samedi 31 décembre 2016

la boue


Un journaliste retraité à Biarritz, M. Viollier, déverse dans son site des informations glauques sur la vie municipale. Les micros traînent dans les poubelles, les élus sont cocus ou manipulateurs, le langage est ordurier, le maire veut casser un élu, le maire menace, il méprise. Bruits de chiotte et chasse d’eau.

Dans le genre, le style me rappelle Donald Trump, ses insultes sexistes, racistes, ses menaces.

Pourquoi ça te dérange ? Il dit des choses vraies ou pas ? Ça me dérange parce qu’il y a dans ces ricanantes dénonciations un abaissement de la vie politique.

Que les citoyens discutent des orientations prises par les gestionnaires de la ville, c’est une nécessité démocratique. Qui transforme la vie politique en théâtre de foire participe à la dévaluation de l’engagement citoyen.

Que M. Viollier se vautre régulièrement dans la boue est son droit. Qu’il trouve un public est mon inquiétude.

silence sur les crimes


Maurice Failevic, réalisateur de télévision, communiste. Je l’ai bien connu. Il a réalisé, avec un autre journaliste communiste, Marcel Trillat, un documentaire sur l’Histoire du communisme (2011). Comme ils étaient sympathiques, comme nous étions sympathiques, chaleureux, engagés, ouverts.
Un oubli, dans le film, un détail. Nous étions complices de l’un deux grands systèmes d’asservissement et d’extermination des peuples. Ni lui ni Trillat n’ont pu se résoudre à le dire   . Trop difficile. Mais se taire contribue à la survie des monstres.

jeudi 29 décembre 2016

eta: pas encore waterloo, juste la bérézina


Ce n’est pas encore Waterloo, juste la Bérézina.

 

Le collectif des prisonniers basques n’avait pas du tout apprécié la déclaration d’Aurore Martin qui a obtenu sa libération en condamnant la violence politique et en s’engageant à y renoncer. Aujourd’hui, le collectif considère que « le temps de la résistance » est terminé. Pendant quarante ans, le collectif expulsait de ses rangs qui demandait des mesures individuelles en échange du même engagement qu’Aurore Martin. Un petit groupe continue à réclamer une amnistie générale, toute autre position étant considérée comme une capitulation.

Ces discussions n’ont jamais cessé à l’intérieur de l’ETA depuis la mort de Franco. Elle témoigne d’une organisation divisée, incapable de battre en retraite en bon ordre.

Plus surprenant est le comportement des partis et des élus pourtant éloignés de l’ETA et qui continuent de s’aligner sur les dernières décisions de l’organisation terroriste. Elle demande l’amnistie, ils demandent l’amnistie, le rapprochement collectif des prisonniers, ils s’alignent, elle choisit son mode de désarmement, ils s’alignent. Aujourd’hui, vont-ils s’aligner sur ceux qui renoncent à la « résistance » ou sur les plus durs ?

Il faut poser la question à Max Brisson, Michel Veunac, Sylviane Alaux, Colette Capdevielle et Frédérique Espagnac… Ils étaient tous ensemble derrière la banderole pour libérer Aurore Martin. Aucun n’a envoyé un message de félicitation pour saluer sa libération, comme s’ils la regrettaient, comme les plus «durs » du collectif des prisonniers.

 

 

lundi 26 décembre 2016

une période lumineuse


Quand le chômage recule, le déficit se réduit, la sécu se porte mieux, les plus démunis accèdent à la santé, quand les responsables d’une politique qui a protégé le budget de la nation et la protection sociale sont soumis à un tir nourri de critiques au point où ils n’osent plus défendre leur bilan.

Quand le président renonce à se présenter parce qu’il est lâché de toutes parts. Quand les candidats de gauche aux élections présidentielles sont plus critiques de leur camp que de la droite revancharde.

Quand les plus lucides, Delanoë ou Le Foll, ont des doutes sur la capacité des candidats de gauche à gouverner. Quand les candidats de gauche ont déjà renoncé à la victoire et ne se battent plus que pour une médaille de bronze.

Quand au Pays Basque les élues de cette majorité se tournent vers le territoire car en période de difficulté, seul le territoire ne ment pas.

Quand des monstres grotesques comme Poutine, Boris Johnson, Trump, Beppe Grillo, remplacent Gorbatchov, Mario Renzi, Barak Obama, François Hollande.

Quand Zemmour, Onfray, Solal, sont pris pour des penseurs.

Quand tout s’écroule ainsi s’ouvre une période lumineuse où le salut ne va pas tomber d’un ciel vide, mais où tout dépend de chacun d’entre nous. Personne ne pense plus à notre place, personne n’agit plus à notre place. Nous voici redevenus citoyens comme rarement dans l’histoire d’une vie.

dimanche 25 décembre 2016

à mes amis qui ne comprennent pas


À mes amis qui ne comprennent pas.



Imaginez qu’en France, à la libération, en 1945, des mouvements de résistance refusent de rendre les armes aux autorités constituées  parce que la révolution était inachevée et qu’ils ne voyaient pas de différence fondamentale entre l’occupation nazie et l’occupation américaine. De 1945 jusqu’en 2011, ces mouvements auraient maintenu en France une terreur continue, assassinant des gendarmes, des députés, des conseillers municipaux. Environ vingt-cinq mille morts, sans compter les blessés et les dégâts matériels. Imaginez qu’en 2011, ces terroristes décident de cesser le feu, mais n’acceptent pas de se dissoudre. Puis au bout de cinq ans, qu’ils veulent bien rendre les armes, mais pas à la police, pas aux gendarmes, uniquement à des intermédiaires choisis par eux.

Vous avez du mal à imaginer ? On le comprend. Pourtant, c’est l’histoire du Pays Basque. L’ETA n’a pas voulu comprendre en 1975 que la mort de Franco transformait l’Espagne en pays démocratique et a continué sa campagne de guérilla qui s’est transformée en longue nuit de terreur. 850 morts pour deux millions d’habitants, sans compter les blessés et les dégâts matériels. En 2011, l’ETA décide de cesser le feu, mais n’accepte pas de se dissoudre. Au bout de cinq ans, elle accepte de rendre les armes, mais uniquement à des intermédiaires choisis par elle.

Que des mouvements terroristes en soins palliatifs recherchent une fin moins déshonorante, c’est normal. Qu’ils trouvent des alliés comme s’ils étaient des délinquants en recherche de réinsertion est plus surprenant.





À mes amis qui ne comprennent pas.



Imaginez qu’en France, à la libération, en 1945, des mouvements de résistance refusent de rendre les armes aux autorités constituées  parce que la révolution était inachevée et qu’ils ne voyaient pas de différence fondamentale entre l’occupation nazie et l’occupation américaine. De 1945 jusqu’en 2011, ces mouvements auraient maintenu en France une terreur continue, assassinant des gendarmes, des députés, des conseillers municipaux. Environ vingt-cinq mille morts, sans compter les blessés et les dégâts matériels. Imaginez qu’en 2011, ces terroristes décident de cesser le feu, mais n’acceptent pas de se dissoudre. Puis au bout de cinq ans, qu’ils veulent bien rendre les armes, mais pas à la police, pas aux gendarmes, uniquement à des intermédiaires choisis par eux.

