samedi 29 novembre 2014

pif paf boum

Paf, pif, je donne des coups, je reçois des coups, je vis dans le combat, la polémique. Quand on est d’accord avec moi, je suis le plus doux des hommes. Mais dès qu’on manifeste une réserve, une nuance, alors pif, paf, je fous des baffes, je rue dans les brancards, c’est comme ça que j’aime, ceux qui vivent ce sont ceux qui baffent.

Les occasions de baffer sont multiples et je ne compte pas parmi elles les arènes déjà occupées. Sarkozy, Zemmour, Mélenchon, le sable est rouge, les bancs occupés, les pouces levés ou baissés, je n’ai rien de spécifique à ajouter. Pour que je sois content, pif, paf, boum, je dois construire un cirque personnel, où il y aura moins de monde que sur les écrans lumineux, mais un cirque à moi, avec des monstres à moi, et une dizaine de personnes sur les bancs.

Ces temps derniers, j’ai ainsi affronté à mains nues les anciens terroristes de l’ETA qui veulent rompre avec le terrorisme en répétant partout que le terrorisme était nécessaire. Puis, au sein du PS local, je me suis mesuré avec des gardiens du temple qui préfèrent un  PS dans l’opposition qu’un PS engagé dans des alliances porteuses d’avenir. Pif paf, le combat se poursuit.

Combat le plus récent, avec mon collègue John Mullen, front de gauche extrême dont le combat actuel est d’obtenir l’interdiction à Saint-Denis d’une exposition sur l’esclavage, une expo qui a déjà provoqué des remous à Londres de la part des propriétaires patentés de l’antiracisme. Comme les Juifs à New York qui ont manifesté contre  The Death of Klinghoffer, les chrétiens qui ne supportent pas des films de Pasolini, les Noirs aux États-Unis qui ont manifesté contre le film sur l’esclavage Django de Tarentino. Chacun est propriétaire de son combat. Déjà, à l’époque où des musulmans intégristes brûlaient les livres de Salman Rushdie, des gauches extrêmes demandaient qu’on comprenne la colère des fascistes verts. D’ailleurs, quand les nazis brûlaient des livres à Berlin, avant de les condamner sans savoir, il faudrait jeter un coup d’œil sur les livres brûlés, on pouvait aussi comprendre leur colère.

John Mullen, qui a toujours mangé léger afin de pouvoir se glisser toujours à la gauche de la gauche dans toutes les manifestations, est à la tête des manifestations pour l’interdiction de l’expo au théâtre de Saint-Denis. La gauche de la gauche est un gauche qui censure, une gauche stalinienne, une gauche poutinienne. Mon ami John Mullen, un ancien étudiant à moi à qui je n’ai rien appris, manifeste pour l’interdiction et n’aime pas mes insultes. Mais moi, je suis heureux, pif, paf, baffes.


vendredi 28 novembre 2014

jumelages

         Le peuple français se compose des habitants de la rue Erckmann-Chatrian en face de l’école Richomme, trois numéros, trois immeubles, des peintures murales, voir photo, et des habitants de la rue Raymond Weil, face à l’école Paul Bert, trois numéros. Raymond Weil était un universitaire juif, déporté pendant la Seconde Guerre Mondiale, qui a survécu pour faire carrière universitaire. Le médecin Charles Dumora, radical de gauche, a demandé et obtenu que la mairie de Biarritz accorde à son nom un court ruban de bitume, entre trois immeubles et un mur d’enceinte d’où les enfants réclament les jours ouvrables le ballon qui est passé de l’autre côté. Erckmann et Chatrian sont des écrivains classiques français, auteurs de nombreuses dictées dans les écoles primaires. Les voilà échoués au centre de la Goutte d'Or. Ne pourrait-on pas échanger Erckmann et Chatrian contre Raymond Weil, qui serait plus à l’aise, peut-être, dans un quartier cosmopolite, alors que Erckmann Chatrian, longeant une école de la république, en tendant l’oreille, pourraient entendre les maîtres déclamer les textes de leurs dictées. 

avec des amis comme ça...

« Le monde » 27-11-14 :  Sur l’IVG, il faut reconnaître au gouvernement quelques actions à mettre à son crédit depuis 2012 : remboursement de l’IVG à 100%, gratuité de la contraception pour les mineures, meilleur référencement internet, … »

Mais pour la coprésidente du groupe écologiste, Barbarie Pompili, « ce n’est pas qu’une question de moyens mais aussi de philosophie ».

Quand le gouvernement exprime ses intentions, on lui demande les moyens de ses intentions, quand il met les moyens, on lui demande les intentions de ses moyens.




La peinture à l’huile, c’est bien difficile, mais c’est bien plus beau que la peinture à l’eau.  

on respire

27 avril 2014

Le prix du pétrole va baisser. Pour les sociétés de transport, je l’ai entendu aux info de France 2 20 heures, cette baisse est « une bouffée d’oxygène ». Ils ont osé. Le pétrole comme bouffée d’oxygène. 

dimanche 23 novembre 2014

privilèges

         Les responsables socialistes sèment des pièces de puzzle, aux militants de retrouver la trame de leur politique. Jamais aucun pouvoir n’a fait autant confiance en l’intelligence des militants qui l’ont soutenu et qui maintenant l’accompagnent. D’autres nous présentent des prêts à penser, des recettes en kit. Pas nos chefs. Ils nous créditent d’une intelligence hors pair pour deviner le chemin suivi. Aujourd’hui, la fin des contrats à durée indéterminé. Des contrats précaires qui pour la gauche aux aguets  sont le signe d’un glissement à droite.

