mercredi 30 mars 2016

demain


Une majorité semble se dégager pour les frontières identitaires. Franchement, tu en fais tout un plat. Ce n’est pas l’indépendance, quand même. Juste un rassemblement volontaire, sur proposition du préfet qui paraît-il se réjouit de laisser les élus et les communes barboter dans du jus de piment quand lui sera loin, très loin. Les communes du pays Basque, vont se retrouver ensemble dans une grande salle. En attendant cette réunion, les partisans de la crispation essentialiste préparent les festivités. À Bayonne ? à Saint-Pé ? à Saint-Etienne ? à Biarritz, Place Clémenceau ? Il y aura des ikurinas, des chants et des danses, des sourires, des regards narquois à l’égard de ceux qui veulent vivre dans un territoire laïque. Ce fut une campagne politique comme tant d’autres, avec ses aspects guerriers, ses coups fourrés, ses meetings, ses débats. Avec un petit plus, la couleur des opinions, la race des engagements, les fraternités terriennes contre des étrangers. Les liens citoyens se disloquent au profit des fraternités. Une famille, c’est un Basque et une Basque et leurs enfants, il ne reste pas d’espace dans une politique crispée pour les intermédiaires, les transgenres, pour un bascophone qui ne veut pas du regroupement barbelé, un Landais qui veut en faire » partie, un patron d’entreprise qui commerce avec l’outre Adour. Demain,  place Clémenceau, Batera, abertzale, élus sans écharpe tricolore, chanteront, Aupa, aupa, on a gagné. On va prendre position contre le train à trop grande vitesse, contre les autoroutes, pour le rapprochement des prisonniers, pour l’amnistie, pour la langue basque obligatoire pour tous les salariés du nouvel état, pour une université de plein exercice où les crédits seront d’abord affectés au département d’études basques. (DEB). On a gagné, on a gagné. Autour de la mairie, des manifestants demandent le retrait du drapeau tricolore et son remplacement par l’ikurina. Ils applaudissent Aurore Martin et Gaby Mouesca. Jakes Abeberry et Peio Claverie tombent dans les bras l’un de l’autre, émus aux larmes. Tu te rappelles nos premières manifestations pour un département. Rien ne bougeait, et là, l’État jacobin nous régale. Le ciel s’éclaire. Si on t’avait dit un jour que tu applaudirais un préfet, c’est incroyable, non ? Xabi Larralde s’approche de Peio Claverie. Tu ne crois pas que le moment est venu de former un groupe d’abertzale dans ces nouvelles frontières ? C’est le moment de se regrouper. Il n’est pas impossible que quelques socialistes et des LR poussent leur engagement ethnique un peu plus loin. Il y a en a quelques-uns qui ont vraiment milité pour la terre de nos ancêtres, qui ont oublié l’universalisme républicain, on doit pouvoir les récupérer, si on forme un groupe modéré, mais décidé quand même à aller plus loin. Rien n’empêche de discuter, on verra bien. Allez, trinquons au pays Basque !

lundi 28 mars 2016

merci Colette Capdevieille


Merci Colette Capdevielle.

 

Il y avait un pays Basque sans frontière et sans institution où coexistaient des bascophones, des francophones, des hispanophones, des abertzale et des jacobins, des sociaux-démocrates et des fronts de gauche.

Puis Colette Capdevielle a demandé au premier ministre un projet d’institution du pays Basque fondé sur des frontières sacrées, une histoire commune, des ancêtres… Ce projet a été porté par le préfet et depuis le feu a pris dans la prairie. Des gens qui sympathisaient avec la culture basque mais ne voulaient pas de frontières sont devenus des ennemis du peuple basque. Des républicains favorables au repli identitaire se sont trouvés alliés avec les plus rudes et les plus dogmatiques des nationalistes basques. Batera, Batasuna, ont abandonné leurs revendication d’un département ou d’une indépendance pour se rassembler derrière de nouvelles frontières. PS et LR se sont divisés.