Vous avez du mal à imaginer ? On le comprend. Pourtant, c’est l’histoire du Pays Basque. L’ETA n’a pas voulu comprendre en 1975 que la mort de Franco transformait l’Espagne en pays démocratique et a continué sa campagne de guérilla qui s’est transformée en longue nuit de terreur. 850 morts pour deux millions d’habitants, sans compter les blessés et les dégâts matériels. En 2011, l’ETA décide de cesser le feu, mais n’accepte pas de se dissoudre. Au bout de cinq ans, elle accepte de rendre les armes, mais uniquement à des intermédiaires choisis par elle.

Que des mouvements terroristes en soins palliatifs recherchent une fin moins déshonorante, c’est normal. Qu’ils trouvent des alliés comme s’ils étaient des délinquants en recherche de réinsertion est plus surprenant.




vendredi 23 décembre 2016

ETA et Iparretarrak


ETA et Iparretarrak

Iparretarrak (l’ETA du Nord) a cessé ses activités militaires en 2003. Il n’y a pas eu de contorsions, de mise en scène, d’interventions de la société civile. Les cagoules ont été ôtées, les armes enterrées, l’organisation terroriste s’est dissoute. Jamais il n’y eut d’accusation contre le gouvernement français, jamais Iparretarrak n’a dit « le gouvernement français nous empêche de désarmer ». Ils ont désarmé et dissous leur organisation sans demander la permission à personne. D’Iparretarrak il reste quelques morts oubliés, quelques prisonniers libérés qui font carrière dans la nostalgie, un documentaire qui leur donne la parole. Les abertzale leur rendent parfois visite comme on visite le Musée Grévin.

Ce qui fut possible pour Iparretarrak ne l’est pas semble-t-il pour ETA. Pourquoi ?

Premier élément de réflexion. Iparretarrak s’est constitué contre la volonté de l’ETA côté espagnol qui souhaitait conserver le Pays Basque français comme base arrière où l’on pouvait trouver le repos, des soins médicaux, des maisons hospitalières, sans être trop harcelée par les forces de l’ordre. Mais les patriotes basques du Nord grommelaient : pourquoi n’avons-nous pas le droit de faire joujou avec les armes et les explosifs ? Pourquoi ce sont toujours les mêmes qu’on emprisonne, qu’on célèbre, pourquoi ce sont les mêmes portraits de martyrs ou de prisonniers sur les murs ?  Ils voulaient leur part du panthéon. Quelques morts plus tard, quelques emprisonnements célébrés, ils semblent satisfaits. Mais ils n’ont jamais réussi à se placer au centre comme leurs co-terroristes du sud. Jamais ils ne réussirent à terrifier la société basque du Nord, les élus n’ont jamais eu besoin de gardes du corps, on pouvait discuter tranquillement, à haute voix, dans les cafés et les lieux publics, les chercheurs, les intellectuels, les hommes politiques pouvaient organiser des colloques sans crainte d’être harcelés ou éliminés. Au Pays Basque sud, dans les années sombres, on chuchotait, on surveillait son vocabulaire, on se donnait rendez-vous dans un jardin public.

Une société terrorisée n’a guère de tendresse à l’égard des terroriseurs. Jusqu’au cessez-le-feu de l’ETA espagnole, l’objectif central de la vie politique au Pays Basque était la fin de l’épouvante. Les assassinats étaient suivis de manifestation contre les etarras, pour la paix. Les principaux partis politiques condamnaient la terreur armée et applaudissaient les arrestations. Les victimes de l’ETA et leurs proches s’organisaient en associations de victimes du terrorisme (AVT). La société basque espagnole n’est pas disposée à aider l’ETA à sortir de son impasse au cours d’une grande cérémonie au drapeau. En ce mois de décembre 2016, l’AVT a reçu avec chaleur la juge Laurence Le Vert, qui vient de prendre sa retraite après avoir passé quarante ans de sa carrière professionnelle à pourchasser les terroristes basques. Les victimes l’ont chaleureusement félicitée pour son efficacité. On attendra encore longtemps une visite de Laurence Le Vert à Bayonne ou à Biarritz. Elle a pourtant contribué à nous protéger autant qu’elle a contribué à pacifier le Sud.

Les etarras d’Iparretarrak n’ont jamais réussi à terroriser la société basque française. Pas assez nombreux, pas assez déterminés, pas assez soutenus. Ils ont rarement tué et se sont contentés de faire sauter ici une agence immobilière, là un Macdo, avec des bouteilles à gaz. Pour la majorité des habitants et des touristes, la vie continuait. Moins de terreur, moins de haine. Les victoires du BO et quelques vitrines brisées occupaient les informations de la semaine.

Comme le ressentiment est moins fort, il est possible d’expérimenter au Pays Basque français des formes de reddition qui sont difficiles, voire impossible au Sud. On n’imagine pas au Sud des échanges de correspondance entre des militants de bonne volonté pour permettre à l’ETA de rendre les armes honorablement. On n’imagine pas que les responsables politiques du Parti populaire, du Parti socialiste manifestent côte à côte avec Otegi et les anciens etarras. Il n’y a pas d’association de victimes au Pays Basque français. C’est qu’il y a eu là-bas huit cents morts, des kidnappings, des tortures, des extorsions, des règlements de compte. Mais maintenant que les faiseurs de paix ont montré leur savoir-faire, aussitôt, dans le Sud, les soutiens de l’ETA ont sauté sur l’occasion et se sont réunis pour clamer : faisons la même chose au Pays Basque sud. Les événements de Louhossa sont une étape des efforts des terroristes pour se réinsérer sans payer le prix politique de leurs crimes.




mercredi 21 décembre 2016

il est né le divin pays


 

Il est né le divin pays.

 

Voici le Pays Basque rêvé. Les élus de tous les partis, républicains ou nationalistes, les associations, les syndicats, tout le monde est dans la rue, l’union sacrée, l’unanimité. Comment ne pas participer à la solidarité pour des faiseurs de paix ? Des militants de bonne volonté ? Le mouvement est unanime, le Pays Basque est réuni, les Rois Mages ont apporté leur soutien à la crèche de Louhossoa, ils ont déposé des armes à feu et des explosifs dans le berceau du Petit Jésus. Miracle de Noël. Tout le monde est d’accord. Les Romains ont interpellé les Rois mages pour transport d’armes, mais ils ont dû les relâcher car les armes étaient en fait des offrandes à Jésus.

Dans ce Pays Basque plus unifié que Cuba le jour des obsèques de Fidel, personne n’ose émettre un avis différent. Le silence règne. Des opinions diverses se chuchotent, à l’abri.

Voici le Pays Basque rêvé par tous les patriotes : une seule voix, une seule opinion, un seul message, une seule chanson, une seule vérité.

 

 

lundi 19 décembre 2016

au dela des Pyrénéés.


