jeudi 26 mai 2011

révolutions

Révolutions

Les soulèvements populaires dans les pays arabes visent à obtenir un régime similaire au nôtre: démocratie parlementaire, libéralisme économique, libre circulation des hommes et des capitaux. En Europe se dessinent des mouvements comparables dont le contenu est radicalement contraire: remise en cause du système parlementaire, du libéralisme économique, de la libre circulation des hommes et des capitaux.

Les "indignés" s'inspirent du libelle de Stéphane Hessel, Indignez vous. La masse des acheteurs de ce pamphlet constitue un rassemblement hétéroclite et équivoque. Beaucoup de ceux qui ont voté non au projet de constitution européenne voient dans le succès de librairie l'écho de leur campagne de 2005 alors que l'auteur appelait à voter oui et a soutenu les efforts du FMI et de DSK pour régulariser les marchés. Et voici qu'à Madrid et d'autres villes espagnoles des manifestations d'Indignados se réunissent et parlent. Ils disent que les élections ne les concernent pas, que les élus ne les représentent pas, que les jeunes diplômés ne trouvent pas de travail. Mouvement joyeux, sans violence, qui provoque un enthousiasme consensuel. En politique, quand tout le monde est d'accord, méfions-nous, il y a pibale sous caillou.

Au 19ème et 20ème siècles, la supériorité économique et militaire des puissances occidentales a été un facteur important de leur succès économiques. L'Inde, la Chine, l'Afrique, l'Amérique latine, étaient des terrains de pillage de métaux précieux, de matières premières et d'esclaves, des marchés captifs pour l'écoulement de la production des industries nord-américaines, anglaises, françaises. Ils ont aussi fourni une main-d'œuvre soumise et mal payée. Aujourd'hui, ces pays se sont émancipés et deviennent de redoutables concurrents.. Leurs industries disposent d'un marché intérieur dont la demande semble inépuisable et qui leur permet d'exporter des marchandises dont le coût en recherche et développement est largement amorti avant d'arriver dans les conteneurs. La réponse à ce défi ne peut être qu'une Europe qui fusionnera ses habitants en un marché unique, une Europe de salariés inventifs et exigeants. Les politiques d'austérité affaiblissent ce marché potentiel. Elles limitent la demande et affaiblissent ce qui fait la force de ce continent: la santé de ses habitants, la formation et l'éducation de ses jeunes, l'imagination de ses créateurs, l'inventivité de ses chercheurs. Et surtout, au lieu de s'unir contre une concurrence externe robuste, les pays européens pratiquent entre eux un repli économique qui les affaiblit. La crise provoque partout des mouvements recroquevillées: partis identitaires en Autriche, Pays-Bas, Suisse, France, Italie, en Irlande, au Pays basque. Encouragés par la couardise des dirigeants qui attribuent à Bruxelles et à la mondialisation leurs échecs et leurs erreurs, les mouvements populaires attribuent volontiers leur difficultés à trop d'Europe alors qu'elles sont en partie dues à une insuffisance d'Europe.

Devant ces mouvements considérés comme irrationnels, la gauche européenne oscille entre fascination ou suivisme. Des campements s'installent sur les grandes places de nos villes et nous nous taisons. La gauche n'est pas inerte. Elle est parcellisée. Elle n'a pas de discours simple et entraînant comme une marche guerrière. C'est à la fois sa faiblesse et son honneur. Ses militants sont engagés dans de multiples actions de solidarité. Ils sont élus et font leur travail d'élus, ils sont militants associatifs, soutiennent les sans papiers, les jeunes en difficulté. Organisent des votations citoyennes pour le droit de vote des étrangers. Activités formidables, prenantes, immenses mais que ne globalisent aucun projet cohérent d'ensemble. Quelques groupes se réunissent sur une place, entraînent des milliers d'autres jeunes, montent des tentes, disent "y en a marre" et tous les acquis obtenus par les générations passées sont oubliées. On ne vote pas parce que tous pourris, on n'est pas représentés…Le vieux rêve anarchosyndicaliste resurgit: on arrête tout jusqu'à ce que le système s'écroule et on en reconstruit un autre. C'est croire qu'on va planter des tomates dans les décombres de Tchernobyl. Dans les ruines ne poussent que des mauvaises herbes.

mardi 24 mai 2011

cher vieux combat

Cher vieux combat

J'ai regretté l'unanimité sur le projet socialiste car elle frustrait les militants d'un débat sur le fond de notre politique. Le PS n'est pas unanime, il ne l'a jamais été et la question qui le divise est aussi ancienne que le mouvement ouvrier. Le parti socialiste s'est toujours partagé entre les militants révolutionnaires qui avaient honte de gouverner et les militants réformistes qui gouvernaient sans faire la révolution. Même les métaphores témoignent de la recherche éperdue d'un appui populaire. Gouverner c'était et c'est toujours "mettre les mains dans le cambouis" alors qu'il y a belle lurette que l'huile lourde n'est plus la caractéristique principale du travail salarié.