Le projet a redonné vie à des revendications identitaires qui sommeillaient. Batasuna aiguillonne Batera, stimule les abertzale modérés. La politique se muscle. On parle de traitres, de coups fourrés, on saura s’en souvenir. Les discussions se tendent. « Si tu n’es pas pour le rassemblement identitaire des 158 communes, qu’est-ce que tu fais au pays Basque ? ». Ce qui était un sujet de discussion se transforme en adhésion identitaire et l’identité, comme chacun sait, c’est le conflit, c’est la guerre.

Merci Colette Capdevielle.

jeudi 24 mars 2016

entrepreneurs d'ethnicité


Dans ce petit bout de territoire français se joue le destin du monde. Dans la définition d’une démocratie moderne, une nation est composée de tous les citoyens, natifs ou arrivants. S’oppose à cette conception la définition des nations du 19ème siècle, qui a dominé en Europe centrale, dans les pays baltes et slaves, dans les pays celtes et dans l’Europe du Sud. Cette conception fonde la nation sur « la terre, le sang et les morts ». (Jean-Loup Amselle). L’appartenance à la communauté remonte dans la nuit des temps, elle est attestée par le sang des martyrs, par la langue, par l’attachement à la terre. Cette thèse est une thèse raciste qui a resurgi en France au moment de l’affaire Dreyfus, sous le régime de Vichy, Elle redevient prégnante avec la définition de la citoyenneté ethnique par le Front national.

            En écho et en opposition à ces thèses racistes se créent, nous dit Jean-Loup Amselle, des « entrepreneurs d’ethnicité », qui mobilisent des identités essentialisées et contribuent ainsi à la séparation entre « autochtones » et « allochtones ». Cette mobilisation est l’écho de la droite raciste et en reproduit les principes. Pour Jean-Loup Amselle, « la montée du FN, la résurgence des identités régionales » sont les avatars de l’ethnicisation du politique. Avec les revendications basques, nous sommes en plein dans le chaudron identitaire. Alors qu’il faut lutter en permanence pour la contractualisation citoyenne de la vie politique, les revendications d’un territoire basque effacent le contrat citoyen au profit d’une appartenance qui donne des droits particuliers, déniés aux « «étrangers » et aux « touristes ». Dans les discours d’élus républicains se retrouvent les notions de « frontières sacrées », d’histoire ancestrale, d’un territoire dessiné par la langue et par le sang des martyrs. Alors, oui, il faut le dire et le répéter, dans ce petit bout de territoire français se joue le destin du monde. Alors, il faut le dire et le répéter. Il faut beaucoup de haine à l’égard des habitants du pays Basque pour les enfermer ainsi dans un statut d’indigènes, et il faut beaucoup d’amour à l’égard des habitants du pays Basque pour les considérer comme des citoyens et pas comme des autochtones.

mercredi 23 mars 2016

terreur et politique


Ils sont paraît-il deux mille en Europe. Quelques milliers dans le monde. Un État qui les forme et les envoie. Un État hors-la-loi, qui n’a aucune perspective d’avenir. Autre que le chaos, le nihilisme. Ce n’est pas une guerre de religion, puisqu’ils tuent d’abord des coreligionnaires.  Ce n’est pas une guerre politique, le seul but est l’anéantissement du tout. Le terrorisme que nous avons connu avait des buts politiques (l’indépendance ou le pic extrême d’une lutte de classes), l’IRA, l’ETA, les Brigades Rouges, Action directe…Ces groupes se sont effondrés avec l’effondrement des idéologies avant-gardistes et réduits à un maigre appui logistique, se sont dissous dans les prisons et les commémorations.

Les groupes terroristes ne posaient un problème politique que s’ils recueillaient un appui minimum, à la fois logistique et politique. Leurs actions étaient défendues par des partis, des journaux, des associations (Sinn Fein pour l’IRA, Batasuna pour l’ETA, Il Manifesto pour les Brigades rouges…). En perdant cet appui, ils ne deviennent plus qu’un problème de sécurité. Ils cherchent à prolonger leur influence en se transformant, en organisant une solidarité à l’égard des prisonniers. Mais ils sont désormais des demi-soldes, et comme le colonel Chabert, recherchent éperdument reconnaissance symbolique et pensions de guerre.

