vendredi 22 janvier 2010

révolution

From: jean-pierre viguié
Cher Maurice

J'ai lu comme toi le texte de Daniel Bensaïd, paru dans Libération. Je l'ai relu après avoir pris connaissance de ton mail car je n'avais pas le souvenir d'y avoir trouvé la phrase que tu cites. Après vérification la phrase exacte est: "Sous le règne du capital, tout progrès apparent a sa contrepartie de régression et de destruction. Il ne consiste in fine qu'à changer la forme de l'asservissement"
Je trouve curieux le procédé que tu emploies: tu discrédites une réflexion d'ordre philosophique et politique en tirant argument d'évènements vieux de 41 ans. Le débat et les réflexions que la phrase de Bensaïd pourrait provoquer ou initier, tu les repousses en sous-entendant une collusion d'intérêts entre la droite dure et l'extrème-gauche. Visiblement, l'asservissement aux vieux réflexes du parti auquel tu as appartenu est encore vivace.


Cher Jean-Pierre, la citation exacte effectivement est: "tout progrès apparent ne consiste in fine qu'à changer la forme de l'asservissement". Quelle différence? Ce n'est pas un reflexion d'ordre philosphique,mais une réflexion politique: rien ne doit détourner un révolutionnaire du seul combat qui vaille, celui du renversement de l'ordre capitaliste. Je ne sous-entend pas une collusion d'intérêt entre droite dure et extrême gauche. Je la mets à jour. Vincennes 1969. En 1981, les dirigeants communistes, dans les réunions intérieures, nous disaient que le seul vote révolutionnaire était le vote pour Giscard contre Mitterrand. En 2002, qui a fait battre Jospin? Qui dit tous les jours aujourd'hui qu'il n'y a pas de différence entre un gouvernement de gauche et un gouvernement de droite. Mes vieux réflexes ou les jeunes discours? Si tu passais un peu plus de temps à combattre les postures révolutionnaires, il m'en resterait un peu plus pour arroser mes rosiers. Maurice.
----- Original Message -----

communisme

Daniel Bensaïd, philosophe et théoricien de la LCR, vient de mourir et laisse un testament. Il y défend le communisme qui seul se fixe comme objectif la suppression du système capitaliste. Tant que le capitalisme n’est pas aboli, tout progrès « ne fait que changer la forme de l’asservissement ».

J’ai connu Daniel Bensaïd à l’Université de Vincennes, université expérimentale issue du mouvement de mai 1968. Elle avait comme caractéristique d’accueillir des salariés non-bacheliers et de leur donner ainsi la chance de reprendre une formation professionnelle et intellectuelle. À ce titre, elle était la cible des attaques d’une droite dure qui n’accepte la pluie que là où l’herbe est déjà verte. Les maos, trotskistes et autres extrémistes de gauche boycottaient l’élection d’un conseil d’université, ils jouaient la politique du pire, car « tout progrès ne fait que changer la forme de l’asservissement ». S’ils avaient gagné, Paris VIII n’existerait plus. La majorité des personnels et des étudiants de Vincennes réussit à sauver leur université qui continue jusqu’aujourd’hui, à Saint-Denis, à changer pour des dizaines de milliers d’étudiants la forme de leur asservissement.

Moi, personnellement, j’ai préféré être asservi comme prof de fac que comme mineur de fond.

Maurice Goldring

lundi 18 janvier 2010

encore une pétition que je ne signerai pas

Encore une pétition que je ne signerai pas

Depuis juin 2009, je n’ai plus de carte d’identité en cours de validité. Pour obtenir une nouvelle carte, il me faut prouver ma nationalité française car mes parents sont nés à l’étranger. Pendant 76 ans et demi, j’ai été français. Depuis six mois, je ne le suis plus. Il faut que je le prouve. Depuis six mois, je recherche des documents qui en seraient la preuve. Devant le bruit, les protestations, le ministre de l’intérieur a donné des instructions aux préfets. Il leur demande d’éviter les « tracas administratifs », d’appliquer « largement » le concept de la possession d’état de Français » et de présumer que l’intéressé est Français s’il dispose d’une carte d’identité plastifié accompagné d’un autre document, comme une carte d’électeur, par exemple. Ainsi la perte de ma citoyenneté n’est qu’un « tracas administratif ». Ainsi, ma citoyenneté française dépend d’une présomption, d’une conception plus ou moins large de la possession de l’état de français. Si l’employé derrière le guichet veut m’éviter le tracas de perdre ma nationalité, j’aurai une nouvelle carte d’identité. S’il n’a pas une conception large de mon état de français, je n’aurai pas ma carte d’identité. S’il présume que je suis français, j’aurai une carte d’identité. Si j’ai les cheveux frisés et le teint foncé, qu’ira-t-il présumer ?

