A mesure des
découvertes, des expériences, le poids des interventions humaines possibles s’est
accru. Le temps qu’il fait, de mémoire d’homme, était l’affaire du hasard ou des
dieux. Voici désormais que les tempêtes, les inondations, les variations de
température, sont directement reliées aux activités humaines. Un fil se tisse
entre les catastrophes du vingt heures et votre véhicule Diesel. Les
catastrophes ne sont plus naturelles. Si vous êtes né au bon endroit, l’espérance
de vie grimpe au-delà du raisonnable, à condition d’être bien soigné, de vivre
près d’un service d’urgence, de suivre les campagnes contre l’alcool, la
cigarette, les graisses, les sucres, les sels. Tout ce qui était naguère le
fruit du destin et du hasard est happé par le filet des responsabilités
individuelles et collectives. D’où les démangeaisons, les eczémas, les spasmes répétitifs, les
angoisses récurrentes. Un problème de perdu, dix de retrouvés.
après avoir donné de mauvais exemples, voici venir l'âge des bons conseils.
jeudi 31 décembre 2015
lundi 28 décembre 2015
Corse et Pays basque
Jean-Guy
Talamoni : « coup de tonnerre sur la Corse », le monde 19 décembre 2015.
Dans cet
article du président de l’assemblée de Corse, j’ai seulement remplacé Corse par
Pays basque. Sylviane Alaux, Colette Capdevielle et Max Brisson nous
expliqueront demain qu’ils n’ont pas voulu ça.
Les
électeurs ont décidé qu’un nationaliste dirigerait le bureau exécutif de l’EPCI
du Pays basque et qu’un indépendantiste présiderait le conseil. Ainsi se trouve
confirmé que le Pays basque n’est pas une simple circonscription administrative
française, mais une nation, avec sa langue, sa culture, sa tradition politique
propre. Déjà, avant même l’existence de l’EPCI, des mesures avaient été prises
comme la cooficialité de la langue basque. Le nouvel exécutif a prévu un statut
de résident pour lutter contre la spéculation immobilière, un statut fiscal
visant à utiliser dans le nouveau territoire les impôts payés par les Basques
pour le développement du Pays basque, une stratégie de développement rejetant
le modèle du tout tourisme et privilégiant la valorisation de nos atouts
culturels et naturels ainsi que la justice sociale. Enfin le nouvel exécutif
demandera l’amnistie des prisonniers politiques prenant en compte le fait la
phase de confrontation de quatre décennies est arrivé à son terme avec la décidions
de l’ETA de sortie de la clandestinité. Le gouvernement français devra réagir
positivement à ces demandes majoritaires. La question basque a disparu des
écrans radars parisiens sans doute en raison de l’arrêt des opérations de l’ETA.
Il faut prendre la mesure de cette décision historique et cesser de prétendre
que le Pays basque c’est la France.
vendredi 25 décembre 2015
biarritz bordeaux
Voyage Biarritz Bordeaux.
Brigitte a oublié sa carte senior et cherche le
contrôleur pour l'avertir afin de ne pas payer d'amende. Le train est parti,
rempli de familles, d'enfants, de paquets gonflés de cadeaux. Un seul bébé
braille de temps en temps et suffit à occuper l’espace sonore. À Dax, une femme
d'âge moyen, jean noir et pull sombre, voix forte, jaillit de la voiture numéro
neuf, franchit le sas, hurle: « Y a-t-il un médecin ou une infirmière dans
le train ? ». (Le sexe est respecté, un médecin, une infirmière).
Elle traverse la voiture huit où nous sommes confortablement installés et se
dirige en répétant patiemment la même question vers la voiture sept. Quand elle
reprend son souffle, on entend nettement, venu de la voiture neuf, un
gémissement d’une personne qui manifeste ainsi une forte douleur. Dans la
voiture huit, il n'y a ni médecins ni infirmières. Il y a des sœurs et des
tantes et des nièces de médecins, des beaux-frères par alliance de médecins,
une grand-tante de médecins mais pas de médecins directs. Une personne gémit de
plus en plus fort dans la voiture neuf. Dans la voiture huit, le bébé braille,
tranquillement. La fille ou l'amie ou la sœur ou la tante de la personne qui
gémit de plus en plus fort revient delà voiture sept, d'un pas décidé, un air
inquiet lui mange le visage, elle est suivie d’un contrôleur qui prend un air
de circonstance, professionnel, sang-froid, on voit (nous les voyageurs) qu'il
attend ce moment depuis qu'il est contrôleur, depuis une quinzaine d'années et
il ne va pas louper la scène. Le malade gémit de plus en plus fort et on entend
enfin l'annonce attendue (y a-t-il dans le train, dans ce train-là, de Biarritz
à Bordeaux, mercredi matin, rempli de cadeaux de Noël et de récipiendaires. Y
a-t-il un médecin ou une infirmière, dans le respect du genre que des imbéciles
refusent et pourtant, le genre est bien là dans le haut-parleur, un médecin,
une infirmière. Tout à coup, de la voiture sept jaillit une jeune femme d'une
trentaine d'années, sobrement vêtue d'un jean et d'un pull sombre, on dirait la
femme qui réclamait tout à l'heure un médecin, elle avance et elle dit "je
suis médecin", comme une voiture de pompier fait pim pom, elle avance en
criant, je suis médecin pour que les gens s'écartent et la laissent passer.
Voici encore le genre chamboulé. Une femme médecin, et vous allez voir que
bientôt on va voir arriver un homme infirmière. Et chamboulement suprême tout à
l'heure, un agent de sécurité qui sera femme ou transgenre. D'où l'inquiétude
des familles catholiques qui manifestent contre le genre. Avec les évangélistes, les orthodoxes et
les sunnites.
Nouvelle annonce: à la suite d'un incident voyageur,
le train partira avec quinze minutes de retard. Sur le quai, nous voyons
arriver des pompiers, des contrôleurs, des infirmiers, des brancardiers. Une
manifestation s’organise : « le Samu, c’est un médecin et une
infirmière ! » disent les pancartes. « Retrait du genre dans les
TGV ! ». Nous ne voyons pas l'incident voyageur, il ne gémit plus, le
bébé arrière cesse ses cris car il s'est rendu compte qu'il n'intéressait plus
personne. Ne reste plus sur le quai qu'un contrôleur qui siffle le départ. Le
train s'ébranle. Nouvelle annonce: suite à un incident voyageur, le train...Les
portables s'allument, et on entend un murmure universel, chéri, maman, papa,
François, Xavier, mon amour, monsieur, ma tante, nous arrivons à Bordeaux avec
quinze minutes de retard. Puis les haut-parleurs annoncent l'ouverture de la
voiture bar.