         Dans un entretien à la radio Euskadi,  le président du gouvernement basque (membre du PNV), à propos des événements de Louhossoa : « il est clair que l’ETA veut mener son processus de paix de manière unilatérale, alors que ce processus nécessite des garanties. Il ne s’agit pas simplement de laisser les armes et de les détruire, mais de savoir comment elles sont détruites et à quoi elles ont été utilisées. Dans les communiqués de l’ETA, « nous avons reçu maintes fois du mépris ». Un processus de paix a aussi des liens avec la mémoire et la justice et pour cela, les institutions, le gouvernement et l’exécutif, doivent en être les garantes parce qu’il y a une législation dont il faut tenir compte. « Ce que l’on observe avec des événements comme celui de vendredi dernier est que la proposition de l’exécutif est sans cesse méprisée. ».


Le PNV ce n’est pas le gouvernement socialiste, ce n’est pas Bruno Leroux, ni Rajoy. Écoutez ce qu’il dit sur les événements de Louhossoa. Loin du tumulte du Pays Basque français. Pourquoi cette différence ? Parce que la majorité des crimes s’est perpétrée au Pays Basque espagnol, tandis que le Pays Basque français était relativement à l’abri. Après s’être tu assez honteusement sur l’assassinat des élus basques en Espagne, nos élus français endossent l’habit de missionnaires de paix. Un peu tard. J’aurais aimé qu’ils prennent la parole quand l’ETA terrorisait la société basque, qu’ils participent à des manifestations contre la terreur.

boulevard du crépuscule


(Ce que vous lisez est le fruit d’un parti pris sans nuance contre les avant-gardes armées qui règlent les différents politiques à coups de pistolet ou de dynamite)

Quand Franco est mort, la société espagnole est devenue une société de droit et rien ne justifiait plus l’emploi des armes. Ceux qui ne désarmèrent pas devaient justifier cette violence en montrant que rien n’avait changé, que le Pays Basque était occupé par deux impérialismes, espagnol et français.

Pour justifier l’injustifiable, les modèles sont classiques. La preuve que les mercenaires de la nation étaient dans leur droit c’est que l’état qu’ils combattaient les emprisonnait. La prison était la preuve. Et de la prison, ils n’avaient pas le droit de sortir. Traitement scandaleux. Parfois, l’état utilisait les mêmes moyens qu’eux (les GAL). La différence, voyez-vous, c’est que jamais Sylviane Alaux ou Max Brisson n’a manifesté pour la libération d’un ancien du GAL.

Parfois la veuve d’un gendarme, le fils d’un conseiller municipal, la mère d’un entrepreneur levait la main et disait qu’ils portaient le deuil d’un époux, d’un père, d’un fils, mais ces endeuillés étaient dénoncés comme traîtres à la patrie sacrée. On les chassait du quartier, ces gêneurs, aussi scandaleux qu’un pyjama rayé dans une pension pour nazis en cavale.

Aujourd’hui, ces voyous ont arrêté leurs tueries. Ils voudraient continuer à nous faire croire qu’ils avaient raison de massacrer. Qu’ils étaient des victimes et non pas des assassins. Dès qu’un emprisonné est malade, ils réclament sa libération. Parfois ils font la grève de la faim ce qui les rend très malade et ils réclament la libération. Ils dénoncent les mauvais traitements et chassent de leurs souvenirs la veuve, le fils, le père qu’ils avaient éliminés au nom d’un mépris sacré de la démocratie.

Le dernier avatar dépasse les limites du grotesque. Ils ont arrêté leurs crimes depuis 2011. Pour que cet arrêt soit crédible, il faut deux choses : qu’ils restituent les  armes et qu’ils dissolvent leur armée. Ils n’ont pas dissous l’ETA. Pour rendre les armes, ils minaudent, ils gesticulent, ils font des grimaces autant qu’une ancienne star qui ne se résout pas à la retraite. Repassez-vous Sunset Boulevard et vous verrez comme il est douloureux de renoncer aux projecteurs.

        Fait partie de ces minauderies le dernier épisode. L’ETA cagoulé déclare qu’elle veut bien remettre les armes, mais pas à n’importe qui. Ça ressemblerait trop à une réédition. Effectivement, rendre les armes, pour que ça ne soit pas une reddition, c’est compliqué. Alors des gens de bonne volonté, auto-proclamés faiseurs de paix, proposent à l’ETA de leur confier les armes, ils se chargeraient de les neutraliser. L’ETA dit banco, on est d’accord. On a un dépôt d’armes dans un petit village pas loin de Bayonne, voici l’adresse, venez avec vos outils à neutraliser. Le jour dit, l’ETA téléphone à la police : allez voir à telle adresse, vous y trouverez un dépôt d’armes. La police se rend à l’adresse, trouve le dépôt d’armes avec les démineurs de Noël et arrête tout le monde au nom des lois antiterroristes.

        Aussitôt, l’ETA encore maquillée dénonce le coup de force de la police : vous voyez, on allait désarmer grâce aux pieds nickelés coopératifs, et l’état nous empêche de désarmer. Non seulement ils nous empêchent de désarmer, mais ils arrêtent ceux qui voulaient nous aider à désarmer. Nous on veut bien, mais ils ne veulent pas.

        Des élus éperdus d’admiration devant ce spectacle applaudissent et demandent que les pieds nickelés puissent passer Noël en famille.

 

samedi 17 décembre 2016

les idiots utiles


Vendredi 16 décembre 2016, la police française et espagnole ont interpellé plusieurs personnes et saisi des armes à Bayonne. D’après Michel Tubiana, président d’honneur de la ligue des droits de l’homme, ces « personnalités » n’étaient pas membres de l’ETA, mais des représentants de « la société civile » qui devaient détruire une cache d’armes. En accord avec l’ETA. Parmi les arrêtés, Jean Noêl Etxeverry (militant abertzale), Mixel Berhocoirigoin (du syndicat agricole basque). Que faisaient ces personnes face à une cache d’armes ? Elles étaient en train de la « démanteler » au nom de la société civile, avec la permission de l’ETA. L’ETA avait accédé à leur demande de démanteler un dépôt d’armes dans un courrier sous le logo traditionnel : la hache et le serpent entremêlé. La hache, c’est la violence armée, le serpent, c’est la ruse. Là j’imagine, il devait s’agir du serpent.

Je suis civil, Membre de la société civile. J’écris à l’ETA, la hache, pour que le serpent me laisse démanteler une partie de l’arsenal militaire. L’ETA  me dit d’accord, on veut bien vous confier le démantèlement de notre arsenal. À une condition : qu’il n’y ait pas de « gagnants ou de perdants ». On vous donne l’adresse, vous démantelez. Je me trouve devant des armes et des explosifs. Qu’est-ce que je fais ? Je démantèle. Pendant que j’étais en train de démanteler, la police arrive et me demande pourquoi je n’ai pas appelé la police devant cette cache d’armes. Je réponds, parce que l’ETA m’a demandé de démanteler. Ils rigolent et m’envoient à Paris, au service de lutte anti-terroriste.

Ils étaient muets comme des carpes quand les élus espagnols se faisaient torturer et assassiner par les terroristes de l’ETA. Les journalistes mutilés, les universitaires étaient menacés, devaient s’exiler, mais Frédérique Espagnac, Max Brisson, José Bové, étaient muets, et les voilà qui se réveillent, protestent, s’indignent. Ils vont manifester pour des terroristes, sans honte et sans écharpe tricolore.

