jeudi 31 décembre 2015

mieux ça va pire c'est


A mesure des découvertes, des expériences, le poids des interventions humaines possibles s’est accru. Le temps qu’il fait, de mémoire d’homme, était l’affaire du hasard ou des dieux. Voici désormais que les tempêtes, les inondations, les variations de température, sont directement reliées aux activités humaines. Un fil se tisse entre les catastrophes du vingt heures et votre véhicule Diesel. Les catastrophes ne sont plus naturelles. Si vous êtes né au bon endroit, l’espérance de vie grimpe au-delà du raisonnable, à condition d’être bien soigné, de vivre près d’un service d’urgence, de suivre les campagnes contre l’alcool, la cigarette, les graisses, les sucres, les sels. Tout ce qui était naguère le fruit du destin et du hasard est happé par le filet des responsabilités individuelles et collectives. D’où les démangeaisons,  les eczémas, les spasmes répétitifs, les angoisses récurrentes. Un problème de perdu, dix de retrouvés.

lundi 28 décembre 2015

Corse et Pays basque


 

Jean-Guy Talamoni : « coup de tonnerre sur la Corse », le monde 19 décembre 2015.

Dans cet article du président de l’assemblée de Corse, j’ai seulement remplacé Corse par Pays basque. Sylviane Alaux, Colette Capdevielle et Max Brisson nous expliqueront demain qu’ils n’ont pas voulu ça.

 

Les électeurs ont décidé qu’un nationaliste dirigerait le bureau exécutif de l’EPCI du Pays basque et qu’un indépendantiste présiderait le conseil. Ainsi se trouve confirmé que le Pays basque n’est pas une simple circonscription administrative française, mais une nation, avec sa langue, sa culture, sa tradition politique propre. Déjà, avant même l’existence de l’EPCI, des mesures avaient été prises comme la cooficialité de la langue basque. Le nouvel exécutif a prévu un statut de résident pour lutter contre la spéculation immobilière, un statut fiscal visant à utiliser dans le nouveau territoire les impôts payés par les Basques pour le développement du Pays basque, une stratégie de développement rejetant le modèle du tout tourisme et privilégiant la valorisation de nos atouts culturels et naturels ainsi que la justice sociale. Enfin le nouvel exécutif demandera l’amnistie des prisonniers politiques prenant en compte le fait la phase de confrontation de quatre décennies est arrivé à son terme avec la décidions de l’ETA de sortie de la clandestinité. Le gouvernement français devra réagir positivement à ces demandes majoritaires. La question basque a disparu des écrans radars parisiens sans doute en raison de l’arrêt des opérations de l’ETA. Il faut prendre la mesure de cette décision historique et cesser de prétendre que le Pays basque c’est la France.

vendredi 25 décembre 2015

biarritz bordeaux


Voyage Biarritz  Bordeaux.


 

Brigitte a oublié sa carte senior et cherche le contrôleur pour l'avertir afin de ne pas payer d'amende. Le train est parti, rempli de familles, d'enfants, de paquets gonflés de cadeaux. Un seul bébé braille de temps en temps et suffit à occuper l’espace sonore. À Dax, une femme d'âge moyen, jean noir et pull sombre, voix forte, jaillit de la voiture numéro neuf, franchit le sas, hurle: « Y a-t-il un médecin ou une infirmière dans le train ? ». (Le sexe est respecté, un médecin, une infirmière). Elle traverse la voiture huit où nous sommes confortablement installés et se dirige en répétant patiemment la même question vers la voiture sept. Quand elle reprend son souffle, on entend nettement, venu de la voiture neuf, un gémissement d’une personne qui manifeste ainsi une forte douleur. Dans la voiture huit, il n'y a ni médecins ni infirmières. Il y a des sœurs et des tantes et des nièces de médecins, des beaux-frères par alliance de médecins, une grand-tante de médecins mais pas de médecins directs. Une personne gémit de plus en plus fort dans la voiture neuf. Dans la voiture huit, le bébé braille, tranquillement. La fille ou l'amie ou la sœur ou la tante de la personne qui gémit de plus en plus fort revient delà voiture sept, d'un pas décidé, un air inquiet lui mange le visage, elle est suivie d’un contrôleur qui prend un air de circonstance, professionnel, sang-froid, on voit (nous les voyageurs) qu'il attend ce moment depuis qu'il est contrôleur, depuis une quinzaine d'années et il ne va pas louper la scène. Le malade gémit de plus en plus fort et on entend enfin l'annonce attendue (y a-t-il dans le train, dans ce train-là, de Biarritz à Bordeaux, mercredi matin, rempli de cadeaux de Noël et de récipiendaires. Y a-t-il un médecin ou une infirmière, dans le respect du genre que des imbéciles refusent et pourtant, le genre est bien là dans le haut-parleur, un médecin, une infirmière. Tout à coup, de la voiture sept jaillit une jeune femme d'une trentaine d'années, sobrement vêtue d'un jean et d'un pull sombre, on dirait la femme qui réclamait tout à l'heure un médecin, elle avance et elle dit "je suis médecin", comme une voiture de pompier fait pim pom, elle avance en criant, je suis médecin pour que les gens s'écartent et la laissent passer. Voici encore le genre chamboulé. Une femme médecin, et vous allez voir que bientôt on va voir arriver un homme infirmière. Et chamboulement suprême tout à l'heure, un agent de sécurité qui sera femme ou transgenre. D'où l'inquiétude des familles catholiques qui manifestent contre le genre.         Avec les évangélistes, les orthodoxes et les sunnites.

