jeudi 29 janvier 2015

PS




à la suite de mon dernier message, j'ai reçu cette lettre de Joël, le secrétaire de la section socialiste de bz. Voici sa lettere et voici ma réponse. 


Bonjour Maurice,

Ce midi une camarade de la section me faisait part de ton commentaire public sur Facebook, à savoir :
"Si Syriza avait exprimé à l'égard de son partenaire les mêmes exigences que le PS de Biarritz à l'égard de ses alliés, Alexis Tsipras ne serait pas 1er Ministre de la Grèce aujourd'hui. "
En tant que Secrétaire de la Section PS de Biarritz je ne peux que déplorer tes propos (sur le fond et sur la forme) ; propos qui me paraissent, de surcroit, imprécis et infondés : pour toi, Maurice, qui sont nos alliés ?
Je déplore d'autant plus tes propos qu'ils sont tenus publiquement alors que tu sais, parfaitement, que les débats sont possibles dans notre section (en témoigne les nombreux échanges qui ont eu lieu, hier soir,lors de notre réunion de section).

Sache que, de mon point de vue, ce type de comportement est néfaste pour notre section et surtout pour l'image du PS sur Biarritz.

En conséquence de quoi je tiens, par la présente, à te faire part de mon étonnement et de mes interrogations, principalement sur le sens réel que tu donnes à ton engagement socialiste.
Je ne peux que t'inviter à y réfléchir aussi...

Nous aurons l'occasion sans doute d'en reparler.

Reçois, cher camarade, mes sincères salutations socialistes.

ma réponse: 


Bonjour Joël. Marx disait que l histoire se répète toujours la première fois en drame la deuxième en farce. J'ai été exclu du PC par Marchais. Je vais être exclu du Ps par Joël. MARX avait raison.

mercredi 28 janvier 2015

sommation

Si Syriza avait exprimé à l’égard de son partenaire les mêmes exigences que le PS de Biarritz à l’égard de ses alliés, Alexis Tsipras ne serait pas premier ministre de la Grèce aujourd’hui.

dimanche 25 janvier 2015

réconciliation

FIPA janvier 2015. Documentaire « a snake gives birth to a snake » reportage sur une troupe de théâtre d’Afrique du sud qui « joue » les scènes de la commission vérité et réconciliation » et a porté leur expérience dans d’autres lieux de conflit : Rwanda, Irlande du Nord, Pays basque, ex-Yougoslavie, Kosovo, Bosnie, Serbie…

Remarquable travail, sans concession.

Un conflit ethnique peut se terminer de trois manières : 1. La victoire d’un camp sur l’autre. 2. La séparation. 3. La recherche d’un compromis qui permet de vivre ensemble. Le film de Michael Lessac montre clairement que les commissions « vérité et réconciliation » qui mettent face à face les bourreaux et leurs victimes ne peuvent fonctionner que si elles ont été précédées par des négociations portées  par la volonté de vivre ensemble. C’est pourquoi la troupe est efficace en Irlande du Nord et au Pays basque où le cessez-le-feu a permis l’émergence d’une solution politique. Alors qu’en ex-Yougoslavie où c’est la séparation qui l’a emporté, les acteurs ne réussissent pas à faire dialoguer les parties en présence.  

Belle et dure leçon politique. La victoire c’est le pouvoir de la force brutale. La séparation est l’échec du politique dans un repli identitaire. Le compromis est le champ du politique. La scène d’une situation tendue où l’amnistie n’est pas synonyme d’amnésie.


vendredi 23 janvier 2015

Relais

Le Relais est une colonne vide qui reçoit grâce à une roue à aubes les vêtements des habitants qui quittent le quartier. Une association d’intégration recueille les vêtements ainsi jetés et les transforme en vélin de luxe pour les albums de photo pour table basse faite d’un plateau de verre épais posé sur un tréteau en fer forgé. Le Relais le plus proche se trouve près de l’église Saint-Bernard. Quand vous vous approchez de l’orifice avec le caddy, les objets que vous êtes sur le point de poser sur la roue attirent les habitants du quartier qui ne déménagent pas. Ils s’approchent, demandent à voir, trient, ils sont deux ou trois, ou plus, se disputent les chaussures, les sacs, les chemisiers. Ces jeux familiers se nomment  à la Goutte d'Or les soldes de la misère, car à la Goutte d'Or, toutes les activités humaines se reproduisent, commerce, amour, éducation, esthétique, sous une forme appauvrie. La roue à aubes, en tournant, fournit de l’électricité à l’église Saint-Bernard pour réchauffer les sans-papiers. 