Puisque la situation l’exige, répétons encore une fois les questions politiques posées par ces pantalonnades. L’ETA a maintenu le Pays Basque dans la terreur pendant deux générations. Elle a officiellement cessé le feu depuis 2011. Les objectifs de la lutte armée étaient un Pays Basque réunifié, indépendant et socialiste. Le Pays Basque n’est pas réunifié, il n’est pas indépendant, il n’est pas socialiste. Aucun de ces objectifs n’est atteint. Comment transformer une défaite en victoire, comment faire pour qu’il n’y ait pas de gagnants et de perdants, selon les termes de l’ETA ? En transformant les terroristes en héros, applaudis dans les réunions, portés en triomphe, accueillis par des manifestations.  

On comprend aisément que pour les etarras libres ou libérés, huit cents morts, des milliers d’années de prison, pour rien, pour une légion d’honneur ou une voiture de fonction, c’est trop cher payé. C’est leur problème. Mais que des personnes de bonne volonté, de la « société civile », participent à la légitimation de la lutte armée me semble stupéfiant. La hache est enterrée, reste le serpent et la ruse semble d’une redoutable efficacité.






vendredi 16 décembre 2016

parlez vous epci?


Parlez-vous EPCI ?



Depuis qu’une majorité de conseillers municipaux ont déterré un parchemin qui légitime l’indépendance du Pays Basque (voir le texte de ce document sous le titre EPCI) au nord de la Bidassoa, la fièvre identitaire agite les 158 communes du nouveau regroupement communal.

Pendant que dans le pays qu’ils viennent de quitter se préparent des élections législatives et présidentielles qui décideront du sort de la France, solidarité contre égoïsme, ouverture ou fermeture au monde, assurances privées contre sécurité sociale, mixité sociale ou ghetto doré, les élus sortants sont déjà loin, ils mettent en place les nouvelles institutions du Pimlico basque. Ils ne veulent plus entendre parler ou donner un avis sur une politique nationale Quand on dit Président, ils disent lehendakari, quand on dit politique scolaire, ils disent ikastola.

Pas complétement fous, ils se sont d’abord assuré que les cagnottes municipales n’iraient pas se diluer dans le nouveau pays et les ont mises à l’abri.

Aujourd’hui, fin de l’année 2016, chaque conseil municipal vote sa représentation au sein d’un comité de pilotage. Les familles politiques se sont divisées sur l’EPCI, elles se déchirent à nouveau sur son exécutif. Donc, à Bayonne, à Anglet, à Biarritz, à Bidart, les radicaux d’EH bai s’allient à la droite conservatrice pour avoir des représentants. Dans d’autres municipalités, les socialistes se divisent et s’excluent mutuellement.

Ce qui est compliqué, c’est que le parchemin retrouvé par les archéologues  avait prévu une représentation de chaque commune à l’époque où la côte basque ne s’était pas encore développée. Le principe d’une commune, un représentant, était juste à l’époque glaciaire. Aujourd’hui, avec le développement des villes côtières, les deux tiers de la population basque urbaine ont un tiers de représentants dans le nouveau regroupement. Les partisans de l’EPCI n’étaient pas mécontents : enfin, le Pays Basque authentique allait arracher le pouvoir aux riches touristes de la côte. Pour calmer les opposants, ils promirent malgré tout un comité de pilotage rééquilibré. Alors que les petites communes seraient représentées par leur maire, dans les communes plus peuplées, il y aurait plusieurs représentants. Ces représentants sont élus par les conseils municipaux. Chacun veut en faire partie, d’où les passionnantes discussions et les riches débats dont la presse se fait l’écho dans d’illisibles compte-rendus.


jeudi 15 décembre 2016

on a l'âge de...


On a l’âge de…

        Selon la sagesse populaire, on a l’âge de ses artères. C’est idiot. On aurait l’âge de ce qui va mal. Pourquoi n’aurait-on pas l’âge de ce qui va bien ? Par exemple, si je disais « on a l’âge de ses articulations », ce serait une catastrophe, je me flinguerais tout de suite. Donc je choisis d’avoir l’âge de mes poumons, qui se portent bien. Puis, selon les évolutions, si mes poumons se détériorent, j’aurais l’âge de mon cœur, ensuite l’âge de mes yeux, ou de mes oreilles, l’âge de ma tête, l’âge de mon estomac. Il restera jusqu’à la fin un organe, un système, qui fonctionnera et qui me permettra de mourir jeune et en bonne santé.

mardi 13 décembre 2016

terrain commun


Dix personnes, anciens communistes devenus réformistes de gauche, autour de la table. Huit  sont allés voter aux primaires de la droite, pour Juppé, au premier et au second tour. Si la gauche ne s'&était pas déplacée, combien aurait-il  récolté ? Que des personnes de gauche interviennent dans les primaires de droite est signé de santé, la politique n'est pas une guerre civile, la France n'est pas divisée en deux camps irréconciliables. Il existe un terrain commun entre les citoyens de droite et de gauche qui souhaitent une société apaisée. Une partie de la gauche (radicale), pensent que ce terrain commun n'existe pas. Une partie de la droite pense comme eux. Avec ceux qui raisonnent en termes de guerre civile, pas de terrain commun. Pour le moment, ils sont minoritaires, malheur à nous s'ils deviennent majoritaires. 

C'est mieux ici


Vus le film roumain baccalauréat. La corruption partout, la tristesse et la grisaille. Vu le film israélien Tikkun. Les hassidiques sont tristes et désespérés. Lus une enquête sur les jeunes européens. Dont les jeunes français. De 17 à 35 ans. 85% sont contents, heureux de vivre. Les emplois précaires ne leur font pas peur. Plutôt changer de travail que de s'emmerder toute une vie dans le même emploi. Se confirme que les sociétés européennes et française où nous vivons sont attrayantes et que la majorité est heureuse de vivre ici et pas ailleurs.

jeudi 8 décembre 2016

Marine plus forte que Pétain


Marine Le Pen est pour la fin de la scolarisation des enfants de clandestins.

Moi, pendant la guerre, je portais l’étoile jaune, mes parents étaient réfugiés, on ne peut plus clandestins, mais j’avais le droit d’aller à l’école. Heureusement, Marine le Pen n’était pas au pouvoir, c’était juste le maréchal Pétain.

Il paraît que le FN se civilise, se dédiabolise. Comment c’était avant ?

mercredi 7 décembre 2016

la campagne électorale est ouverte


La campagne électorale est ouverte.



Anne Hidalgo réagit au pic de pollution à Paris par la circulation alternée. Les dégâts sanitaires d’une telle pollution sont sérieux, prouvés, déplorés.

Les transporteurs hurlent parce qu’ils ne pourront pas livrer les cadeaux de Noël à temps. Les parents hurlent parce qu’ils ne pourront pas déposer leur garçonnet asthmatique à l’école.

