samedi 30 avril 2011

mutations de l'eta

L’ETA vient d’annoncer aux chefs d’entreprise du pays basque qu’elle annulait « l’impôt révolutionnaire » c'est à dire une activité de racket sous la menace. C’est un grand jour. Après avoir annoncé qu’elle ne poserait plus de bombe et qu’elle ne tuera plus, l’ETA fait un pas de plus. Demain, elle promettra de ne plus peindre de graffiti sur les bâtiments publics, de ne plus insulter ses adversaires. Encore un effort, et l’ETA deviendra un parti comme un autre, dont les élus ne vont en prison que pour abus de biens sociaux.


Un commentaire quand même. L’ETA continue de nommer « impôt révolutionnaire » ce qui était purement et simplement du racket. Quand l’ETA a cessé le feu pour la nième fois, elle n’a pas dit qu’elle arrêtait les « actions armées révolutionnaires ». Juste les actions armées. Faut-il en conclure que le racket était révolutionnaire et pas les assassinats ?

Mais pourquoi porter des cagoules pour dire qu’on renonce aux actions clandestines et illégales ? Si l’ETA cesse de tuer, de poser des bombes, de racketter, ce n’est plus une armée, c’est un parti politique. Les hommes politiques ne portent pas de cagoules.

vendredi 29 avril 2011

les anciens

Sur notre rencontre du mardi 28 avril 2011 chez Jean Rony.

Nous sommes faits de chair et de sang, dit Jean. Nous avons des sentiments, dit Jean. Nous ne sommes pas méchants, dit Jean. Nous n'avons pas seulement des convictions, des idées, des hypothèses, nous ne sommes pas seulement des animaux politiques, nous avons aussi un cœur, dit Jean. Tout le monde aime Jean justement parce qu'il dit cela.

Nous avons tous été acteurs à des niveaux divers de l'un des plus meurtriers spectacles du vingtième siècle. Il en reste une histoire et l'on en montre les témoins survivants dans les écoles pour en témoigner les horreurs. Mais rarement les horreurs d'en face. Avez-vous remarqué? Il n'y a pas d'association des anciens déportés du goulag. Tomasz Kizny a photographié le goulag et publie un livre en 2003 aux éditions Acropole. Il s'étonne de voir des touristes occidentaux, à Moscou, porter en riant des T-shirts à l'effigie de Staline. "Je ne pense pas qu'ils rapporteraient d'Allemagne des pulls à l'effigie de Hitler." Le parallèle reste tabou dit Tomasz Kizny, parce que "les vainqueurs échappent au jugement de l'histoire". Ce parallèle est pourtant opéré par Jorge Semprun, ancien déporté de Buchenwald, dans la préface qu'il a donnée au livre : "Il me semble que la comparaison objective, documentairement fondée, entre les deux systèmes totalitaires est la dernière étape qui nous reste à franchir pour en finir définitivement avec l'aveuglement occidental relatif au goulag." Personne ne va parler dans les écoles des camps de concentration soviétique. Remarquez, dans les écoles russes non plus.

Nous communistes français avons accepté, soutenu, glorifié, justifié ardemment ou du bout des lèvres, le système concentrationnaire et policier soviétique. Quand on ne justifiait pas, quand on ne glorifiait pas, on était exclu ou on s'en allait. Nos camarades qui sont restés communistes, de cœur ou de carte, refusent l'idée que nous avons été complices et disent nous n'avons pas été complices. A force de répéter, on ne crée pas une vérité. Ils ne savaient pas? Ils ne voulaient pas savoir? Ils n'ont jamais été au pouvoir et n'ont jamais tué personne? Je n'ai pas dit criminels, j'ai dit complices. Complices, c'est quand on observe un cambriolage de bijouterie et qu'on ne téléphone pas à la police. Qu'on referme la fenêtre et qu'on affirme n'avoir rien vu.

Complices aussi par l'acceptation pendant de nombreuses années d'un système de pouvoir qui calquait le système soviétique. Quand on avait les moyens, on éliminait physiquement les adversaires comme pendant la guerre d'Espagne. Quand on en avait pas les moyens, on mimait les tribunaux soviétiques. Sans prison, sans garde-chiourme, sans peloton d'exécution. On faisait semblant. On condamnait, on excluait, on menait des campagnes d'explications contre les traîtres et les déviationnistes. J'en ai fait partie. Je sais. Nous le disons.

D'autres refusent de dire cela. Et nous leur manifestons notre profond désaccord et nous leur conservons notre amitié. Nous n'avons pas seulement des convictions, des idées, des hypothèses, nous ne sommes pas seulement des animaux politiques, nous avons aussi un cœur, dit Jean. Tout le monde aime Jean justement parce qu'il dit cela.

