème, qui comprenait Lionel Jospin, Daniel Vaillant, Bertrand Delanoë, Myriam El Khomry… Puis j’ai transféré mon adhésion à la section de Biarritz et depuis, la malédiction a repris. Les trois secrétaires de cette section ont tous les trois successivement  demandé mon exclusion.

Qu’y-a-t-il de commun entre les quatre ? Un repli sectaire et territorial qui a conduit le PCF à 1,5% et qui risque de faire disparaître le réformisme de gauche du Pays Basque et de la scène politique française, comme il commence à s’effacer en Europe.

Chacun d’entre nous peut éviter le désastre et d’abord en se déplaçant pour voter aux primaires du PS, les 22 et 29 janvier prochain. Ne laissons pas la gauche réformiste à tous ceux qui se contentent de manifestations réussies et d’élections ratées.

jeudi 5 janvier 2017

procédure disciplinaire au PS de Biarritz


J’ai appris à la réunion de la section socialiste du 5 janvier 2017 qu’une procédure disciplinaire était en cours contre moi parce que j’avais critiqué publiquement l’appui des députées et sénatrices socialistes du Pays Basque à une opération conjointe de l’ETA et de patriotes à Louhossoa.

Les députés frondeurs ont dès le début du quinquennat critiqué la politique du gouvernement socialiste sans que jamais personne ne demande leur exclusion. Les « Jeunes socialistes » ont pu manifester et s’exprimer publiquement contre la loi travail de Myriam El Khomry sans que jamais personne ne demande aucune sanction. Mais si vous prenez position contre les dérives nationalitaires des élues socialistes du Pays Basque, une procédure d’exclusion se met en marche.

Voici donc la vérification expérimentale de la nocivité du poison identitaire. Parce que j’ai pris position sur mon blog contre le blanchiment des activités terroristes à Louhossoa, le secrétaire de la section socialiste de Biarritz a transmis mon texte à la commission des conflits de la fédération des Pyrénées Atlantiques pour une procédure d’exclusion.

Vous comprenez ? Les mêmes élues qui ont laissé silencieusement assassiner les élus, les journalistes, les intellectuels, au Pays Basque espagnol sans jamais exprimer la moindre indignation, sans jamais manifester pour la paix à Vittoria ou Bilbao, sans un mot pour leurs collègues  socialistes d’outre-Bidassoa qui ne pouvaient pas sortir sans garde du corps, les mêmes élues qui n’ont jamais discuté avec les socialistes espagnols, qui n’ont jamais rencontré les associations de victimes, demandent une sanction contre un militant socialiste qui prend position contre les frontières sacrées. Les mêmes qui demandent le rapprochement des etarras de leur famille demandent mon éloignement de ma famille politique.

La politique demande des débats, des confrontations. Les conflits identitaires se règlent par les armes en temps de guerre et par les exclusions en temps de paix. Dans la campagne  sur l’EPCI, les frontières basques sont devenues « sacrées ». Qui était contre l’EPCI « tournait le dos au Pays Basque », était traître à la patrie. Les actrices du regroupement ethnique téléphonaient pour que l’on exclue du PS  les élus qui osaient voter contre les frontières sacrées. Dans tous les conseils municipaux, la désignation des membres de l’EPCI a été éloquente. Pour faire partie des futures instances, il fallait avoir fait allégeance aux frontières sacrées. Ceux qui refusaient de s’incliner étaient exclus.

Je suis très préoccupé par ces dérives nationalitaires et je vous tiendrai au courant naturellement dès que Sylviane Alaux, Colette Capdevielle et Frédérique Espagnac auront pris position contre mon exclusion.

lundi 2 janvier 2017

réparer les victimes

Michel Berthcoirigoin veut « réparer les victimes ». (Sud-Ouest 2 janvier 17)
 
Le conflit armé au Pays Basque peut porter deux noms différents. Ou bien il s’agit d’une guerre de nationalistes basques contre l’impérialisme espagnol et français. Ou bien il s’agit d’une entreprise d’un groupe minoritaire qui voulait imposer ses objectifs par la terreur.
Ces analyses différentes conduisent à des conclusions différentes. S’il s’agit d’une guerre, les combattants arrêtés ne sont pas des terroristes, mais des prisonniers de guerre. On peut offrir l’armistice, signer un traité de paix, négocier les modes de reddition et de restitution des armes.  S’il s’agit d’une entreprise terroriste, il faut considérer les combattants comme des criminels, les arrêter et les condamner.
La grande majorité des Basques espagnols et français considère qu’il s’agissait d’une entreprise terroriste. La grande majorité des Basques espagnols et français considère que les 21 morts d’Hipercor, les 830 morts, les assassinats de gendarmes, de conseillers municipaux, de maires, d’entrepreneurs, la collecte mafieuse de l’impôt révolutionnaire, n’étaient pas des actions de guerre, mais des actions terroristes. Ils l’ont manifesté par centaines de milliers dans les rues du Pays Basque et par centaines de milliers dans les urnes. Les partis politiques qui soutenaient ces actions n’ont jamais obtenu qu’un appui marginal.
Battus dans l’opinion, réduit en nombre par les arrestations, fatigués par la prison ou par la clandestinité, les etarras ont décidé d’arrêter leurs activités meurtrières et de cesser le feu. Ils sont persuadés que le silence des armes les transforme en résistants légitimes. Ils réussissent à entraîner dans ce sillage une partie de la société basque, surtout au Nord où les dégâts ont été moins importants.
Les innocents participants à Louhossoa adoptent la première analyse. Le processus de paix était bloqué, dit Michel Berthcoirigoin, ancien président de la chambre d’agriculture alternative du Pays Basque. Les gouvernements français et espagnols restaient dans une « position de reddition absolue de l’ETA ». « Cela pouvait aboutir à quelque chose de dangereux ». Ils ont donc décidé, avec l’accord de l’armée nationaliste, (ETA) de neutraliser un stock d’armes. Comme l’ETA avait annoncé qu’elle n’était plus une organisation armée, cela ouvrait des perspectives inédites.
Quand il a été arrêté, il s’est aperçu que les enquêteurs étaient spécialisés dans la lutte antiterroriste. Comment peut-on ainsi amalgamer des poseurs de bombes, des kidnappeurs, les assassins de Yoyès, à des terroristes ? Bonne question. D’ailleurs, le désarmement permettra, lisez la suite sans hurler, permettra, je cite, « la réparation des victimes ». Vous comprenez la différence ? On ne pourra jamais réparer les victimes du Bataclan ou de Nice, mais les victimes de l’ETA, on peut les « réparer ».