Malgré toute ma colère, je ne signerai pas la pétition de la Ligue des Droits de l’Homme contre le traitement discriminatoire à l’égard des Français nés à l’étranger ou devenus français par naturalisation. La pétition commence ainsi : « Depuis plus de vingt ans, les différents gouvernements infligent un traitement discriminatoire » à ces Français. J’ai renouvelé ma carte d’identité en 1999 sans aucune difficulté. Qui était premier ministre ? Qui était ministre de l’intérieur ? En 2009, on me demande un certificat de nationalité française. Ce ne sont pas les « différents gouvernements » qui m’infligent ce traitement. C’est le président Sarkozy, c’est le ministre de l’intérieur Brice Hortefeux d’un gouvernement qui n’est pas « différent » mais de droite. L’administration préfectorale peine à distinguer français et étrangers, la Ligue des droits de l’homme confond droite et gauche. C’est la saison des brouillards.

Maurice Goldring 38 rue Polonceau 75018 Paris tel 01 42 62 56 65 adresse électronique maurice.goldring@wanadoo.fr

vendredi 15 janvier 2010

événement à EGO

Personne n'est passé au vingt heures


Le lundi 11 janvier 2010, vers 16 heures 45, les faits suivants se sont produits au centre d'accueil d'EGO. Un usager a volé le portable d'un autre usager. Le propriétaire de l'objet volé à poursuivi son voleur à l'extérieur du centre d'accueil. Deux membres de l'équipe d'accueil les ont suivis dans la rue. La bagarre a immédiatement démarré. Le propriétaire du portable a sorti un couteau. Les deux membres de l'équipe d'accueil, aidé par un autre usager, ont réussi à éviter le pire en désarmant l'agresseur au couteau. L'équipe a décidé de fermer le centre d'accueil et son responsable, Jean-François Bowen, a appelé la police qui est intervenue très vite. Les deux usagers qui continuaient d'essayer d'en découdre, ont été interpellés. L'usager agressé avait une légère estafilade à la main. Malgré cette issue sans drame, tous les membres de l'équipe d'accueil ont rapporté une violence d'une extrême intensité car l'agresseur avait clairement montré son intention de blesser voire de tuer l'autre.
Précisons que le propriétaire du couteau fréquentait régulièrement le centre d'accueil. Il a fait de la prison et à sa sortie, il a immédiatement repris contact avec l'équipe soignante. D'après l'intéressé, il n'a suivi aucune thérapie pendant son incarcération. Il est consommateur de crack et ne n'est pas engagé dans un processus de rupture. Il était suivi par l'équipe médicale du centre EGO. Malheureusement l'épisode de lundi a interrompu les soins puisque l'intéressé se trouve en garde à vue.
EGO a repris ses activités et à la réouverture, a engagé une discussion avec les usagers sur les moyens d'éviter la répétition de tels faits. La directrice d'EGO a félicité l'équipe d'accueil pour son professionnalisme, son bon sens et sa lucidité qui lui ont permis d'intervenir de façon rapide et efficace.
Je lisais ce courriel envoyé par la directrice d'EGO et dans le même temps, je lisais dans la presse et j'écoutais à la radio et je regardais à la télévision les drames d'une université où une secrétaire se fait poignarder, les drames d'un lycée où un lycéen meurt sous les coups d'un autre lycéen. Et j'imagine que si l'incident d'EGO s'était mal terminé, on aurait vu débarquer, comme l'université de Perpignan a vu débarquer, comme le lycée de Kremlin Bicêtre a vu débarquer, des ministres, des préfets, des présidents, qui auraient recommandé des portiques, des caméras de surveillance, et des patrouilles de police plus fréquentes. Ils auraient promis une loi sévère interdisant le port d'un couteau par les fumeurs de crack.
Mais quand des gens, parce qu'ils compétents et motivés, empêchent tous les jours de tels drames, ils ne reçoivent aucune visite, ils ne passent pas à la télé. Remarquez, ils ne demandent rien, mais quand on prétend que des portiques et des caméras de surveillance pourraient remplacer leur travail, ça les fait doucement rigoler.
Maurice Goldring

jeudi 14 janvier 2010

attention!