regagner les couches populaires

Regagner les couches populaires

Le projet du PS a été voté à l'unanimité et dans cette assemblée de la section Chapelle Goutte d'Or, chaque militant présent en tire des conclusions contradictoires. Les orientations fondamentales seront décidées avec le choix du candidat. Renforcer l'Europe ou en sortir, protéger l'économie française ou mieux l'armer dans la compétition mondiale? Regagner les couches populaires parce que dit l'un les "bobos, on s'en fout". Les bobos, si on les perd, il n'y a plus de section socialiste de la Goutte d'Or, la salle se vide. Donc, les bobos, pour la section, c'est juste une question de vie ou de mort. Et si les bobos quittent la Goutte d'Or, le quartier devient un ghetto à la dérive. Dire "les bobos, on s'en fout", c'est lâcher les couches populaires. Regagner les couches populaires? On me dit que 30% des ouvriers et employés votent pour le Front national. Ce qui veut dire que 70% d'ouvriers et d'employés ne votent pas pour le Front national. Regagner les couches populaires, est-ce que ça veut dire regagner les 30% qui votent Front national ou regagner les 70% qui ne votent pas? Ce n'est pas pareil. Pour les premiers, la tentation est de s'adresser à eux avec un discours protectionniste caressant le sens des préjugés et des colères primaires, un mélange de mélanchonisme marchaisien et de pilage de verre cassé sur les murs des frontières nationales. Pour les autres, il faut parler et agir comme si les pauvres n'étaient pas plus cons que vous et moi.
Regagner les couches populaires, ce n'est surtout ne pas flatter les régressions vers toutes les formes de luddisme. Dans l'histoire, toutes les colères populaires sont devenus des mouvements, c'est à dire une action collective structurée par des buts communs, lorsqu'il y a eu alliance entre ces colères populaires et des personnes construisant un espoir collectif. Ces personne sont diverses. Dans les mouvements nationaux de libération, on trouve souvent des officier, des prêtres, des étudiants qualifiés, des enseignants, des poètes. Dans les mouvements ouvriers, on trouve des ouvriers qui se sont hissés par un effort gigantesque à une compréhension du monde et sont devenus ainsi de véritables intellectuels, ou des intellectuels qui sont devenus des dirigeants ouvriers par un effort gigantesque de compréhension du monde ouvrier. Tout le monde en connait la liste.
Ces réflexions ne sont pas historiques, elles sont politiques. A qui parle-t-on? Ainsi de l'immigration. Des militants dévoués, dont nombre de socialistes, consacrent un temps considérable à la défense des sans-papiers. Mais la majorité des issus de l'immigration ne sont pas des sans-papiers, ils ont leurs papiers, un travail, un logement et une tête. Et ils n'aiment que les "issus de l'immigration" soient vus comme s'ils étaient tous des sans-papiers qu'il faut "aider". Que fait-on pour la majorité des issus de l'immigration, pour la scolarité de leurs enfants, pour le logement de ceux pour qui ce n'est pas une urgence, mais une simple nécessité. Ceux qui sont devenus des bobos issus de l'immigration.
Les révolutionnaires purs et durs reprochaient aux mouvements féministes d'être des mouvements bourgeois parce qu'il étaient généralement dirigés par des femmes éduquées et autonomes, et pas souvent par des ouvrière d'usine. Ils reprochaient aux mouvements nationalistes d'être dirigés par des intellectuels ou des bourgeois des villes et guère par des paysans pauvres. Ils reprochaient aux syndicats d'être dirigés par des ouvriers qualifiés qui oubliaient les revendications des vrais prolétaires. Tous ces militants ont tiré la société vers le haut.
Regagner les couches populaires, ce n'est pas une activité de dames patronnesses, ce n'est pas vociférer sur les injustices, c'est chercher dans tous les domaines ceux et celles qui tirent la société vers le haut, syndicalistes, militants associatifs, enseignants, médecins, magistrats…les accompagner, leur donner les moyens de faire leur travail et leur donner une place de responsabilité au sein du PS.

jeudi 28 avril 2011

barre de douche

Un préjugé assez répandu consiste à penser qu'on ne peut être droitier ou gaucher que des mains. C'est une erreur. On peut aussi être droitier et gaucher des pieds. Moi, personnellement, je suis droitier des mains et gaucher des pieds. Le résultat est que la barre d'appui de la douche est généralement placée comme si j'étais droitier des pieds alors que je suis gaucher et du coup, la barre ne contribue pas à mon équilibre.

vendredi 22 avril 2011

vélo et minorités

Quand je prends un vélo dans la ville de Biarritz, je me retrouve immédiatement dans la position d’une minorité agressée. Ce que les conducteurs me disent en permanence, le message qu’ils me passent à chaque instant que mes fesses entourent la selle, que mes pieds appuient sur les pédales, que mes mains se crispent sur le guidon, que je me construis un équilibre précaire en appuyant sur les pédales ou en mettant un pied à terre pendant que l’autre tente de démarrer, bref, que j’accomplis toutes les tâches qui sont celles d’un cycliste ordinaire, à partir de ce moment-là, on me fait comprendre à chaque instant que je ne suis pas à ma place, que je ne devrais pas être là. La voiture qui me klaxonne dans une rue trop étroite pour me doubler, la voiture qui me klaxonne pour que je me déplace pour la laisser se garer, la voiture qui me fait une queue de poisson à trente mètres de son garage, la voiture qui me refuse la priorité au rond-point, à chaque instant, on me dit que je n’ai pas ma place sur la chaussée et si j’ai le malheur de rouler sur le trottoir, les piétons me font comprendre que je n’ai pas de place sur le trottoir non plus. Il me vient alors à l’esprit que si j’étais un cycliste noir, je serais alors doublement minoré, et un femme cycliste noire, triplement, et une femme cycliste noire et voilée, je crois sincèrement qu’elle n’arriverait jamais à destination, même pas la peine d’essayer.