Jules Guesde contre Jean Jaurès, Léon Blum contre Marcel Cachin au congrès de Tours, Laurent Fabius contre le traité européen et aujourd'hui Arnaud Montebourg contre Hollande-Aubry. Pour Arnaud Montebourg, il n'y a pas de différence entre le socialisme d'accompagnement et la droite. "Socialisme d'accompagnement", signifie "de gouvernement" puisque Montebourg place pêle-mêle Zapatero, Christine Lagarde, DSK, François Hollande et Martine Aubry parmi les "gestionnaires" qui ont "théorisé leur propre impuissance" et sont "solubles dans la mondialisation". Contre l'impuissance et la passivité gestionnaire, Montebourg représente un président créatif, innovant, qui rendra la politique plus forte que la mondialisation. Ce qu'il nomme "démondialisation", par la mise sous tutelle du système capitaliste et bancaire et son remplacement par un capitalisme coopératif. Tout seul pour une tâche aussi immense? Bien sûr que non: il aura à ses côtés Jean-Luc Mélanchon, Nicolas Hulot, Christiane Taubira et Jean-Pierre Chevènement.

Avec un tel programme, on aurait supposé un refus du projet socialiste, ou une abstention, une absence, un vote blanc,, une hésitation. Non. Comme tout le monde, il a voté pour. Adopté à l'unanimité.

oreille distraite

J'écoute les infos. On a retrouvé la boîte noire du crash de l'avion de la compagnie DSK à l'hôtel Sofitel. Va-t-elle parler?

vendredi 20 mai 2011

année électorale et réduction des risques

Séminaire EGO mai 11

Le monde de la drogue change, nouveaux produits, nouveaux modes de consommation, nouveaux comportements des usagers, nouvelles migrations de nos population. Mais aussi nouvelles découvertes, nouveaux traitements. La rapidité de réaction, l'invention de nouveaux modes d'intervention, de prévention, de soins est cruciale. On n'y échappera pas. On peut subir ces changements, on peut les accompagner, on peut les précéder. Le moins plaisant, c'est de les subir. Le plus confortable, c'est de les accompagner. Le plus difficile c'est de les précéder. EGO a tendance, collectivement, à choisir le plus difficile.

Cette année sera une année d'élections politiques majeures et dans les années d'élections, on cultive plus les peurs que le cannabis. On montrera du doigt les politique de réduction des risques comme des incitations à la consommation. Les panneaux radars et le retrait de points qui permettent de réduire le nombre de tués sont déjà dénoncés par la majorité comme des atteintes aux libertés. Donnons-nous rendez-vous dans vingt ans. Le cannabis aura été légalisé et les députés du lobby des producteurs de chanvre dénonceront les cannabistests comme le lobby viticole dénonce les alcootests.

Le conflit est permanent: entre ceux qui demandent une politique sociale et ceux qui veulent l'interdire au nom des libertés de l'individu. Si les usagers se détruisent c'est leur responsabilité, si les automobilistes se détruisent, c'est leur responsabilité, l'état, la société n'a pas à intervenir. En clair: dans l'année qui vient: l'activité d'EGO ne sera pas très à la mode, tandis que les urgences de notre travail ne seront pas moindres.

