jeudi 20 janvier 2011

larmes

Elle regardait le train emporter son bien-aimé et ses yeux restaient secs. Les plantes qui poussent sur le quai de la gare espéraient la pluie de ses larmes, elles sont flétries depuis longtemps.

samedi 15 janvier 2011

on ne peut pas nier la réalité

En appui à Eric Zemmour, Jean-Pierre Chevènement a consulté les listings de la Direction centrale de la Sécurité publique du ministère de l'Intérieur et il a constaté que plus de 50% des infractions constatées sont imputables à des jeunes dont le patronyme est de consonance africaine ou maghrébine.». On ne peut nier la réalité sous prétexte du « politiquement correct ».

La majorité des prisonniers aux États-Unis sont Noirs. On ne peut nier la réalité. La majorité des prisonniers en Grande-Bretagne au 19ème siècle étaient irlandais. On ne peut nier la réalité. La majorité des prisonniers en Russie sont caucasiens. On ne peut nier la réalité. La majorité des maires qui refusent d’appliquer la loi SRU sont blancs et chrétiens. On ne peut nier la réalité.

Ces réalités ne sont ni vraies ni fausses, elles n’ont aucun sens. Si je dis que la majorité de la population concentrationnaire sous le nazisme était juive, ça ne dit rien sur les Juifs, mais ça dit beaucoup de choses sur la manière dont l’Allemagne nazie traitait les Juifs.

En Afrique du Sud, du temps de l’apartheid, les chiens étaient dressés pour chasser les intrus de couleur noire. La couleur suffisait pour être suspect. La majorité des mordus par les chiens étaient noirs. On ne peut pas nier la réalité.

Nous sommes des hommes et non des chiens.

vendredi 14 janvier 2011

les modérés, voilà l'ennemi

Maurice Goldring « Les modérés, voilà l’ennemi »

Les catholiques britanniques formaient au 19ème siècle une communauté considérée comme inassimilables parce que leur religion était étrangère à la culture protestante et qu’ils prêtaient allégeance à une puissance étrangère, le Vatican. On leur refusait le droit de vote, le droit d’être élu, l’accès à des professions liées à la magistrature, le droit de porter des armes, etc.

Malgré ces interdits une classe moyenne catholique émergea qui demanda non pas l’indépendance, mais une réelle égalité des droits, non pas le suffrage universel, mais la franchise à l’égal de leurs concitoyens protestants. Un propriétaire catholique ne pouvait pas voter alors que ses revenus permettaient à son voisin protestant de voter. Il ne demandait pas le droit de vote pour ses serviteurs, mais simplement l’égalité.

Pour les conservateurs intransigeants opposés à toute réforme et à tout accueil des exclus catholiques, ces modérés représentaient le danger principal. Plus ils étaient doux, plus on les taxait d’hypocrisie. Quand ils refusaient de prendre les armes pour défendre la patrie, on les accusait de traîtrise. Quand ils prenaient les armes pour défendre la patrie, on les accusait d’infiltration. Quand ils s’affirmaient patriotes, ils étaient accusé de mentir. Quand ils critiquaient la monarchie ou le gouvernement, on les accusait de forfaiture. La grande majorité des catholiques acceptaient la forme qu’avait pris le pouvoir en Grande-Bretagne, celui d’une église anglicane religion officielle dont le chef était un monarque protestant. C’est cette acceptation qui les rendait dangereux puisque plus rien ne s’opposait à leur intégration dans la société britannique.

La grande majorité des musulmans français ou vivant en France accepte la laïcité. C’est cette acceptation qui les rend dangereux puisque plus rien ne s’oppose à leur intégration dans la société française. Ce sont eux qui représentent un danger pour les tenants d’une purification de l’identité nationale. Ils n’ont pas plus de sympathie pour les terroristes de Dieu que la majorité des Juifs français pour l’extrême-droite israélienne. On ne somme pas les Juifs français de dénoncer des comportements de l’armée ou de colons israéliens, mais chaque musulman subit l’inquiétude des regards et les soupçons de l’opinion.

Les attentats, le climat de terreur de l’intégrisme islamiste visent d’abord les pays musulmans. Personne ne croit qu’Al Quaida peut transformer les sociétés occidentales où se sont intégrés des millions de musulmans. Mais il peut modifier la situation de ces musulmans, leur rendre la vie plus compliquée en pratiquant l’amalgame entre musulmans et intégrisme violent. Avec quelque succès.