Pour comprendre ce qu’est la vie quotidienne d’un noir, d’un Arabe, d’une femme voilée, d’un handicapé, prenez un vélo et faites le tour de Biarritz en fin de semaine.

rue d'ulm

Paris, le 22 avril 2011



Madame la directrice de l’Ecole normale supérieure et chère collègue,


Je suis professeur retraité de l’Université de Vincennes (Paris VIII) et membre du Parti socialiste, section de la Goutte d’Or. J’ai suivi les événements qui ont agité votre école, la grève de contractuels soutenus par un groupe d’étudiants, l’occupation, l’évacuation. Dans les années 1970, l’Université de Vincennes a été paralysée pendant plusieurs mois par une grève des travailleurs du nettoyage pour être intégrés dans le personnel de la faculté, grève soutenu par les maoïstes, trotskystes et autres extrémes gauche de l’époque. Les communistes, qui à l’époque tentaient une difficile reconversion comme parti de gouvernement, avaient pris position contre la grève en affirmant que Paris VIII était d’abord une université de promotion et de formation d’étudiants rejetés par le système en cours et que c’est à leur égard, à l’égard de ces milliers d’étudiants, que se trouvait d’abord son devoir.

Aujourd’hui, de la même façon, j’estime que le devoir premier de l’ENS est de former des chercheurs et des enseignants.

Je vois dans la presse que le Parti communiste qui a renoncé à être un parti de gouvernement, manifeste son renoncement en soutenant le mouvement de grève et en protestant contre l’évacuation des locaux, dans les mêmes mots que le NPA. Quant au Parti socialiste, il est à ma connaissance resté silencieux.

Je prends donc l’initiative, en tant que membre d’un PS aspirant à gouverner en 2012, d’approuver l’évacuation des locaux de l’ENS et de vous manifester mon entière solidarité.

Maurice Goldring

mercredi 20 avril 2011

bilan d'un ex

Chacun son expérience et l’une n’est pas plus « vraie » que l’autre. Dans l’histoire française, le PCF a joué un rôle dans la création et les succès du Front populaire, dans les mouvements anticolonialistes (Algérie, Vietnam), Il a joué un rôle idéologique dans la mise à jour permanente des intérêts et des conflits de classe, contribuant à démasquer les ruses de droite pour qui l’intérêt égoïste peut seul faire fonctionner une société, et les ruses de gauche pour qui il vaut mieux d’ardentes dénonciations que des réformes réelles. Ajoutons à ce bilan les réalisations sociales des municipalités communistes.

On peut aussi remarquer, après coup, que les mises en place des systèmes de sécurité sociale se sont accomplies avant la France dans d’autres pays européens où les PC étaient faibles. Les pays d’Europe du Nord et le Royaume-Uni, par exemple. On peut aussi remarquer, après coup, que des mouvements anticolonialistes ont été puissants dans des pays où les PC étaient faibles ou inexistants. On peut aussi remarquer que le suffrage universel féminin a été accordé bien avant la France dans des pays où les PC étaient faibles ou inexistants. Ces comparaisons peuvent être intéressantes pour les historiens, il reste qu’en France, les communistes ont occupé un rôle déterminant dans le mouvement social et qu’il a formé des générations de militants qui ont appris à organiser, à mobiliser, à penser.

En même temps, ces militants ont appris, les uns après les autres, que les PC du monde entier étaient inféodés à l’Union soviétique, financés par elle, et que le noyau solide de leur engagement était cette fidélité absolue au centre stalinien. En témoigne entre autres preuves le pacte germano-soviétique. Fidélité au système, croyance en sa supériorité, refus de voir les disfonctionnements, conviction que les avant-garde éclairées devaient tracer le chemin et ensuite ne reculer devant rien pour conserver le pouvoir, éliminer les déviants, affamer les peuples, écraser les révoltes dans l’empire. Être communiste, c’était justifier les procès, les camps « de travail », les brutalités d’un pouvoir dictatorial. Dans les années 1970, a eu lieu une percée vers des théories nouvelles, eurocommunistes. Puis tous ceux qui avaient pris ces bouleversements politiques et théoriques au sérieux ont été renvoyés du PCF après la rupture du programme commun en 1978. Être communiste était alors se montrer fidèle à l’égard de la direction du parti.

Comment se sortir de ces contradictions que chacun a vécues au plus intime ? Nous étions des militants exemplaires et des complices des crimes du stalinisme. L’horreur de ces crimes n’a rien à envier au système nazi. La différence est que si un ancien nazi nous parlait des autoroutes et de la fin du chômage en Allemagne après la prise du pouvoir par Hitler, quelle serait notre réaction ? La différence est qu’il est possible de se faire photographier sur la Place Rouge auprès de clones de Staline et Lénine, alors qu’on a du mal à imaginer des touristes se faisant photographier à Berlin auprès de clones d’Hitler ou de Goering. La différence est que les Allemands ont travaillé sur cette période, alors que le chercheurs russes sur les crimes de Staline ont un mal de chien à mener leur travail. La différence est que nombre d’intellectuels ou de militants en France se réclament du communisme en disant que sans les procès, sans Staline, sans la révolution culturelle, sans Staline et sans Mao, ce pouvait être un bon système. Et Mélanchon est ravi qu’on le compare à Georges Marchais.