À nouveau, avec chaque massacre, se repose la question : le terrorisme que nous subissons est-il un problème politique ou uniquement un problème de police ? Des massacres de masse, nous en avons connu aux États-Unis dans les universités et les écoles, en Norvège… Ils ne recueillent aucun soutien, aucune solidarité, ils restent des problèmes de police. Dans le cas des djihadistes de Daech, le soutien politique et logistique est-il nul ? Apparemment, ils bénéficient d’un soutien logistique suffisant pour subsister des mois et des mois sans quitter l’Europe. Mais les bandits en cavale restent parfois des mois et des années sous la protection de familles diverses sans que cette protection transforme le grand banditisme en problème autre que policier. Aucun parti, aucun mouvement, aucune église ne les soutient. Selon Frank Wright, on reconnaît une société en paix à ce qu’un voisin qui voit par la fenêtre une personne déposant une bombe prend son téléphone et prévient la police. La société nord-irlandaise vit en paix depuis que Gerry Adams a demandé aux catholiques de Belfast de dénoncer les tueurs à la police. De ce point de vue, nous sommes dans une société en paix qui fait face à un grave problème de police. Les tueurs de Paris ou de Bruxelles ne disposent d’aucun appui politique.

Les forces qui veulent transformer ce problème de police en problème politique sont diverses et variées. Les uns voient ces attentats comme les échos des guerres coloniales. D’autres veulent voir les djihadistes en guerriers sociaux. D’autres veulent absolument que tout musulman éprouve une certaine sympathie à l’égard des djihadistes. Et donc placer tous les musulmans sous surveillance. Toutes ces démarches sont des cadeaux royaux aux terroristes. Elle leur construit un environnement politique dont ils sont dépourvus. Il faut au contraire tout faire pour conserver à ces tueries leur statut d’un grave problème de sécurité. Dans ce combat pour les isoler et les mettre hors d’état de nuire, les musulmans de France sont comme les autres concitoyens : ils parlent, ils dénoncent. Ils téléphonent.

 

 

mardi 22 mars 2016

squelettes dans le placard


Chaque fois, sans exception, que je parle des séquelles de la violence militaire en pays Basque dans une réunion publique, je provoque de vives réactions, voire des huées. C’est manifestement un sujet qui fâche. Pourtant, l’actualité souffle sur les braises. La découverte d’un dépôt d’explosif et l’arrestation de deux etarras, rue de la Poste, à Biarritz, a été suivie d’une manifestation contre l’arrestation et d’un silence assourdissant des élus de la ville. On ne parle pas de la violence armée sauf pour demander l’amnistie des prisonniers basques. De même, à propos du regroupement intercommunal nommé EPCI, des patriotes radicaux ont écrit : « si l’EPCI ne passe pas, nous regretterons d’avoir déposé les armes ». Un élu LR utilise le même chantage : les opposants à l’EPCI seront responsables d’une reprise de la lutte armée. Une élue socialiste déclare que l’EPCI est une étape du processus de paix, comme si nous étions en guerre. Ces déclarations ne provoquent aucune réaction. Mais quand je les cite dans une réunion publique, régulièrement, je me fais huer. Personne ne me traite de menteur ou d’affabulateur, je cite mes références. Mais il ne faut pas en parler. Pourquoi ? La violence armée et ses séquelles sont-elles des maladies honteuses ? Est-ce  j’ouvre les portes d’un placard où sont cachés des squelettes ?

Dans les quartiers et les villages du pays Basque, de Corse, d’Irlande du Nord, seules ont le droit de porter le deuil les épouses, les mères et les sœurs des « martyrs » tombés au combat. Si une épouse de gendarme, de soldat, d’un conseiller municipal assassiné, porte le deuil, ce sera considéré comme une provocation par les patriotes.

Voilà sans doute l’explication : je porte le deuil des mauvaises victimes.

Basques ou épicéens?


Si la proposition du préfet était arrivée avant les élections municipales, on imagine mal la formation d’une liste commune entre les partisans d’une ACBA renforcée et ceux qui veulent sa disparition. D’ailleurs, très logiquement, les héritiers de Batasuna demandent aux abertzale modérés de Biarritz de démissionner d’un conseil majoritairement hostile à l’EPCI.