Nouvelle annonce: à la suite d'un incident voyageur, le train partira avec quinze minutes de retard. Sur le quai, nous voyons arriver des pompiers, des contrôleurs, des infirmiers, des brancardiers. Une manifestation s’organise : « le Samu, c’est un médecin et une infirmière ! » disent les pancartes. « Retrait du genre dans les TGV ! ». Nous ne voyons pas l'incident voyageur, il ne gémit plus, le bébé arrière cesse ses cris car il s'est rendu compte qu'il n'intéressait plus personne. Ne reste plus sur le quai qu'un contrôleur qui siffle le départ. Le train s'ébranle. Nouvelle annonce: suite à un incident voyageur, le train...Les portables s'allument, et on entend un murmure universel, chéri, maman, papa, François, Xavier, mon amour, monsieur, ma tante, nous arrivons à Bordeaux avec quinze minutes de retard. Puis les haut-parleurs annoncent l'ouverture de la voiture bar. 

 

De l'autre côté du couloir, un sac à dos est posé sur le sol, sans étiquette. Une dame âgée, qui lit un roman en livre de poche, lève les yeux de son livre, regarde le sac, recommence à lire, lève les yeux. Elle ne dit rien pendant l'agitation de l'incident voyageur désormais placé sous la protection d'un service d’urgence et sans doute ne voulait-elle pas ajouter un drame au drame. Mais maintenant, tout est calme. Elle regarde encore le sac. Et demande: à qui est ce sac? Personne ne lève la main. L'air se glace. Par les temps qui courent, n'est-ce pas? Le bébé a recommencé ses braillements. À qui est ce sac? Finalement, un voyageur, la quarantaine, genre baroudeur sans peur se penche vers le sac, ouvre la fermeture en un éclair et découvre des bouteilles d'alcool et des sandwichs apéritifs.  Prévenu par un autre voyageur, un contrôleur arrive suivi d'un agent de sécurité qui est une femme, assez forte, genre transgenre, il fallait s’y attendre. La confusion est extrême. Le sac est ouvert, tout le monde regarde, tranquillisé, on va boire un coup. Le propriétaire arrive et dit c'est à moi. Vous pourriez mettre une étiquette et un nom quand même nous sommes en état d'urgence.  Nous avons quitté Dax. À ce moment, exactement, j'entends nettement "jingle bell, jingle bell ". Je cherche le coupable, une sonnerie de téléphone, un film sur tablette sans oreillette? Tout le monde cherche. Finalement, on trouve. C'est un cadeau de Noël, une poupée chanteuse quand on la secoue, qui chante des airs connus et les répète inlassablement. Sans se lasser. En posant le sac à cadeaux dans la soute à bagages, l’acheteur de l’infâme jouet a déclenché le mécanisme. La poupée ou le père Noël est enfermé dans une boîte en carton, protégé par une enveloppe en plastique, puis décoré de papier fleuri maintenu par des rubans tressés. Pour réduire au silence l’instrument de torture, il faut dénouer les rubans, déchirer le papier cadeau, ôter les bulles protectrices, impossible. Il se tait. On reconnaît le coupable à son silence, à ce qu’il est le seul à ne pas demander d’où vient le bruit, à ce qu’il est le seul à s’intéresser aux forêts de pins. Nous sommes condamnés, voyageurs de la voiture huit, témoins d'incident voyageur, traqués par des sacs anonymes, entourés de bébés hurleurs, à entendre jingle bell jusqu'à Bordeaux. Le contrôleur arrive pour le contrôle des billets et Brigitte lui dit qu'elle a oublié sa carte senior qui lui donne droit à une réduction. Il sourit: vous croyez qu'avec tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui, j'ai le temps de me soucier d'un oubli de carte senior. Vous ne pouvez pas avoir le sens d'une certaine hiérarchie ? Un peu de pudeur? Un peu de décence? Un homme agonise dans un hôpital de Dax, un sac nous menace des pires dangers, nous sommes condamnés à la pire des tortures, qu'on utilise pour faire parler les terroristes: enfermé dans un local clos, écouter jingle bell pendant des heures et des heures et vous voulez que je m'occupe d'un oubli de carte senior? Franchement.... 