Ma conviction est que la gauche toute entière peinera à se réformer si elle ne mène pas l’analyse approfondie de ce qu’ont été les engagements, le pouvoir et les meurtrissures du communisme. Sans cette analyse, les vieux démons reviennent, dans les tendresses à l’égard de Cuba (quand même, l’alphabétisation…), de Hugo Chavez. Dans les acceptations de formes d’action minoritaires. Dans les alliances sans principe avec une gauche dite révolutionnaire qui refuse la démocratie parlementaire, qui dénonce le pouvoir actuel comme une dictature du grand capital, parce que si nous vivons sous une dictature, comment appeler le système qui existait en Egypte, en Tunisie, qui existe en Algérie et en Lybie ?

En résumé, les analyses du communisme dans notre pays, et ailleurs, ne sont pas travail d’historien, rabâchage du passé, mais d’abord une intervention politique dans les combats d’aujourd’hui.

mardi 12 avril 2011

martin parr expo photo

Martin Parr

Martin Parr est un photographe mondialement connu et reconnu. Il a été invité à résider une semaine à la Goutte d'Or, il a photographié le quartier et ses photos sont exposées à l'Institut des Cultures de l'Islam (ICI) depuis le 5 avril jusqu'au 2 juillet. Il est resté une semaine à sillonner les rues, avec deux guides, car les gens n'aiment pas ici être photographiés, on dit tellement du mal de la Goutte d'Or. Il a même renoncé à la rue, parce qu'on a failli lui voler son appareil. Il était accompagné constamment de deux guides, on pourrait dire des gardes du corps. Naturellement, il n'a pas pu photographier les marchands à la sauvette, ni les drogués, ni les dealers, ni la médiathèque, ni le Centre Barbara, ni les sorties d'école. Il faut reconnaître malgré tout une certaine audace: l'exposition s'ouvre avec une charcuterie avec au premier plan un énorme cochon en céramique.
Le résultat, c'est à dire l'exposition, ne pouvait être que le point de rencontre de toutes ces contraintes. Un immense talent, de belles photos, qui auraient pu être prises dans n'importe quelle ville d'Afrique du Nord. On se promène dans l'exposition comme un touriste à Bab-el-Oued. Une semaine en résidence, le résultat ne pouvait être que celui-là. Un quartier exotique avec de belles images.
Le public qui visite l'exposition dont une partie vit dans le quartier ne se voit pas dans les photos. Les gens qui sont photographiés ne visitent pas l'exposition. Encore un ratage. On peut se contenter de dire les images sont belles. La réalité du quartier, la diversité de sa population, les problèmes et les solutions qui s'entrechoquent, ne pouvaient pas être saisies par l'objectif parce que l'artiste est resté une semaine dans un quartier qui prend des années pour s'approcher. Un quartier sensible et blessé, furieux et accueillant. Comment imaginer qu'il pouvait être apprivoisé avec un appareil photo et deux gardes du corps? Une belle approche du quartier est celle de Hortense Soichet, photographe, qui a pris des mois à prendre contact avec des habitants, à leur parler, à leur exposer son projet, à photographier les intérieurs et on voit avec ses photos la complexité culturelle et sociale de la Goutte d'Or. Un beau travail artistique et sociologique.
Ce que je reproche à l'exposition est son nom. Goutte d'Or. Si on avait appelé l'exposition "photos de Martin Parr", aucun problème. Il expose des œuvres. Elles sont belles. Mais Martin Parr prétend exposer mon quartier. C'est un bon photographe à qui une agence a proposé un voyage d'une semaine dans un immense territoire dont il ne parlait même pas la langue et il en a ramené un beau carnet de voyage.

samedi 9 avril 2011

Brisson Guéant du pays basque

Max Brisson


Dans tous les pays européens ont émergé des courants nationalistes prônant le protectionnisme et la préférence nationale. Ligue du Nord en Italie, Front national en France, Vlaams Block en Hollande, l'UDC en Suisse, le Parti populaire en Autriche... Pour rester au pouvoir, les partis de la droite traditionnelle reprennent parfois des thèmes xénophobes antiques ou partagent les postes avec leurs représentants. L'exclusion, la détestation, la censure, la régression dans le domaine du droit des femmes deviennent des moyens de gouvernement et marquent des régressions majeures. En France, l'UMP joue avec les mêmes allumettes un jeu dangereux.

Des régions ou des pays semblent protégées de courants xénophobes: l'Irlande, le Pays basque. C'est que dans ces pays la préférence nationale et le repli identitaire y sont représentées par des partis nationalistes classiques: le Sinn Féin en Irlande et les nationalistes basques au Pays basque. La reprise par Max Brisson des thèmes nationalistes basques n'est pas conjoncturelle. C'est la transcription au plan régional de la stratégie sarkozienne. Max Brisson est le Brice Hortefeux ou le Claude Guéant du Pays basque avec les mêmes dangers, les mêmes instruments, les mêmes mots qui allument partout des incendies incontrôlables.

Quel est l'équivalent départemental de "on ne sent plus chez nous" ou autres provocations? C'est le comptage. Alors que toutes les démocraties se sont construites sur l'arrachement des élus à leur territoire pour les transformer en représentants du peuple tout entier, Max Brisson compte le nombre de Basques dans l'exécutif et le nombre de non-Basques. Et comme Brice Hortefeux, il dit "quand il y en a un ça va, c'est quand il y en a trop que ça pose problème". Il y a donc trop de non-basques dans l'exécutif. Le territoire n'est pas représenté. Qui est basque et qui ne l'est pas? Je suggère une prise de sang pour rechercher le groupe sanguin.