C’eût été dommage, car dans la morosité ambiante, le rassemblement qui gouverne la ville est un exemple roboratif. Un rassemblement pluriel, non clivant, avec des centristes, une droite modérée, des militants de gauche fiers de leur appartenance républicaine, des abertzale et des Jacobins, des militants associatifs… 

Tout le monde sait que ce n’est pas facile, qu’il faut discuter, qu’il faut des compromis, mais la ville s’en porte mieux. Les ikastolas et les écoles publiques, les festivals internationaux et les fêtes basques. Les logements sociaux et les résidences secondaires, l’hôtel du Palais et les centres d’accueil. Ça s’appelle la vie.

Et puis cette proposition qui nous replonge dans le passé. Des élus inquiets de leur avenir réinstallent l’identité au cœur de la politique. Les frontières étaient poreuses, elles deviennent sacrées. Tout le monde joue à plus patriote que moi tu meurs. Ce pays a une histoire. Il a eu des soldats, des morts. Les fantômes ressurgissent. « Si l’EPCI ne passe pas, nous regretterons d’avoir déposé les armes ». « l’EPCI est une étape du processus de paix » comme si nous étions en guerre. Bassin de vie contre bassin de mort.

Battons-nous et résistons. Sur des principes, pas sur des postulats, pas sur des actes de foi. Tout le monde semble happé par le repli identitaire. « Donner au  pays Basque une institution qui lui soit propre est une nécessité légitime, conforme à son identité ». Qui parle ainsi ? Batera ou les maires de la côte ? Refusons ce jeu dangereux. Chaque fois qu’on a ajouté un adjectif à une institution, on a partagé les citoyens en vrais et faux, en authentiques et en touristes. Et comme en Corse, le pouvoir finit par retomber dans les mains des plus purs et des plus durs.

 Affirmons notre confiance. L’identité, la culture basques sont vivantes, n’ont pas besoin de corset, de fauteuil roulant et de soins palliatifs. Elles vivent dans la confrontation, dans l’air du large. Un Basque est défini par ses chants, sa langue, son histoire, ses engagements. Désormais, si l’EPCI l’emporte, un Basque est celui qui habitera une communauté territoriale de 158 communes administrée par un conseil de 230 membres. On a déjà transformé Biarritz  Bonheur en Galeries Lafayette, on va maintenant transformer les Basques en épicéens. À nous de choisir.

jeudi 10 mars 2016

olivier roy

Olivier Roy, (libération 10 mars 16), remarque que les harcèlements, viols, violences, etc sont dans nos pays développés menés par des hommes blancs, chrétiens et qu'on ne généralise pas comme on le fait pour les musulmans. bien vu. Mais avec une nuance: dans "nos pays", les procès contre le harcèlement, contre la pédophilie, contre les violences conjugales, etc. ne cessent pas  Où sont le début de tels procès et de telles campagnes dans les pays musulmans?

mercredi 9 mars 2016

mon intervention à la réunion Batera sur l'EPCI


Comment rendre majoritaire un courant minoritaire ? La violence armée a échoué. On a enterré la hache, voici le temps de la ruse. Un autre moyen : diviser par deux les voix de la majorité. Multiplier par deux les voix de minorité. Au temps de la révolution bolchevique, un ouvrier valait deux bourgeois ou deux koulaks. En Irlande du Nord, un protestant valait deux catholiques. Une voix de l’intérieur vaut deux voix de la côte. L’EPCI a des modèles.

Et le tout, comme naguère, au nom de valeurs suprêmes qui transcendent la démocratie. Au nom d’une « nécessité légitime, conforme à son identité », l’identité, le « socle qui nous unit », les frontières sacrées, un destin partagé. Comment les élus républicains qui menaient hier le combat contre le repli identitaire se sont-ils inclinés sans livrer bataille ? Nous aurions dû le prévoir. Ils oublient leur écharpe tricolore lorsqu’ils participent à des manifestations de Batera ou pour les prisonniers basques.

