mardi 14 juillet 2009

union avec qui?

à aix-en-provence, pour les élections municipales de dimanche prochain 19 juillet, un accord de fusion a été réalisé entre PS, Modem et Verts contre la droite. la Liste "Aix à gauche", PCF et NPA, ne donne pas de consigne de vote et considère que la "gauche sort affaiblie de ce scrutin". PCF et NPA préfèrent la ville d'Aix gouvernée par la droite plutôt que par la gauche avec l'appui du Modem et des Verts. Faut-il commenter?

jackson et staline

Quand Staline est mort, j’étais jeune étudiant communiste à la Sorbonne et il m’a semblé que le monde se figeait. La mort du leader des peuples faisait la une de tous les journaux. On n’échappait pas à la nouvelle et même des connaissances qui ne partageaient pas mes convictions me présentaient leurs condoléances comme s’il s’agissait de la mort d’un proche. Le deuil était universel.

Quand Jackson est mort, j’étais un vieux réformiste à Biarritz et il m’a semblé que le monde se figeait. La mort du chanteur faisait la une de tous les journaux. On n’échappait pas à la nouvelle et je quand je croisais des jeunes admirateurs qui pleuraient, je leur présentais mes condoléances. Le deuil était universel.

De Jackson, je n’avais écouté aucune chanson, regardé aucun clip, aimé aucune note et ce que j’avais glané de lui me l’avait rendu assez détestable. En observant ce déferlement d’informations, d’images, de commentaires, ce tsunami médiatique pour la mort d’un homme qui me laissait indifférent, je me suis rappelé la mort de Staline. Et je me suis dit, est-il possible qu’un grand nombre de personnes eussent éprouvé à l’égard de Joseph Staline ce que j’éprouvais à l’égard de Michael Jackson ? Une gamme de sentiments qui allaient de l’indifférence à l’hostilité ouverte ?

Cette comparaison n’a évidemment aucun sens. Mais elle m’est venue. Elle a calmé mon irritation devant les interminables minutes où se déroulaient commentaires radiophoniques et images télévisées. Je voyais le stade plein d’endeuillés et je me voyais au Vel d’Hiv en train de pleurer Staline. Que celui qui n’a jamais péché leur jette la première pierre.

mercredi 8 juillet 2009

Loïc wacquant

La Cinquième Conférence Latine pour la Réduction des Risques (CLAT 5) s'ouvre à Porto le mercredi 1 juillet 2009 par une conférence en anglais du sociologue Loïc Wacquant, un disciple de Bourdieu, sur le rôle de l’État dans la réduction des risques. Il explique le rôle central de l’État dans la pauvreté, la précarité, les addictions. L’État n’est pas une ambulance, mais un agent actif de la précarité qui conduit à toutes les pathologies sociales et individuelles. L’État néo-libéral est au service du capital financier, il privatise la santé et l’éducation, détruit les protections sociales, accroît ainsi la vulnérabilité de la main d’œuvre et affaiblit les modes de résistance et de luttes. . Il criminalise ceux qu'il a enfermés dans la pauvreté. Il les traque, les emprisonne. Il les oblige par cette répression grandissante et permanente à accepter les pires conditions de travail. Ceux qui refusent, ceux qui se rebellent, en se réfugiant dans la délinquance, le trafic de drogue, les émeutes urbaines, le refus des règles, le squat, l'errance, sont punis pour en faire des employés dociles. L'État crée la délinquance, la toxicomanie, les dépendances et les criminalise comme on criminalisait jadis la pauvreté et le vagabondage. C’est ainsi qu’on est passé dans les grands pays capitalistes du welfare state au workfare state.

Les conclusions sont accueillies par des applaudissements polis et j’entends autour de moi des remarques qui semblent indiquer que l’orateur n’a pas convaincu toute l’assistance. Nombre de mes voisins partagent mon embarras. Embarras sur le caractère éternel d’une dénonciation qui prend mal en compte les changements. Hier, le welfare state était dénoncé par des penseurs radicaux pour deux raisons principales : Le système permettait de financer les revenus du travail par les fonds publics et réduisait la part du capital consacré aux salaires. Deuxièmement, il développait des modes de contrôle social qui entravaient et affaiblissaient les luttes ouvrières. Aujourd’hui, les héritiers de ces penseurs radicaux critiquent l’état néo-libéral parce qu’il détruit ce qu’ils vilipendaient hier avec les mêmes mots.

Le conférencier s’adresse à un public composé majoritairement de travailleurs sociaux, de responsables associatifs, des chercheurs en sciences sociales, d’élus responsables de la lutte contre les pathologies addictives, des gens qui sont payés ou soutenus par leur état respectif pour leurs compétences, leur temps de travail, leurs recherches dans le combat pour la réduction des risques. Il s’adresse à des gens qui se battent, qui obtiennent des résultats dans le domaine de la réduction des risques et il leur dit que le Léviathan étatique réduit leurs efforts à néant alors que c’est dans les pays occidentaux les plus avancés que la réduction des risques se développe le plus. N’est-ce pas aujourd’hui dans les pays les plus vivement dénoncés par le conférencier qu’on résiste le mieux et le plus efficacement à la criminalisation de la pauvreté et des addictions ? Quels sont les cinquante états où l’usage et le trafic de drogue sont punis de mort. Les états les plus développés ?