Brisson Guéant du pays basque

Max Brisson


Dans tous les pays européens ont émergé des courants nationalistes prônant le protectionnisme et la préférence nationale. Ligue du Nord en Italie, Front national en France, Vlaams Block en Hollande, l'UDC en Suisse, le Parti populaire en Autriche... Pour rester au pouvoir, les partis de la droite traditionnelle reprennent parfois des thèmes xénophobes antiques ou partagent les postes avec leurs représentants. L'exclusion, la détestation, la censure, la régression dans le domaine du droit des femmes deviennent des moyens de gouvernement et marquent des régressions majeures. En France, l'UMP joue avec les mêmes allumettes un jeu dangereux.

Des régions ou des pays semblent protégées de courants xénophobes: l'Irlande, le Pays basque. C'est que dans ces pays la préférence nationale et le repli identitaire y sont représentées par des partis nationalistes classiques: le Sinn Féin en Irlande et les nationalistes basques au Pays basque. La reprise par Max Brisson des thèmes nationalistes basques n'est pas conjoncturelle. C'est la transcription au plan régional de la stratégie sarkozienne. Max Brisson est le Brice Hortefeux ou le Claude Guéant du Pays basque avec les mêmes dangers, les mêmes instruments, les mêmes mots qui allument partout des incendies incontrôlables.

Quel est l'équivalent départemental de "on ne sent plus chez nous" ou autres provocations? C'est le comptage. Alors que toutes les démocraties se sont construites sur l'arrachement des élus à leur territoire pour les transformer en représentants du peuple tout entier, Max Brisson compte le nombre de Basques dans l'exécutif et le nombre de non-Basques. Et comme Brice Hortefeux, il dit "quand il y en a un ça va, c'est quand il y en a trop que ça pose problème". Il y a donc trop de non-basques dans l'exécutif. Le territoire n'est pas représenté. Qui est basque et qui ne l'est pas? Je suggère une prise de sang pour rechercher le groupe sanguin.

vendredi 8 avril 2011

arrêter de fumer

je n'ai pas arrêté de fumer, je reprendrai une cigarette à 90 ans. encore douze ans à attendre.

écolo humanitaire

écolo moderne, je me ferai incinérer. Généreux et citoyen, je lègue mes cendres à la science.

jeudi 7 avril 2011

encore sur le danger de l'islam

Cher collègue, je vous remercie de votre longue réponse à ma "déclaration de paix". Je l'ai lu attentivement et j'en conclus que nous sommes profondément en désaccord politique. Heureusement, nous vivons dans un pays où les désaccords politiques se traduisent par des débats, des discussions, parfois des élections, et pas par des procès en sorcelleries, des arrestations, des massacres etc. Sur ce point au moins, nous serons d'accord. Votre point de vue est que notre société est menacée par l'islam, comme elle l'était hier par le nazisme et le communisme. Mon point de vue est qu'il faut distinguer deux champs différents: l'état de la société française, et l'état de l'islam dans le monde aujourd'hui. Les peurs nous donnent des informations sur la société qui les exprime, guère d'informations sur les sujets de ces peurs. Quand les Britanniques et les Américains du Nord exprimaient une forte peur des immigrations catholiques, ils disaient surtout: nous ne sommes pas des catholiques, nous sommes des protestants, nous sommes supérieurs, etc. Un deuxième champ était alors l'étude du catholicisme, de l'église catholique, et beaucoup de chercheurs et 'essayistes trouvaient dans les textes du Vatican et les pratiques des pays où l'église catholique était influente de nombreuses "justifications"' de leurs peurs. Les protestants irlandais connaissaient par coeur les massacres de la Saint-Barthélémy et les enferments forcés des femmes dans les couvents. Mais cer qui était en jeu, c'était l'intégration ou non des catholiques dans la société britannique et dans la société américaine. Aujourd'hui, sans être du tout un spécialiste de l'Islam, je sais bien que se mène dans le monde de l'Islam des luttes souvent meurtrières entre différentes conceptions de cette religion. Notre manière de contribuer à l'émergence d'un islam modéré, moderne, qui comprendra le sens du mot laïque, c'est d'oeuvrer à l'intégration des millions de musulmans qui vivent en Europe à devenir des citoyens égaux. Or, actuellement, vous savez que les noms, les prénoms, les adresses, les établissements scolaires fréquentés, barrent la route à des emplois, à des logements, à des carrières, à des responsabilités. Les musulmans que je connais (ce qui ne me donne aucune compétence particulière, mais seulement des indications), sont doubles: quand ils retournent au pays, ils reviennent tous en disant qu'ils poussent un grand soupir de soulagement en mettant les pieds sur le sol français, particulièrement les femmes. Et en même temps, ils sont soumis à des campagnes permanentes de stigmatisation et des pratiques d'exclusion qui les irritent beaucoup.

faut-il un ennemi?