Jingle bell couvre les cris des manifestants : « Un SAMU c’est un médecin et une infirmière ! ».

mardi 22 décembre 2015

bonne nouvelle du sud


Bonne nouvelle

Net recul des abertzale au Pays basque espagnol. D’après Mariano Ferrer, « la société a tourné la page d’ETA. Elle souhaite que la gauche abertzale évolue aussi en reconnaissant …que soutenir le terrorisme pendant si longtemps était une erreur politique ». (sudouest, 22 dec 15)

lundi 21 décembre 2015

qu'ils se taisent!


Mediabask, manchette : en première page : l’ETA tient parole. Ils se félicitent de n’avoir tué personne depuis quelques mois.

Effectivement, l’ETA a toujours tenu parole : huit cents morts, un climat de terreur, des élus, des journalistes, des universitaires considérés comme « cibles légitimes » lorsqu’ils n’étaient pas d’accord, assassinat des anciens combattants trop critiques, toujours l’ETA a tenu parole.

Mais que veux-tu exactement ? Rien. Qu’ils se taisent. Au lieu de parader sur les estrades. Un grand silence, profond, durable. Leur seule contribution possible à la paix qui s’installe.

samedi 19 décembre 2015

à mes amis non-basques.

Des amis non-basques me demandent pourquoi ces notes récurrentes sur l'EPCI. Parce que des élus socialistes ont demandé au ministère de l'intérieur (et obtenu), une intercommunalité fondé sur l'identité "historique" du Pays basque. Le vote doit intervenir au printemps 2016. Les élus socialistes basques pensent pouvoir pacifier les nationalistes en reprenant leurs revendications. Ils ont ainsi redonné un coup de fouet à un mouvement en perte de vitesse. On ne ruse pas avec le nationalisme, on le combat.

Corse Pays basque

Bonjour. Pour mes amis du Pays basque qui connaissent des élus favorables à une intercommunalité basque (EPCI): posez leur la question: quelles seront les trois première mesures de cet EPCI? Je suggère le tiercé suivant: 1. statut de résident, pour distinguer les vrais et les faux Basques. 2. Officialisation de la langue basque. 3. demande d'amnistie pour les terroristes de l'ETA. C'est forcément le tiercé gagnant. Pour tout le reste, nous n'avons pas besoin d'EPCI. Pour ce tiercé, il est indispensable.

jeudi 17 décembre 2015

établissement public corse intercommunal (EPCI)


EHBAI félicite les abertzale qui prennent la tête de la collectivité territoriale corse (EPCI). Premières mesures : un statut de résident (il faut distinguer les vrais Corses et les faux), officialisation de la langue corse, demande d’amnistie pour les djihadistes corses.

J’attends les félicitations de Max Brisson, Frédérique Espagnac et Sylviane Alaux.

CR ps


 

Au lendemain des élections régionales, nos dirigeants ont demandé que le PS devienne une grande maison ouverte, transparente, rassemblant largement la gauche et les républicains de progrès. Je réponds à cette demande en rendant compte publiquement des réunions de la section.

 

 

La section du PS de Biarritz s’est réunie le mercredi 16 décembre pour fêter la victoire d’Alain Rousset et discuter de la suite. Nous étions une vingtaine, dont quatre ou cinq nouveaux adhérents, jeunes.