Après la conférence, je me suis approché de Loïc Wacquant, je me suis présenté et je lui ai posé cette question : « si vous êtes usager de drogue et que vous avez le choix de la résidence, quel lieu et quel pays choisiriez-vous ? La Corée du Nord, Cuba, l’Arabie Saoudite, la Chine, le Soudan, la Russie ou la Goutte d'Or ? ». Il m’a répondu sans hésiter : la Goutte d'Or, bien sûr. Une telle réponse aurait pu introduire une passionnante réflexion sur l’État et la réduction des risques. C’eût été une autre conférence.

lundi 6 juillet 2009

Nationalisme, terrorisme, démocratie.


La cour européenne de justice a reconnu le bien fondé de l'interdiction de Batasuna (la vitrine politique de l’ETA) par le gouvernement espagnol comme une décision nécessaire à la défense de la démocratie en Espagne. La police du nouveau gouvernement basque (une coalition parti socialiste et parti populaire) a décroché les portraits de prisonniers de l'ETA dans les rues et dans les manifestations. Le gouvernement basque continue sa campagne de laïcisation de la vie politique. La chaîne de télévision de la Communauté autonome ne présentera plus une carte météo composée des sept provinces du Pays basque, mais indiquera les frontières de la communauté autonome. L'ancienne carte était considérée par les non nationalistes comme une agression renouvelée chaque matin contre la province de Vittoria et contre la majorité des habitants des trois provinces françaises du Pays basque.

En Irlande du Nord, les paramilitaires protestants décident enfin officiellement de déposer les armes, c'est à dire de se dissoudre car une armée sans armes n’est plus une armée. Officiellement, la raison d'être des terroristes protestants étaient de s’opposer aux terroristes catholiques de l'IRA parce qu'ils considéraient que la police et l'armée britanniques n’étaient pas dignes de confiance. Les derniers attentats de dissidents républicains auraient pu justifier une prolongation du terrorisme protestant. La réaction rapide et efficace de la police qui a arrêté les auteurs de l'attentat a au contraire justifié le renoncement aux armes. D'autant plus que ces attentats n'ont provoqué aucun mouvement de sympathie à l'égard des assassins.

Il n’y a pas que de mauvaises nouvelles.
Départ Biarritz direction Valladolid, par autoroute. Dans les temps anciens, les gens voyageaient si peu que le simple fait de vous déplacer vous classait dans une élite, une avant-garde. On vous regardait passer. Le voyageur était aux paysans ce que les trains seraient aux vaches. Aujourd'hui, les millions de migrateurs cherchent désespérément un paysan dans la campagne. Aujourd’hui, c'est le fait de ne pas circuler qui vous classerait parmi une minorité éclairée. L’objectif premier d’un voyage moderne est de se distinguer de l’immense troupeau qui se déplace toute l’année, pour de petits voyages du domicile au lieu de travail, pour de grands voyages professionnels, pour des raisons familiales ou affectives. Les raisons sont multiples, les trains sont bondés, les autoroutes asphyxiées, les villes en fusion, poussez vous dans le fond pour faire de la place, crient les chauffeurs d'autobus. Comment dans ces conditions se faire une place au soleil ? On se fait une place par l’objectif : la lune, la traversée en pirogue d’un marécage où grouillent les caïmans. Ou bien par des incidents de voyage, depuis les plus dramatiques, un déraillement ou une chute d’avion, jusqu’au trivial qui peut prendre des proportions racontables. Par exemple, vous avez loué une chambre d'hôtel à Valladolid. Les panneaux de direction vous prennent par la main, vous vous retrouvez devant l’entrée principale, votre chambre est réservée, vous racontez et les mains se lèvent pour dissimuler les bâillements. Si l'hôtel se trouve à Valladolid avenue Salamanque et que cette avenue Salamanque est tronçonnée par des travaux qui en interdisent l’accès, que vous tournez autour de l'hôtel, mais vous ne parvenez pas à l'entrée et qu’en désespoir de cause, vous vous adressez à des policiers municipaux et vous leur demandez et ils disent avec les travaux, vous n'y arriverez jamais, je vais vous conduire, suivez nous, ils mettent le gyrophare, et vous voilà partis dans une course folle, vous brûlez les feux rouges, vous écrasez tout sur votre passage, et vous pilez enfin devant l'entrée du Novotel, les agents s'éloignent en faisant un signe de la main pour prendre congé, vous les remerciez d'un geste de la main en réponse et là d'un seul coup, les oreilles s’ouvrent. Jadis, le voyage était une aventure, entre les fondrières des chemins, les attaques de Mandrin et de Robin des Bois, les auberges malodorantes. Aujourd'hui, l’eau coule des robinets à la bonne température. De notre passage à Valladolid, la Plaza Mayor, les cathédrales, que peut-on en dire qui n’ait mille été dit ? Alors qu'une sirène hurlante et un gyrophare pour trouver l'hôtel, mille fois nous le raconterons et mille fois nous provoquerons d’authentiques émotions.