dimanche 25 juillet 2010

deux mondes

Deux mondes, deux avenirs


Dans Libération du 22 juillet 2010, deux articles côte à côte : le premier sur la conférence internationale sur le sida à Vienne (Autriche), le second une enquête sur le quartier de la Villeneuve à Grenoble après les émeutes de juillet. Un habitant de la Goutte d'Or lit ces articles avec avidité. Parce qu’il sait que son quartier est en équilibre instable et que l’avenir est incertain.
À Vienne, des témoins ont présenté la manière dont les usagers de drogue et les malades du sida sont traités dans certains pays de l’Est, Russie, Ukraine… Ou plutôt comment ils ne sont pas traités, abandonnés, stigmatisés. En Russie, toute prise en charge d’un usager de drogues passe par le filtre d’une commission spéciale sans compétence médicale. Parfois, des amendes sont imposées aux drogués, les examens en labo sont facturés. Ils sont fichés, et ce fichage les prive d’un emploi, de droits fondamentaux. S’ils viennent dans des centres de soins, ils sont souvent arrêtés, emprisonnés, envoyés de force dans des centres de désintoxication. Les médecins qui délivrent des seringues ou des produits de substitution sont inquiétés par la police pour « complicité ».
À Grenoble, dans le quartier de La Villeneuve, un braqueur a été tué par une balle dans la tête après une course poursuite. Coups de feu, voitures brûlées, brigades antiémeutes. La Villeneuve n’est pas un quartier abandonné : il est relié par tram au centre ville de Grenoble. Ce fut même à l’origine un bon quartier, avec une mixité réelle, une gauche socioculturelle active. Puis la proportion des familles immigrées a bondi. Le maire de droite, Carignon, a laissé s’entasser les familles les plus défavorisées. Les classes moyennes ont déserté. Plus personne ne veut venir s’installer, c’est la dérive et la plongée.
Un habitant de la Goutte d'Or lit ces articles avec avidité. Son quartier est souvent décrit comme le quartier de la drogue et de la misère. Ne pourrait-on pas le décrire comme le quartier d’une lutte efficace contre la toxicomanie, le quartier d’un effort permanent pour maintenir la mixité sociale ?
Bien sûr il y a la drogue, la misère et ses conséquences. Mais la réduction des risques, un programme d’échanges de seringues, le soin et l’accueil dans le dialogue avec la population locale et la police obtiennent des résultats. La lutte quotidienne pour attirer des couches moyennes, des commerçants et contre l’exclusion sociale obtient des résultats.. Ces orientations exigent des batailles politiques. Bataille contre ceux qui affirment que la réduction des risques encourage la consommation. Bataille contre la démagogie qui veut qu’on accumule prioritairement les cas sociaux les plus urgents. La politique consiste à ne pas sacrifier l’avenir à l’urgence.
Ces batailles ne sont pas marginales. Elles portent sur deux orientations, deux politiques, deux mondes, deux avenirs. Les sociétés où l’on maltraite les usagers de drogue sont des sociétés où les plus faibles deviennent des terrains d’expérience pour une conception policière de la vie politique. Dans les sociétés où l’on laisse s’entasser la misère dans des ghettos par la fuite et par l’entassement se construit un avenir de murailles et de gardes armés, de codes et de vidéos surveillance, de protection contre tout ce qui n’est pas le même. Telle est la bataille qui se mène tous les jours dans mon quartier. Et ça marche comme roule un cycliste. L’équilibre ne s’obtient qu’à grands coups sur le pédalier.

vendredi 23 juillet 2010

cumul

voir dans Témoignage Chrétien du jeudi 22 juillet ma contribution au débat sur le cumul des mandats.

passage piétons

Passage piétons

En France, les voitures ne s’arrêtent pas pour laisser passer les piétons, alors qu’en Angleterre. Sauf si vous traversez avec une voiture d’enfant ou un canne car les propriétaires des voitures craignent que les parties métalliques de la nacelle ou de la canne rayent la carrosserie. Les piétons n’ont généralement pas de parties métalliques, sauf parfois des prothèses qui sont internes et ne peuvent pas rayer.

Les voitures cèdent le passage aux voitures mais pas aux piétons. Je suis piéton. Pour arrêter les voitures aux passages prévus pour moi, j’ai acheté une canne avec un embout métallique doré qui brille au soleil et arrête les voitures qui craignent. Parfois, je sors sans ma canne et à nouveau les voitures me coupent le chemin sans respecter le code.