Nous avons discuté des résultats à Biarritz, où la gauche se maintient, mais le FN comme partout en France monte et les militants se sentent un peu désarmés devant cette inquiétante avancée.

Quelques présents ont regretté le non-respect de la règle du non-cumul des mandats.

Pour la suite. J’ai proposé d’ouvrir les réunions du PS Biarritz aux invités, aux sympathisants. Que nos réunions soient annoncées à l’avance.

D’ouvrir un site public de la section qui permettrait des échanges. Par exemple, sur les arguments permettant de mieux combattre les idées du FN. Il y a une forte demande en ce sens.

D’organiser des rencontres publics, genre cafés politiques, dans des cafés, dans la rue, à date fixe dans des quartiers différents.

Sur le fond : au lendemain des élections régionales, tous les responsables politiques, en premier lieu les socialistes, ont réclamé et annoncé une autre manière de faire de la politique. Ont demandé de réfléchir sur des alliances nouvelles. De ce point de vue, il serait nécessaire d’analyser « esprit Biarritz » comme une de ces manières nouvelles de faire de la politique, avec un regroupement qui rassemble  partis politiques, société civile, association…

Sur le danger de repli identitaire. J’ai proposé de mener campagne contre toutes les formes de ce repli : Voir la Corse, où la définition ethnique du territoire a conduit logiquement au pouvoir les nationalistes, qui ont célébré leur victoire avec le drapeau corse. En Martinique, la droite s’est alliée aux indépendantistes. Au Pays basque, des élus socialistes et de droite pensent ruser avec le nationalisme en reprenant ses revendications. Il faut mener campagne contre l’EPCI dont la mise en place sera fêtée avec des drapeaux basques.

 

mercredi 16 décembre 2015

suite du second tour


D’un côté un pays qui ne va pas si mal. Je veux dire autour de moi, je regarde mes statistiques d’amis, de famille, d’enfants, de connaissances, ça fait quelques dizaines de personnes. En écartant les accidents de la vie, santé, ruptures, déceptions, frustrations, dépressions, les gens que je connais, personnellement, sont correctement logés, bien soignés, partent en vacances, leurs enfants font des études,  parfois dans le public, parfois dans le privé. Ils ont un travail régulier ou sont des artistes, des artisans. Les retraités voyagent beaucoup.

Je connais peu de chômeurs longue durée ou de marginaux à la dérive. Ceux que je connais sont pris en charge, suivent des formations, sont aidés par la famille.

Des gens qui se plaignent d’aller mal parce qu’ils vont mal, je n’en connais guère. Mais des gens qui vont bien qui se plaignent d’aller mal, je ne connais que ça. Les médecins font grève contre le tiers payant et m’expliquent les raisons de la grève avec des arguments rigoureux. Les commerçants sont en colère contre les travaux urbains qui font baisser leur chiffre d’affaire, ils me le prouvent. Des retraités qui louent des logements au noir et sont indignés d’être contrôlés. Dans toute ma carrière d’universitaire, qui me permettait des revenus corrects, un travail intéressant, des loisirs pour la recherche, je n’ai rencontré que des collègues mécontents, contre la dernière réforme, contre les conditions de travail, contre les contraintes harassantes du métier. Ils ne cherchaient plus, ils n’écrivaient, tout leur temps était occupé à râler contre d’infâmes conditions de travail.

Heureusement que de temps en temps, je subis des accidents de santé ou des mésaventures affectives ou familiales. Sinon, j’aurais honte d’être tout seul à surnager dans un océan de récriminations à dire que je vais bien, je pars en vacances, je vais de temps en temps au restaurant, je fais des cadeaux aux enfants, j’ai une compile de trois mille chansons la plupart achetés tout à fait légalement, je suis content de payer des impôts abondants qui me situent dans une tranche supérieure des revenus. Je marche avec une canne de marque avec un  pommeau d’ivoire.

Je ne suis pas trop égoïste, je lis les articles et je regarde les émissions sur les personnes en grande précarité. J’ai même été bénévole dans des associations caritatives et sociales et j’ai toujours étonné de constater que les personnes en grande nécessité râlaient beaucoup moins que tous ceux que j’évoquais, qui vont bien et qui se plaignent d’aller mal. Ils n’avaient même plus l’énergie de râler.