De l'autre côté du couloir, un sac à dos est posé sur
le sol, sans étiquette. Une dame âgée, qui lit un roman en livre de poche, lève
les yeux de son livre, regarde le sac, recommence à lire, lève les yeux. Elle
ne dit rien pendant l'agitation de l'incident voyageur désormais placé sous la
protection d'un service d’urgence et sans doute ne voulait-elle pas ajouter un
drame au drame. Mais maintenant, tout est calme. Elle regarde encore le sac. Et
demande: à qui est ce sac? Personne ne lève la main. L'air se glace. Par les
temps qui courent, n'est-ce pas? Le bébé a recommencé ses braillements. À qui
est ce sac? Finalement, un voyageur, la quarantaine, genre baroudeur sans peur
se penche vers le sac, ouvre la fermeture en un éclair et découvre des
bouteilles d'alcool et des sandwichs apéritifs. Prévenu par un autre
voyageur, un contrôleur arrive suivi d'un agent de sécurité qui est une femme,
assez forte, genre transgenre, il fallait s’y attendre. La confusion est
extrême. Le sac est ouvert, tout le monde regarde, tranquillisé, on va boire un
coup. Le propriétaire arrive et dit c'est à moi. Vous pourriez mettre une
étiquette et un nom quand même nous sommes en état d'urgence. Nous avons
quitté Dax. À ce moment, exactement, j'entends nettement "jingle bell,
jingle bell ". Je cherche le coupable, une sonnerie de téléphone, un film
sur tablette sans oreillette? Tout le monde cherche. Finalement, on trouve.
C'est un cadeau de Noël, une poupée chanteuse quand on la secoue, qui chante
des airs connus et les répète inlassablement. Sans se lasser. En posant le sac
à cadeaux dans la soute à bagages, l’acheteur de l’infâme jouet a déclenché le
mécanisme. La poupée ou le père Noël est enfermé dans une boîte en carton, protégé
par une enveloppe en plastique, puis décoré de papier fleuri maintenu par des
rubans tressés. Pour réduire au silence l’instrument de torture, il faut
dénouer les rubans, déchirer le papier cadeau, ôter les bulles protectrices,
impossible. Il se tait. On reconnaît le coupable à son silence, à ce qu’il est
le seul à ne pas demander d’où vient le bruit, à ce qu’il est le seul à s’intéresser
aux forêts de pins. Nous sommes condamnés, voyageurs de la voiture huit,
témoins d'incident voyageur, traqués par des sacs anonymes, entourés de bébés
hurleurs, à entendre jingle bell
jusqu'à Bordeaux. Le contrôleur arrive pour le contrôle des billets et Brigitte
lui dit qu'elle a oublié sa carte senior qui lui donne droit à une réduction.
Il sourit: vous croyez qu'avec tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui, j'ai le
temps de me soucier d'un oubli de carte senior. Vous ne pouvez pas avoir le
sens d'une certaine hiérarchie ? Un peu de pudeur? Un peu de décence? Un homme
agonise dans un hôpital de Dax, un sac nous menace des pires dangers, nous
sommes condamnés à la pire des tortures, qu'on utilise pour faire parler les
terroristes: enfermé dans un local clos, écouter jingle bell pendant des heures et des heures et vous voulez que je
m'occupe d'un oubli de carte senior? Franchement....
Jingle bell
couvre les cris des manifestants : « Un SAMU
c’est un médecin et une infirmière ! ».
mardi 22 décembre 2015
bonne nouvelle du sud
Bonne nouvelle
Net recul des abertzale au Pays basque
espagnol. D’après Mariano Ferrer, « la société a tourné la page d’ETA. Elle
souhaite que la gauche abertzale évolue aussi en reconnaissant …que soutenir le
terrorisme pendant si longtemps était une erreur politique ». (sudouest,
22 dec 15)
lundi 21 décembre 2015
qu'ils se taisent!
Mediabask, manchette : en
première page : l’ETA tient parole. Ils se félicitent de n’avoir tué
personne depuis quelques mois.
Effectivement, l’ETA a toujours tenu
parole : huit cents morts, un climat de terreur, des élus, des
journalistes, des universitaires considérés comme « cibles légitimes »
lorsqu’ils n’étaient pas d’accord, assassinat des anciens combattants trop
critiques, toujours l’ETA a tenu parole.
Mais que veux-tu exactement ? Rien.
Qu’ils se taisent. Au lieu de parader sur les estrades. Un grand silence,
profond, durable. Leur seule contribution possible à la paix qui s’installe.
samedi 19 décembre 2015
à mes amis non-basques.
Des amis non-basques me demandent pourquoi ces notes récurrentes sur l'EPCI. Parce que des élus socialistes ont demandé au ministère de l'intérieur (et obtenu), une intercommunalité fondé sur l'identité "historique" du Pays basque. Le vote doit intervenir au printemps 2016. Les élus socialistes basques pensent pouvoir pacifier les nationalistes en reprenant leurs revendications. Ils ont ainsi redonné un coup de fouet à un mouvement en perte de vitesse. On ne ruse pas avec le nationalisme, on le combat.
Corse Pays basque
Bonjour. Pour mes amis du Pays basque qui connaissent des élus favorables à une intercommunalité basque (EPCI): posez leur la question: quelles seront les trois première mesures de cet EPCI? Je suggère le tiercé suivant: 1. statut de résident, pour distinguer les vrais et les faux Basques. 2. Officialisation de la langue basque. 3. demande d'amnistie pour les terroristes de l'ETA. C'est forcément le tiercé gagnant. Pour tout le reste, nous n'avons pas besoin d'EPCI. Pour ce tiercé, il est indispensable.
jeudi 17 décembre 2015
établissement public corse intercommunal (EPCI)
EHBAI félicite les abertzale qui prennent
la tête de la collectivité territoriale corse (EPCI). Premières mesures :
un statut de résident (il faut distinguer les vrais Corses et les faux),
officialisation de la langue corse, demande d’amnistie pour les djihadistes
corses.
J’attends les félicitations de Max
Brisson, Frédérique Espagnac et Sylviane Alaux.
CR ps
Au lendemain des élections
régionales, nos dirigeants ont demandé que le PS devienne une grande maison
ouverte, transparente, rassemblant largement la gauche et les républicains de
progrès. Je réponds à cette demande en rendant compte publiquement des réunions
de la section.
La section du PS de Biarritz s’est réunie le mercredi 16
décembre pour fêter la victoire d’Alain Rousset et discuter de la suite. Nous
étions une vingtaine, dont quatre ou cinq nouveaux adhérents, jeunes.
Nous avons discuté des résultats à Biarritz, où la gauche se
maintient, mais le FN comme partout en France monte et les militants se sentent
un peu désarmés devant cette inquiétante avancée.
Quelques présents ont regretté le non-respect de la règle du
non-cumul des mandats.
Pour la suite. J’ai proposé d’ouvrir les réunions du PS
Biarritz aux invités, aux sympathisants. Que nos réunions soient annoncées à
l’avance.
D’ouvrir un site public de la section qui permettrait des
échanges. Par exemple, sur les arguments permettant de mieux combattre les
idées du FN. Il y a une forte demande en ce sens.
D’organiser des rencontres publics, genre cafés politiques,
dans des cafés, dans la rue, à date fixe dans des quartiers différents.