Les maladies dues à la pollution se déclarent plusieurs années plus tard, bien après les prochaines échéances électorales. La présidente LR de l’Île-de-France, Valérie Pécresse hurle avec les loups et reproche à la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo de prendre des mesures de bien public dont les effets sont lointains et invisibles, car une absence d’asthme, une non-déclaration de cancer du poumon, sont moins spectaculaires qu’un embouteillage. Ajoutons que le candidat de Valérie Pécresse aux présidentielles est un fan de formule 1 et tout ce qui réduit la vitesse des automobiles le hérisse.

Si j’ai vécu aussi longtemps, c’est grâce à Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo. Quand Chirac était maire de Paris, je n’arrêtais pas de tousser. Avec Fillon aux commandes, ma bronchite va revenir et les soins ne seront même pas remboursés.














mélanges


La star arrive à la dernière marche du tapis rouge et se tourne vers les journalistes : « L’ai-je bien descendu ? »

Yoyès est par terre dans une mare de sang. L’etarra range son pistolet. Il se tourne vers ses camarades : « L’ai-je bien descendue ? ».

Mélenchon, Montebourg, Lienemann, Hamon et les députés frondeurs écoutent l’allocution du président renonçant à se présenter aux primaires. Ils se tournent vers le peuple de gauche : « L’avons-nous bien descendu ? ».

lundi 5 décembre 2016

reconversion


Ségolène Royal a respiré à Cuba l’air de la liberté. Elle représentait la France aux obsèques de Fidel Castro. Personne ne l’obligeait à exprimer de telles monstruosités. Pourquoi ?

Je n’ai trouvé qu’une seule explication. Dans ces temps orageux et incertains, Ségolène Royal cherche une porte de sortie. Elle est tentée par le poste de Ministre des Affaires étrangères de Jean-Luc Mélenchon.

vendredi 2 décembre 2016

un terrain peut en cacher un autre


Attention : Un terrain peut en cacher un autre.

Vous n’allez pas me croire. J’hésite à poursuivre, à l’invraisemblable nul n’est tenu. Vous avez le droit de mettre en doute.

Hier, vendredi 2 décembre, le lendemain du jeudi 1 décembre, du jour où François Hollande a renoncé à se présenter. On ne parle que de ça. À Saint-Jean-de Luz, la candidate Sylviane Alaux, députée socialiste sortante, présente sa candidature aux socialistes de la sixième circonscription des Pyrénées –Atlantiques. Mes amis m’envient : une réunion des socialistes le lendemain du renoncement du président, ça va être passionnant.

La candidate socialiste est une députée du terrain. Elle se déplace dans les réunions des associations, elle connaît les maires et les curés. Elle a sauvé une entreprise du territoire. Le compte-rendu se déroule, la réunion a commencé à 19 heures, il est 19 heures 40. La parole est au suppléant qui se présente, c’est aussi un homme de terrain. Il est vingt heures. Le nom de François Hollande n’a pas été prononcé. Les présents savent que Sylviane Alaux a voté la dernière motion de censure,  pourquoi ? Ils ne sauront pas. Qui va-t-elle soutenir pour les primaires ? Silence. La candidate est une députée du territoire, pas une députée de la république. Il paraît qu’elle soutient la motion B, mais c’est une rumeur qui ne sera pas répétée ce soir-là.

Sylvaine Alaux est une députée du territoire et du terrain, les mots sont répétés mille fois. Ce qui se passe au –delà du territoire ne la concerne pas. François Hollande ne se présente pas ? Ce n’est pas une nouvelle du terrain. Le Brexit ? Pas une nouvelle du terrain. L’élection de Trump ? Le referendum en Italie, la menace d’un président néo-nazi en Autriche ? Pas le territoire. Le succès de Fillon ? Pas le terrain. La candidate n’est pas la députée du territoire, mais la députée d’un souterrain, d’une caverne, d’une niche, d’une cave, d’un terrier. Le monde extérieur n’existe pas. Je comprends son soutien de l’EPCI : c’est un regroupement intercommunal qui a fait sécession. L’EPCI, c’est Pimlico.

 

La gauche de la gauche ne sait pas construire, mais elle démolit avec efficacité.


La gauche de la gauche ne sait pas construire, mais elle démolit avec efficacité.

Quand la droite mène campagne contre la politique suivie par la gauche, elle joue son rôle.  Ce qui est destructeur, c’est quand la gauche lui abandonne le terrain et participe à l’entreprise de démolition. Jospin a été battu en 2002 pour les mêmes raisons que Hollande renonce. De tous les candidats en 2002, il était le seul à défendre le bilan de son gouvernement. Tous les autres membres de la gauche plurielle se présentaient comme s’ils n’avaient pas gouverné.

Le renoncement de Hollande est dû pour beaucoup aux critiques internes des ministres démissionnaires et des députés frondeurs.

C’est d’autant plus ahurissant que le programme de Fillon, ce n’est pas faire mais défaire. Les frondeurs et la gauche de protestation jugent sévèrement le bilan du gouvernement. Fillon aussi. Son programme est le négatif du bilan socialiste, dans tous les domaines : fiscalité, santé, société, éducation… S’il est élu, les frondeurs seront au premier rang des manifestations pour défendre les mesures qu’ils ont combattues.

mercredi 30 novembre 2016

nouvelles du front


Nouvelles du front

         Je n’ai pas souvenir d’une crise de la gauche aussi profonde. J’ai été témoin actif d’autres naufrages. Le PCF, avec Georges Marchais, l’ancêtre de Mélenchon,  s’enfonçait doucement et régulièrement vers des résultats électoraux à un chiffre, et encore, au début de la liste. Mais ce fut en bon ordre, un comité central unanime, un bureau politique comme un bloc. Ce ne fut jamais un sauve qui peut. J’ai lu dans les livres, j’ai vu dans des documentaires, le naufrage des partis politiques en 1940, mais c’était en situation de guerre et de défaite militaire.

Le spectacle aujourd’hui est ahurissant. Mon parti, le PS, est au gouvernement, il est majoritaire à l’Assemblée nationale, il dirige des grandes villes, quelques régions. Et le voilà qui explose en vol. Les adhérents désadhèrent, les responsables nationaux se déchirent et les militants apprennent les nouvelles dans les journaux. Chaque jour, une nouvelle candidature aux primaires se déclare. La députée socialiste sortante déclare qu’elle n’est pour rien dans une politique qu’elle condamne, elle a voté la dernière motion de censure et se réfugie dans sa paroisse, intervient pour les prisonniers basques, pour un territoire ethnique, pour préserver les campagnes d’un TGV. Les adhérents de Biarritz ne l’ont jamais rencontrée pour discuter de ce repli sur les frontières. Elle ne s’adresse à eux que par l’intermédiaire de Sud-Ouest. Elle se représente aux élections sans solliciter leur avis sur une telle orientation. Elle demandera demain qu’ils distribuent des tracts.

La droite profite de son mieux d’une telle confusion. Elle se mobilise comme si elle n’avait plus d’adversaire à gauche. Que son seul adversaire est le FN.

Il ne s’agit pas de défendre « la grande maison ». Tout le monde est concerné. Quand la droite est menacée d’une alternance à gauche, elle se freine. Elle ne tombe pas dans la régression sociale, les conservatismes d’antan. Si elle n’a plus d’adversaire à gauche, si son seul adversaire est l’extrême-droite, alors le jeu politique consiste mobiliser les peurs, à flatter les conservatismes, à souffler sur les braises du passé.