Il faut se méfier des discours qui sont portés par les craintes, les inquiétudes, les conforts. Ils ne se traduisent pas toujours et pas tout de suite par des politiques différentes. On peut très bien dénoncer la réduction des risques et en même temps lui donner les moyens de se développer parce que même les plus incompétents des plus réactionnaires connaissent le prix que ça coûte de se passer de notre travail et s'ils n'ont pas appris à penser, ils ont appris à compter.

année électorale et réduction des risques

Séminaire EGO mai 11

Le monde de la drogue change, nouveaux produits, nouveaux modes de consommation, nouveaux comportements des usagers, nouvelles migrations de nos population. Mais aussi nouvelles découvertes, nouveaux traitements. La rapidité de réaction, l'invention de nouveaux modes d'intervention, de prévention, de soins est cruciale. On n'y échappera pas. On peut subir ces changements, on peut les accompagner, on peut les précéder. Le moins plaisant, c'est de les subir. Le plus confortable, c'est de les accompagner. Le plus difficile c'est de les précéder. EGO a tendance, collectivement, à choisir le plus difficile.
Cette année sera une année d'élections politiques majeures et dans les années d'élections, on cultive plus les peurs que le cannabis. On montrera du doigt les politique de réduction des risques comme des incitations à la consommation. Les panneaux radars et le retrait de points qui permettent de réduire le nombre de tués sont déjà dénoncés par la majorité comme des atteintes aux libertés. Donnons-nous rendez-vous dans vingt ans. Le cannabis aura été légalisé et les députés du lobby des producteurs de chanvre dénonceront les cannabistests comme le lobby viticole dénonce les alcootests.

Le conflit est permanent: entre ceux qui demandent une politique sociale et ceux qui veulent l'interdire au nom des libertés de l'individu. Si les usagers se détruisent c'est leur responsabilité, si les automobilistes se détruisent, c'est leur responsabilité, l'état, la société n'a pas à intervenir. En clair: dans l'année qui vient: l'activité d'EGO ne sera pas très à la mode, tandis que les urgences de notre travail ne seront pas moindres.

Il faut se méfier des discours qui sont portés par les craintes, les inquiétudes, les conforts. Ils ne se traduisent pas toujours et pas tout de suite par des politiques différentes. On peut très bien dénoncer la réduction des risques et en même temps lui donner les moyens de se développer parce que même les plus incompétents des plus réactionnaires connaissent le prix que ça coûte de se passer de notre travail et s'ils n'ont pas appris à penser, ils ont appris à compter.

pourquoi?

Excusez-moi, je sais, ça n'a rien à voir. Quand j'ai vu les photos de DSK mal rasé, épuisé, hagard, j'ai pensé à ces centaines, à ces milliers, à ces millions de visages hagards dans les pays communistes, d'hommes et de femmes qui étaient arrêtés sans savoir pourquoi, sans avocat, dans d'horribles prisons, enfermés, torturés, exilés. Oui, bien sûr, il y a de ces visages hagards dans bien d'autres régions du monde, de gens qui sont enfermés, mais généralement, ils savent pourquoi, parce qu'ils se révoltent, parce ce qu'ils ont écrit des mots de travers, parce qu'ils étaient Juifs ou Tsiganes. Mais dans les prisons du communisme, ils ne savaient pas pourquoi, Peut-être DSK savait-il pourquoi. Excusez-moi, j'ai pensé aux prisons du communisme. Là où les prisonniers étaient arrêtés sans savoir pourquoi.

mardi 17 mai 2011

dsk

DSK Le candidat qu'hier encore je soutenais pour les élections présidentielles est en prison accusé d'avoir agressé sexuellement une femme de chambre. Faut-il en parler maintenant qu'il est à terre après l'avoir encensé quand il était tout en haut? S'il s'avère que toute l'affaire se réduit à un piège, mes paroles me reviendront en boomerang. Mais indépendamment de l'affaire, il y a ce que je savais et dont je me contentais de parler entre amis comme s'il s'agissait uniquement d'une question privée et non pas politique. Il avait une attitude agressive et méprisante à l'égard des femmes qu'il croisait. Surtout des jeunes femmes, journalistes, secrétaires… Son comportement à l'égard des femmes de pouvoir changeait totalement. On n'a jamais entendu parler d'agression à l'égard de Margaret Thatcher, d'Angela Merkel ou de Martine Aubry. Pulsion dites-vous? Si c'était une pulsion incontrôlable, il aurait pu se jeter sur Christine Lagarde. Mais non. Ce furent toujours des femmes en situation d'infériorité par rapport à lui.

Si une personne insulte ou maltraite ou agresse une autre personne pour son appartenance religieuse, pour la couleur de sa peau, pour son origine ethnique, elle est passible de condamnation. C'est juste. Mais on peut insulter, agresser ou maltraiter une autre personne pour son appartenance sexuelle à à des risques minorés. Si Roman Polanski avait été poursuivi pour avoir insulté un noir ou un juif ou un arabe, les soutiens d'amitié et de sympathie eussent été moindre. Un ministre peut raconter son tourisme sexuel et rester ministre. Il n'aurait pas pu raconter sa participation à des pogroms racistes.