Je me place devant les passages piétons d’une avenue passante et je lance ma canne en avant, les voitures s’arrêtent. Puis je me retourne, je lance à nouveau ma canne en avant, les voitures s’arrêtent, je retraverse. Ainsi pendant une heure ou deux. Je prends plaisir à interrompre ainsi le flot continu. Un agent de la circulation s’approche, qui m’a dénoncé ? Il me prie de cesser mon manège. Je le cite « voulez-vous, monsieur, cesser votre manège ? ». Je réponds : je n’ai pas le droit de traverser ? Si bien sûr. N’ai-je donc pas le droit de revenir après avoir traversé ? Si bien entendu. Alors, pourquoi dois-je cesser ce que vous appelez manège et que moi j’appelle ménage ? Parce que vous gênez la circulation. Pardon, dis-je, ce sont les voitures qui gênent ma circulation. Elles ne s’arrêtent pas pour me laisser passer. Pourquoi ne les verbalisez-vous pas ? Elles violent le code de la route. L’agent de la circulation s’énerve : si vous voulez jouer à ce petit jeu, je peux me fâcher. Vous pouvez vous fâcher, vous avez le droit de vous fâcher, mais nous sommes dans un état de droit où ce qui n’est pas interdit par la loi est permis et qui viole la loi doit être sanctionné. Vous vous préparez à sanctionner un innocent. Je verbalise pour entrave à la circulation. Dit-il.

Dans le SAMU qui m’emporte vers l’hôpital, je rêve ainsi d’embouteillages pour me venger du chauffard qui ne s’est pas arrêté quand je traversais sur un passage piétons.

mardi 20 juillet 2010

chanson

Un républicain espagnol disait "nous avons perdu toutes les batailles, mais c'est nous qui avions les plus belles chansons". Je viens d'entendre l'hymne du parti socialiste et je reprends confiance pour l'avenir.

samedi 17 juillet 2010

fumer sous la burka nuit gravement à la santé

Fumer sous la burka nuit gravement à la santé


Quelles qu’en soient les causes, la planète se réchauffe et le gaz carbonique, année après année, dépasse la normale. La pollution alimentaire nourrit des documentaires répétitifs où il apparaît que manger du poisson est pire que de faire l’amour sans préservatif. La survie des carnivores est moindre que celle des clients des marchés pakistanais. Les ondes des téléphones portables rongent les conduits auditifs. L’atmosphère autour de la terre est devenue une immense poubelle et des spécialistes affirment que dans une cinquantaine d’années, il faudra à nouveau tirer des câbles pour communiquer.

La crise financière est devant nous, elle emporte tout sur son passage. Les vagues des Landes tuent plusieurs vacanciers par an, la montagne sacrifie par dizaines tous les étés et le pourcentage des décès parmi la population qui refuse de donner une cigarette quand on le leur demande est en nette augmentation. Les agents les plus meurtriers : la voiture et l’alcool, ne font pas l’objet de semblables signaux d’alerte, mais ils continuent de prélever leur rançon.

L’insécurité grandit dans les quartiers sensibles et pointe ses statistiques dans les quartiers insensibles. En fin de semaine, de jeunes fondamentalistes fument du hasch et boivent de l’alcool à l’abri de tentes individuelles.

Ces graves nouvelles viennent s’ajouter aux dégâts du vieillissement. Les cheveux grisonnent, blanchissent, tombent. La télécommande augmente le son des paroles et des images. Les dents cèdent la place aux prothèses qui parfois, sous la pression du pain trop cuit cancérigène, se brisent et se mélangent aux miettes. La sciatique rend la marche malaisée, les érections hésitent et les somnolences coupent les meilleures scènes des films. Je ne parle pas des chutes et des accidents vasculaires qui sont toujours en tête des hit-parades.

Comment réagir ? Comment vivre dans ces conditions ? Vivre sans se plaindre, vivre sans gémir, vivre avec plaisir de vivre ? Déposer les bouteilles plastiques dans la poubelle jaune, les bouteilles en verre dans la poubelle bleue, les épluchures de pommes de terre dans le récipient à compost au fond du jardin, se regarder les yeux dans les yeux quand on lève le verre apéritif, sont des gestes simples qui regagnent un peu du terrain perdu de la convivialité. Se moquer des jeunes qui ont mal au dos en leur disant moi qui vous parle. Montrer des images de maisons de retraite pleines à craquer de vieillards impotents et séniles qui prouvent que l’humanité va mieux, quand même. Être poli, ne pas claquer la porte de l’enfer dans la figure de ceux qui suivent.

vendredi 16 juillet 2010

émeutes

Après le kidnapping de deux journalistes français en Afghanistan, de violents incidents ont éclaté la nuit dernière dans le quartier de la Villeneuve. C’était le scénario redouté par la police. Des CRS avaient été mobilisés en nombre. Mais la situation a dégénérée hier soir dans ce quartier populaire de Grenoble. De violents affrontements les ont opposés aux forces de l’ordre. Les casseurs ont aussi saccagé les lieux. Ils ont d’abord attaqué un tramway, ont brûlé plusieurs dizaines de voitures. Un garage, un centre de contrôle technique et une salle de musculation ont également été incendié. Une personne a été interpellée. Le quartier a retrouvé son calme vers 4 heures du matin.