Voici donc le problème politique que j’ai quelque difficulté à résoudre. Un pays où les quatre cinquième de la population vont plutôt bien. Qui le disent dans les enquêtes d’opinion. Qui personnellement vont bien mais collectivement vont très mal. Ceux qui vont très mal ne votent pas, ne manifestent pas, n’écrivent pas à leur député. Ceux qui font du bruit sont des gens qui écrivent à leur député, qui vont voter, qui vont bien mais ont le sentiment d’aller mal. Ils vont bien mais qu’ils craignent d’aller mal, de sombrer dans la précarité, de perdre leur emploi. Ils ont peur pour leurs enfants. Les raisons peuvent varier, mais en tout cas, je suis plongé dans un bourdonnement corrosif de mal-être. C’était mieux avant. Je suis bien placé pour savoir que ce n’était pas mieux avant, puisque grâce à l’âge que j’ai atteint grâce aux soins que la sécurité sociale a permis de me prodiguer, j’étais présent dans l’avant. Je suis témoin que ce n’était pas mieux. Je revois les logements ouvriers avec parois en carton, l’humidité, les jeunes à l’usine à quatorze ans, les bouches édentées, vacances un mot étranger, non, ce n’était pas mieux avant. Qu’est-ce qui permet à ceux qui n’était pas vivant dans l’avant de dire que c’était mieux avant. Que les chiottes étaient à l’étage ? Qu’on allait se laver dans un lavabo ? Que les femmes avaient l’angoisse permanente d’être enceinte, angoisse parfois partagé par les hommes qui ne s’étaient pas encore enfuis ? L’homosexualité criminalisée. L’ORTF contrôlée ?

Commencer peut-être par considérer que notre pays est composé majoritairement d’hommes et de femmes heureux de l’habiter, d’y travailler, un pays qui attire à la fois des migrants du monde entier, qui fait l’envie d’une bonne partie du monde, qui attire les capitaux et les mains d’œuvre qualifiée. Qui exporte savoir-faire, chercheurs, étudiants, techniciens. Soixante millions de sujets et soixante millions sujets de mécontentement. D’abord être fier des possibilités, des richesses, parce qu’elles permettent d’affronter les plus graves défis, les difficultés les plus urgentes. Et on y arrive. Pas toujours pas partout, mais il y a autant de solutions que de catastrophes.

Pour reconstruire : associer les citoyens à la vie politique. Ne pas être le réceptacle du bureau des plaintes, mais construire des solutions, associer à la répartition des richesses, construire des hiérarchies choisies. Prenez vos responsabilités, citoyens !

 

 

dimanche 13 décembre 2015

préférence régionale


Le FN parti de guerre civile dit Manuel Valls. A juste titre. Tous ceux qui prétendent faire coïncider citoyenneté et appartenance ethnique privent potentiellement d’État  les hommes et les femmes qui ne correspondent pas à cette appartenance. Rien n’est plus urgent que d’obtenir alors un État qui les protège. Protection et appartenance vont de pair. L’histoire et l’actualité nous présentent tous les jours des conflits qui sont dus à ces discriminations.

Le FN dans sa campagne parlait de « préférence régionale », de soutenir les cultures locales. De créer dans les régions un ministère de l’identité.

En Corse : avec un peu de courage, on aurait pu inscrire l’île dans une région plus vaste. Mais les frontières d’une île sont sacrées. Donc on a fait une région corse. Résultat : ce sont les nationalistes qui gouvernent, au nom de la préférence insulaire. Les partis républicains sont balayés.

Mais au Pays basque nous sommes protégés contre ces dérives. Une longue tradition de luttes paisibles, de rejet de la lutte armée, d’universalisme culturel, nous met à l’abri.

Je ne comprends donc pas ceux qui relient l’EPCI à une histoire de violences. Je ne comprends pas ceux qui affirment que l’EPCI doit être accepté sous peine de reprise de la lutte armée. Quelle lutte armée ? Je ne comprends pas ceux qui disent que l’EPCI permettra de consolider le processus de paix. Sommes-nous en guerre pour qu’il y ait processus de paix ? Pourquoi certains partisans de l’EPCI tissent-ils une toile entre gouvernance ethnique et roulements de tambour ?

A force, ils vont m’inquiéter.  