Barak Obama veut taxer les plus grandes banques pour récupérer au moins en partie l'argent public qui leur a permis de surmonter la crise récente. Christine Lagarde et Eric Woerth ont aussitôt dénoncé ces propositions démagogiques. "Si ces banques sont ainsi taxées, elles iront se réfugier à la Bouse de Paris ou à la City de Londres" ont-ils déclaré"

mardi 5 janvier 2010

lion raconte jospin

Mardi 5 janvier 2010, j'assiste à la projection d'un film de patrick Rotman "Lionel raconte Jospin". Film qui sera projeté sur France 2 courant janvier. La salle du Forum des Images des Halles est pleine à craquer. Les quelques centaines de personnes qui sont là donnent l'impression d'une vaste cousinade. La presse, bien entendu, avec les grands noms des médias, tous les responsables passés et présents du PS, sauf Ségolène Royal, mais je ne sais pas si elle avait été invitée. On se salue, on se serre la main, on se demande des nouvelles. à l'interruption de séance, le buffet est pris d'assaut. A la fin du film, je me suis retrouvé dans le métro à la station les Halles. La grande majorité des spectateurs qui prenaient le métro étaient en face, direction Porte d'Orléans, vers le Sud. Deux ou trois prenaient le métro vers Clignancourt. Le film est bien fait, Lionel Jospin est intelligent et avisé, il raconte superbement son itinéraire politique, depuis l'enfance, ses relations avec Mitterrand, avec les communistes, avec Fabius et Rocard, toujours en termes mesurés et courtois. avec courage aussi. Quand il s'est interrogé publiquement sur les relations de Mitterrand avec Bousquet. Ou critiqué la participation de Tapie au gouvernement. Tout contribue dans ce film a fixer une image d'un homme d'état hors du commun, de gauche, inventif et réaliste, honnête, prenant ses responsabilités. respectable.
Seul un point me chiffonne. Les relations de Jospin avec le trotskisme de l'OCI. Il s'en explique longuement dans son entretien avec Patrick Rotman. Regrette d'avoir menti sur ce point quand il fut interrogé par le journal Le Monde. Confirme qu'il a été en relations étroites avec le trotskisme organisé y compris quand il a accédé au poste de premier secrétaire. Dit que cette relation a été intellectuellement productive. qu'il ne regrette rien. Qu'il respectait Lambert et que Lambert le respectait. ainsi pendant ces années 1970, le PS était dirigé par un socialiste trotskiste. J'étais à l'époque militant communiste et les relations avec l'OCI étaient rugueuses, il y avait même des affrontements physiques dans certaines universités. J'étais responsable du SNESUP et les membres de l'OCI agissaient au grand jour. Ils s'opposaient vigoureusement à la ligne majoritaire du SNESUP, la combattaient par tous les moyens. Mais aucun à ma connaissance n'a essayé d'infiltrer le courant majoritaire composé d'une alliance entre communistes et socialistes et si un membre de l'OCI avait été ainsi découvert, il aurait été immédiatement exclu de notre courant. Les confirmations de Lionel sur ce point me laissent perplexes. Il dit qu'à partir du moment où il a été élu, il a agi en socialiste et pas en trotskiste. Certes. Mais moi, qui étais à l'époque membre du PCF, je sais bien que l'orientation du syndicat, les décisions stratégiques, se discutaient autant au sein du PCF qu'à l'intérieur des instances syndicales élues. Bref, j'étais dirigeant syndical actif et dévoué, mais aucune décision majeure, aucune nomination de responsable à un haut niveau, ne se décidait sans avoir l'avis et l'aval du PCF. Comment c'était à l'OCI? J'aimerais savoir.
Ce n'est pas seulement une question pour historien. S'il parle avec une certaine chaleur, en termes positifs, de ses relations étroites avec le trotskisme dont l'objectif affirmé est la révolution socialiste, le renversement du capitalisme et la lutte contre les sociaux-traîtres qui gouvernent dans l'intérêt des capitalistes, comment est-ce compatible avec la fonction de premier secrétaire du PS? deux conceptions s'affrontent: ou bien il n'y a pas d'ennemis à gauche, ou bien l'alliance avec une gauche qui refuse de prendre des responsabilités gouvernementales est impossible. L'erreur dramatique des présidentielles de 2002 est qu'on a considéré à l'époque qu'il ne pouvait pas y avoir d'ennemis à gauche. Or la gauche a fait perdre la gauche en avril 2002. Pas parce qu'elle était divisée, mais parce qu'une partie de la gauche passait son temps à critiquer le bilan du gouvernement auquel ils avaient participé, sans recevoir de réponse vigoureuse de la part du PS. Il y a sans doute un lien entre la faiblesse des réactions contre la gauche radicale et les relations longues et chaleureuses avec l'un des courants trotskistes. Oui, le socialisme démocratique a des ennemis à gauche. Si la gauche "radicale" accède au pouvoir, la démocratie s'effondre en même temps que l'économie. La terreur est le moyen privilégié de gouverner. Si la gauche réformiste accède au pouvoir, elle devient l'ennemi à abattre, comme au Chili et comme pendant la campagne des présidentielles de 2002, ou mieux valait Chirac que Jospin . Ma longue appartenance me fait conclure que le communisme n'a pas de bilan globalement positif à présenter. Quel bilan Lionel tire-t-il de son appartenance à un courant trotskiste? Je veux dire un bilan politique, pas simplement le respect et la convivialité entre Lambert et lui.