Oui, la mise en examen, l'emprisonnement de DSK est un tremblement de terre. Un coup de tonnerre. Mais sur quel point? Sur le choix du personnel politique. Sur la manière dont nous vivons en France dans un système où l'appartenance à l'élite politique vous fait rentrer dans une aristocratie privilégiée et intouchable. Le droit de cuissage n'a pas disparu. Depuis Saint-Just et Robespierre, on craint la vertu en politique. Pourtant, le mouvement féministe, lorsqu'il clame que le privé est politique, ne restreint pas le champ des libertés. Il a revendique l'autonomie et la citoyenneté pour une moitié de l'humanité.

vendredi 13 mai 2011

manif 22 mai

Une manifestation nationale contrer le racisme est prévue le dimanche 29 mai Parmi les organisations signataires figurent le NPA, le PCF, le Parti communiste ouvrier de France, l’union des révolutionnaires communistes, SUD étudiant, MRAP, solidarité Palestine. Ne figurent parmi les signataires le Parti socialiste, aucune confédération syndicale nationale, aucune ville tenue par la gauche.
Pour préparer cette manifestation nationale, une manifestation est prévue dans la Goutte d'Or dimanche 22 mai prochain. À la date où j’écris, aucun élu du 18ème, aucune association du 18ème ne s’associe à cette manifestation. À juste titre.
Pourquoi une manifestation antiraciste à la Goutte d'Or ? J’aurais compris à Neuilly sur Seine, où ils refusent les immigrés ailleurs que dans les cuisines et derrière les camions-poubelles. Ou devant les fenêtres du Ministère de l’intérieur. Mais pourquoi la Goutte d'Or ?
J’aurais compris une manifestation pour saluer les efforts des élus, de la municipalité, des associations pour lutter efficacement contre le racisme et l’exclusion. Pour souhaiter la victoire de la gauche en 2012 qui permettrait de porter au pouvoir ceux qui luttent contre le racisme partout où ils sont élus dans les régions et les villes.
Sinon, la manifestation du 22 mai n’est que le miroir du fameux apéro saucisson pinard, elle vise à stigmatiser un quartier où tous les efforts sont tendus quotidiennement pour mieux vivre ensemble.

fausses solutions

Fausses solutions

Certaines personnes inconséquentes pensent augmenter la surface de rangement en éloignant l’armoire de la paroi et laisser un espace où peuvent se glisser escabeau, chaises pliantes, lit de bébé qui a grandi, tableaux de maître, rallonges de table. C’est une erreur grave. En effet, il existe entre armoires et murs, ou cloisons, ou parois, une forte complicité. L’une s’appuie sur l’autre et trouve ainsi une stabilité apaisante tandis que le mur souvent critiqué pour sa nudité trouve derrière l’armoire une cache pudique qui lui évite l’irritation de chercher en permanence à se couvrir derrière des miroirs, des affiches punaisées, des patères ou autres dérisoires revêtements.

Au cas où malgré les mises en garde, ces personnes inconséquentes persistent à éloigner l’armoire de la paroi, elles courent le risque de créer ce qui est connu dans les manuels de pathologie mentale comme l’angoisse du vide derrière l’armoire. Cette angoisse est particulièrement forte quand l’armoire fait face au lit et que le malheureux dormeur s’aperçoit avec terreur qu’un vide inexploré rend l’armoire instable et le mur craintif.

30 ans

Dans les commémorations du trentième anniversaire de la victoire de la gauche le 10 mai 1981 manque un petit rien, le rôle des communistes unitaires qui avaient refusé la rupture de 1977 et continuaient à se battre pour l’unité de la gauche, pour le ralliement du PCF à une politique réformiste. Ils se battaient à l’intérieur du PCF contre le sectarisme de la direction et de l’appareil, contre le vote dit « révolutionnaire » qui consistait à voter Giscard pour tenter de barrer la route à Mitterrand. Ils ont contribué à la chute d’un PCF réticent à l’union et aux responsabilités gouvernementales et donc permis de donner une plus grande crédibilité à la stratégie mitterrandienne. Un grand nombre de ces communistes unitaires ont voté pour François Mitterrand dès le premier tour et ainsi allégé le lest communiste. Ils ont été exclus, insultés, oubliés.
Il reviendra aux historiens de mesurer leur influence. En attendant, quelques uns d’entre eux demandent qu’on leur réserve une petite place dans la mémoire commémorative. Pour qu’on reconnaisse leur rôle, certes. Mais surtout pour rappeler que la fascination pour la phrase révolutionnaire n’a pas disparu avec le PCF.