         A nouveau, il faut réfléchir. Partir de nos grands principes pour analyser les fragments d’une politique en construction. J’ai longtemps vécu avec l’idée que le fond d’une politique de droite est la protection des privilèges et que la gauche se doit de faire bouger les destins assignés par le territoire, l’origine ethnique ou la classe sociale.

         Or, une partie importante de la gauche, y compris la plus extrême, n’a cessé de défendre les situations acquises. Fonctionnaires contre emplois privés, emplois statutaires contre les précaires, hommes contre femmes, nationaux contre immigrés, titulaires contre précaires. La défense par le parti communiste des ouvriers les plus privilégiés, notamment dans la presse, est présente dans toutes les mémoires ouvrières.

         Universitaire, j’ai longtemps été confronté à cette défense corporatiste. Que rien ne bouge. Dans les universités et les centres de recherche, des titulaires qui ne faisaient plus depuis longtemps de recherche, qui n’avaient rien produit depuis la soutenance de thèse, complétaient leur mince service  par des heures supplémentaires dans les grandes écoles où se préparaient à entrer leurs rejetons. Quand il était suggéré qu’un universitaire qui n’avait mené aucune recherche depuis des années pouvait assurer quelques heures de plus pour aider les collègues qui préparaient leur thèse, les réactions étaient tsunamiques. Quand Claude Allègre a proposé de ne plus payer les heures supplémentaires non faites dans les classes de prépa, tous les anciens normaliens, de l’extrême-gauche à la droite traditionnelle, se sont retrouvés place de la Sorbonne pour défendre le triangle d’or du Quartier Latin, Louis le Grand, Henri IV, Saint-Louis.  

         Aujourd’hui que les vents contraires se lèvent, la protection des prés-carrés est devenue plus urgente. Chacun s’arque boute sur son échelon. Les notaires, les chauffeurs de taxi, les pharmaciens, se présentent comme les prolétaires du XXIème siècle. Les habitants des ghettos dorés manifestent contre les logements sociaux le matin et pour la famille traditionnelle l’après-midi.

         Pour améliorer les carrières de tous, il faut secouer les situations acquises. Pour améliorer les carrières du grand nombre, il faudra mettre fin à la sécurité d’emploi pour une partie des salariés.


         Mais pour que les réformes fonctionnent et  soient acceptées, il faut que le haut donne l’exemple. Gérard Collomp propose une plus grande précarité dans les contrats de travail mais défend le cumul des mandats pour les élus. Un pouvoir de gauche pourra réformer de manière plus paisible s’il commence par le haut. S’il propose des contrats plus souples, sans doute nécessaires, en multipliant les Académies d’Immortels, immuables, intouchables, dans les entreprises, les cabinets et les administrations, il sera mal entendu. 

vendredi 14 novembre 2014

ce qui est rare est cher

Les chiffres et les statistiques sont impuissants. Une petite fille disparue, violée, assassinée, tiendra en haleine les journalistes et les téléspectateurs pendant des jours et des jours. La quête, la poursuite, l’arrestation, le jugement. Des heures et des heures de journal du soir, des radios de la mi-journée. Dix personnes noyées dans le Verdon, moitié moins de temps. Une école anéantie en Afrique, quart de temps. Ce qui est rare est cher. Les crimes rares sont les plus bruyants. Les assassinats par voiture sont silencieux. Les femmes qui meurent au foyer, une tous les trois jours, sont muettes. Les associations qui demandent qu’on « en parle davantage » mettent la charrue avant les bœufs. Quand elle fera la une des journaux, la violence conjugale aura considérablement reculé.

jeudi 13 novembre 2014

pas de quartier

         Pendant que j’étais à l’hôpital de Bayonne pour choisir une prothèse de la hanche, la vie politique s’est figée. Très exactement du 4 novembre au dix novembre. Je suis sorti lesté, pour les uns nonocop, les autres tontoncop et avec mes cannes anglaises, je saute par-dessus les ruisseaux.


         Éric Zemmour habitait dans la Goutte d'Or rue Doudeauville. Il y retourne vingt ans après l’avoir quittée. Il avait l’impression d’avoir changé de continent. « Les trafics, les tissus, les coiffeurs afro, il n’y a plus un blanc rue Doudeauville ». (le monde, 10 nov 14). Effaré, je le suis, parce que j’habite la Goutte d'Or depuis vingt-cinq ans et que depuis vingt-cinq ans, il est dans l’état où le découvre Éric Zemmour. Si le quartier a changé, c’est dans le sens d’une plus grande intégration. Éric Zemmour a peur de la Goutte d'Or et moi j’ai peur d’Eric Zemmour.