déménagement

Nous trions. Les vêtements se prêtent au jeu sans résistance. Qui s’attache à ses vêtements ? Les élimés aux poignets et au col indiqueraient l’indigence. La mode et les vieux réflexes les rejettent. L’imperméable de Colombo, gris caca d’oie, a perdu les boutons d’épaulettes, la ceinture desséchée est devenue ficelle, le feuilleton s’efface des écrans, il prend le chemin des Relais. Il avait pourtant une histoire. Une jeune fille brève, le temps d’un week-end, m’a accompagné à la Madeleine chez Burberry et m’a aidé à choisir cet imper qu’à l’époque tout le monde reconnaissait comme la peau de Peter Falk. Sur les conseils de cette brève rencontre, je l’ai acheté, je l’ai payé et je suis sorti sans que la caissière m’arrache l’anti-vol coincé sous le col. Le portique n’a pas hurlé, je suis sorti fièrement, descendu les marches du métro, ignoré les regards des voyageurs qui cherchaient un uniforme pour me dénoncer et jusque cet appartement rue Polonceau, jusqu’au moment où j’ai ôté le vêtement de Colombo et en l’accrochant au cintre, ma main a rencontré cette fève en plastique résistante à toutes les tenailles. Il fallut retourner chez Burberry, la jeune fille fugitive s’était allongée sur le lit, je suis fatiguée, tu y vas tout seul, dit-elle, et quand je suis rentré, mon achat libéré par une caissière, elle était partie, il n’est restée de sa visite que l’imperméable de Falk.

dimanche 11 janvier 2015

nouveau

Dernièrement, un attentat épouvantable a défrayé la presse et l’opinion : il s’agissait de six personnes assassinées par un jeune homme. On a beaucoup parlé de l’étrange plaidoirie de l’avocat qui a déclaré que le meurtrier se trouvant dans la misère, l’idée de tuer ces six personnes  avait dû lui venir naturellement à l’esprit. … Le défenseur, en émettant une idée aussi singulière, croyait sincèrement s’inspirer des plus hautes conceptions de notre siècle en fait de libéralisme, d’humanitarisme et de progrès.

Dostoïevski, l’Idiot 1869.

déjà

Dernièrement, un attentat épouvantable a défrayé la presse et l’opinion : il s’agissait de six personnes assassinées par un jeune homme. On a beaucoup parlé de l’étrange plaidoirie de l’avocat qui a déclaré que le meurtrier se trouvant dans la misère, l’idée de tuer ces six personnes  avait dû lui venir naturellement à l’esprit. 
… Le défenseur, en émettant une idée aussi singulière, croyait sincèrement s’inspirer des plus hautes conceptions de notre siècle en fait de libéralisme, d’humanitarisme et de progrès.


Dostoïevski, l’Idiot 1869.

samedi 10 janvier 2015

ce n'est pas une guerre

Ce n’est pas la guerre

Avec insistance revient l’expression « on nous a déclaré la guerre ». Il faut refuser ce terme. Quel état nous a déclaré la guerre ? Demain, faudra-t-il négocier un armistice ? Avec qui ? Faire la paix ? Avec qui ? Les prisonniers seront-ils des prisonniers de guerre qui demanderont le droit de porter un uniforme en prison ?

Personne ne nous a déclaré la guerre. Un groupe d’homme auto désignés, qui ne représentent qu’eux-mêmes, estiment que les convictions dont ils sont porteurs ne peuvent s’imposer que par la terreur ou l’élimination de ceux qui ne les partagent pas. Ils sont fous, sauvages, barbares, fanatiques. Ils doivent être combattus par tous les moyens dont dispose un État de droit. Eux pensent qu’ils mènent une guerre. Qu’ils représentent un État. Ne reprenons pas ce mot quoi les décriminalise.



mercredi 7 janvier 2015

terreur

Comment faire de la politique quand l’émotion vous noue la gorge ?

Beaucoup de gens ont pleuré. Ils étaient la famille, les marqueurs d’une liberté sans laquelle l’atmosphère devient irrespirable. Je ne lisais pas Charlie hebdo, mais toutes les semaines, la première page était dans Libé ou Le Monde. Les « provocations » sur le prophète étaient sujets de discussion. Ils étaient clivage et affrontement. Ils aidaient à nous souvenir qu’en République, les limites ne sont tracées que par le droit. Ils ont combattu tous les intégrismes, barbus, voilés, soutanés, front nationalisé, identitaire.