 

lundi 7 décembre 2015

faire le point


Faire le point.

Toute ma vie, j’ai fait de la politique. J’ai cherché un lien entre l’actualité et les grands principes. Souvent pour le pire, parfois pour le meilleur, parfois pour rien. Pour le plaisir de chercher.

Ces jours-ci, faire de la politique, c’est essayer de mobiliser le travail accompli sur les relations entre violence et politique pour tenter de comprendre les nouvelles formes de remises en cause dramatiques des sociétés démocratiques et de leurs principes. Je continuerai à dire ce que je pense dans ce domaine. Je combats tous ceux qui pensent qu’on peut éradiquer le terrorisme politique par des mesures sociales.

J’ai beaucoup travaillé sur les migrations, les mouvements de population, internes et externes. Les grands bouleversements, les guerres, les crises, poussent des millions de personnes à partir tandis que d’autres territoires les attirent. (push and pull factors). Ces grands mouvements (immigrations irlandaises aux États-Unis, en Grande-Bretagne, Europe centrale en Europe et aux États-Unis, puis africaines vers l’Europe. Ces migrations remettent en cause la définition des nations qui doivent accueillir de nouvelles langues, de nouvelles religions. Et chaque fois, la crainte du nouveau crée des réactions populistes, fondées sur la peur fondée ou non des concurrents qui arrivent sur le marché du travail et de la délinquance. S’appuyant sur les craintes des nantis accrochés à leurs privilèges et des plus démunis, des moins outillés intellectuellement. Front têtu et mâchoires serrées, Ian Paisley ou Marine Le Pen, ils investissent dans la bêtise, un terme qu’on n’utilise plus depuis que le suffrage est universel.

Mon plus grand échec a été dans le domaine du militantisme. J’ai raconté ailleurs mes voyages à l’intérieur de la planète communiste. J’ai plus rarement parlé de mes expériences à l’intérieur du PS. Elle peut se résumer ainsi : le PS est composé d’élus ou d’aspirants à des postes politiques ou administratifs. Les membres du PS qui ne font pas partie de ces deux catégories et qui souhaitent participer à des lieux de débat sont considérés selon les périodes comme d’aimables emmerdeurs ou d’entraves à la vie clanique. Dans le 18ème arrondissement de Paris, où la gauche réformiste et ses alliés étaient au pouvoir local et municipal, j’ai toujours été écouté poliment, mais ne faisant partie d’aucune famille, je provoquais par cette absence d’allégeance des méfiances jamais dissipées. « Pour qui roule-t-il ? » est une question redoutable quand elle reste sans réponse.

A Biarritz, à l’autre bout de la France, le PS s’était installé dans le doux confort d’une opposition municipale d’autant plus stridente qu’impuissante. Puis des militants socialistes s’allièrent à la droite centriste contre une droite conservatrice. Ils partagèrent le pouvoir, mais furent exclus du PS. Ils avaient ouvert la porte à une alliance inédite entre une gauche réformiste soucieuse de gouverner une ville ambitieuse et solidaire avec une droite opposée culturellement aux dérives sarkozystes. Aux élections suivantes, l’accord fut porté par les partis socialistes et radicaux mais une partie des militants persistent à penser que le PS a perdu son âme dans l’aventure.

Telle est la situation aujourd’hui et la guerre larvée ou ouverte fait rage entre ces deux tendances. Faut-il d’abord obéir à l’appareil socialiste ou aux engagements électoraux ?  Je fais partie de la seconde tendance et soutiens avec obstination une entreprise politique inédite qui me semble porteuse d’avenir. Le résultat est que je suis considéré comme un adversaire par les secrétaires de section successifs. Le premier voulait m’empêcher de parler au nom du PS dans un débat, le suivant m’a menacé d’exclusion, le troisième tente d’étouffer toute discussion à l’intérieur de la section.

Pourquoi je reste ? Sans doute parce que la section socialiste de Biarritz, qu’elle s’en félicite ou non, fonctionne dans l’un des rares endroits où l’horizon se déchire.  

mercredi 2 décembre 2015

durée

lu dans les réseaux : "Les musulmans ne sont pas tous terroristes, mais les terroristes sont tous musulmans.". Dans le dictionnaire des idées reçues de Flaubert: "les républicains ne sont pas tous des voleurs, mais les voleurs sont tous républicains". La connerie survole le temps.