Je croyais vivre dans un pays en paix. J’en doute, quand j’entends EHBai et des élus modérés déclarer que l’EPCI fait partie du processus de paix, que si ses adversaires l’emportent, ils seront responsables d’une reprise de la violence armée. Les plus doux des partisans de l’EPCI laissent dire. Batera, Enbata, le conseil des élus, courbent le dos devant un monstrueux chantage qui devrait provoquer une sainte colère démocratique.

Pourquoi, comment ?  Peu importe. Fou qui joue avec le feu. Fou qui ne voit pas l’incandescence d’une carte de géographie. Fou qui détourne les yeux de notre monde et pense que nous sommes à l’abri, protégés des dérives identitaires, des préférences territoriales.

Pour le préfet, l’EPCI n’est pas une étape mais un point d’arrivée. Il ne croit pas à l’intercommunalité comme point d’appui pour après. « C’est même insultant pour les Basques, ce serait douter de leur patriotisme ». Mettez-vous d’accord. C’est une étape ou pas. Et si oui, ne étape vers quoi ?  

Tous les jours, vous donnez la réponse. Amaia Fontang déclare que l’EPCI est une « première étape » et que cette institution permettra de lutte contre les violences faites aux femmes. (Personne n’avait besoin de l’EPCI pour condamner l’assassinat de Yoyès). Dominka Daguerre : l’EPCI sera un lieu de négociations collectives. Ni la lutte contre les violences machistes ni les négociations collectives ne font partie des compétences de l’intercommunalité. Alors ma première question : pour Batera comme pour d’autres partisans de l’EPCI, c’est une « première étape ». Vers quoi ? Dans la perspective de Batera, il s’agit graduellement d’accorder à Iparralde des compétences chaque fois plus étendues : justice, économie, éducation jusqu’à faire du pays Basque un territoire séparé de la République. Jusqu’où ? Une assemblée élue au suffrage universel… une monnaie locale, l’eusko, l’officialisation de la langue basque, une université de plein exercice, des chants patriotiques à la place de la Marseillaise. Et pourquoi pas une carte d’identité qui exclura du droit de vote les touristes ?

         Vous vivez dans un pays Basque ouvert aux vents du large, vous voulez l’enfermer dans une cage administrative. Regardez autour de vous. Dans trois pays celtes gaélophones, seule l’Irlande a fait du gaélique une langue officielle. Où les locuteurs sont-ils les plus nombreux : là où elle n’est pas langue officielle. On parle plus gaélique en Ecosse et en Bretagne qu’en Irlande. La langue celte s’étiole en Irlande, devenu latin pour concours administratif. Vous voulez une université de plein droit : comme à Corte, qu’un recrutement local et patriote condamne à végéter ? Où 98% des étudiants votent pour des listes nationalistes ? Où l’université a connu deux journées « université morte » bloqué les cours par soutien aux supporters de foot ? L’excellence d’Estia tisse des liens avec Bordeaux et avec l’Europe, pas avec Vittoria. C’est dans la compétition avec le Big festival que le rock basque se développe, dans la compétition avec festival latino et FIPA que les films bascophones sont tournés, dans la compétition avec l’anglais et l’espagnol que s’ouvrent des ikastola. Toute cette richesse, vous voulez la mettre en cage ? Vous voulez remplacer la richesse militante par des privilèges administratifs ?

         Je suis inquiet. Je ne vois aucun exemple autour de moi où une confusion entre gouvernement et identité n’ait conduit à des dérives. Si vous tapez EPCI sur Google, vous avez « établissement public corse ». à juste titre. C’est votre avenir. L’ikurina brandi, la demande d’amnistie pour les prisonniers basques, l’inscription du basque dans les concours administratifs.

Je vivais dans un pays Basque sans frontière, respectueux des différences. Je dois m’habituer à vivre dans un territoire sacré, devenir héritier d’un destin partagé.