Sur le fond : au lendemain des élections régionales,
tous les responsables politiques, en premier lieu les socialistes, ont réclamé
et annoncé une autre manière de faire de la politique. Ont demandé de réfléchir
sur des alliances nouvelles. De ce point de vue, il serait nécessaire d’analyser
« esprit Biarritz » comme une de ces manières nouvelles de faire de
la politique, avec un regroupement qui rassemble partis politiques, société civile,
association…
Sur le danger de repli identitaire. J’ai proposé de mener
campagne contre toutes les formes de ce repli : Voir la Corse, où la
définition ethnique du territoire a conduit logiquement au pouvoir les
nationalistes, qui ont célébré leur victoire avec le drapeau corse. En
Martinique, la droite s’est alliée aux indépendantistes. Au Pays basque, des
élus socialistes et de droite pensent ruser avec le nationalisme en reprenant
ses revendications. Il faut mener campagne contre l’EPCI dont la mise en place
sera fêtée avec des drapeaux basques.
mercredi 16 décembre 2015
suite du second tour
D’un côté un pays qui ne va pas si mal.
Je veux dire autour de moi, je regarde mes statistiques d’amis, de famille,
d’enfants, de connaissances, ça fait quelques dizaines de personnes. En
écartant les accidents de la vie, santé, ruptures, déceptions, frustrations,
dépressions, les gens que je connais, personnellement, sont correctement logés,
bien soignés, partent en vacances, leurs enfants font des études, parfois dans le public, parfois dans le
privé. Ils ont un travail régulier ou sont des artistes, des artisans. Les
retraités voyagent beaucoup.
Je connais peu de chômeurs longue durée
ou de marginaux à la dérive. Ceux que je connais sont pris en charge, suivent
des formations, sont aidés par la famille.
Des gens qui se plaignent d’aller mal
parce qu’ils vont mal, je n’en connais guère. Mais des gens qui vont bien qui
se plaignent d’aller mal, je ne connais que ça. Les médecins font grève contre
le tiers payant et m’expliquent les raisons de la grève avec des arguments
rigoureux. Les commerçants sont en colère contre les travaux urbains qui font
baisser leur chiffre d’affaire, ils me le prouvent. Des retraités qui louent
des logements au noir et sont indignés d’être contrôlés. Dans toute ma carrière
d’universitaire, qui me permettait des revenus corrects, un travail
intéressant, des loisirs pour la recherche, je n’ai rencontré que des collègues
mécontents, contre la dernière réforme, contre les conditions de travail,
contre les contraintes harassantes du métier. Ils ne cherchaient plus, ils
n’écrivaient, tout leur temps était occupé à râler contre d’infâmes conditions
de travail.
Heureusement que de temps en temps, je
subis des accidents de santé ou des mésaventures affectives ou familiales.
Sinon, j’aurais honte d’être tout seul à surnager dans un océan de récriminations
à dire que je vais bien, je pars en vacances, je vais de temps en temps au
restaurant, je fais des cadeaux aux enfants, j’ai une compile de trois mille
chansons la plupart achetés tout à fait légalement, je suis content de payer
des impôts abondants qui me situent dans une tranche supérieure des revenus. Je
marche avec une canne de marque avec un
pommeau d’ivoire.
Je ne suis pas trop égoïste, je lis les
articles et je regarde les émissions sur les personnes en grande précarité. J’ai
même été bénévole dans des associations caritatives et sociales et j’ai
toujours étonné de constater que les personnes en grande nécessité râlaient
beaucoup moins que tous ceux que j’évoquais, qui vont bien et qui se plaignent
d’aller mal. Ils n’avaient même plus l’énergie de râler.
Voici donc le problème politique que
j’ai quelque difficulté à résoudre. Un pays où les quatre cinquième de la
population vont plutôt bien. Qui le disent dans les enquêtes d’opinion. Qui
personnellement vont bien mais collectivement vont très mal. Ceux qui vont très
mal ne votent pas, ne manifestent pas, n’écrivent pas à leur député. Ceux qui
font du bruit sont des gens qui écrivent à leur député, qui vont voter, qui
vont bien mais ont le sentiment d’aller mal. Ils vont bien mais qu’ils
craignent d’aller mal, de sombrer dans la précarité, de perdre leur emploi. Ils
ont peur pour leurs enfants. Les raisons peuvent varier, mais en tout cas, je
suis plongé dans un bourdonnement corrosif de mal-être. C’était mieux avant. Je
suis bien placé pour savoir que ce n’était pas mieux avant, puisque grâce à
l’âge que j’ai atteint grâce aux soins que la sécurité sociale a permis de me
prodiguer, j’étais présent dans l’avant. Je suis témoin que ce n’était pas
mieux. Je revois les logements ouvriers avec parois en carton, l’humidité, les
jeunes à l’usine à quatorze ans, les bouches édentées, vacances un mot
étranger, non, ce n’était pas mieux avant. Qu’est-ce qui permet à ceux qui
n’était pas vivant dans l’avant de dire que c’était mieux avant. Que les
chiottes étaient à l’étage ? Qu’on allait se laver dans un lavabo ? Que
les femmes avaient l’angoisse permanente d’être enceinte, angoisse parfois
partagé par les hommes qui ne s’étaient pas encore enfuis ? L’homosexualité
criminalisée. L’ORTF contrôlée ?
Commencer peut-être par considérer que
notre pays est composé majoritairement d’hommes et de femmes heureux de
l’habiter, d’y travailler, un pays qui attire à la fois des migrants du monde
entier, qui fait l’envie d’une bonne partie du monde, qui attire les capitaux
et les mains d’œuvre qualifiée. Qui exporte savoir-faire, chercheurs,
étudiants, techniciens. Soixante millions de sujets et soixante millions sujets
de mécontentement. D’abord être fier des possibilités, des richesses, parce
qu’elles permettent d’affronter les plus graves défis, les difficultés les plus
urgentes. Et on y arrive. Pas toujours pas partout, mais il y a autant de
solutions que de catastrophes.
Pour reconstruire : associer les
citoyens à la vie politique. Ne pas être le réceptacle du bureau des plaintes,
mais construire des solutions, associer à la répartition des richesses,
construire des hiérarchies choisies. Prenez vos responsabilités, citoyens !
dimanche 13 décembre 2015
préférence régionale
Le FN parti de guerre civile dit Manuel
Valls. A juste titre. Tous ceux qui prétendent faire coïncider citoyenneté et
appartenance ethnique privent potentiellement d’État les hommes et les femmes qui ne correspondent
pas à cette appartenance. Rien n’est plus urgent que d’obtenir alors un État
qui les protège. Protection et appartenance vont de pair. L’histoire et
l’actualité nous présentent tous les jours des conflits qui sont dus à ces
discriminations.
Le FN dans sa campagne parlait de « préférence
régionale », de soutenir les cultures locales. De créer dans les régions
un ministère de l’identité.
En Corse : avec un peu de courage,
on aurait pu inscrire l’île dans une région plus vaste. Mais les frontières d’une
île sont sacrées. Donc on a fait une région corse. Résultat : ce sont les
nationalistes qui gouvernent, au nom de la préférence insulaire. Les partis
républicains sont balayés.
Mais au Pays basque nous sommes
protégés contre ces dérives. Une longue tradition de luttes paisibles, de rejet
de la lutte armée, d’universalisme culturel, nous met à l’abri.
Je ne comprends donc pas ceux qui
relient l’EPCI à une histoire de violences. Je ne comprends pas ceux qui
affirment que l’EPCI doit être accepté sous peine de reprise de la lutte armée.