30 ans

Dans les commémorations du trentième anniversaire de la victoire de la gauche le 10 mai 1981 manque un petit rien, le rôle des communistes unitaires qui avaient refusé la rupture de 1977 et continuaient à se battre pour l’unité de la gauche, pour le ralliement du PCF à une politique réformiste. Ils se battaient à l’intérieur du PCF contre le sectarisme de la direction et de l’appareil, contre le vote dit « révolutionnaire » qui consistait à voter Giscard pour tenter de barrer la route à Mitterrand. Ils ont contribué à la chute d’un PCF réticent à l’union et aux responsabilités gouvernementales et donc permis de donner une plus grande crédibilité à la stratégie mitterrandienne. Un grand nombre de ces communistes unitaires ont voté pour François Mitterrand dès le premier tour et ainsi allégé le lest communiste. Ils ont été exclus, insultés, oubliés.
Il reviendra aux historiens de mesurer leur influence. En attendant, quelques uns d’entre eux demandent qu’on leur réserve une petite place dans la mémoire commémorative. Pour qu’on reconnaisse leur rôle, certes. Mais surtout pour rappeler que la fascination pour la phrase révolutionnaire n’a pas disparu avec le PCF.

lundi 9 mai 2011

silence

on est maître de ce qu'on a tu, on est esclave de ce qu'on a dit. Je parle trop.

vendredi 6 mai 2011

l'impossible expression

L’impossible expression

Je ne me plains pas. Si vous utilisez cette expression, c’est que vous avez mal et vous voulez signifier à votre interlocuteur que vous ne vous plaignez pas, bien que la douleur soit forte. Or le simple fait de dire « je ne me plains pas » signifie que vous vous plaignez, puisque vous révélez par ces mots une douleur que vous proclamez muette mais qui devient prolixe par les mots utilisés. La seule manière de ne pas se plaindre est de rester totalement silencieux car le silence que disent les mots devient du bruit.

jeudi 5 mai 2011

peur de l'absence d'étrangers

En France, Entre 1920 et 1931, trois millions d’immigrés. À Marseille, en 1936, 72% des ouvriers étaient étrangers. Dans le bassin de Longwy, la moitié de la population était étrangère. Aujourd’hui, dans les grandes villes, les emplois visibles dans la rue, les éboueurs, beaucoup d’étrangers, le bâtiment, pareil, les accompagnateurs de vie, majorité noire, la prostitution, majorité étrangère, la police et les transports, majorité blanche. Si on renvoie tous les étrangers chez eux, la ville serait sale, les chantiers abandonnés, les vieux assignés à domicile et les célibataires hommes hurleraient à la lune. Et les hôpitaux…et les équipes de foot ? La police, désœuvrée puisque la délinquance est surtout étrangère, assurerait la protection des chauffeurs d’autobus vides. La peur qui m’étreint, la peur qui me hante, c’est de vivre dans une société qui n’attire plus les étrangers. La peur me ferait voter pour un Front transnational dont le programme serait d’ouvrir les frontières et d’assurer la préférence transnationale pour les attirer.

eta

La condition pour qu’un parti politique puisse se présenter aux élections au Pays basque est qu’il condamne expressément les actions de l’ETA et renonce à tout lien avec l’organisation terroriste. L’ETA est une formation qui jusqu’en 2002 déclarait comme cibles légitimes tous les élus des partis non nationalistes, jusqu’en 2009 désignait comme cibles prioritaires les ministres du gouvernement de Patxi Lopez, qui a assassiné des dizaines de conseillers municipaux. L’ETA a renoncé à la lutte armée. Ce n’est pas la première fois. Pour prouver sa bonne foi, l’ETA tient ses conférences de presse sans mitraillette sur la table, mais a malgré tout conservé la cagoule. Après avoir tenté de contourner la loi espagnole en changeant de nom, Batasuna, l’aile politique de l’ETA, s’est allié avec d’autres partis de gauche du Pays basque dans une coalition qui sous le nom de Bildu renonce explicitement à la lutte armée. Le tribunal constitutionnel doit se prononcer le 5 mai 2011. La décision ne sera pas facile. Faut-il prendre au sérieux les promesses de renonciation à la lutte armée ? Une période de probation pourrait être nécessaire pour confirmer que cet abandon est vraiment déterminé. La discussion fait rage en Espagne.