Reconstruire la gauche n’est pas une affaire égoïste : il s’agit de ne pas cadenasser l’avenir.

 

 

mardi 29 novembre 2016

Qui l'aime le suive

Jean-Luc Mélenchon,  a salué la mémoire d’un des derniers dictateurs de la tradition marxiste-léniniste, Fidel Castro. À la différence des Cubains, il n’était pas obligé. Il ne risquait rien de critiquer le régime castriste. Il a donc célébré librement, par conviction, le naufrage de la révolution castriste. Pour autant, il ne va pas organiser une guérilla dans les Cévennes, il se présente aux élections, mot intraduisible en castro-espagnol, parle dans les médias et réclame des débats, autres mots intraduisibles, organise des réunions publiques d’opposant, sans risquer le cachot.

processus de paix


Processus de paix.

De nombreux élus de tous bords, des associations, des modérateurs, des militants, se rassemblent à intervalles réguliers pour favoriser un processus de paix au Pays Basque.

Première question : pour mettre en place un processus de paix, il faut qu’il y ait la guerre. Je ne vois pas où est la guerre au Pays Basque. Les terroristes ont déposé les armes, les élus du Pays Basque espagnol se promènent sans garde du corps. Il ne reste de la « guerre » qui a ensanglanté le Pays Basque que des prisonniers condamnés pour violence armée, qui purgent leur peine et qui seront libérés avec réduction de peine s’ils se conduisent bien. Il reste quelques caches d’armes en train de rouiller. Il reste quelques manifestations pacifiques  pour la libération de ces prisonniers. On n’imagine pas qui, parmi les quelques dizaines de membres de l’ETA qui bougent encore, serait assez fou pour reprendre les armes.

À quoi correspond alors ce travail apparemment urgent pour un « processus de paix » ? Il ne vise qu’un seul objectif : considérer comme légitime le combat terroriste de l’ETA et de ses complices, admettre qu’ils sont emprisonnés pour des actions légitimes et qu’il s’agit de prisonniers politiques, les amnistier, qu’ils sortent de prison la tête haute et que leur sortie soit l’occasion de discours et de libations.

Que cet objectif soit revendiqué par ceux qui ont soutenu les actions de l’ETA se comprend. Ils aimeraient que les années de prison et les victimes n’aient pas été inutiles. L’objectif était un Pays Basque indépendant, réunifié et socialiste. Il n’est pas indépendant, il n’est pas réunifié et il n’est pas socialiste. Tuer près de mille personnes, perdre des dizaines de militants, passer sa jeunesse en prison, sans avoir obtenu rien d’autre que des voitures de fonction et un rassemblement intercommunal, c’est un coût exorbitant.

Ce qui est moins compréhensible est la participation d’élus républicains, LR ou socialistes à une entreprise de blanchiment d’activités terroristes.


lundi 28 novembre 2016

sombre dimanche


Walter Benjamin, Stefan Zweig, se sont suicidés devant ce qui leur apparaissait comme l’irrésistible ascension d’une vague meurtrière. Maïakovski s’est suicidé incapable désormais d’affronter les évolutions staliniennes d’un régime qu’il avait soutenu. Beaucoup d’anonymes se sont suicidés pour les mêmes raisons. Beaucoup de suicides dans le Cuba castriste, dans l’Allemagne nazie, dans l’Italie mussolinienne, dans le Chili de Pinochet. Beaucoup de suicides et beaucoup d’assassinats et d’exécutions.

Tant que l’exil reste possible, on se suicide moins. De l’Irlande pauvre et intégriste, les artistes, les poètes, les femmes, les militants ouvriers, s’exilaient avant d’être dévorés par leur patrie. Les poètes, les intellectuels, les femmes, les artistes, les journalistes, les chanteurs, ont quitté ou vont quitter l’Algérie, le Venezuela, la Turquie, la Hongrie, la Pologne, Béziers et Fréjus…

Le travail intellectuel ne peut se développer que dans la liberté de découvrir l’inconnu, de détruire les préjugés, d’affronter les paresses. Il a aussi besoin d’un minimum de reconnaissance sociale, ne serait-ce tout simplement que pour survivre.

Le terrain commun à tous ces lieux cités est l’insulte à l’intelligence et le culte de la paresse. Il suffit d’être né au bon endroit pour faire partie d’une caste, d’une communauté, d’une race, d’une classe supérieure. Cette naissance privilégiée est inlassablement célébrée. L’histoire joue un rôle central dans cette célébration : vous êtes les meilleurs, oh, vous, sombres crétins, parce que vos ancêtres l’étaient déjà. Il vous suffit de naître pour faire partie de l’élite.

Vous connaissez Marguerite ? Cette pièce de théâtre dont l’héroïne, Marguerite, est persuadée d’être une grande cantatrice parce que née au bon endroit, elle est entourée de sycophantes qui l’applaudissent. Jusqu’au jour où…

Même si je n’écoute pas, je suis bien obligé d’entendre les responsables politiques de droite ou de gauche révolutionnaire et j’ai le même sentiment qu’en écoutant Marguerite chanter. Ils chantent tous faux mais ils chantent pour des auditeurs qui chantent aussi faux, et leur disent : comme vous chantez bien, comme vous chantez juste. Comme vous avez raison de ne pas réfléchir, de ne pas chercher à comprendre. Comme vous avez raison d’être incultes, comme vous avez raison d’être des imbéciles obtus ?

Un intellectuel est une personne persuadée qu’il suffit de chanter juste pour que tout le monde l’écoute. Bercée par cette illusion, elle continue de chanter même si personne ne l’écoute.

samedi 26 novembre 2016

mort d'un tyran


Mort d’un tyran

 

     Fidel Castro est mort et la gauche révolutionnaire prend le deuil. La gauche réformiste salue la perte d’un grand homme du siècle et évoque la perte des illusions. Dans l’île, une semaine de deuil, pas autant qu’en Thaïlande pour la mort du roi, mais presque.

Le frère Raul a pris le relais et on ne voit pas se profiler un autre héritier. Une nièce peut-être ? Dans un avenir reculé, on imagine des primaires, des élections avec plusieurs candidats, qui débattraient à la radio et à la télévision.

Il a fait face à l’impérialisme américain, a exporté des médecins et des mercenaires, les Cubains ont appris à lire. Ils vivaient mal, ne rêvaient que d’exil. Quelques dissidents fuirent fusillés et d’autres emprisonnés. Les touristes dansaient la salsa au-dessus des geôles et les prostituées n’acceptaient que les dollars.

Quand meurt un tyran facho, genre Pinochet ou Perón, on dénonce la tyrannie, les morts, les torturés, les exilés. Quand on évoque Mussolini ou Hitler, on évoque rarement la fin du chômage ou la construction d’autoroutes. Quand meurt un tyran communiste, les condamnations bafouillent. On met en avant les crèches, les écoles…

Pour tyranniser un peuple, il vaut mieux exercer cette tyrannie au nom du communisme qu’au nom du fascisme. Les oraisons funèbres seront plus élogieuses.