Quelle lutte armée ? Je ne comprends pas ceux qui disent que l’EPCI
permettra de consolider le processus de paix. Sommes-nous en guerre pour qu’il
y ait processus de paix ? Pourquoi certains partisans de l’EPCI tissent-ils
une toile entre gouvernance ethnique et roulements de tambour ?
A force, ils vont m’inquiéter.
lundi 7 décembre 2015
faire le point
Faire le point.
Toute
ma vie, j’ai fait de la politique. J’ai cherché un lien entre l’actualité et
les grands principes. Souvent pour le pire, parfois pour le meilleur, parfois
pour rien. Pour le plaisir de chercher.
Ces
jours-ci, faire de la politique, c’est essayer de mobiliser le travail accompli
sur les relations entre violence et politique pour tenter de comprendre les
nouvelles formes de remises en cause dramatiques des sociétés démocratiques et
de leurs principes. Je continuerai à dire ce que je pense dans ce domaine. Je
combats tous ceux qui pensent qu’on peut éradiquer le terrorisme politique par
des mesures sociales.
J’ai
beaucoup travaillé sur les migrations, les mouvements de population, internes
et externes. Les grands bouleversements, les guerres, les crises, poussent des
millions de personnes à partir tandis que d’autres territoires les attirent. (push and pull factors). Ces grands
mouvements (immigrations irlandaises aux États-Unis, en Grande-Bretagne, Europe
centrale en Europe et aux États-Unis, puis africaines vers l’Europe. Ces
migrations remettent en cause la définition des nations qui doivent accueillir
de nouvelles langues, de nouvelles religions. Et chaque fois, la crainte du
nouveau crée des réactions populistes, fondées sur la peur fondée ou non des
concurrents qui arrivent sur le marché du travail et de la délinquance.
S’appuyant sur les craintes des nantis accrochés à leurs privilèges et des plus
démunis, des moins outillés intellectuellement. Front têtu et mâchoires
serrées, Ian Paisley ou Marine Le Pen, ils investissent dans la bêtise, un
terme qu’on n’utilise plus depuis que le suffrage est universel.
Mon
plus grand échec a été dans le domaine du militantisme. J’ai raconté ailleurs
mes voyages à l’intérieur de la planète communiste. J’ai plus rarement parlé de
mes expériences à l’intérieur du PS. Elle peut se résumer ainsi : le PS
est composé d’élus ou d’aspirants à des postes politiques ou administratifs.
Les membres du PS qui ne font pas partie de ces deux catégories et qui
souhaitent participer à des lieux de débat sont considérés selon les périodes
comme d’aimables emmerdeurs ou d’entraves à la vie clanique. Dans le 18ème
arrondissement de Paris, où la gauche réformiste et ses alliés étaient au
pouvoir local et municipal, j’ai toujours été écouté poliment, mais ne faisant
partie d’aucune famille, je provoquais par cette absence d’allégeance des
méfiances jamais dissipées. « Pour qui roule-t-il ? » est une
question redoutable quand elle reste sans réponse.
A
Biarritz, à l’autre bout de la France, le PS s’était installé dans le doux
confort d’une opposition municipale d’autant plus stridente qu’impuissante.
Puis des militants socialistes s’allièrent à la droite centriste contre une
droite conservatrice. Ils partagèrent le pouvoir, mais furent exclus du PS. Ils
avaient ouvert la porte à une alliance inédite entre une gauche réformiste
soucieuse de gouverner une ville ambitieuse et solidaire avec une droite opposée
culturellement aux dérives sarkozystes. Aux élections suivantes, l’accord fut porté
par les partis socialistes et radicaux mais une partie des militants persistent
à penser que le PS a perdu son âme dans l’aventure.
Telle
est la situation aujourd’hui et la guerre larvée ou ouverte fait rage entre ces
deux tendances. Faut-il d’abord obéir à l’appareil socialiste ou aux
engagements électoraux ? Je fais
partie de la seconde tendance et soutiens avec obstination une entreprise
politique inédite qui me semble porteuse d’avenir. Le résultat est que je suis
considéré comme un adversaire par les secrétaires de section successifs. Le
premier voulait m’empêcher de parler au nom du PS dans un débat, le suivant m’a
menacé d’exclusion, le troisième tente d’étouffer toute discussion à
l’intérieur de la section.
Pourquoi
je reste ? Sans doute parce que la section socialiste de Biarritz, qu’elle
s’en félicite ou non, fonctionne dans l’un des rares endroits où l’horizon se
déchire.
mercredi 2 décembre 2015
durée
lu dans les réseaux : "Les musulmans ne sont pas tous terroristes, mais les terroristes sont tous musulmans.". Dans le dictionnaire des idées reçues de Flaubert: "les républicains ne sont pas tous des voleurs, mais les voleurs sont tous républicains". La connerie survole le temps.
dimanche 29 novembre 2015
vaincre le terrorisme
De
mémoire d’homme, nos sociétés ont été toujours été menacées gravement par des
mouvements terroristes : l’IRA au Royaume-Uni, l’ETA en Espagne, la bande
à Baader en Allemagne, les Brigades rouges en Italie. Les FARC en Colombie, le
Sentier lumineux au Pérou. Des milliers de morts, des climats de terreur. Ces
mouvements ont parfois été vainqueurs et sont arrivés au pouvoir, comme Mao
après la Longue Marche, ou la guérilla cubaine de Fidel Castro. En Europe, ces
mouvements armés ont été vaincus. L’IRA, l’ETA, le FLNC, ont déposé les armes
sans avoir atteint leurs objectifs. En Irlande, au Pays basque, en Corse, du
combat armé il reste quelques armes rouillées, des cagoules mitées, des
prisonniers épuisés, des repentis, quelques clandestins, des chants de guerre, des
demandes de libération anticipée pour maladie grave.
A quelles conditions ont-ils été
battus ? D’abord au prix d’une bataille politique et idéologique qui leur
a rendu l’air irrespirable. Il fallut chasser la moindre bulle de
justification. Dans un pays démocratique, où les droits collectifs et
individuels existent, l’emploi de la violence pour des objectifs politiques
s’apparente à un putsch, rouge ou brun, mais toujours un putsch. Combattre
leurs soutiens était aussi importants que les opérations de police.
S’il n’y a aucune raison d’utiliser la
violence armée, ni sociale, ni politique, ni identitaire, ceux qui l’utilisent
ne sont pas des soldats ni des militants, mais des terroristes. Pourchassés,
ils furent traités comme des criminels, Jamais comme des prisonniers politiques
ni comme prisonniers de guerre. Les membres de l’ETA ou de l’IRA ne cessaient d’affirmer
qu’ils étaient en guerre. Les sociétés britanniques, espagnoles, françaises,
leur refusaient ce royal hommage. Il n’y eut pas d’armistice négocié. Les
guerriers ont déposé les armes et Gerry Adams, dirigeant républicain, a demandé
aux catholiques de téléphoner à la police s’ils étaient témoins d’une action
armée. Depuis, l’Irlande du Nord vit en paix.