Les idées des partis identitaires en Europe, (sil n'y avait que le Front national…) s'appuient partout sur des inquiétudes, des incertitudes, des craintes qui sont une réalité politique. Ces inquiétudes, ces craintes, peuvent rester politiquement inertes ou devenir des questions politiques si elles sont mobilisées par des responsables. Responsables politiques: les différents partis de droite nationaliste en Suisse, Hollande, Hongrie, etc. Ces craintes peuvent aussi être légitimées par des institutions, des intellectuels, des théoriciens, des églises. C'est ainsi qu'on comprend pas la durée et l'intensité de l'antisémitisme en Europe si l'on ne prend pas en compte le fait que l'église catholique l'a légitimé dans ses sermons répétés pendant des siècles.
Pierre Menent fait partie de ceux qui estiment que ces craintes sont justifiées. Il les théorise, il les légitime. Que l'Europe est politiquement inexistante devant le danger d'une vraie menace contre sa civilisation, contre ses valeurs. L'immigration, l'adhésion de la Turquie, la délégation de son pouvoir militaire aux États-Unis font partie de cette démission. Si rien ne se passe, les pays européens auront des réactions de survie, fondée sur les "vieilles nations" et "la vieille religion" au singulier, singulier qui exclut peut-être le protestantisme, et certainement la religion juive.
Je fais partie de ceux qui pensent que ces craintes ne doivent pas être légitimées, mais combattues. Pas seulement leur utilisation politique, mais aussi leur contenu. Combattues par l'histoire, par le raisonnement, par l'expérience. Nous avons devant sous les yeux un exemple de ce combat nécessaire. Les révolutions dans les pays arabes. Les journalistes et les observateurs les plus sérieux (voir le dernier exemple Gilles Kepel, dans un entretien au monde daté 5 avril) disent que les peuples de ces régions ont fait avec l'Iran l'expérience des révolutions islamisées et qu'ils n'en veulent plus. Ç a ne veut pas dire que selon les pays, la situation peut évoluer vers le pire. Ça veut dire qu'il faut prendre au sérieux et encourager les aspirations démocratiques et laïques qui s'expriment pour le moment. Ne pas reprendre les musiques qui se jouent bien au delà de la droite traditionnelle selon lesquelles il y a incompatibilité entre démocratie à l'européenne et l'islam, et les Arabes, et les Africains.
Les premières nations au sens moderne sont effectivement les nations protestantes de l'Europe du nord. Comme toutes les nations, elles se construisent autant sur les valeurs communes que sur la dénonciation hystérique d'un adversaire réel ou supposé. L'adversaire de ces nations protestantes étaient l'église catholique. Mot pour mot, pendant des siècles, les nations protestantes ont dénoncé les "papistes" dont la religion ne pouvait pas s'intégrer, par essence, dans la démocratie, dans l'économie d'entreprise, dans la modernité. On retrouve cette même dénonciation, aux États-Unis à l'égard des immigrés irlandais dont le danger principal était qu'ils étaient catholiques, la religion de la soumission, de l'ignorance, de la régression, incapable de comprendre ni même de lire la déclaration des droits de l'homme. Il faut lire ou relire les pamphlets de l'époque et les juxtaposer avec les thèses de Pierre Menent. Juste pour réfléchir.
Parmi ceux qui ne pouvaient pas s'intégrer et qui représentaient un danger mortel, il y eut les Juifs en Europe. Les Noirs aux États-Unis (comment pouvait-on leur accorder le droit de vote sans porter un coup mortel à la démocratie américaine?), les Noirs en Afrique du Sud…
Voilà. Ce qui me m'inquiète, ce ne sont pas les adversaires ou les dangers désignés par Pierre Menent, mais le fait que ses inquiétudes soient si largement prises au sérieux.

primaires

Un responsable de l'UMP dit que les primaires du PS ce n'est pas bien. parce qu'elle sont à un euro pour y participer. à l'UMP, pour participer aux primaires, le minimum , c'est cent mille euros.

mercredi 6 avril 2011

suite de la déclaration de paix

Je reçois par dizaines des messages d'encouragement. des anciens élèves et des anciens étudiants qui se rappellent à mon souvenir. et puis par unité, des messages de haine, on me trait de collabo... Là-haut, on joue avec le feu.