ça va mal


Il faut dire que tout va mal. À quoi sert de se présenter devant les électeurs si tout va bien ? Tout va mal et grâce à Trump et Fillon, tout ira mieux.

Des élus veulent armer la police municipale à Biarritz. C’est la ville de France la plus paisible. Aucune importance, il faut armer les policiers municipaux  et ces propositions ne sont pas accueillies par d’immenses éclats de rire.

La Cimade organise une réunion publique à Biarritz. Devant un public composé de militants et d’élus qui s’investissent dans l’accueil des réfugiés et des migrants, de l’estrade monte un long concert de lamentations sur le scandale de l’accueil des migrants. On ne fait pas ci, on ne fait pas ça. Et l’État est au-dessous de tout et les politiques ne font rien. Je lève la main et j’évoque les avocats rétribués sur fonds publics, les associations qui seraient impuissantes sans les subventions des villes, des régions, de l’État, les municipalités qui offrent des logements d’urgence. On me remerciera après la séance. Il faut être vachement courageux pour dire publiquement que les pouvoirs publics et les élus font des choses.

La pauvreté, les inégalités, le chômage et les déficits reculent. La droite qui a boosté le chômage, creusé les déficits, déclare que la France est un champ de ruines. Applaudissements. Dire que la France va mieux est plus scandaleux que de dénoncer au cours du repas de Noël la pédophilie d’un membre de la famille.  

La France est un pays pessimiste, l’un des plus pessimistes. Comment rendre les gens optimistes ? Tâche impossible. L’opposition dénigre tout. Ça va mal, mon dieu que ça va mal. Une partie de la gauche qui a gouverné dénigre tout. La gauche qui ne veut pas gouverner dénigre tout. Mon dieu que ça va mal, il faut une révolution. La gauche révolutionnaire a salué Chavez, ancien chef d’un pays où les gens font la queue pour manger. Elle va pleurer Fidel Castro chef d’un pays que les habitants rêvent de quitter. Elle organise la défaite de la gauche parce qu’elle imagine déjà les manifestations monstres quand la droite va abolir les réformes qu’elle a si vivement combattues.

Comment combattre le pessimisme politique ? Bonne question. En effet, à force de répéter que tout le monde pense ou dit que la France va mal, on contribue d’une certaine manière à la déploration générale, puisqu’un pays aussi pessimiste ne peut pas aller bien. C’est une espère de dépression collective et nous savons qu’il ne sert à rien de dire à une personne déprimée qu’elle devrait se reprendre en mains.

Je suggère de mettre en avant doucement, mais fermement, sans s’énerver, sans crier, ce qui va bien. Par exemple : « le Vatican va mieux depuis l’élection du Pape François » ou « la Grèce va mieux depuis l’élection de Tsipras » ou « le Portugal va mieux depuis que la gauche est au pouvoir » ou « la France va mieux depuis que les socialistes sont au pouvoir » ou « les gens sont mieux soignés et vivent plus longtemps ». Ou « les femmes sont mieux protégés contre les violences ». Ou « le nombre de tués sur les routes a diminué dans les dix dernières années ».

Chaque fois vous provoquerez des réactions hostiles, mais tenez bon. Cessons de trouver les catastrophes admirables, de s’extasier devant les inondations et les tremblements de terre. Cessons de trouver les gens plus intéressants quand ils ont un cancer ou un AVC. Quand on vous posera la question : comment allez-vous ? », Répondez « ça va beaucoup mieux ».






vendredi 25 novembre 2016

inquiétude


Sombre entretien de Stéphane Le Foll aujourd’hui dans libération 22 nov. 16


« Dans un moment où tout fout le camp, que fait-on ? On déserte ? Je me demande ce que j’aurais fait en 39-40. Il ne faut jamais céder sur les valeurs sinon on finit dans la collusion ou la collaboration ».

Un souvenir des pleins pouvoirs à Pétain votés par les députés socialistes ? Ce ne sont pas là paroles légères. Je partage l’inquiétude de Stéphane le Foll. Les députées socialistes  des Pyrénées atlantiques peinent à défendre la politique de leur gouvernement, mais leur échine s’assouplit devant les entrepreneurs d’ethnicité au pays Basque. « À céder sur les valeurs… »

prisonniers politiques


Lettre envoyée à la semaine du pays Basque  vendredi 18 novembre 2016 après la parution du dossier sur les prisonniers basques.

Un prisonnier politique est une personne emprisonnée pour ses opinions, pour des activités politiques. Pour avoir écrit un article, collé une affiche, manifesté sans violence. Vous pensiez qu’il n’y avait pas de prisonniers politiques en France ? Erreur.

Au pays Basque, il y a des prisonniers politiques. Plus exactement, en France, il y a des prisonniers basques qui sont des prisonniers politiques. Ces prisonniers sont-ils emprisonnés parce qu’ils ont écrit un article, collé une affiche, manifesté une opinion ? Non, ils sont emprisonnés pour avoir tué des gendarmes, ou kidnappé un patron d’entreprise, abattu un conseiller municipal, plastiqué une sous-préfecture. Ils nient ces actions et se déclarent innocents. Ils sont en prison parce qu’ils ont été condamnés pour ces actions. Injustement ? Je ne sais pas. Je sais que les actions de l’organisation à laquelle appartiennent ces prisonniers politiques ont causé près de mille morts au pays Basque et si tous les prisonniers basques sont innocents, alors il y a eu au pays Basque une épidémie de voitures piégées, de balles dans la tête, d’explosions mortelles qui s’est arrêtée quand les etarras cessé leurs actions dites politiques.

Depuis cinq ans, les responsables politiques du pays Basque espagnol ont licencié les gardes du corps. Depuis cinq ans, les etarras ont remisé leurs explosifs et leurs armes politiques dans des caves, des appartements, et quand la police trouve ces armes, ils protestent vigoureusement, avec autant de véhémence que si on leur avait confisqués des tracts ou détruit une imprimerie. Ils disent que ces explosifs étaient politiques et pas des armes de destruction des biens et des personnes. Ils continuent à tenir des conférences de presse en cagoule.

Les patriotes ont imposé leurs mots et leurs idées au pays Basque français, pourtant épargné désormais par la violence armée.  En première page de la semaine, une photo de manifestation, une grande banderole « droits de l’homme » en français, euskal presoak en basque. Prisonniers basques. Droits de l’homme se traduit Euskal presoak en basque Et derrière la banderole, des élus de la République, Colette Capdevielle, Michel Veunac aux côtés de l’ancien prisonnier politique, Gaby Mouesca, condamné à vingt de prison pour distribution de tracts sur la voie publique. Les élus de la République ne portent pas leur écharpe tricolore d’élus républicains parce que les anciens prisonniers politiques n’aiment pas les écharpes tricolores de la République et leur ont demandé poliment de ne pas porter leur écharpe d’élus de la République qui leur aurait valu cinq années plus tôt d’être considérés comme cibles légitimes par les anciens prisonniers politiques. Et tous ces gens sont côté à côte, souriant, eux qui ont accepté pendant des dizaines d’années que leurs collègues de l’autre côté de la frontière soient abattus par de futurs prisonniers politiques sans jamais manifester contre la terreur dans les rues de Bilbao, de San Sebastian ou de Vittoria. Max Brisson, élu LR, déclare que si les prisonniers basques ne sont pas traités comme des prisonniers politiques, la violence pourra revenir et ce sera la faute des gouvernements français et espagnols. Ne pas traiter la question des prisonniers, c’est laisser au pays Basque une « bombe à retardement ». C’est un argument éminemment républicain : si ne vous cédez pas à mes revendications, je tire. Ce n’est pas un chef de l’ETA qui parle. C’est Max Brisson.