Dans les cas irlandais ou basques, la
revendication nationaliste s’appuyait sur l’exclusion d’une partie des citoyens
à qui l’État refusait la citoyenneté. Des citoyens qui ne possèdent pas la
protection d’un État n’ont de cesse de s’en fabriquer une. Pour être citoyen britannique,
il fallait être protestant. Tous les signes d’une culture basque étaient considérés
comme des trahisons par l’Espagne franquiste. Aujourd’hui quand un Basque cagoulé
affirme qu’il ne dispose pas de la protection d’un État, qu’il reste un
apatride tant qu’il ne disposera pas d’une totale indépendance, il est
accueilli par un salutaire éclat de rire.
Devant les nouvelles formes de
terrorisme, le passé nous lègue-t-il quelques leçons ? Les djihadistes
basques ou irlandais avaient besoin d’un appui logistique et politique. Ils
devaient donc faire de la politique, apprendre jusqu’où ils ne devaient pas
aller pour ne pas perdre ces appuis. Les nouveaux terroristes ne recherchent
aucun appui, ni politique, ni logistique, dans les pays où ils agissent et
l’escalade de l’horreur fait au contraire partie de leur stratégie.
Il en résulte un sentiment
d’impuissance. Les démocrates combattaient inlassablement la terreur
nationaliste par des arguments, des manifestations, des livres et des chansons.
Aujourd’hui suffit-il d’appuyer les opérations de police pour combattre le
djihadisme ? Suffit-il de mettre un drapeau français à la fenêtre ?
Voici un angle de réflexion : les
terroristes basques et irlandais, par leur violence, voulaient provoquer une
vague de répression et d’exclusion, de méfiance à l’égard de l’ensemble des
Basques et des catholiques afin de « prouver » qu’ils étaient
réellement dépourvus d’État. Les djihadistes islamistes voudraient porter la
guerre civile en provoquant des réactions tribales. Ils aiment les
Saint-Barthélémy, les charniers rwandais, les purifications ethniques. Massacrons-nous
les uns les autres, éliminons tous les partisans de la mixité, nous irons
planter le drapeau noir à l’entrée des charniers.
Que pouvons-nous faire ? Pour éviter
le pire, il faut chasser de nos têtes et des discours publics ou chuchotés tout
ce qui mène à la purification ethnique, tout ce qui fait coïncider frontières
et identités. Chacun peut y contribuer.
lundi 23 novembre 2015
pour un pays basque sans frontières
L’EPCI Pays basque donnerait une reconnaissance administrative et politique
au Pays basque. Le Pays basque était un pays sans frontière. Désormais, il sera
reconnu, il existera. Pour Batera : l’EPCI est une « première étape
de la reconnaissance du Pays basque. Pour Sylviane Alaux : le Pays basque
a des « frontières sacrées ».
Ces frontières sont déjà dans les têtes. Voir le débat au conseil
municipal. Tous (sauf Guy Lafite) se sont crus obligés de donner des preuves de
leur appartenance, de leur attachement au Pays basque. Et leur souhait d’une
traduction politique de cette passion.
Il faut affronter cette question.
Faire coïncider gouvernement et identité
est toujours au moins un
risque, au pire une catastrophe. Elle remplace une identité citoyenne par une
définition identitaire. J’observe le débat : d’un côté les envolées, les
sanglots dans la voix de ceux qui déclarent leur flamme et veulent épouser le
Pays basque et en face, des gens qui sont contraints d’être aussi amoureux,
mais critiquent le contrat de mariage. Avec des sanglots dans la voix et avec
la même passion, avec toute l’expérience d’un homme qui a traversé des conflits
ethniques, des meurtres sous drapeau, des massacres identitaires, je le dis et
je le répète : céder le pouvoir politique, même limité, à des aspirations
nationalitaires transforme la vie politique en profondeur. L’intérêt général
devient clientélisme et les partis politiques deviennent des clans. Croyons-nous
être à l’abri des dérives corses ?
mon intervention à la réunion d'Esprit Biarritz du lundi 23 novembre 2015.
Faire coïncider administration et ethnicité crée deux catégories de
citoyens. Avant même d’être mis en place, l’EPCI les a créés : pour, les
vrais. Les contre : pas de vrais Basques. Les modalités de vote révèlent
ce clivage. A Belfast, les catholiques n’étaient pas considérés comme de vrais
citoyens britanniques. Ils avaient moitié moins de voix aux élections.
Faire coïncider administration et ethnicité crispe la politique. Je demande
de lire et d’entendre le vocabulaire guerrier qui hérite des combats passés.
Des termes révolus refont surface : Pays basque nord, Ipparalde. Les
opposants à l’EPCI « prennent le
Pays basque en otage ». Le Pays basque « n’acceptera pas qu’on refuse cette avancée ». Les habitants « ont toujours sanctionné ceux qui
allient à l’encontre du Pays basque ». Les maires qui’ s’opposent
« tournent le dos au territoire ».
Ils devront rendre des comptes ». Si
vous pensez que ces formules viennent d’Abertzale radicaux, vous vous
trompez : vous les trouvez dans les discours d’élus tout à fait modérés.
Avec Xabi Larallde dans enbata (19
nov 2015) on saute un pas : Si l’EPCI ne marche pas, nos enfants nous
diront que nous avons été stupides de déposer les armes.
Demain, dans une intercommunalité unique qui donnera vie à un Pays basque
politique, j’imagine les discussions sur les répartitions budgétaires entre le
festival du film basque et le festival latino. Actuellement, dans les
manifestations pour l’amnistie des prisonniers, les élus participent en ordre
dispersé, personne ne représente le Pays basque tout entier. Demain, le
président de l’EPCI, s’il participe, me représentera aussi.
S’opposer à l’EPCI, c’est être contre la culture basque ? Ou contre
les Basques ? Ceux qui posent ainsi la question confirment mes
inquiétudes : ils brassent identité et politique. Actuellement, les
contrats de formation en basque existent, ainsi que les ikastola, les crèches
existent, toujours le résultat d’une activité militante et de choix
individuels. Officialiser la langue, ce sera prendre le risque de transformer
des villages de l’intérieur en colonies linguistiques pour les candidats aux
concours administratifs et aux différents emplois. Des élus éloquents
consacrent beaucoup de temps et d’énergie à prouver leur amour la langue basque
dans des contrats officiels, et du coup, ils n’ont plus le temps d’apprendre la
langue qu’ils aiment tant. La chance de la culture basque est de vivre dans une
société plurielle, de s’affronter et de se mélanger en permanence avec d’autres
cultures. La richesse de la langue et de la culture basques aujourd’hui, c’est
son caractère militant, volontaire, inventif.
Qu’est-ce qu’un Basque ? C’est une personne qui pose la question et ne
connaît jamais la réponse tant elle est multiple. Je n’ai aucune racine basque.
