mercredi 7 septembre 2011

les vérités du matin

            Francette Lazard et René Piquet, Les vérités du matin


Je n'attendais rien et je n'ai pas été déçu.

            Francette Lazard et René Piquet ont exercé des responsabilités nationales au PCF pendant les années 1960-1970. Ils sont toujours communistes. Ils sont tout heureux de s'être ainsi engagés. Ils ont tout accompagné. Ils ont accepté les mises au pas, les bilans globalement positifs. Ils se sont réjouis des ouvertures et mis les journalistes de l'Huma et de France nouvelle au pas, ils ont déploré les replis sectaires et exclu Henri Fiszbin et les dirigeants de la fédération de Paris. Puis ils se sont retirés sur la pointe des pieds, sans dire un mot et ils continuent à se taire, à bavarder sur le marxisme et sur la vitalité du concept de communisme.

            Ils racontent leurs doutes, leur rébellion. La scène de la fête de l'Huma de l'automne 1968 où René Piquet, chargé du discours de rentrée, négocie avec les membres du BP présents le choix entre "condamnation" ou "réprobation" de l'invasion soviétique à Prague est désopilante. S'il avait su, Dubcek aurait sangloté sur les souffrances du jeune Piquet et savouré la chance qu'il avait d'être communiste tchèque. En 1978, après la défaite de la gauche, Francette Lazard est consternée par le discours ouvriériste et sectaire de George Marchais. Elle s'approche de Henri Fiszbin et lui demande de réagir: Toi, tu es un ouvrier, ils t'écouteront. Chère Francette, je t'assure qu'on t'aurait écoutée. J'en suis certain. Je mettrais ma main à couper. Et même aujourd'hui, on t'écouterait si tu te mettais à parler.

            Ils ne sont responsables de rien. Dommage. Sans regard critique sur le passé, le présent se brouille. Leurs mensonges d'hier résumés en "engagement" chaleureux et porteur d'espoir les enferment dans des choix sectaires ou dans les silences. Le bilan du gouvernement Jospin? : les privatisations et la mise en cause des grands acquis progressistes. Et aujourd'hui? L'alliance du PCF et de Mélenchon qui se proclame le nouveau Georges Marchais, dont le modèle est Die Linke dont le groupe refuse au parlement européen de condamner les crimes staliniens. Qui prend Hugo Chavez comme modèle. Qui dit et répète que le modèle social-démocrate est épuisé du haut de leur deux pour cent.

            Maxim Leo visite la France avec son grand-père Gerhard, ancien résistant et personnalité de la RDA. Ils sont invités par Gilles Perrault qui a une maison près d'Avignon avec piscine. Nous sommes en 1987. Régis Debray est là. Tout le monde trouve que la RDA est fantastique. Gilles Perrault dit que Maxim devrait être fier de vivre dans un pays révolutionnaire. Maxim n'ose pas le contredire. Mais comment peut-on habiter dans une villa pareille et chanter les louanges de la RDA? Les hommes rient, ils trinquent et Maxim se dit qu'il est bien agréable d'être révolutionnaire dans le sud de la France.

            En un tout petit paragraphe, Maxim Leo (Histoire d'un Allemand de l'Est) en dit infiniment plus sur le communisme français que Francette Lazard et René Piquet dans Les vérités du matin

1 commentaire:

  1. Coment te dire Maurice ? Ton commentaire est désolant ; intellectuellemnt parlant s'entend .
    Tu écris "Ils ne sont responsables de rien " ; mais après avoir lu le livre dont tu parles , on est révulsé par cette appréciation ; c'est le contraire absolu de ce qu'ils disent à 4 mains ; ils assument leur part , rien que mais toute ; que fallait-il donc qu'ils fissent pour trouver grâce à tes yeux ? Hurler plus tôt avec les loups ? Déstabiliser le PCF ? on peut penser qu'ils ont profondément songé avant d'agir ... on peut les critiquer surement ; dans quel contexte se trouvaient-ils pour agir différemment ? On peut les critiquer mais pas penser comme si ce qu'ils ont écrit aujourd'hui n'était pas l'expression d'une longue souffrance assumée et en outre le livre contient autre chose qu'une méditation sur le communisme de dilettantes ; peut-on poursuivre ou tout est-il décidément à jeter ? Ils penchent pour la première hypothèse ce qui implique comme on dit des frais ; tu t'en exonères . Comment peux tu tomber à ce degré avec ton dernier § ? Les désaccords politiques ont-ils tout emporté ? Ils ont agi avec leurs limites mais apparemment dans le "collectif de direction " il n'y avait pas foule pour commencer à penser qu'en continuant sans de très profondes remises en cause on irait à la catastrophe et on y est allé ; avec la meilleure volonté je ne peux pas leur reprocher d'avoir PERMIS que fût-ce tardivement avec un parti EXISTANT et pas des ruines fumantes on puisse enfin regarder certaines questions en face et reprendre la route car route il y a et elle est longue . Si je ne t'appréciais pas , si je ne t'avis connu autrement je te dirais "regardez vous petits dans les miroirs ". OLIVIER GEBUHRER

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