Tant que ces prisonniers politiques ne sont pas libérés, « le pays Basque souffre et attend » dit l’éditorial de la semaine du pays Basque. Pourquoi oublier qu’Aurore Martin et d’autres ont été libérés parce qu’ils  regrettaient les assassinats de l’ETA, condamnaient la violence armée, qu’ils s’engageaient à ne plus recourir à la lutte armée ? Ces prisonniers, pour lesquels il a pourtant manifesté, comme Aurore Martin, ne l’intéressent plus. Max Brisson est sur la ligne la plus dure des anciens etarras.

Si tous ces élus sans écharpe veulent réellement libérer les « prisonniers politiques », qu’ils demandent à l’ETA de livrer ses armes et de se dissoudre. En Irlande du Nord, il n’y a plus d’IRA, les armes ont été détruites, il n’y a plus de prisonniers politiques.

mercredi 23 novembre 2016

aversions




Voici la chronologie de mes aversions :

Le nazisme, puis l’impérialisme américain, puis le stalinisme, le terrorisme, le populisme nationaliste, l’intégrisme, le terrorisme islamiste, la phrase révolutionnaire à gauche.

J’ai une douzaine d’amis. Ces amis sont mes amis parce qu’ils partagent mes positions. J’ai peu d’amis qui pourraient avoir une quelconque sympathie pour mes ennemis. Pratiquement pas. Même pas du tout.

J’avais quelques amis qui sympathisaient avec la phrase révolutionnaire et avec les crispations ethniques, mais la discussion s’est tendue, le ton a monté et ils ne sont plus mes amis. D’autres, que j’avais perdus de vue, sont redevenus mes amis grâce à mes prises de position radicales.

Il ne suffit pas d’avoir des aversions. Il faut aussi construire en permanence les fondations et l’architecture d’un monde souhaitable. Un monde où la lutte contre les injustices et les inégalités sera encouragée. Un monde de liberté où les intégrismes divers ne pourront pas imposer leurs frontières. J’ai beaucoup de sympathie pour les réformistes de gauche et du centre qui ont permis de construire les bases d’un tel monde contre les privilèges égoïstes et les bruyants cauchemars utopistes. Partout où ils sont au pouvoir, les sociétés se portent mieux, mais ils sont aujourd’hui à la peine.

Le monde ne se termine pas parce que ma vie se termine, mais je dois dire qu’il valait mieux être octogénaire dans les années 1980 qu’en ce début du 21ème siècle. Les dictatures s’effondraient, les sociaux-démocrates gouvernaient, les lumières d’un ciel dégagé compensaient la morosité d’un inéluctable déclin biologique. Aujourd’hui, les douleurs des articulations ne sont adoucies en rien par les évolutions politiques. Poutine, Erdogan et Trump apprécieraient la victoire de Fillon. Une internationale de la réaction se met en place qui croit qu’on combat l’intégrisme par l’intégrisme. Les femmes au foyer, la réglementation des amours, l’obligation du violeur d’épouser la violée pour éviter l’avortement. Ils remontent le temps et dans leur recherche éperdue d’une histoire nationale, Poutine demande une histoire de la Russie d’où le goulag serait absent et Fillon va demander à trois académiciens de montrer que le capitaine Dreyfus n’était pas aussi innocent que le prétendent les historiens cosmopolites.

« Écrasons l’infâme » disait Voltaire et Brecht dénonçait la renaissance de « la bête immonde ». Au travail.


conseil


Au premier tour des primaires de la droite, je suis allé voter pour Juppé, avec l’idée d’éviter un second tour des présidentielles entre Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy. Une partie de la mission a été accomplie. Nicolas Sarkozy a été éliminé.

Voilà que son bagage intellectuel est repris par François Fillon. Les étrangers, les migrants, l’intégrisme catholique, la France chrétienne. Tout ce qui traîne de réaction marécageuse se réfugie dans le camp Fillon. Pire encore. Il est possible que Nicolas Sarkozy ne croyait pas à ses discours et qu’il utilisait les idées les plus rétrogrades comme un aventurier sans scrupule. Alors que François Fillon a l’air de croire à ce qu’il dit.

Est-ce que ça va me conduire à voter Juppé contre Fillon au deuxième tour des primaires ? J’hésite. Si la droite militante souhaite se rassembler autour de « Sens commun », de Patrick Buisson, des intégristes catholiques, je n’ai plus guère d’autre moyen de résister à cette dérive que de contribuer à reconstruire une vraie gauche moderne. De défendre le bilan du gouvernement socialiste, de résister à l’émiettement mortifère de la gauche et demain peut-être de résister au pétainisme renaissant.

Si quelqu’un peut me convaincre d’aller à nouveau voter au second tour des primaires, je suis prêt à l’écouter.

mardi 22 novembre 2016

syndicats ethniques


Au pays Basque français, les syndicats basques veulent se présenter aux élections professionnelles.  Les syndicats français leur disputent la légitimité, car les syndicats basques ne représenteraient qu’une catégorie de salariés, sur une base ethnique.

Si des syndicats algériens ou marocains, ou arabes, demandaient à se présenter aux élections professionnelles, est-ce que le LAB demanderait leur accréditation ?

Le Front national a essayé de constituer des listes syndicales pour « travailleurs français ». Jusqu’ici, en vain, car elles sont jugées discriminatoire. Est-ce que le LAB approuverait leur accréditation ?

lundi 21 novembre 2016

violence et féminisme


Les femmes de Turquie ont manifesté pacifiquement contre un projet de loi scélérat visant à innocenter les violeurs. Elles font reculer le gouvernement. Cet épisode fait réfléchir sur les relations entre violence et politique dans un pays familiers des actions armées où dominent les terrorismes, officiels ou clandestins.

Les mouvements féministes qui agissent depuis un siècle et demi ont obtenu le suffrage féminin, l’égalité hommes femmes dans le domaine juridique, le droit de divorcer, le droit à l’avortement, les lois contre le viol et contre les violences sexistes. Elles sont devenues égales, autonomes, libres. Il reste des revendications, mais n’importe quel mouvement social qui obtiendrait ce qu’a obtenu le mouvement des femmes pourrait s’honorer des résultats obtenus.

On remarquera que depuis les suffragettes jusqu’aux Femen, les militantes n’ont jamais eu recours à la lutte armée. Pas une seule victime, pas d’emploi d’explosifs, pas d’assassinats. Et pourtant les résultats sont là.
Comme s’effondrent alors les arguments des groupes terroristes, IRA, ETA, FLNC, Brigades rouges, Action directe… pour justifier leurs actions !