Peu à peu, je m’intègre. Le rugby m’indifférait, je discute sur la fusion des
équipes. Je m’intéresse aux ikastolas. Je mène le combat contre l’EPCI. Je me
sens à l’aise, accueilli. Je suis en train de devenir Basque à ma façon. Batera
militant pour l’EPCI dessine un autre pays dans la liste de ses soutiens :
la crèche bascophone, l’ikastola de Mauléon, une association d’aide aux
prisonniers. Pour Batera : le président idéal du prochain EPCI, sera un
ancien etarra, vingt ans de prison, bascophone, qui choisira qui est basque et
qui ne l’est pas. Je n’ai pas envie de
devenir étranger dans le pays où je vis.
mercredi 18 novembre 2015
le diable et le bon Dieu
Dom Maurice, curé de Saint-Martin, est
un fidèle de Mgr Aillet, évêque de Bayonne, militant contre toute forme de modernisation
de l’église catholique. Dans ses sermons, il condamne l’euthanasie et le Dr
Bonnemaison, l’avortement, le mariage pour tous et fustige l’Islam, religion du
diable. Les catholiques de la paroisse qui ne sont pas d’accord vont communier
dans d’autres églises. Personne ne s’est levé pendant d’un sermon pour exprimer
un désaccord. Silencieusement, ils sont allés ailleurs.
Après la Saint-Barthélémy islamiste du
Vendredi 13 novembre, Dom Maurice est présent le samedi 14 novembre, devant la
mairie de Biarritz. Je m’approche de lui après la minute de silence :
Monsieur le curé, vous ne croyez pas dans les présentes circonstances qu’il est
mal venu de prêcher la haine ? Il se défend bien sûr, ce n’est pas vrai. Si
c’est vrai, des catholiques présents confirment. La discussion est vive.
Le dimanche 15 novembre, Dom Maurice
avait renoncé à ses condamnations et prêché davantage selon l’Evangile, d’après
les présents.
Conclusion : la première force du
Diable est le silence des agneaux.
dimanche 15 novembre 2015
au pays basque on est tranquille
L’État islamique a envoyé huit kamikaze dans les rues de Paris tuer le plus
possible n’importe qui. Cent trente morts et le pays est tétanisé. Parler d’autre
chose que du carnage est incongru. Des articles expliquent comment on devient
fou de Dieu. La veille, et le lendemain. Nous ne saurons jamais tout. Mais nous
sommes à peu près certains de l’objectif : un pays où Dieu est possible
mais pas obligatoire. Un pays comme ça, c’est fragile, chacun dans un coin
voudrait le dessécher en une définition unique : blanc, chrétien,
lumineux, patriote, masculin, hétérosexuel. Chacun dans ses difficultés
voudraient le transformer en territoire amniotique et protecteur des orthodoxes contre les
hétérodoxes. La lutte se mène partout, partout on veut réduire le pluriel en
singulier, le divers en même, chasser l’autre pour protéger les siens.
Devant le massacre, tout le monde parle. Un passant tend la main et se
tranquillise : « au Pays basque, on est tranquille ».
La moitié des habitants du Pays basque ont des enfants ou des proches qui
étudient et travaillent dans la région parisienne. Ils se sont fait massacrer
dans un restaurant ou une salle de spectacle. Mais un passant se rassure :
« au Pays basque on est tranquille ».
identités perdues
J'ai trouvé une catho et elle ne pratique pas. J'ai trouvé une Basque et elle ne pratique pas. Elle seule n'est pas déçue: elle a trouvé un chieur et il pratique.
amitiés
mes amitiés à Ahmed, Aziz, Aziza, Abdel, Zora, Souad, Fatia, Mohamed,...Ils vont subir les retombées d'un crime qu'ils abhorrent autant que moi.
plaintes
à ceux qui se plaignent un peu trop: les jihadistes se sont attaqués à nos nos succès et à nos valeurs. Ils les détestent plus que nous les aimons.
vendredi 13 novembre 2015
revanche
Un militant
Batera distribue une brochure de défense d’EPCI à Madame Brigitte Pradier,
conseillère municipale à Biarritz. Vendredi 13 novembre 2015, aux Halles. Brigitte
Pradier déclare qu’elle est contre l’EPCI, elle n’aime pas la confusion entre
identité et politique. L’homme répond : « ah ! L’identité.
Justement. On a souffert pendant des années et des années. Maintenant, on va
prendre notre revanche ».
mardi 10 novembre 2015
identité
l'identité clive. elle est ce qui reste quand tout le reste a disparu. comme elle clive!Je le constate dans ma section socialiste de Biarritz. On ne s"est jamais engueulé sur la loi Macron, les réformes scolaires. Mais sur l'EPCI, quelles tensions! c'est ainsi. Les ouvriers de Belfast catholiques et protestants manifestaient ensemble contre le chômage dans les années 1930. Mais ils s'entretuaient pour enlever ou pour hisser un drapeau britannique ou irlandais. Tout ce qui mixte identité et politique est potentiellement explosif.
mercredi 4 novembre 2015
olite
La tête heurta la table basse en verre épais. Le tabouret léger avait
dérapé sur le parquet ciré et son poids l’avait entraîné sur le sol, sur le
dos, loin du lit. Il essaya de glisser vers le matelas, en s’appuyant sur les
coudes. Releva le buste, regarda autour de lui, se mit à rire nerveusement. Franchement
comment se trouvait-il dans cette position ? Depuis Biarritz, cent vingt
kilomètres sur autoroute, puis parking devant la haute muraille du château
d'Olite. Les bagages furent dégagés du coffre, mis sur épaule ou sur roulettes,
sac plein équilibrant la canne. Des pavés, des marches, conduisent
au parador, un château dans le château, l'énorme château d'Olite, que des
touristes espagnols surtout à cette période de l’année, visitent avec leurs
enfants, prennent des photos dans les meurtrières, les chambres voûtées. Une
armure guerrière, noire, métallique, devant le comptoir d'accueil, fait pleurer
une petite fille qui se réfugie dans les bras de sa maman pendant que le papa
ou faisant fonction remplit les formulaires. Vous ne pourriez pas placer cette
armure à un autre endroit, grommelle le père, chaque fois que je viens ici avec
ma famille dont je suis le père et pas faisant fonction, ma fille pleure, elle
a peur de ce guerrier noire, avec lance et épée. Puis c'est leur tour, ils se
plaignent du nombre d'enfants qui pleurent. Remplissent les formulaires,
montrent leur carte d'identité. Reçoivent une clé. vident la valise, branchent
les tablettes, les téléphones, vérifient le réseau, reçoivent le courrier,
répondent, argumentent contre des militants de gauche pendus aux basques des
Basques. Il affronte l'identité, le nationalisme, la frontière. Il
tape, tape, jusqu'au bout de la nuit, c'est sa façon d'aimer.
Sortent sur la place royale, tournent à droite jusqu'à la rue de la
Juiverie, une auberge ouverte, un menu correct, ont-ils de la place. Ils
discutent entre eux, beaucoup de tables sont réservées mais à partir de quinze
heures, ils auront le temps de manger. Du pain, des olives, un verre de rouge
Navarre, platos combinados. des
enfants passent en hurlant vers les toilettes, accompagnés par le grand frère
ou par la maman, rarement par le père. Ils paient, font la sieste, il se
réveille sous l'effet de la colère contre les territoriaux. les
territorialistes. Les territorialisants. Commence à écrire contre, sur ce siège
en bois, instable, devrait être interdit, il se tourne, le siège glisse, sa
tête heurte une table basse et il se retrouve collé au sol.
