samedi 28 août 2010

enfants

Yann vient de passer une semaine à Paris. Il a neuf ans. il est triste de repartir. Je lui dis: c'est très bien. ça veut dire qu'il a passé une bonne semaine. S'il était content de partir, ça voudrait dire qu'il a passé une mauvaise semaine. Donc, il doit être content d'être triste, parce que s'il avait été content, c'eût été triste. Donc, Il vaut mieux être content d'être triste que triste d'être content.

Je lui ai laissé d'autres messages: L'un dit mardi, l'autre mercredi, qui a raison? et aussi:
Je dis vendredi parce que ça me dit.

Il a tout compris, parce que les enfants, ça comprend tout.Moi aussi, j'ai passé une bonne semaine.

dimanche 22 août 2010

stigmatisation

J'écoute Eric Besson sur la politique à l'égard des Roms. Il dit des généralités, des mots qui pris séparément ne sont pas scandaleux. Il tient un discours républicain. Ce n'est pas Brice Hortefeux. Mais il refuse de constater l'évidence: l'opération politique à propos des Roms. S'il y avait une campagne de même nature à l'égard des municipalités délinquantes qui refusent le terrain obligé pour les gens du voyage, ou la construction de logements sociaux, de la part de la gauche, qu'aurait dit la droite? Or, chaque fois qu'on en parle: réponse des ministres: il ne faut pas jeter l'opprobre sur les mairies de droite, ni sur les maires en générale, cette campagne est honteuse. etc.

Saluons la performance. Mais les efforts d'Eric Besson sont inutiles. Dans une équipe de vidangeurs, on se moque de qui se parfume.

vendredi 13 août 2010

salles de shoot

Salles de shoot

Je ne comprends pas très bien la controverse au sujet des salles de consommation ou « salles de shoot » dites propres. Elles existent déjà. Il y a en France des lieux où se consomment des drogues dures dans des conditions d’hygiène indiscutable. Ces lieux sont régulièrement contrôlés par des inspecteurs de la santé. Les produits consommés sont soumis à une réglementation stricte pour éviter les produits frelatés si nocifs et parfois meurtriers. Les outils de consommation sont régulièrement nettoyés et désinfectés. Pour les consommateurs qui souhaitent arrêter, toute une gamme de produits de substitution leur permet d’apaiser une difficile transition. Les patrons de ces lieux veillent à éviter les conflits, appellent la police si nécessaire. Ils conseillent aux consommateurs qu’ils jugent hors d’état de conduire d’appeler un taxi. Bien entendu, ces lieux ne sont pas des petits paradis. Mais ils aident à réduire les risques liés à la consommation incontrôlée, clandestine, qui a fait tant de mal quand ils n’existaient pas. Ces lieux existent et ils ont même un nom : on les appelle cafés.

jeudi 12 août 2010

rectification

à la suite de mon dernier texte, j'ai reçu de nombreux messages exprimant l'incompréhension. Il s'agissait d'un commentaire sur un fait divers: un commerçant a été emprisonné parce qu'il avait tiré et grièvement blessé deux cambrioleuses dans son magasin. Des pétitions demandent sa libération. D'où mon commentaire.

mercredi 11 août 2010

les misérables

Si Monseigneur Bienvenu, évêque de Digne, avait eu un fusil de chasse, Jean Valjean aurait été tué et Victor Hugo n'aurait pas écrit "Les misérables".

vendredi 6 août 2010

l'été

En été, la télé nous offre des « best of » que je propose de traduire par les « mierdeux ».

En été, le sentiment d’insécurité se répand comme incendie en canicule. Les seuls endroits où les gens se sentent en sécurité sont dans les lieux les plus périlleux : la voiture et la famille. La majorité des agressions, des vols, des viols, se réalisent dans le cocon familial. Les chances de mourir dans un accident de la route sont beaucoup plus grandes que de recevoir une balle perdue ou un coup de couteau. Quand vous êtes à la fois en voiture et en famille, les risques se multiplient. Et pourtant, voyez les familles qui s’installent dans leur véhicule. Comme les visages sont sereins, comme les mines sont paisibles.


Si les parents doivent être punis pour les délits de leurs enfants mineurs, ceux qui ont déjà la chance d’être orphelins jouiront-ils ainsi d’avantages supplémentaires ?

lundi 2 août 2010

nationalité

Les derniers discours du Président associant délinquance et migration mettent en perspective des pratiques humiliantes pour des citoyens français dont les parents étaient nés à l’étranger. En leur demandant de faire la « preuve » qu’ils étaient bien citoyens français alors qu’ils disposaient d’une carte d’identité, l’administration créait deux catégories : les Français nés en France de parents français et les autres, nés à l’étranger, ou naturalisés, ou de parents nés ailleurs, dont la nationalité était fragile. Certains pensaient qu’il s’agissait d’une maladresse. On voit maintenant qu’il s’agissait davantage de faire de la nationalité française non pas un droit inaliénable, mais un statut à conquérir par des compétences et des allégeances répétées. Un nouveau pas est franchi. Qui a été naturalisé doit prouver par une conduite sans tache qu’il continue de mériter sa nationalité. Dans la France de Vichy, des citoyens ont ainsi perdu leur nationalité parce qu’ils étaient juifs. Dans l’Allemagne nazie, le pouvoir décidait qui était allemand et qui ne l’était pas. Dans la Russie soviétique, des citoyens russes ont perdu leur nationalité parce qu’ils refusaient les valeurs d’un régime dictatorial. Tout devient possible. Je pensais être français parce qu’après des mois de démarche j’ai pu obtenir une carte d’identité. Je sais désormais que je dois attendre le dernier discours présidentiel pour en être certain.

Beaucoup de mes compatriotes se sont indignés de l’apéritif identitaire organisé à la Goutte d'Or avec pastis et saucisson. Par son discours, notre Président nous a conviés à un apéritif identitaire à l’échelle de la nation, avec pastis, saucisson, identité, béret et baguette.

Ces discours n’auront aucun effet sur les chiffres de la délinquance. Il n’est guère pensable par exemple que des citoyens très riches hésiteront à dénaturaliser leur argent s’ils risquent d’y perdre leur nationalité. Ces discours électoraux visent à cliver la société française comme moyen de rester ou d’accéder au pouvoir. Sacrifier les principes universels en se repliant sur des crispations identitaires est une pratique fort répandue. Entre autres, Hugo Chavez tous les matins, Silvio Berlusconi tous les jours, Poutine toutes les semaines et Nicolas Sarkozy au gré des sondages.

Bernard Kouchner et Fadela Amara ont promis en entrant au gouvernement qu’ils conservaient toutes leurs convictions. Si elles venaient à être gravement mises en cause ils en tireraient les conséquences. Que ceux qui ne se sont jamais reniés leur jettent la première pierre.

Maurice Goldring 3 août 10.