gagner les élections

La situation du pays, la dérive de la droite au pouvoir, nous imposent de gagner les élections présidentielles. Si nous ne les gagnons pas, nous sommes hors-jeu, nous le courant socialiste réformiste, pendant des générations. Nous laisserons le champ libre à une alternance entre centre droit et centre gauche. Entre droite dure et droite modérée. Nous compterons les coups et nous manifesterons avec le Front de gauche et le NPA contre les mesures autoritaires à l'égard des sans-papiers. Rien qu'à l'idée, j'en pleurerais de joie.
Pour gagner les élections, il faut vouloir gouverner. Une des manières de refuser le pouvoir est de mener la campagne des primaires d'une façon à refuser les responsabilités. Laissons à Mélanchon-Besancenot l'ivresse des colères renonciatrices. Que les candidats mènent campagne avec un seul but: gagner. Gagner, même si c'est aux dépens de leur propre avenir. Je dis cela avec facilité puisqu'il s'agit de leur avenir et non du mien. Au jour d'aujourd'hui, je précède les primaires en disant parce que je le pense que le candidat qui incarne le mieux la victoire possible est DSK. Si c'est lui, qu'il soit désigné. Si l'objectif unique est de gagner.
Gagner aujourd'hui, c'est rassembler autour des propositions d'un programme de gouvernement une partie de la droite centriste. Cela suppose une grande clarté dans les propositions et dans les actions. Toutes les actions. Rassembler la gauche? Oui. Celle qui veut gouverner, prendre des responsabilités. Le NPA et LO se situent en dehors. Le Front de gauche et le PC hésitent. S'il y a des actions en commun, qu'elles se mènent sur la base de notre politique et de nos perspectives d'avenir. Voici par exemple, localement, un comité magma contre la répression qui édite un tract sur le thème: y en a marre, y en marre des contrôles au faciès, de la répression. Le 5 avril, quand j'ai lu à la mosquée de la rue Polonceau une "déclaration de paix aux musulmans qui vivent en France", deux inspecteurs de police sont venus me demander le texte de cette déclaration et me présenter les excuses du commissaire Clouseau qui aurait aimé être présent. Les deux militantes du NPA qui étaient présentes en bafouillaient de confusion idéologique. Ça ne collait pas avec la liste des "y en a marre". Quand Espoir Goutte d'Or négocie avec la police, en permanence, la place des véhicules pour pouvoir mieux faire son travail de prévention, ça ne colle pas non plus. Alors, la présence d'élus dans ce regroupement introduit une confusion regrettable. Une culture de gouvernement, ce n'est pas demain, c'est tous les jours. A ces deux militantes du NPA un peu désorientées, j'ai demandé: les patrouilles de police peuvent marcher tranquillement dans le quartier sans recevoir de parpaing sur la tête, c'est bien ou c'est pas bien? Elles ont du mal à dire que c'était bien. Elles ne l'ont même pas dit. Leur silence les exclut d'un rassemblement de la gauche qui vise à gouverner. Qui veut développer la police de proximité.
Autre exemple de cette culture de rassemblement et de gouvernement. Les militants socialistes sont actifs dans la défense des sans-papiers. C'est bien. Mais la plus grande partie des issus de l'immigration qui vivent et travaillent dans le quartier disposent de papiers, d'un métier, sont des commerçants légaux, ont des enfants qui vont dans les écoles. Qu'est-ce qu'on leur dit à eux? On leur dit, euh…dommage que vous ne soyiez pas des sans-papiers, sinon, on vous aiderait.

gagner les élections

La situation du pays, la dérive de la droite au pouvoir, nous imposent de gagner les élections présidentielles. Si nous ne les gagnons pas, nous sommes hors-jeu, nous le courant socialiste réformiste, pendant des générations. Nous laisserons le champ libre à une alternance entre centre droit et centre gauche. Entre droite dure et droite modérée. Nous compterons les coups et nous manifesterons avec le Front de gauche et le NPA contre les mesures autoritaires à l'égard des sans-papiers. Rien qu'à l'idée, j'en pleurerais de joie.
Pour gagner les élections, il faut vouloir gouverner. Une des manières de refuser le pouvoir est de mener la campagne des primaires d'une façon à refuser les responsabilités. Laissons à Mélanchon-Besancenot l'ivresse des colères renonciatrices. Que les candidats mènent campagne avec un seul but: gagner. Gagner, même si c'est aux dépens de leur propre avenir. Je dis cela avec facilité puisqu'il s'agit de leur avenir et non du mien. Au jour d'aujourd'hui, je précède les primaires en disant parce que je le pense que le candidat qui incarne le mieux la victoire possible est DSK. Si c'est lui, qu'il soit désigné. Si l'objectif unique est de gagner.
Gagner aujourd'hui, c'est rassembler autour des propositions d'un programme de gouvernement une partie de la droite centriste. Cela suppose une grande clarté dans les propositions et dans les actions. Toutes les actions. Rassembler la gauche? Oui. Celle qui veut gouverner, prendre des responsabilités. Le NPA et LO se situent en dehors. Le Front de gauche et le PC hésitent. S'il y a des actions en commun, qu'elles se mènent sur la base de notre politique et de nos perspectives d'avenir. Voici par exemple, localement, un comité magma contre la répression qui édite un tract sur le thème: y en a marre, y en marre des contrôles au faciès, de la répression. Le 5 avril, quand j'ai lu à la mosquée de la rue Polonceau une "déclaration de paix aux musulmans qui vivent en France", deux inspecteurs de police sont venus me demander le texte de cette déclaration et me présenter les excuses du commissaire Clouseau qui aurait aimé être présent. Les deux militantes du NPA qui étaient présentes en bafouillaient de confusion idéologique. Ça ne collait pas avec la liste des "y en a marre". Quand Espoir Goutte d'Or négocie avec la police, en permanence, la place des véhicules pour pouvoir mieux faire son travail de prévention, ça ne colle pas non plus. Alors, la présence d'élus dans ce regroupement introduit une confusion regrettable. Une culture de gouvernement, ce n'est pas demain, c'est tous les jours. A ces deux militantes du NPA un peu désorientées, j'ai demandé: les patrouilles de police peuvent marcher tranquillement dans le quartier sans recevoir de parpaing sur la tête, c'est bien ou c'est pas bien? Elles ont du mal à dire que c'était bien. Elles ne l'ont même pas dit. Leur silence les exclut d'un rassemblement de la gauche qui vise à gouverner. Qui veut développer la police de proximité.
Autre exemple de cette culture de rassemblement et de gouvernement. Les militants socialistes sont actifs dans la défense des sans-papiers. C'est bien. Mais la plus grande partie des issus de l'immigration qui vivent et travaillent dans le quartier disposent de papiers, d'un métier, sont des commerçants légaux, ont des enfants qui vont dans les écoles. Qu'est-ce qu'on leur dit à eux? On leur dit, euh…dommage que vous ne soyiez pas des sans-papiers, sinon, on vous aiderait.

mardi 5 avril 2011

film sur le communisme

Le film de Marcel Trillat et de Maurice Failevic (Atlandide) sur l'effondrement du communisme, diffusé sur France 2 est une imposture. Juste une remarque préliminaire pour expliquer ce mot: tous les interviewés sauf deux ont été membres du PCF et ont été exclus ou l'ont quitté. Le film ne dit jamais qu'ils ne sont plus membres du PCF.