Il tente de redresser le torse, y parvient juste assez pour que son regard
repère le fauteuil instable répandu sans forme, une table basse toujours
menaçante. Il se rappelle l'église gothique avec retable doré qu'une dame, à
l'entrée, assise sur une chaise d'église, entourée de trois enfants, attentifs
à une boîte en fer qui sert de caisse, illuminait pour deux euros. De l'église,
ils ont franchi quelques escaliers pour pénétrer dans le grand château d'Olite avec
tours et colimaçon que malgré tout, il franchit en se tenant à la rambarde
métallique. Martini dans le bar du parador, rempli de veuves qui toutes
dégustent un jus d'ananas et rhum.
Elles sont toutes assises sur des
fauteuils stables alors que si elles tombaient, elles ne pourraient sûrement
pas se relever.
La télécommande fut entraînée dans sa
chute, il allume, change de chaîne, respire, expire, pousse. S’il atteint le
matelas, il pourra s’appuyer sur le lit et sans doute se relever. Des
manifestants brûlent des pneus et des clayettes, des débris d’avion dans un
désert immobiles, il a une chance inouïe, il n’est tombé que d’un petit mètre,
amorti par un plancher ciré, sur lequel il glisse peu à peu, atteint le lit, se
pousse sur les coudes, se met debout et dit : il pleut, il ne nous reste
plus qu’à prendre un apéritif avec des olives de la région. Pendent tout ce temps,
elle n’a pas cessé de rire.
mardi 3 novembre 2015
qu'est-ce qu'un quelqu'un
Qu’est-ce qu’un quelqu’un ?
Reconnaissons
les brûlures personnelles dans la question. Des parents dont le seul passeport
était un accent rouleur de questions. Un nom provoquant d’autres questions. Une
fuite devant des uniformes. Des difficultés cuisantes pour renouveler la carte
d’identité.
Une histoire
individuelle qui est l’histoire du monde. D’où es-tu, d’où viens-tu, qui t’habite,
qui habites-tu ? Où enterres-tu tes ancêtres ? Chaque fois, quand la
vague brune des identités l’emporte sur l’humanité, chaque fois que l’on marque
les hommes comme on marque le bétail, chaque fois l’humanité recule.
Quand même,
il faut bien être de quelque part ? Bien sûr. Joyce et Beckett sont nés en
Irlande et chaque mot qu’ils ont écrit était un désengagement de cette
assignation. Joyce disait de la nation qu’elle était une truie dévorant ses
enfants. Beckett, à la récurrente question « êtes-vous Irlandais », répondait
« au contraire ».
Quand même,
il faut bien être de quelque part ? Bien sûr. Les apatrides sont des
orphelins de l’État disait Hanna Arendt. Qui refuse la famille ? D’accord.
Mais alors que l’origine, l’identité, la nationalité, restent de transparentes questions
et surtout pas des frontières officielles.
Qu’est-ce qu’un
Basque ? C’est une personne qui pose la question et ne connait jamais la
réponse tant elle est multiple. Qui transforme cette question en réponse administrative
empêche les oiseaux de chanter.
mardi 27 octobre 2015
Identités
Le
conseil fédéral du PS 64 a voté à la quasi-unanimité pour le projet d’EPCI (Sud-ouest 27 octobre 15). Selon Sylviane
Alaux, député, ce vote représentait « un gros risque », mais le
résultat est un « grand moment ». Pour Frédérique Espagnac, ce vote
respecte les « identités du département ».
Il
manque quelques éléments à ce compte-rendu du conseil fédéral. D’abord, que des
sections socialistes ont voté contre l’EPCI, que d’autres n’en ont même pas
discuté. Dire que les élus socialistes vont suivre le conseil fédéral est donc
pour le moins hardi.
Il
reste qu’une cinquantaine de membres du conseil fédéral ont voté leur soutien
au projet d’EPCI. Sans discussion sur sa cohérence, sa faisabilité. Il reste
dans le compte-rendu un seul argument : l’EPCI « respecte les identités
du département ».
Dans
une atmosphère politique difficile, le PS fuit les difficultés en se réfugiant
dans le respect identitaire. Ce fut déjà le centre de la campagne des élections
départementales, où il fallait « respecter le territoire », avec les
résultats que l’on connaît.
Quand
on respecte l’identité plus que les principes, on ne perd pas seulement les élections,
on perd aussi tous les repères.
S’il
y a un parti qui doit fonder sa politique sur des principes universalistes, de
solidarité, de républicanisme, ce devrait être le PS. Que les autres partis bredouillent
pour de mesquins calculs électoraux, c’est leur affaire. J’attends mieux du PS.
dimanche 25 octobre 2015
révolutions
Libération
donne la parole à des artistes, des metteurs en scène, qui annoncent une révolution, tant la
souffrance sociale est grande. (jeudi 22 octobre).
Les perspectives politiques
sont peu claires et la place est dégagée pour les cris de guerre, les
certitudes blindées. Quand les puissances occidentales pouvaient piller les
ressources naturelles des colonies, les transformer en tissus et produits
manufacturés et les revendre ensuite dans un marché captif, les choses étaient
meilleures pour nous. Non seulement ces échanges inégaux assuraient un niveau
de vie acceptable pour les salariés européens, mais les colonies étaient terres
d’émigration et de réussite professionnelle : administration, agriculture,
par millions, les Européens émigraient vers les terres nouvelles d’Amérique et
d’Afrique.
Tout
ça est terminé. Comme sont terminées des pratiques familières : importer
des mains-d’œuvre bon marché et les renvoyer quand elles devenaient inutiles,
utiliser les femmes comme salariées d’appoint, pendant les guerres et puis les
renvoyer au foyer au retour des soldats. Ces variables d’ajustement étaient
diablement efficaces. Elles ne peuvent plus désormais être utilisées.
Le
chemin de la révolution étant fermé par une saine sagesse populaire, il reste
des recours protectionnistes. Les plus riches veulent blinder leurs privilèges.
Les moins riches retrouvent les instincts corporatistes et identitaires pour ne
pas perdre les leurs. Entre ceux pour qui le territoire est devenu mondial et
ceux qui n’ont comme monde que leur territoire se joue une partie dangereuse
parce qu’un terrain commun peine à se dégager.
Certains
persistent à nous annoncer une révolution, une insurrection. Seule une scène de
théâtre peut transformer une chemise déchirée en révolte du Potemkine.
Ça
fait parfois de superbes spectacles. Pourvu qu’ils n’empêchent pas de
travailler les soutiers de la politique.
liberté
La
Chine communiste accorde le « Prix Confucius », un contre-prix Nobel révolutionnaire.
En 2010, le lauréat fut Fidel Castro, en 2011, Vladimir Poutine, en 2015, Robert
Mugabe dictateur qui règne au Zimbabwe par la terreur et affame son peuple.
Maati
Monjib, historien marocain, est en grève de la faim parce qu’il n’a plus le
droit de voyager.
Je
déjeune, je sors acheter mon quotidien,
je le lis à la terrasse d’un café et je respire avec volupté mon aire de
liberté.
détail de l'histoire
Laurent
Joffrin, libé 22 octobre 15 : sur Karl Marx :
« une
certaine critique parisienne s’évertue à remettre à la mode le vieux prophète
du communisme (Karl Marx) en portant aux nues quelques échappés du Jurassic
Park, comme Badiou ou Zizek, qui trouvent amusant de proclamer leur admiration
pour Staline ou Mao, notamment dans leur œuvre principale qui a consisté à
faire tuer quelques dizaines de millions de personnes coupables de ne pas
comprendre …les immenses bienfaits du marxisme en actes ».