L’amalgame entre islam et terrorisme ne vise pas d’abord les terroristes. On se demande en quoi ils en seraient affectés. Au contraire, ils s’en félicitent. Il vise d’abord les musulmans modérés, la masse des musulmans qui s’intègrent dans les citoyennetés des pays européens. Les deux adversaires d’une coexistence paisible entre tous les citoyens sont le terrorisme intégriste et l’intégrisme nationaliste qui partagent le même objectif : rendre la vie impossible aux musulmans dans les pays occidentaux.

lundi 3 janvier 2011

pessimisme

Un sondage international mesure le pessimisme des peuples. La France est l'un des pays les plus pessimistes du monde, plus pessimiste que l'Afghanistan et le Kosovo. Quand on examine ces résultats, on peut se poser des questions sur le sens, la qualité, l'efficacité d'un tel sondage. Mais la question est là: pensez-vous que demain sera mieux qu'aujourd'hui? En France, les réponses pessimistes dominent plus que partout ailleurs: demain sera pire qu'aujourd'hui et aujourd'hui, ça ne va pas très fort. D'un même mouvement, la vente des tranquillisants est plus forte en France que dans les autres pays européens. La main droite écrit "pire" sur la colonne réponse et la main gauche saisit une pilule pour se tranquilliser.
Pour une part, le vieillissement de la population contribue au pessimisme général. Plus on est jeune, plus on est optimiste. La grande, l'immense majorité des nourrissons élevés en France sous leur mère savent qu'ils auront demain leur biberon à l'heure où l'estomac le réclamera et ils ont donc confiance en l'avenir. Plus on vieillit, moins on a confiance en l'avenir. L'avenir des septuagénaires et des octogénaires est forcément pire que le passé car les os craquent, la vue baisse, l'oreille se tend, la peau se craquèle et les dents se prothèsent. Donc, parce qu'un système de santé efficace augmente dans la durée de vie de la population le pessimisme sur l'avenir augmente. Mieux on soigne, plus on est inquiet sur l'avenir. Et je n'ai pas parlé des nonagénaires qui eux sont parmi les plus pessimistes sur le lendemain. Le pessimisme français serait donc une bonne indication de l'efficacité de notre système de santé.
Je ne crois pas un mot de ce que je viens d'écrire. Le pessimisme ou l'optimisme ne sont pas des catégories mesurables, de fragiles indices d'opinion. Les Français ont plus souffert de la faim dans les deux ou trois années qui ont suivi la libération et pourtant tous les survivants de cette époque se la rappellent comme une période d'euphorie. Le jugement sur l'avenir est politique et nul craquement des os et nulle pilule rose ne pourront remplacer ou défaire un espoir ou un chagrin collectifs. De ce point de vue, ça ne va pas très bien. Un suicide est le signe de rapports sociaux au travail dégradés et le fait que la majorité des suicides sont le fait des adolescents qui ne travaillent pas encore, ou de retraités qui ne travaillent plus, ne change rien à cette caractéristique: les rapports au travail sont devenus si brutaux qu'ils provoquent des suicides. Dans l'imaginaire collectif, les mineurs de fond et les fondeurs d'acier, les fileuses du Nord qui sortaient de l'usine à vingt heures, toutes avaient moins de raison de se suicider qu'aujourd'hui. Un fait divers, une agression dans le métro, sont des indicateurs d'une dégradation des rapports sociaux et jamais ne paraîtront au journal de vingt heures le geste de ce jeune cagoulé qui court après une vieille dame pour lui rendre le sac qu'elle a oublié dans le métro.
Dans les années d'après Seconde Guerre mondiale, se mirent en place un système de protection sociale, un enseignement secondaire généralisé, un système de santé, qui marquèrent un progrès considérable dans la situation des classes de salariés les plus modestes. Les gens vécurent plus longtemps, dans des appartements plus grands et plus confortables, partirent plus souvent en vacances et achetèrent des voitures. Pendant ce temps, moi, Maurice Goldring, membre du Parti communiste français, j'expliquais dans des tracts, des conversations, des discours, que la classe ouvrière française s'appauvrissait, pas seulement relativement (creusement des inégalités), mais absolument, c'est à dire que les gens vivaient moins bien dans tous les domaines. Et dans cette période où tout allait mieux, vingt-cinq pour cent des votants nous croyaient et nous accordaient une confiance électorale. Et dans l'ensemble, les gens étaient moins pessimistes qu'aujourd'hui: soit parce qu'ils vivaient mieux et qu'ils pensaient que leurs enfants seraient mieux éduqués, mieux formés et vivraient encore mieux, soit parce qu'ils pensaient que l'exploitation des masses laborieuses était si brutale que la révolution n'était pas loin et que demain chanterait sur toutes les ondes.
De cette époque, il ne reste plus grand-chose, mais le révolutionnarisme n'a pas disparu et je suis convaincu qu'il joue un rôle important dans l'état d'esprit général car il induit des comportements excessifs, à gauche comme à droite. Pour la gauche révolutionnaire, rien ne peut aller mieux. Pour la droite conservatrice, tout progrès social est ruine de l'économie. Pour la gauche révolutionnaire, toute arrestation de jeune est le signe d'un état policier. Pour la droite conservatrice, tout voleur de truffes doit être condamné à mort. Ce qui est excessif étant spectaculaire, car tout spectacle ne peut être qu'excessif, tout le monde recherche les événements qui vont confirmer l'excessif pour vendre du papier, vendre de l'écran ou vendre de l'intérêt. Personne n'est responsable. Les journalistes satisfont la curiosité des lecteurs ou l'avidité des téléspectateurs qui adorent les inondations, les voitures qui glissent sur le verglas, les tornades qui emportent les toits et les traces de sang sur le trottoir. Les politiques savent que la peur est un bon moyen d'être réélu.
En même temps, la société résiste. Elle résiste à la peur, à la colère destructrice, elle protège les plus faibles contre les agresseurs des beaux quartiers ou des laids. Elle n'accorde pas sa confiance, ou guère, aux discours de guerre civile, aux comportements de brutes, aux arrogances des puissants. Pour le moment.