Michel Veunac, qui ne s’est guère fait entendre jusqu’ici pour condamner les assassinats par l’ETA de conseillers municipaux élus à vingt ou trente kilomètre de Biarritz, ne participe pas à cette discussion. Il prend position contre l’interdiction. Fermement. Il ne dit pas qu’il ira manifester contre cette interdiction devant le consulat espagnol de Bayonne, avec Batasuna. Mais que son opinion soit entendue.

C’est une bonne nouvelle. Enfin, ce qui se passe de l’autre côté des Pyrénées intéresse un élu du Pays basque français. Pendant toutes années que tombaient les huit cents victimes de l’ETA, ils avaient tendance à garder les yeux fixés vers le nord.

mercredi 4 mai 2011

lettre

ma lettre à la directrice de la rue d'ULm est parue dans le monde daté 5 mai.

mardi 3 mai 2011

syndicat basque

La fête du quartier Bibi, un quartier de Biarritz, un vieux quartier. Des chanteurs basques, des musiciens basques, des chants basques repris en chœur sous la tente où l’on mange de la viande de moutons élevés au Pays basque. Les participants à la fête sont majoritairement étrangers au Pays basque, ils ne parlent pas la langue, sont nés ailleurs, ou ici, mais n’ont aucune sympathie pour les revendications nationalistes. Ils apprécient pourtant l’ambiance folklorique qui imprègne les musiques et la cuisine.

Puis, d’un seul coup, insidieusement, par ruse, sans y prendre garde, un mot, une expression que personne n’a remarquée gâche l’ambiance. Le marché de produits et légumes frais est organisé par la Chambre d’agriculture basque (EHLG), qui regroupe les paysans basques parce qu’ils ne sentent pas représentés par la chambre d’agriculture du département des Pyrénées atlantiques où les paysans béarnais sont majoritaires. EHLG est financé partiellement par le Pays basque sud et font partie du Pays basque nord. L’utilisation de ces termes est clairement nationaliste. Les non nationalistes disent « Pays basque français » et « Pays basque espagnol ». EHLG est considéré comme illégal par la préfecture puisqu’il existe une chambre d’agriculture pour le département. Mais la ville de Biarritz finance un marché de paysans « basques » organisé par un syndicat de paysanss « basques », (ELB) comme il y a un syndicat ouvrier basque (LAB). Il n’y a pas de syndicats ouvriers alsaciens ou bretons ou picards, mais au Pays basque nord, les paysans et les ouvriers ont des revendications spécifiques qui les poussent à organiser des sociétés financées par le Pays basque sud. Et lorsqu’EHLG se glisse dans une fête, le journal nationaliste du Pays basque financé par le Pays basque sud, Le Journal, consacre plusieurs colonnes à la reconnaissance par la fête de Bibi d’un syndicat nationaliste basque. Un syndicat nationaliste n’est pas caractérisé principalement par des revendications spécifiques, mais par le fait qu’il demande la réunification du Pays basque nord et du Pays basque sud. Il se caractérise aussi par le silence total sur les violences et les assassinats de l’ETA, par le refus de condamner le racket des entreprises du Pays basque sud. Pourtant, voilà bien une revendication spécifique au Pays basque, la lutte contre le racket.

Ce n’est pas grave, ce n’est rien, à quoi bon s’énerver pour un marché de légumes et de fruits frais du Pays basque ? Pas à pas, silencieusement, se mettent en place les éléments d’une société où le gouvernement aura l’adjectif « basque ». Où les non-basques seront des étrangers. Je suis parano ? Les nationalistes basques ont lancé une carte d’identité basque, qui n’a guère eu de succès, mais une carte d’identité basque, c’est le partage entre « vrais basques » et les étrangers. Quand je me mêle de ces questions, d’ailleurs, les militants nationalistes me répondent que je n’y comprends rien parce que je suis un étranger. Que je n’ai pas à me mêler des questions qui ne me regardent pas.

Pas du tout me répondent les nationalistes basques nord, nous avons les idées larges. Tout le monde est le bienvenu au Pays basque nord. Si tout le monde est bienvenu, j’envoie immédiatement une lettre aux organisateurs demandant une place au marché de la fête de Bibi, comme paysan français de France, pour y vendre mes pommes. Je vous ferai connaître leur réponse.