Effectivement,
ce sont des révisionnistes. Pour eux, les immenses massacres sont un « détail »
de l’histoire.
dimanche 18 octobre 2015
terrtoires
Le
territoire est défini par des frontières qui sont la plupart du temps des
rapports de force. Toutes les frontières ont fluctué et parfois mergituré. Le
territoire est défini par des langues parlées, par des religions. Rien de moins
naturel qu’une frontière. Pourtant, elles revendiquent toutes une essence éternelle.
La France est un hexagone délimité par des montagnes, des fleuves, des océans. Les
Pyrénées séparent la France et l’Espagne, mais unissent le Pays basque grâce
aux chemins de contrebande.
L’Irlande
est un bon exemple : pour les nationalistes irlandais, quoi de plus
naturel qu’une île ? Pour les unionistes protestants, il était beaucoup plus
naturel de traverser la Manche que de prendre le train pour Dublin.
C’est
pourquoi tout nationalisme est d’abord une archéologie. Il faut rechercher des
traces de l’éternité enfouies dans le sol.
mercredi 14 octobre 2015
Pays basque
S’il
n’y avait pas un mouvement nationaliste au Pays basque, qui aurait eu l’idée
incongrue de rassembler en un seul « territoire » 158 communes, un
conseil de 237 membres, une entité ingérable, source de conflits sans
fin ? Si les objectifs étaient économiques, culturels, le respect des
bassins de vie, la solidarité fiscale, jamais ils n’auraient abouti au
regroupement proposé. Ils ne prennent sens que dans une visée identitaire.
Visée
nationaliste tout à fait légitime. Le nationalisme est un mouvement politique
qui réclame une adéquation entre un territoire défini et un mode de
gouvernement. Ceux qui s’estiment liées par une histoire, une langue, un
territoire, ne se reposeront pas tant qu’ils n’auront pas un gouvernement
correspondant à leur définition du territoire. Les peuples d’’Ecosse, de
Catalogne, du Québec ont ainsi milité pour une autonomie de gouvernement. Ainsi
que le Pays basque espagnol. Cette aspiration s’est manifestée par des
élections où les nationalistes obtenaient un soutien important, parfois
majoritaire.
Or
la situation est radicalement différente au Pays basque français.
Régulièrement, à tous les scrutins, plus de 90% de la population soutient des
élus et des partis qui ne veulent pas d’autonomie, ni de regroupement avec le
Pays basque espagnol. Qui ne veulent pas de correspondance entre identité et
administration.
Le
projet qui nous est soumis admet comme axiome qu’une majorité de la population
concernée est nationaliste. C'est à dire qu’elle souhaite un mode de
gouvernement correspondant à une identité basque. Batera, après avoir demandé
un département basque, soutient l’EPCI comme un pas vers la reconnaissance
politique du Pays basque. Les quatre maires du littoral qui renâclent « veulent
tourner le dos au Pays basque ». EHbai : a toujours demandé un
département basque. L’EPCI est une première étape avant d’avoir une
collectivité élue au suffrage universel.
Même expression du PNB : « première étape vers une
collectivité du Pays basque». Colette Capdevielle soutient depuis longtemps un
département basque. « Il serait dramatique de morceler le
territoire ». L’EPCI correspond « aux attentes du territoire ».
Le
territoire attend, le territoire morcelé veut retrouver son unité. Le
territoire veut. Il gronde. Il rugit contre les maires qui lui tournent le dos.
Le territoire est mûr. « Notre territoire devra décider ». Le
territoire ne peut mentir. Il a raison contre les opinions, les scrutins, les
mouvements de population. Il est sacré. Les gens qui le peuplent ? On se
débrouillera par la suite pour les faire entrer dans le moule qui sera ainsi
créé. Il n’y a pas si longtemps, des groupements armés voulaient contourner
l’opinion majoritaire par la violence sanctifiée par le territoire. Ce temps-là
est heureusement révolu. Qu’on ne contourne pas à nouveau les souhaits
majoritaires par des ruses administratives.
Je
crains le pire. On dessine des frontières et ensuite sont citoyens à
l’intérieur de ces frontières ceux qui les acceptent. Ceux qui ne les acceptent
pas sont des non-citoyens. Je n’ai pas envie de vivre dans un pays divisé comme
au Pays basque espagnol entre patriotes et espagnolistes. Actuellement, il y a
coexistence heureuse entre les amis de la langue basque et les pratiquants
d’autres langues, des ikastolas qui sont
possibles mais pas obligatoires. Une culture basque qui se développe sans
entrave et coexiste avec d’autres cultures, ouvertes sur le monde. Si les
institutions ressemblent à une identité unique, et non pas plurielle comme
c’est le cas actuellement, il y aura forcément des dérives sectaires.
Patience.
Si une majorité s’exprime clairement pour des institutions identitaires, elles
verront le jour. En attendant, que coexistent gaiement les cultures qui n’ont
pas besoin de nouvelles frontières pour se développer.
dimanche 11 octobre 2015
la chemise
Si
l’image d’un DRH d’Air France torse nu, chemise déchirée, a fait le tour du
monde, et d’abord de la France, c’est d’abord
parce que de telles scènes sont d’une extrême rareté. « Normalement »,
les salariés manifestent, font grève, les négociations s’engagent, un compromis
émerge, jusqu’au prochain conflit.
Avant
l’émergence des syndicats, les négociations n’existaient pas, seuls les
rapports de force réglaient les conflits d’intérêt. Bris de machine, tabassage
d’un contremaître… Il suffisait que trois ouvriers discutent ensemble du
salaire qu’ils recevaient pour que cette réunion illégale les envoie au bagne. Dans
les campagnes, quand le prix de la terre devenait insupportable, des groupes de
paysans le visage noirci de suie incendiaient les récoltes, mutilaient le
bétail, tabassait le gérant. L’historien Eric Hobsbawm appelait ces révoltes « négociations
collectives par l’émeute ».
Avec
les syndicats et l’organisation, les rapports de force se décalèrent et les
négociations devinrent possibles. Tant et si bien que les scènes de violence d’antan
devinrent pièces d’un musée social. Quand des groupes voulurent ressusciter les
violences, ils furent violemment rejetés. Les actions contre les cadres chez
Renault, le meurtre d’un patron par Action directe ou les Brigades rouges, le
kidnapping d’un patron au Pays basque par l’ETA pour « aider » des
ouvriers en grève, furent condamnés sans aucune équivoque par les salariés et
leurs organisations.
Ne
tirons donc aucune conclusion hâtive d’une image qui flambe. Elle ne représente
pas un danger, elle prouve la rareté de la scène.
Pourtant,
les réactions à cette image donnent des informations sur la scène politique contemporaine.
Un patron torse nu qui escalade un grillage c’est quand même plus drôle que des
salles de discussion. Le spectacle incongru nourrit la nostalgie du bon vieux
temps des affrontements à somme nulle.
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