dimanche 2 janvier 2011

présidentielles

Maurice Goldring: "Présidentielles"

La vie politique de l'année qui vient tournera autour des élections présidentielles et du choix d'un candidat socialiste. Il est toujours possible de nier l'évidence, mais chacun connaît le prix politique et somatique des dénégations. Le président Sarkozy n'est fort que de notre absence et s'il se présente contre le vide, il gagnera, comme Berlusconi a gagné contre un gauche défaite avant d'avoir combattu.
Chaque jour qui passe confirme cette réalité. Les textes des conventions thématiques du PS ont été votés par environ cinq pour cent des adhérents, ce qui ne prouve pas désintérêt, mais plutôt intelligence politique: se déplacer pour rien n'est signe que de fidélité. Même les membres du conseil national étaient souvent absents. Chaque fois qu'un candidat déclaré ou potentiel lance une idée en parfaite contradictoire avec un texte adopté, aucune voix outragée ne stigmatise la contradiction avec la volonté majoritaire. La politique reprendra ses droits et sa passion quand il s'agira de choisir un ou une candidate et de déterminer ensemble les priorités d'un gouvernement d'une gauche rassemblée autour du parti socialiste. En attendant, les militants reçoivent des textes qu'ils ne lisent pas et boudent les assemblées qui n'en discutent pas.
L'engagement politique consisterait-il pour les militants à attendre patiemment les primaires et pour les responsables à se réunir hors champ pour déterminer quelle idée nouvelle permettra de recharger les batteries d'une candidature fatiguée?
Une autre solution serait de tirer les conséquences de cette réalité est de se demander en permanence comment intervenir pour qu'en 2012, le candidat socialiste soit le mieux placé pour rassembler la gauche et attirer un partie du centre pour obtenir une majorité de gouvernement. Cette réflexion est d'autant plus urgente que la gauche essentialiste, au sein du PS prépare déjà la défaite en définissant un programme de gouvernement acceptable par une gauche coléreuse qui ne veut surtout pas gouverner.
Aujourd'hui, il y dix candidats socialistes et une confusion qui est devenue le seul argument d'une droite en difficulté. Un seul candidat permettrait d'obtenir une majorité électorale nette, c'est Dominique Strauss-Kahn. Tous les repas de famille qui viennent de se tenir pendant les fêtes le confirment: les électeurs très à gauche se résigneront à voter DSK parfois même dès le premier tour. Les électeurs de droite qui se détournent de Nicolas Sarkozy ne voteront socialiste que s'il est représenté par Dominique Strauss-Kahn. Il reste donc deux chemins possibles pour les militants de gauche: s'époumoner contre le président en place et lui permettre un second mandat, ou demander que les militants socialistes se mettent enfin au diapason d'une demande grandissante à gauche et préparent l'entrée en lice du candidat qui remportera la victoire.
(Maurice Goldring est membre du parti socialiste, section Chapelle Goutte d'Or)