On peut passer sur les distorsions familières. Le pacte germano-soviétique est survolé légèrement, la livraison par Staline à Hitler d'antifascistes allemands n'est pas évoqué, la résistance d'avant 1941 est attribuée au parti communiste alors que Jacques Duclos demandait la permission de faire reparaître l'Humanité, etc.

Les relations avec l'Union soviétique: Léo Figuères était à Moscou pendant les procès et les purges. Dans une école d'un an. Il constate qu'à mesure que l'année s'écoule, certains de ses profs disparaissent. Il se demande pourquoi. "nous n'étions pas très à l'aise". En 1965, Kanapa, journaliste à Moscou, envoie une lettre à Waldeck Rochet sur l'état de l'URSS, les arrestations, etc. et WR le croit. C'est incroyable. Il le croit. D'un seul coup, en 1965, on découvre le goulag, et on le croit.

La chute du mur: depuis que l'URSS est tombé, les syndicats, les mouvements populaires, les revendications sont affaiblis. Parce que les pays capitalistes dans la concurrence avec un autre régime, avaient tendance à accepter les réformes pour que leurs peuples ne virent pas vers le communisme. Il fallait que vingt millions de personnes meurent de faim de fatigue et de froid pour obtenir une cinquième semaine de congés payés. Maintenant que ces peuples sont libres, c'est plus difficile. Le rapport Kroutchev a fait beaucoup souffrir les communistes, disent les entretiens. Il a surtout signalé que beaucoup de soviétiques ont beaucoup souffert sous Staline.

Le meilleur, c'est Henri Malberg, qui fait la liste des crimes du capitalisme "dont on ne parle plus": les massacres des peuples dans les conquêtes coloniales, la guerre du Vietnam, etc. Il oublie un détail. Contre la guerre en Algérie, j'ai manifesté, contre la guerre au Vietnam, j'ai manifesté. Contre le goulag, contre les procès, contre les atteintes aux libertés dans les pays soviétiques, je n'ai pas manifesté. La différence, mon cher Henri, est que le goulag et les arrestations d'opposants, d'intellectuels, d'ouvriers, de juifs et d'ukrainiens, tous ça se faisait en ton nom et au mien, au nom de mes principes, et ton parti trouvait le bien globalement positif. En ton nom, et plus au mien, à l'époque, j'étais déjà loin. Et aujourd'hui, tu continues à faire semblant de ne pas savoir que tu étais complice de Pol Pot. Tu connais Pol Pot? Et la Révolution culturelle, tu as oublié? Au nom des principes communistes. Les communistes français étaient un peu contre la révolution culturelle chinoise parce que les soviétiques étaient contre les dirigeants chinois. Mais si les soviétiques avaient été pour, les communistes français et Henri Malberg auraient accepté ou ignoré les millions de morts de la révolution culturelle chinoise et Henri Malberg les aurait oublié. Pourtant, à la différence des massacres qu'il a énumérés, ces massacres se sont accomplis en son nom et au mien.

Sinon, dans l'ensemble, on célèbre les engagements, la solidarité, la camaraderie…C'est magnifique, la camaraderie. Souvenir de camaraderie. Mais dangereux la camaraderie. La camaraderie est présente dans tous les système totalitaires. Quand on fait la guerre, quand les luttes sont des luttes à mort. La camaraderie rassemble des militants engagés totalement. S'ils posent une question, s'ils expriment une différence d'opinion, la camaraderie cesse immédiatement et on ne serre plus la main de celui qui n'est plus d'accord. Vous avez oublié?

vendredi 1 avril 2011

ancien élève

Bonjour cher Claude, c'est toujours émouvant d'avoir un message d'un ancien élève. Après le lycée de Beauvais, j'ai enseigné quelques années au Lycée Saint-Louis, puis à l'université de Vincennes (aujourd'hui Saint-Denis). Ma spécialité: l'Irlande. Je suis resté adhérent du PC jusqu'en 1981. J'ai été exclu avec Henri Fiszbin pour activités fractionnelles. J'ai adhéré au PS après la défaite de Jospin en 2002, et je suis sur une ligne sociale-réformiste (j'hésite entre DSK et François Hollande. Je suis retraité depuis quinze ans et je continue à travailler, à écrire et à militer. Je ^partage ma vie entre Paris et Biarritz où mon amie à une maison. Vous pouvez suivre mes idées et mes activités sur mon blog (blog politique de Maurice Goldring). Il me reste quelques certitudes: Une haine rationnelle et renouvelée de la phrase révolutionnaire qui sabote le présent dans l'opposition et tue les peuples quand elle arrive au pouvoir. Deuxièmement: quand on a une famille, des petits-enfants, quelques amis, et un peu d'argent, le grand âge est un délice car on savoure plus intensément chaque instant. Voilà, vous savez tout. Amitiés.