La politique est fondée sur l’idée que l’adversaire fait partie des solutions. Le terrorisme est fondé sur l’idée que la solution est l’élimination de l’adversaire. L’adversaire a été éliminé. La discussion s’arrête.

Toute la société bascule quand les chevaliers de la terreur obtiennent un soutien logistique et politique suffisant pour survivre et prospérer. Ce fut le cas pendant de longues années en Irlande du Nord et au Pays basque où les cadavres avaient remplacé les urnes. Ce sera le cas chez nous si l’emporte l’idée que pour combattre la terreur il n’y a que la terreur. Pour combattre le terrorisme, il faut deux conditions : une police et une justice efficaces. La seconde : isoler les terroristes, assécher leur terrain d’action, qu’ils soient expulsés du tissu national comme une greffe indésirable.

         Si se renforce l’idée que telle ou telle partie du corps social est par nature, par religion, par couleur, par langue, incapable d’accepter la confrontation, le débat, en un mot, la démocratie et la République, la terreur aura gagné.  Que les politiques qui poussent sur la peur et la haine comme larves sur le fumier examinent les cadeaux qu’ils font au terrorisme.




lundi 5 janvier 2015

ne ratez pas la marche

Ne ratez pas la marche

         Le dernier né vomit dans les nuages de fièvre. Il tarde à parler. Il marche. Il sourit. Il se lève. Rien n’existe plus que son bulletin de santé. Le premier né s’affale sur le carrelage de la salle de bain. Le voisin le trouve ainsi allongé et appelle l’ambulance. Un AVC, toujours le cœur s’arrête. Et partout, pour les derniers comme pour les premiers, les derniers qui deviendront les premiers, des escaliers, des perrons, un étage sans ascenseur, descendant vers l’abîme du métro, montant vers la chambre du premier, des marches vers le ciel, des marches vers l’enfer. Le plat est un désert. La mer sans vagues est un lac, la vie sans marches est une longue sieste. Le cabaret au-dessus de la côte des Basques s’appelait les Cent marches, ça vous a une autre allure que Bibi Exola. Un restaurant sur Grands Boulevards se nomme les Quatre marches.  Un restaurant bon marché.

         Marche ou crève.

         D’aussi loin que remontent mes souvenirs, les marches s’imposent. Mes parents étaient marchands forains. Ils faisaient les marchés. Quand ils ont acheté une boutique, la porte d’entrée était précédée d’un perron de deux ou trois marches. A Saint-Quentin comme à Paris. Ils habitaient au premier étage, au-dessus de la boutique, un premier étage sans ascenseur. Puis ils ont habité au troisième étage, sans ascenseur. A Paris, j’ai habité une chambre de bonne d’abord, sept étages sans ascenseur, puis un appartement au second, sans ascenseur, deux étages, grimpés les derniers-nés sur un bras et le panier sur l’autre bras. Encore un logement au deuxième, puis une maison avec trois marches et une porte sur croisillon. Combien d’invités se sont écroulés sur ce piège infernal. Attention, crions-nous, il y a une marche. Puis un autre appartement dit rez-de-chaussée, mais en fait en haut d’un escalier qui menait vers le jardin. Trois marches pour pénétrer dans le couloir. Encore des marches pour aller chez les voisins et les voisines. Nouvel exil, vers une maison d’un seul niveau et pourtant trois marches, et toujours attention à la marche, surtout en hiver, quand il a plu verglacé[mg1] .

         Les marches sont des obstacles de luxe, pour une population de pays développé. L’extrême misère ne connaît que le plat. Le plat des villages, le plat des bidonvilles. Dès que s’élève le niveau de vie se construisent les marches. On objectera que certaines tours sont des taudis verticaux. Oui, mais elles ne l’étaient pas au début. Elles sont devenues taudis avec le temps, avec l’abandon. Elles seront détruites et chacun de ses habitants rêve d’un pavillon sans marche, d’un seul niveau.

         Pour les derniers-nés comme les premiers-nés, les marches sont des obstacles et des instruments de promotion. Le dernier-né se traîne sur le plat et s’élève sur l’escalier souvent interdit par une barrière mobile. Le premier né est conscient d’appartenir à  la communauté des vivants par sa capacité à descendre et à grimper les escaliers. La fatigue, le grand âge, le handicap, réclame du plat, efface les degrés. Devant les bâtiments publics, à l’entrée des restaurants, le béton aplatit les marches pour les derniers et les premiers-nés, la loi arase les terrains pour les premiers et les derniers pas.