Le nationalisme a ceci de particulier qu’il considère qu’il n’y a qu’une seule manière d’aimer son pays. La sienne. Toutes les autres sont le fait d’étrangers. Pas de vrais basques. Ces étrangers, on les appelait West Britons en Irlande, des West british comme Oscar Wilde, Bernard Shaw, Joyce, Yeats, Beckett…Au pays Basque, on les appelle des espagnolistes. À Biarritz, les biarrisiens. Le clivage n’est pas pour demain. Il existe déjà, il divise les partis traditionnels, il soude les patriotes. Vous êtes tous gentils et tolérants et me promettez un avenir radieux. Parce que vous être gentils et tolérants, vous serez les premières victimes du golem que vous mettez en place. Vous serez balayés par les purs et durs, par les anciens prisonniers qui paradent sur les estrades.

Je vous remercie de m’avoir écouté. Je n’ai pour le moment qu’un souhait. Je vais glisser le texte que je viens de lire sur mon blog. Je vous demande de le relire dans quelques années si l’EPCI se met en place.

mardi 8 mars 2016

qu'est-ce qu'un Basque?


Sale coup, avis de tempête. Les universités réclamaient leur autonomie et finirent par l’obtenir. Terminé les manifestations au rectorat pour boucler le budget. Il fallut se mettre à compter. Au pays Basque c’est pareil. Pendant des dizaines d’années, des mouvements autonomistes ou indépendantistes réclamaient une structure administrative correspondant aux frontières que l’histoire a tracées. Un département, un pays. Une première étape vers la réunification d’un pays Basque tronçonné Espagne et France. Les gouvernements, gauche et droite disaient non, non non. Quand c’est non, c’est non. Le pays Basque était animé par des manifestations, des pétitions, des congrès, des conseils, des animations. Les choses étaient claires : à la question qu’est-ce qu’être basque ? on répondait : c’est demander un pays basque, un département, un Biltzar. Maintenant, se profile à l’horizon un regroupement de toutes les communes du pays Basque doté de compétences, d’un budget, de responsabilités. Ce n’est pas ça qu’on demandait. On demandait seulement de pouvoir continuer à demander, afin de pouvoir répondre clairement à la question qu’est-ce qu’un Basque ? C’est quelqu’un qui demande ce que nous avons obtenu. Mais une fois qu’on l’a obtenu, quelle est la réponse ?

Une fois qu’on aura mis en place une intercommunalité de 158 communes, un conseil de 250 personnes, un exécutif d’une cinquantaine,  vous imaginez demain, quelqu’un vous demande qu’est-ce qu’un Basque, c’est quelqu’un qui habite dans un regroupement intercommunal de 158 communes dirigé par un conseil de 250 personnes. C’est franchement ridicule.

mardi 1 mars 2016

pour libérer les prisonniers


Colette Capdevielle et Sylviane Alaux, élues socialistes nuance abertzale ne cessent pas leur campagne pour la libération des prisonniers basques malades et pour leur rapprochement de leur famille. Elles continuent de militer aussi pour une intercommunalité basque. Quand Colette Capdevielle est allée visiter Lorenxa Guimon dans sa cellule, elle a constaté que la prisonnière était malade mais « n’a pas discuté sur le fond ». Ce fut une visite humanitaire.

Si nos deux élues souhaitent la libération ou l’amnistie pour les prisonniers basques, je leur conseille de traverser la frontière et de jeter un coup d’œil sur l’accord du 12 janvier dernier qui a permis la libération de 35 militants indépendantistes, dont Aurore Martin. Cet accord est un document signé par les 35 prisonniers, les juges espagnols et deux associations de victimes. Dans cet accord, les militants basques doivent assumer leur responsabilité dans la stratégie politique de l’ETA et accepter une « réinsertion individuelle ». Ils s’engagent à renoncer à toute activité en lien avec l’emploi de la violence, en souhaitant que cette reconnaissance contribue à la réparation des dommages et des souffrances causées aux victimes de l’ETA. Ils admettent avoir apporté leur contribution la démarche globale de l’ETA. En somme ils doivent cautionner la thèse du juge Garzon selon laquelle « todo es ETA » qui a permis de condamner de nombreux indépendantistes.

Cet accord est condamné par de nombreux indépendantistes, prisonniers ou militants. Mais si nos élues socialistes le portaient à la connaissance des prisonniers basques en France, elles pourraient peut-être contribuer à leur libération.