jeudi 30 juillet 2015

vacances de vacances


En voyage, le monde n'arrive plus. Il devait arriver davantage, il arrive moins. Le matin du train, la voiture s'arrête devant le marchand de journaux de la gare et le voyageur qui lit ses deux quotidiens, libé et le monde, les plie d’une main moins imopatiente. Les deux journaux servent d'abord à passer les cinq heures de train, pas à préparer l'esprit aux grandes questions de notre temps. À confronter les événements  aux convictions pour structurer les prochaines discussions privées ou publiques. Les deux quotidiens s'en rendent compte certainement car les bandes dessinées, les quizzs, les légendes, les romans policiers envahissent les colonnes. Confirmant ainsi la vacuité des vacances. Elles dissipent tout ce qui compte. Les vacances n'ajoutent pas, elles retranchent, elles rendent sourds et aveugles. Pourtant, tout est là, la télé dans la chambre possède les chaînes nationales, avec les journaux télévisés, plus les chaines d'info en continu. Ce n'est pas comme la presse écrite, défavorisée de ce point de vue, car de nombreux kiosques sont fermés et parfois ceux qui sont fermés en juillet et août ne rouvrent pas en septembre car les vacances ça sert aussi à s'habituer aux disparitions. Un jour on n'achète plus, puis le lendemain on achète, ensuite deux jours sans acheter, puis on achète, puis trois jours sans acheter, la baguette si on l'achète, mais le journal on oublie. On s'arrête à la terrasse du café habituel et on lit la baguette, qu'on n'a pas oubliée, l'été ne ferme pas les boulangeries, surtout dans les villes de vacances, mais l'été ferme les kiosques dans les grandes villes. L’été ferme les librairies, les écoles, les kf philo, les théâtres.


     Les infos télévisées se limitent aux événements dont on parle quand les journées sont longues. La météo grignote le temps, elle gomme la crise grecque, les victimes des attentats, les guerres civiles. Les débats politiques disparaissent, chassés par les embouteillages, un bel embouteillage vaut mille réfugiés syriens, les incendies d'été, la sécheresse qui efface les rivières et jaunit le gazon. le visionneur ne sait plus si les embouteillages sont dues aux grands mouvements de vacances ou bien aux manifestations paysannes, l'essentiel sont les embouteillages, pour chaque embouteillage, on interviewe les passagers d'une voiture arrêtée  et on demande ce que ça leur fait d'être embouteillé, est-ce que c'est pire que les transhumances d'antan, ils répondent avec un grand sourire qu'ils ont pris leurs précautions, des bouteilles d'eau et de bientôt, ils arriveront sur leur lieu de vacances où les embouteillages des plages remplaceront les embouteillages des autoroutes. Les incendies de forêt font de belles images, jaunes, rouges, rousses parfois les maisons brûlent et les appareils ménagers crament, la laque des frigos brunit et se cloquent. Un frigo brûlé vaut dix mille yéménites.


       En mathématiques, moins multiplié par moins égale plus. Les vacances, c'est rien. Donc prendre des vacances pendant les vacances, c'est multiplié moins par moins, ça devrait faire plus. Or ça ne fait rien. Comme si on multipliait zéro par zéro.

lundi 20 juillet 2015

crise

Les économistes et les sociologues qui dénoncent les banques et les institutions européennes dans la crise grecque actuelle font généralement partie d'universités et de centres de recherches qui disposent d'un budget alloué soit sur fonds publics, soit sur financement privé. Avec cet argent, ils paient les salaires, reçoivent des étudiants, organisent des colloques... Naturellement, ils demandent plus, mais doivent se débrouiller avec ce qu'ils ont.  Rares, exceptionnels, inouïs, les cas où une université ou un centre de recherches se déclare en faillite, car l'Etat nommerait alors un administrateur et c'en serait fini de l'autonomie universitaire. C'est déjà arrivé et le bailleur de fonds finance alors l'institution à condition qu'elle fonctionne à l'intérieur du budget alloué.


C’est pourquoi les économistes et les sociologues qui dénoncent les banques mondiales et européennes, lorsqu’ils administrent leurs centres et leurs universités, sont très soucieux de maintenir un équilibre financier qui leur évitera de faire faillite.

samedi 11 juillet 2015

ne partez pas en vacances!

Contre l’austérité, en Grèce, en Europe, se rassemblaient le PC, les extrêmes gauche, ils soutenaient Tsipras et son bras de fer contre les banques et les financiers. Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent, Clémentine Autain. Quelques députés socialistes. Ils ont appelé à voter non à l’austérité.

Puis Tsipras propose de réformer la fiscalité, de faire payer les plus riches, de reculer l’âge de la retraite, bref, ce que lui demandaient les pays européens depuis un certain temps. A Athènes, se rassemblent des communistes et des extrêmes gauches pour protester contre l’austérité.

A Paris, l’extrême opposition à l’austérité boucle les valises pour partir en vacances et ne manifeste plus pour Tsipras. Pourtant, il y a encore de quoi manifester. Pour soutenir les communistes grecs et les frondeurs, pour soutenir la gauche révolutionnaire au Venezuela, les communistes à Cuba, Mugabe au Zimbabwe qui a distribué les terres aux paysans pauvres, partout où se profilent  les traits distinctifs des révolutionnaires au pouvoir qui ont refusé tout compromis, qui ont refusé de compter, la pénurie, les queues devant les magasins, la famine, l’insécurité, l’émigration, les reculs démocratiques.


S’il vous plaît, ne partez pas en vacances, il y encore beaucoup de travail. 

mardi 7 juillet 2015

le non grec

Pour les inconditionnels du marché, toute revendication est une atteinte à ces règles. Pour les inconditionnels de la révolution, tout respect des règles  affaiblit le combat des peuples.

La nostalgie de la révolution est toujours présente. Tsipras, c’est le Robin des bois, Zorro, Che guevara. Le peuple contre les puissants. La misère, mais glorieuse. La mort, mais sur les barricades. La queue devant les magasins, mais le poing levé.

       Dans cette situation, la bouée de sauvetage est urgente. Mais n’ayons pas peur de dire que la victoire du non est une défaite pour la sociale démocratie européenne. Que la construction européenne est une victoire des forces régulatrices dont nous faisons partie, et que tous ceux qui veulent détruire l’Europe, par le haut, par le bas, par la démagogie, sont nos adversaires. Tous ceux qui applaudissent la victoire du non en Grèce sont nos adversaires et le combat politique contre les impasses des radicalismes est aussi urgent que la solidarité européenne.